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L’argent ne fait pas les gagnants

Les partisans rêvaient de John Tavares il y a douze mois.

Et pas juste à Montréal. Tampa Bay, Boston, Dallas et San Jose y ont cru jusqu’à la dernière seconde.

Finalement, c’est Toronto qui s’en est tiré avec le gros lot. Cette fameuse Ferrari qui allait lui permettre de passer à la vitesse supérieure.

Vous connaissez la suite.

Non seulement les Maple Leafs n’ont pas franchi le premier tour, mais ils sont dans de beaux draps. En plus d’avoir promis publiquement qu’il n’échangerait pas William Nylander, Kyle Dubas a consenti un lourd pacte à Auston Matthews, se restreignant à un maigre espace salarial pour s’entendre avec Mitchell Marner.

Et pendant ce temps, les Bruins et les Sharks, deux équipes qui auraient offert plus d’argent à Tavares que les Leafs, valsent toujours au bal printanier.

Lorsqu’on regarde cela de plus près, Tavares n’est pas une exception à la règle. Les vingt joueurs ayant exercé l’impact salarial le plus important sur la masse de leur équipe lors de la dernière saison sont en vacances.


(Crédit: Capfriendly)

Parmi les trente premiers joueurs de cette liste, il n’y a que Brent Burns qui a encore une chance de mettre la main sur Lord Stanley.

Puis, si on se limite aux 10 premiers du palmarès, il n’y a qu’Alex Ovechkin qui a emmené son équipe aux grands honneurs au cours de son pacte actuel.

La flexibilité pour gagner

Voyons de quoi sont constituées ces équipes survivantes.

Le plus grand salarié des Hurricanes, un phénomène de la nature inexpliqué, est Jordan Staal, qui compte pour 6 millions sur la masse salariale. Il s’agit de la seule formation du carré d’as à ne pas miser sur un patineur classé parmi les 50 plus grands salariés de la ligue.

Les Bruins (Krejci, Rask, Bergeron) et les Sharks (Burns, Vlasic, Kane) en comptent trois. Chez les Blues ( Tarasenko, O’Reilly), il y en a deux.

Ce qui est particulier, c’est qu’aucune de ces quatre équipes ne compose avec un boulet salarial, sauf les Bruins, avec David Backes.

Rayé de l’alignement à plusieurs reprises lors des séries, Backes exerce un impact salarial de 6 millions sur la masse salariale des Bruins. Ceci dit, lorsqu’on fait appel à lui, il répond présent…

 

Trois des quatre équipes actives en séries accordent une partie importante de leur masse salariale aux défenseurs. Dans ce palmarès, les Sharks arrivent au deuxième rang du circuit, les Hurricanes au quatrième et les Blues au septième.

Les Bruins ne dépensent pas beaucoup à ce chapitre, mais comptent sur les jeunes McAvoy et Carlo, qui jouent comme des vétérans, malgré leurs salaires de recrues…

Parlant de recrue, toutes les équipes actives alignent des joueurs qui en sont à leur premier contrat dans la ligue. Caroline et Boston en comptent 6, Saint-Louis 5 et San Jose 3.

Une ligue de copieurs

Alors la recette secrète, c’est quoi?

Elle n’existe que dans Bob l’Éponge, et vous aurez compris qu’elle est plutôt difficile à subtiliser…

Ce qu’il faut retenir de ces statistiques, c’est qu’il est difficile de gagner si on ne possède pas une certaine liberté salariale pour embaucher un bon personnel de soutien en attaque, et en défensive.

Généralement, la LNH est une ligue de copieurs. En voyant les Kings tout gagner il y a quelques années, la tendance était à la robustesse. Puis, lorsque ce fut les Penguins, la mode était à la vitesse.

Voyant que les quatre équipes en vie présente ne comptent pas de gros salariés – et considérant les succès des Golden Knights l’an dernier-  les DG se montreront-ils plus timides au moment de sortir le chéquier?

Pas forcément. Au-delà de la victoire, il y a un enjeu de taille: vendre des billets.

Pas de supervedettes, moins de billets vendus, forcément. 

Les propriétaires continueront donc de faire la file devant les Stamkos, Tavares et bientôt Panarin, dans une optique de revenus. Le hockey, c’est un spectacle, et c’est bien correct!

Sauf que les directeurs généraux devraient commencer à s’inquiéter en voyant les onéreuses ententes s’empiler sur leur bureau.

Signer John Tavares n’était pas forcément une mauvaise idée pour les Leafs, mais promettre publiquement de ne pas transiger William Nylander, en plus de lui consentir un énorme salaire, c’est une autre histoire.

Le contexte se prête aussi aux Canadiens.

L’équipe deviendra-t-elle compétitive avec un Carey Price à 10,5 millions, assis sur le banc pour le quart des parties de son équipe? En plus d’un Shea Weber à près de 8 millions, dont les performances ne s’amélioreront pas au fil des ans?  

La situation n’est pas encore précaire. Comme les équipes en course pour la Coupe Stanley, le Tricolore risque de miser sur Jesperi Kotkaniemi, Ryan Poehling, Nick Suzuki et d’autres jeunes acteurs de soutien au cours des prochaines années. Tous des jeunes qui évolueront sur leurs contrats d’entrée dans la LNH.

Il y a toutefois un enjeu à garder en tête: si l’équipe compte sur une flexibilité salariale intéressante présentement, la situation pourrait changer advenant une grosse signature cet été.

Matt Duchene est sur toutes les lèvres présentement. Combien coutera-t-il?

Potentiellement assez pour gruger cette fameuse flexibilité dont jouit l’équipe présentement. Une certaine flexibilité qui pourrait permettre à Marc Bergevin d’acquérir un marqueur en plus d’un défenseur top 4…

Prolongation

– En restant dans la thématique de cet article, lisez celui de l’excellent Olivier Bouchard, dans lequel il explique comment gagner sans supervedettes.

– Petite pensée comme ça: on sous-estime peut-être la perte potentielle de Jordie Benn. Ce n’est pas la septième merveille du monde, mais un défenseur capable de tuer des pénalités et de manger des minutes. Il s’agit quand même du deuxième patineur le plus utilisé du CH l’an dernier.Alors, faut-il absolument le resigner? Non! Mais le remplacer, certainement…

– Fidèle à ses habitudes, mon collègue Christian Matte a publié un excellent article portant sur la potentielle embauche de Jeff Skinner. Le piège à éviter serait d’offrir trop d’argent à ce joueur qui complémente bien les vedettes, sans en être une… Une entente à court terme à Joe Pavelski serait à privilégier. Une source près du dossier me glisse à l’oreille que Christian est également de cet avis…

– Mais Pavelski ne risque pas d’atteindre l’autonomie complète, tout comme un certain Alexander Edler. Dommage, des ententes à court terme pour ces joueurs combleraient des besoins importants chez le CH…

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