Hensler, Nesbitt ou Murtagh : des choix « réalistes » optimaux pour le CH aux 16e et 17e rangs?

Nous sommes en train de concocter pour une deuxième année de suite un super mock draft avec le collègue Marc-Olivier Beaudoin. Le tout vous sera livré samedi prochain, six jours avant le repêchage.

Cet exercice, fort plaisant, où l’on est forcé de se mettre dans les souliers des différents dirigeants de la LNH, nous permet de réaliser comment il est possible que certains espoirs « glissent » et comment d’autres pourraient être choisis plus tôt qu’anticipé.

Cela dit, si l’on peut souhaiter que des espoirs qui ont la cote ces jours-ci à Montréal comme Carter Bear, Radim Mrtka et Justin Carbonneau soient encore disponibles au 16e et 17e rangs, on ne retiendra pas trop notre souffle.

Et il demeure tout aussi hasardeux, sinon plus, de penser que le CH parviendra à s’avancer au repêchage.

Ainsi, il se pourrait fort bien que le CH doive se tourner vers des joueurs aux profils moins emballants, du moins à première vue…

Des joueurs comme Logan Hensler, Jack Nesbitt et Jack Murtagh.

À la recherche de choix optimaux

Au stade où est rendu le CH dans sa reconstruction, c’est-à-dire, quand on regarde l’état de sa banque d’espoirs et en incluant les jeunes déjà en place à Montréal, je pense que certains besoins organisationnels sont facilement identifiables et pourraient être comblés à moyen et long termes via le repêchage.

Hensler, Nesbitt et Murtagh répondent clairement à ces besoins… et ne sont pas à des années lumières de la LNH.

Attention! Je ne dis pas qu’il faut sacrifier le talent au profit des besoins!

Je dis simplement, une fois de plus, qu’il faut viser les choix optimaux pour l’organisation ; c’est-à-dire allier les courbes du talent et des besoins organisationnels.

C’est comme ça qu’on bâtit les bases d’une équipe de hockey si on tient à le faire par le repêchage.

Sinon, à juste choisir le supposé talent brut, on risque de se ramasser avec un paquet de joueurs semblables comme les Sabres de Buffalo.

Qui veut de ça?

Dans un processus de reconstruction, il faut plutôt s’assurer d’amasser le plus de matériaux solides et complémentaires possibles en vue de construire un club aspirant. Donc, à mon sens, il faut viser une absence quasi totale de besoins organisationnels sans sacrifier le talent pour autant.

Hensler… et la relève du côté droit de la défensive

Le point de presse livré par David Reinbacher après l’élimination du Rocket n’a pas été 100 % rassurant pour la suite des choses, disons-le ainsi.

L’Autrichien, qui a présenté du jeu très solide dans l’ensemble après son retour en février, a avoué toujours ressentir des raideurs et avoir de l’inflammation à son genou opéré l’automne dernier.

Même après une longue convalescence.

Même en prenant de longues pauses après son retour.

Même en prenant des journées de traitements entre les matchs.

Ça ne l’a pas empêché d’assez bien jouer en séries, mais était-il totalement rétabli de son opération?

Manifestement pas.

Et, lui qui avait déjà des problèmes aux genoux avant cette opération, conservera-t-il toujours une certaine fragilité dans cette région du corps?

Tant de questions…

De son côté, Logan Mailloux, n’a toujours pas su s’établir dans la LNH, trois saisons complètes après son repêchage.

Ce n’est vraiment pas anormal pour un 31e choix au total, direz-vous. Soit.

Mais ce n’est pas non plus annonciateur de très grandes choses.

Surtout que les défauts dans son jeu, notés en 2021, sont sensiblement les mêmes encore aujourd’hui : gestion de la rondelle douteuse, niveau d’alerte peu élevé dans sa zone, évaluation du risque à géométrie variable, etc.

Tout ça nous amène à… Logan Hensler, pratiquement l’antithèse de Mailloux.

Si on prend pour acquis que Radim Mrtka ne sera plus disponible au 16e rang et que le CH ne parviendra probablement pas à s’avancer pour l’obtenir, Hensler devient le meilleur défenseur droitier potentiellement disponible, à moins qu’on veuille se risquer avec le plus gros, moins mobile et plus méchant Blake Fiddler.

l’Américain Hensler nous avait déçu un brin lors de notre classement de mi-saison (15e), et lors de notre dernière évaluation, on l’a sorti du top-20.

Mais se pourrait-il qu’il soit meilleur et plus talentueux que ce qu’il nous a montré à sa première année dans la NCAA au sein d’un club très ordinaire au Wisconsin?

Premièrement, juste de jouer dans la NCAA à son année de repêchage est un fait assez rare. Il n’y a qu’une poignée de cas comme le sien à chaque année. Une période d’adaptation est normale et peu de défenseurs font beaucoup de points à leur première année (sauf les Hutson et les extra-terrestres du genre).

Ensuite, on pense qu’il est fort possible que Hensler ait voulu simplifier son jeu à outrance.

Bref, se pourrait-il qu’on n’ait pas vu le vrai Logan Hensler, un peu comme Bob Gainey n’avait peut-être pas vu le vrai Ryan McDonagh (lui aussi au Wisconsin) à une autre époque, même après l’avoir repêché?

(Capture d’écran : Hockeydb.com )

Ce n’est pas impossible, car sur certaines séquences on voit le coup de patin, on voit le tir, on voit un potentiel très intéressant en jeu de transition.

On pense qu’il y a plus que le joueur un gêné ou très prudent qu’on a vu trop souvent cette saison et on est peut-être en droit de s’attendre à une hausse de production l’an prochain dans la NCAA.

On peut aussi penser que contre des gars de son âge, dans des ligues moins défensives, comme celles de la CHL, Hensler aurait pu enregistrer une quarantaine de points, tout en jouant du très bon hockey défensif.

Ça donnerait un tout autre portrait, non?

Pour le reste, Hensler est un patineur d’exception, gracieux et agile dans toutes les directions. Et à 6’2, presque 200 lbs, il couvre beaucoup d’espace avec une belle autorité. Il défend très bien, surtout avec son bâton, mais sait aussi utiliser son corps au besoin. Du jeu mature dans l’ensemble et de la belle matière brute à polir par Adam Nicolas.

Une véritable valeur sûre pour jouer dans la LNH d’ici 2-3 ans. Comme McDonagh l’était…

Nesbitt : un centre gaucher qui coche pas mal toutes les cases pour le CH

À l’attaque, si les Carter Bear, Justin Carbonneau et autres Brady Martin ne sont plus disponibles, il faudra aussi se montrer ouvert à accueillir des noms un peu moins familiers.

Alors il ne faudrait pas tomber en bas de sa chaise, si les noms de Nesbitt ou de Murtagh étaient prononcés par Kent Hughes le 27 juin.

De mon côté, j’en serais même ravi.

Le cas de Jack Nesbitt, un fier représentant de la nation Anishinaabe de Manitoulin Island en Ontario, est passablement intrigant. Il s’agit d’un centre gaucher de 6’4, encore un peu frêle (185 lbs), mais déjà capable d’une moyenne d’un point par match dans la OHL.

Je dois avouer avoir sous-estimé et négligé Nesbitt toute l’année. Il aurait dû se retrouver dans mon top-20 à la place de Ben Kindel, ou à tout le moins dans mes « mentions honorables ». Un oubli un peu navrant. Tout comme celui de Bill Zonnon…

Dans le cas de Nesbitt, on dénote premièrement une énorme progression entre sa première année (18 pts en 58 matchs, – 32) et sa deuxième dans la OHL (64 points en 65 matchs, +12).

Un très, très bon signe…

Il n’est peut-être pas un excellent patineur présentement, mais il n’est pas lent ni maladroit pour autant. Il y a même un énorme potentiel à développer de ce côté. Il devra simplement ajouter de la viande, surtout dans le bas du corps, pour exploser davantage et être plus puissant dans sa foulée

On remarque tout de suite un joueur très intelligent, travaillant, persistant et habile autour du filet adverse.

Passeur sous-estimé, Nesbitt est aussi un bon marqueur. On le voit très vif sur les retours, (coordination œil-main impressionnante) et il possède un excellent tir du poignet qu’il dégaine rapide, souvent en recevant et lançant le disque en une seul mouvement.

Il dérange aussi  par sa simple présence constante devant le but et attire ainsi un bon nombre de pénalités.

Pas mauvais sur les mises au jeu (50%), il possède également un excellent sens du jeu, autant offensivement que défensivement où il vole et intercepte plusieurs rondelles. Vraiment un beau potentiel sur 200 pieds.

On l’a surtout vu évoluer avec d’excellents joueurs en Liam Greentree (119 pts) et Ilya Protas (124 pts), qu’il semble compléter à merveille, surtout en avantage numérique.

Un vrai style pro, simple et efficace.

Vraiment pas déplaisant comme profil si vous êtes un fan du CH… et de Coupe Stanley…

Pour les plus vieux, il peut rappeler un genre de Bobby Smith.

En fait de besoin organisationnel à l’attaque, Nesbitt est peut-être l’espoir qui coche les cases les plus importantes: Centre. Gaucher. 6’4 (210 lbs à maturité?). Joue devant le net. Marque des buts. Gagne des mises au jeu. Bon défensivement. Intelligent avec et sans la rondelle.

Un très joli potentiel de milieu d’alignement qui penche énormément vers le deuxième trio, si vous voulez mon avis.

L’« autre Jack », un solide ailier gauche de talent

Le plafond d’un autre Jack, Murtagh celui-là, semblera peut-être encore plus alléchant pour certains.

L’Américain très polyvalent de 6’1, presque 200 lbs, bon patineur et excellent tireur, pourrait-il devenir un des très bons ailiers de ce repêchage?

C’est ce que je crois.

Le besoin d’un ailier de talent lançant de la gauche n’est peut-être pas le plus grand besoin de la Flanelle, mais passé Slaf et Demidov, qui préfèrent tous deux jouer à droite, un ailier gauche qui lance de la gauche ne ferait peut-être pas de tort.

Et disons simplement que Joshua Roy et Sean Farrell sont loin d’être des valeurs sûres pour un éventuel top-9 d’une équipe aspirante…

Le dynamique Murtagh jouait sans un véritable joueur de centre # 1 au sein du USNTDP la saison dernière, mais s’en est tiré avec une belle moyenne de presque un point par match (53 en 56, dont 22 buts).

Le natif de East Greenbush, dans l’État de New York, est un aussi des plus jeunes joueurs du prochain encan (22 août 2007) et pourrait donc encore grandir et grossir un peu.

Il se dirige d’ailleurs vers une des institutions chouchous de Hughes et Gorton à Boston University et aura tout le temps de s’y développer physiquement.

Déjà un patineur passablement explosif doté d’un excellent tir et d’une dégaine rapide, Murtagh peut aussi s’impliquer physiquement devant le but et le long des rampes.

À tout considérer, il n’est peut-être pas si loin de la LNH celui-là. Tous les outils de base sont déjà présents…

Possibilité d’un duo impressionnant en fait de « pick value »… et n’oublions pas Zonnon!

Bref, peut-être que la Flanelle se retrouvera avec un ou deux « bons Jack » dans quelques semaines…

On aime ça, nous, les bons Jack au Québec…

Blague à part, Nesbitt et Murtagh possèdent d’assez hauts plafonds, ont beaucoup de qualités et très peu de défauts.

Ils viendraient aussi tous deux combler d’énormes besoins avec leur gabarit à deux positions plutôt faibles au niveau organisationnel : centre gaucher et aile gauche.

Du côté droit de la défensive, peut-être aussi qu’un Logan plus tranquille et sobre en défense en remplacera un autre, un peu trop éparpillé et dont le développement inquiète un brin…

En somme, plus on y pense, plus on voit mal comment s’avancer pour, disons, mettre la main sur Martin, Bear, Mrtka ou Carbonneau pourrait rivaliser en termes de « pick value » pour le CH avec n’importe quel duo que l’on peut former à partir de Nesbitt, Murtagh et Hensler.

Enfin, comme évoqué plus tôt, un autre imposant centre gaucher sous-estimé comme le Montréalais Bill Zonnon, souvent identifié en fin de première ronde, pourrait aussi être très tentant pour le CH. Il faudra cependant être créatif pur l’acquérir. Un dossier à suivre, peut-être en échangeant les deux choix de deuxième ronde (41 et 49)…

J’ai soudainement très hâte au 27 juin.

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