Le «positif» derrière la blessure de Patrik Laine

Samedi matin, je suis allé programmer une alarme dans mon téléphone. Lundi le 30 septembre à 7h00 : écrire sur David Reinbacher.

C’était une dizaines d’heures avant que le jeune Autrichien ait à quitter la rencontre face aux Leafs sur une jambe.

Qu’est-ce que j’avais prévu écrire sur Rhino ? Qu’il est trop tôt pour s’énerver, mais que les données colligées depuis le début du camp d’entraînement ont de quoi inquiéter.

Il n’a pas connu un grand camp des recrues, voyant des gars comme Lane Hutson, Logan Mailloux et Adam Engstrom marquer plus de points que lui dans la tête des dirigeants.

Lors de son premier match préparatoire (face aux Devils), il a été efficace, mais il n’a pas non plus tout cassé : +1, 19m39, 1 mise en échec et 2 tirs bloqués.

Son deuxième match préparatoire a été un copié collé de son premier : +1, 17m51, 1 mise en échec et deux tirs bloqués.

Vous connaissez la suite : il s’est blessé au genou dès le début de sa troisième partie hors-concours.

Ils ont été nombreux à dire qu’il fallait être patient avec Reinbacher… que ce dernier avait connu une saison (très) difficile l’an dernier à Kloten en raison de l’instabilité derrière le banc… qu’il allait avoir besoin d’une saison complète à Laval afin de retrouver ses repères et d’assimiler pleinement ce que c’est, jouer au hockey professionnel nord-américain (petites glaces, robustesse, temps de réaction, etc.).

Et voilà que boom, Reinbacher pourrait devoir rater plusieurs mois – voire la saison au complet – en raison d’une blessure au genou. Ça commence d’ailleurs à en faire, des blessures au genou, dans le cas du jeune Autrichien…

Non, David Reinbacher ne perdra pas ses acquis. Jouer au hockey, c’est comme faire de la bicyclette, ça ne se perd pas ! Mais ce sont les apprentissages qu’il aurait fait – et qu’il ne fera pas – qui ont de quoi inquiéter dans son cas. Tout ce qu’il avait semble-t-il besoin de vivre cette saison à Laval pour retrouver un rythme de développement digne d’un espoir repêché aussi haut que lui, il ne le vivra peut-être pas.

Je sais que la blessure de Patrik Laine a dévasté pas mal toute la population québécoise samedi soir parce qu’elle est venue mettre un terme à l’espoir que les partisans – et l’organisation toute entière – avaient en vue de la saison 2024-25. Et puisque Reinbacher était voué à jouer à la Place Bell – et non au Centre Bell -, on a tous « oublié » la blessure subie par ce dernier. On a toujours plus la tête au court terme qu’au long terme…

Mais Laine était un projet à court terme. Il devait nous donner deux belles saisons, puis probablement quitter. Soit parce qu’il aurait été trop bon (see Sean Monahan qui a fait sauter la banque ailleurs), soit parce qu’il n’avait plus le niveau…

Et avec cette deuxième blessure sérieuses en autant de saisons, il y a quand même des chances que la carrière de Laine soit tout simplement terminée.

Sauf que dans le cas de Reinbacher, cinquième choix au total, il est prévu de le faire jouer sur le top quatre défensif montréalais pour les dix prochaines années. C’est le plan.

Savoir qu’il ne se développera pas comme il aurait dû en 2024-25, alors qu’il semble déjà en retard sur sa courbe de production, c’est mauvais signe pour les 10 dix prochaines années…

À sa deuxième saison post-draft, Ramus Dahlin était déjà un NHLer capable de récolter 40 points dans la meilleure ligue au monde. Quinn Hughes ? Un NHLer récoltant plus de 50 points !

Alex Pietrangelo avait disputé neuf matchs avec les Blues, lui, avant d’aller brûler le junior canadien.

David Reinbacher, lui, devra peut-être s’en tenir à faire de la physio avec les thérapeutes du CH…


Te tromper avec ton cinquième choix au total
Oui, le repêchage est une science inexacte. Je vous l’accorde…

Mais il y a une maudite marge entre te tromper avec un choix de quatrième tour – ou même avec un choix de fin de première ronde comme Filip Mesar – et te tromper avec un fifth pick overall. Les probabilités de repêcher un joueur élite sont beaucoup plus faibles avec un choix lointain qu’avec un choix top 5.

Le Canadien s’est trompé en 2018 lorsqu’il a prononcé le nom de Jesperi Kotkaniemi sur le plancher du repêchage amateur.

Martin St-Louis a beau remercier son équipe de recruteurs, il n’en reste pas moins que si Reinbacher ne devient pas un défenseur dans le moule d’Alex Pietrangelo, l’équipe aura tanké pour rien en 2022-23. Et ça aura des répercussions sur la reconstruction de l’équipe, qui sera retardée d’un an (et qui pourrait échouer puisque de bons jeunes joueurs auront écoulé une année de contrat pour rien avant leur autonomie).

Kappo Kaako… Vitali Kravstov… Lias Andersson…

Les experts et les partisans étaient nombreux à douter de la décision de mettre la responsabilité du repêchage amateur dans les mains de Nick Bobrov et Jeff Gorton. Espérons que le dossier Reinbacher ne leur donnera pas raison…

Pendant ce temps, à Philadelphie, Matvei Michkov a récolté trois buts et trois passes en trois matchs préparatoires. Il est le meilleur pointeur de la LNH depuis le début du calendrier pré-saison. Et il affiche un différentiel de plus-4.

Pas pire pour un gars semble-t-il détestable, même s’il n’est question que de la pré-saison…

Avoir sélectionné Reinbacher alors que Michkov était disponible pourrait hanter le Canadien pendant plus d’une décennie. Comme le fait d’avoir préféré Kotkaniemi à Quinn Hughes et surtout Filip Zadina Brady Tkachuk…

Les matchs que Reinbacher ne dispute/disputera pas à 19/20 ans ne revienne/reviendront pas. Les apprentissages qu’il ne fera pas ne feront peut-être jamais de la même façon, ou avec autant d’efficacité.

Bref, j’étais inquiet du développement de Rhino samedi matin ; je le suis encore plus 48 heures plus tard.

Puisqu’un psychologue m’a déjà suggéré de toujours trouver du positif dans une situation à priori négative, j’y irai avec cette conclusion : la blessure à Patrik Laine retardera la reconstruction du Canadien et elle nous enlèvera beaucoup de plaisir en 2024-25… mais elle pourrait nous aider à soulever une Coupe Stanley dans quelques années. Pourquoi ? Parce que le Canadien pourrait encore repêcher top cinq en juin prochain.

Pourvu que Bobrov et Gorton ait le bon joueur sur leur liste, mais bon…

En rafale

– Juraj Slafkovsky est le joueur qui devrait connaître sa breakout season chez le Canadien selon Arpon Basu. [TheAthletic]

– Olivier Primeau est… divertissant.

Classe!

– La mère des deux frères Xhekaj remercie les partisans qui ont donné.

– Le CH s’entraînera à 10h 30 ce matin.

– Une série qui promet.

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