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Le Canadien laissera-t-il filer ces deux jeunes arrières gauchers?

Si le Canadien n’agit pas d’ici le premier juin, il perdra les droits de deux de ses espoirs, tous deux défenseurs gauchers.

Il s’agit de Scott Walford et de Jarret Tyszka, qui sont issus du repêchage de 2017. Le premier a été choisi au troisième tour, le second, au cinquième.

Même si les deux évoluent à une position où le Tricolore éprouve des besoins évidents, il est fort possible qu’on les laisse filer d’ici deux semaines.

Pas nécessairement parce qu’ils ne détiennent aucun potentiel. L’histoire, c’est que le flanc gauche est déjà bien nanti chez le Rocket de Laval.

Parce que vous aurez compris que les deux principaux concernés n’ont pas ce qu’il faut pour évoluer au sein du CH dès l’an prochain. Sinon, on en parlerait pas aujourd’hui…

Karl Alzner devrait effectuer un retour à Laval. Le vétéran ne s’améliorera pas avec les années et à moins d’une grande surprise, sera retranché au camp de la Flanelle.

David Sklenicka, un joueur avec qui Marc Bergevin a pris une chance l’an dernier, sera également de retour l’an prochain. Pour sa part, Otto Leskinen fera son entrée avec l’organisation du Canadien, probablement également avec le Rocket de Laval.

Grosso modo, le Rocket compte déjà sur trois arrières gauchers du calibre de la AHL. De plus, Gustav Olofsson – blessé pendant presque la totalité de la dernière campagne – et  Xavier Ouellet sont agent libres avec restriction. Le Suédois a été acquis contre Will Bitten, un espoir qui cadrait bien dans le moule de l’organisation, et l’autre était capitaine de l’équipe l’an dernier. Leur retour n’est pas à écarter.

Il y a donc cinq arrières qui pourraient passer devant Walford et Tyszka. Alors, on fait quoi?

Un projet

J’ai Tyszka à l’oeil depuis le camp depuis le camp de perfectionnement des Canadiens de 2017.

Au tournoi des recrues cette année là, il n’avait disputé qu’un match, employé sur la dernière paire. Un traitement normal pour un choix de cinquième ronde.

Limité à de petites secondes sur la glace, Tyszka démontrait plusieurs qualités intéressantes. Coup de patin puissant, relance rapide, efficace dans les batailles à un contre un…

Et ça s’est poursuivi au cours de sa saison au sein des Thunderbirds de Seattle, dans la WHL.

On reconnaissait alors Tyszka pour sa capacité à se libérer discrètement dans l’enclave, et à se déplacer avec la rondelle.

Mais ses défauts étaient évidents. Mauvaise gestion de l’espace pour contrer les entrées de zone, pivots laborieux et erreurs de positionnement, on voyait clairement qu’il avait des croûtes à manger.

Heureusement, Tyszka s’est montré affamé. Mitch Brown de, The Athletic, l’a même qualifié de carte cachée parmi les espoirs de l’équipe, compte tenu de ses améliorations majeures en défensive.

C’est sur cette lancée qu’il s’est pointé à la Confrontation des recrues en 2018. Puis, il s’est heurté à un mur.

Littéralement.

Il revenu au jeu à Seattle trois mois plus tard, libéré de ses symptômes de commotion cérébrale.

La blessure le hante tout de même aujourd’hui. Tyszka était un projet, un espoir qui avait besoin de gruger de longues minutes sur la patinoire, d’être exposé à une forte opposition au niveau junior pour s’améliorer.

Au lieu de cela, il s’est entraîné en solo à Montréal pendant une partie de la saison. Pas l’idéal pour le développement.

Son potentiel est clair. Sauf que si le Canadien décide de lui octroyer un contrat, Joël Bouchard aura du travail à faire. Disons qu’il serait surprenant que Tyszka soit dans les discussion pour un rappel avant deux saisons passées au sein du Rocket.

Le jeu en vaut-il la chandelle pour un défenseur qui risque de devenir, au mieux, polyvalent au sein d’une troisième paire dans la LNH?

Une efficacité transposable?

Le nom de Scott Walford a été appelé dix rangs après celui de Joni Ikonen, puis douze après celui de Josh Brook, deux espoirs du Canadien.

Pourtant, on entend très peu parler de lui. Après avoir subi une blessure au début de la campagne, il est retourné dans le junior, où il a été nommé au sein de l’équipe d’étoiles de la WHL, pour affronter les Russes.

Au-delà de cela, difficile pour moi d’en dire plus. Je pourrais bien lire des rapports à gauche et à droite à son sujet et vous monter une petite analyse, mais parler à travers de mon chapeau ne fait pas partie de mes habitudes.

J’ai préféré contacter des collègues de l’Ouest qui m’ont aiguillé à ce sujet.

Cleve Dheensaw, qui couvre les Royals de Victoria pour le Times Colonist, un quotidien local, m’avoue que la sélection de Walford au troisième tour l’a laissé perplexe.

Il n’était pas certain du potentiel du choix du CH jusqu’à cette année.

« Sa courbe de progression cette année a été notoire, frappante. Il a dominé en défensive pour les Royals cette saison et a grandement amélioré ses déplacements sur la glace, puis sa production offensive. Il était de loin le meilleur joueur de Victoria en séries. C’est ce type de distancement avec les autres joueurs en termes de qualité de jeu que tu veux voir chez un espoir », analyse Dheensaw.

Pour sa part, Marlon Mertens, qui décrit les matchs des Royals pour The Zone, station de radio locale, compare le jeu de Scott Walford à celui de Dan Girardi. À ses yeux, l’espoir du CH est sous-estimé.

« Walford a développé une facette de son jeu en mettant de l’avant son côté physique. Il parvient à effectuer de grosses mises en échec bien synchronisées. Il protège bien le filet et est difficile à vaincre physiquement compte tenu de son gabarit avantageux. Il se bat avec intensité dans les coins de patinoires », explique Mertens.

Il vante ses capacités en jeu de transition ainsi que son coup de patin. En offensive, Walford se serait vraiment amélioré cette saison, alors qu’il dirigeait plus de lancers menaçants au filet, en plus d’évoluer comme quart-arrière sur l’avantage numérique.

En boni: nos deux hommes de hockey décrivent Walford comme un gentilhomme. Dheensaw va jusqu’à le qualifier d’une des meilleures personnes qu’il lui a été donné de rencontrer, chez les Royals.

« L’attitude de Scott est incroyable. Il veut s’améliorer et travaille fort pour le faire. »

Mais bien entendu, Walford aurait déjà un contrat en poche s’il était parfait.

« Il fait encore des erreurs en défensive et cause des revirements, lance Dheensaw. Il peut surmonter ce problème dans le junior grâce à sa supériorité sur le plan physique, mais chez les pros, ça pourrait être un problème pour lui. »

Libres comme l’air?

Présentement, le Canadien a 36 joueurs sous contrat, alors que la limite est de 50. Il y aurait donc de la place pour Walford et Tyszka.

Mais soyons francs, il est de plus en plus improbable que les deux joueurs reçoivent une offre. Si on tenait à eux, les signatures auraient été effectuées au cours de la saison.

Dans le cas de Tyszka, la surprise est moindre. Depuis le règne Bergevin, Casey Staum et Matt Bradley, deux choix de cinquième ronde, n’ont pas été conservés par l’équipe. Bien qu’il constitue un projet intéressant, il faudrait qu’il s’améliore énormément pour mériter sa place chez les pros…

La situation de Walford est plus intriguante. Jamais un choix de troisième tour n’a été abandonné depuis l’arrivée de Marc Bergevin chez le Canadien. Généralement, on est plus clément envers un joueur choisi en début de troisième ronde.

Quoiqu’il en soit, une autre option s’offre au Canadien: attendre après le 1 juin afin d’offrir des ententes de la ligue américaine aux deux joueurs.

Comme le souligne le rigoureux Andrew Zadarnowski, cette solution serait risquée.

Les deux joueurs pourraient décider de retourner au niveau junior pour une dernière saison ou de simplement de s’entendre avec une autre équipe de la LNH.

L’avantage serait de se doter de plus de temps pour évaluer ces défenseurs, pour ensuite leur accorder un contrat d’entrée de la LNH. L’idée pourrait plaire à Marc Bergevin, qui aime se doter d’un espace considérable sous la limite permise des 50 contrats…

L’important, c’est de trouver une manière de conserver ces joueurs, si l’on juge à l’interne qu’ils détiennent un certain potentiel chez les professionnels.

Après tout, la Ligue américaine est dédiée au développement. Pourquoi accorder une place aux Alzner et Sklenicka, qui n’ont aucune chance de s’imposer jusqu’à la LNH, au détriment d’espoirs ayant démontré des qualités évidentes au niveau junior?

Prolongation

En passant, Nikolas Koberstein, un autre espoir du CH, sera libre comme l’air le 15 août prochain.

Défenseur droitier, il a été repêché en 2014, en cinquième ronde, avant d’évoluer dans la USHL puis pour la University of Alaska Fairbanks. À la fin de la dernière saison, il a joué seize parties pour les Mavericks de Kansas City, dans la East Coast League.

À moins d’une vague d’intérêt soudaine, il n’y aura pas d’article dédié à Koberstein au cours des prochaines semaines. Même s’il possède un excellent coup de patin, il serait surprenant qu’il s’entende avec le Canadien…

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