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Une nouvelle identité sur le quatrième trio, mais un top-9 inchangé | Davidson de loin la meilleure acquisition

En 2014-2015, Marc Bergevin avait changé l’ADN de son quatrième trio. George Parros n’avait pas été renouvelé par le Canadien et des joueurs chétifs, mais vifs et combattifs en Torrey Mitchell et Brian Flynn avaient été obtenus des Sabres de Buffalo à la date limite des transactions.

La vitesse de cette unité avait complètement pris au dépourvu les Sénateurs d’Ottawa en première ronde des séries, si bien que Flynn avait trôné temporairement au premier rang des pointeurs du tournoi printanier, ce qui avait fait rigoler bien des observateurs.

On croyait que Bergevin s’était fixé sur sa mentalité de ce qu’était un quatrième trio. Une unité composée d’attaquants rapides avec un certain talent pour faire des dégâts en zone offensive. La signature de Manny Malhotra s’était avérée un gâchis et on n’allait pas répéter la même erreur.

Mais tenter de voir clair dans les intentions de Marc Bergevin est un exercice fort ambitieux. À la surprise générale, Mike Brown a été réclamé au ballottage des Sharks de San Jose à pareille date l’an dernier.

Tiens, du muscle. Soudainement, Bergevin naviguait en sens inverse.

Pas n’importe quelle sorte de muscle, remarquez. Du muscle qui sait patiner – parce que Brown patinait, oui. «On a essayé de grossir notre quatrième trio sans perdre de vitesse», a analysé notre directeur général aujourd’hui, en fin d’après-midi.

Ce qu’il faut retenir d’Andreas Martinsen, un train Norvégien, et de Dwight King, un autre joueur costaud cette fois plus cérébral et impliqué dans les deux sens de la patinoire, c’est qu’ils amènent cet élément de vitesse, tout en apportant leur dose de puissance et d’intensité.

Pour Steve Ott, on ne peut en dire autant. Malgré tout son savoir-faire au cercle des mises au jeu, le vieux routier n’avance plus. Son équipe est dominée à un ratio de 3 contre 8 buts lorsqu’il est sur la glace. Son influence positive se situe davantage à l’extérieur de la patinoire, où il fera bénéficier les jeunes joueurs de son vécu, et calmera l’ambiance en les encourageant à demeurer sereins dans les situations critiques.

Et c’est là qu’on peut s’égarer lorsqu’on fabule sur les clichés et les intangibles. Leur impact est indéniable, mais ils doivent transparaître dans les résultats, qui sont les buts pour, les buts contre et, enfin, les victoires. La vérité est qu’Ott a jusqu’ici nuit à son équipe sur la glace et il est impossible de concevoir que cela va changer s’il ne provoque pas plus de pénalités qu’il en écope.

Le Canadien s’est grossi sans ralentir. Mais comment toutes ces mises en échecs et interventions robustes vont-elles se traduire en buts? Des buts, le CH en a cruellement besoin de ses unités de soutien, car Pacioretty et Radulov ne pourront trainer infiniment l’équipe à eux seuls sur leurs épaules.

Une piste de réponse: la récupération de rondelle et la défensive. Claude Julien affectionnait son trio robuste formé de Gregory Campbell et Daniel Paille à Boston. Avec de plus grands joueurs, il est à espérer que le quatrième trio du Canadien pourra couvrir plus efficacement les zones névralgiques de la patinoire et mieux récupérer les rondelles – ce qui n’aurait pas été possible en perdant de la vitesse.

Il y a fort à parier que King et Martinsen seront plus efficaces pour ce qui est de prévenir les buts que pour les marquer eux-mêmes. Quoique King pourrait fournir une contribution offensive intéressante dans un système différent de celui des Kings, très concentré sur la défensive et misant beaucoup sur le cycle en zone adverse.

Parce que, soyons réalistes, les 15 points en 63 matchs de Dwight King ne sont rien pour écrire à sa mère, surtout quand on sait qu’il a écoulé plus de temps sur la patinoire en compagnie d’Anze Kopitar (242:17) et Tyler Toffoli (242:18)… qu’avec Jordan Nolan (202:22) sur le quatrième trio.

Fort possible, donc, que Bergevin n’ait dégoté aujourd’hui aucun attaquant top-9.

Marc Bergevin fait ainsi le pari que son équipe accordera moins de buts. Et un autre pari selon lequel Paul Byron, Brendan Gallagher, Artturi Lehkonen et Phillip Danault sortiront de leur torpeur offensive.

Brandon Davidson: la plus grosse acquisition, et de loin

Le Canadien a sans doute frappé son meilleur coup en soutirant une petite perle aux Oilers d’Edmonton. Brandon Davidson, qui n’a encore que 25 ans, a encore une année restante à son contrat, et a été par moments le meilleur défenseur des Oilers la saison dernière, nez à nez avec Andrej Sekera. Une blessure l’a ralenti cette saison, mais il y a bon espoir qu’il offre au Tricolore de valeureux services lorsqu’il reprendra sa vitesse de croisière.

Davidson a tous les outils qu’un directeur général recherche chez un défenseur en 2017. Il est costaud, bouge bien la rondelle, ne commet pratiquement pas d’erreur, et ferme bien l’espace en zone neutre pour couper la vitesse des attaquants adverses. C’est presque un coup de circuit que de l’avoir obtenu en libérant de l’espace sous le plafond salarial du même coup. Desharnais n’avait de toute évidence plus sa place dans l’organigramme de l’équipe.

S’il sera pour l’instant limité à un rôle sur la troisième paire – voire un poste de septième défenseur -, Davidson convoite un poste de quatrième défenseur à long terme, et pourrait même doubler avant longtemps Alexei Emelin dans la hiérarchie de l’équipe.

Marc Bergevin jouit maintenant d’une profondeur monstre à la ligne bleue. En plus des acquisitions de Benn et Davidson, il peut toujours loger un appel à Zach Redmond, qui évolue avec les IceCaps de St. John’s. Le hic, c’est qu’il n’a toujours pas identifié un partenaire fixe à son défenseur numéro un Shea Weber. Andrei Markov peut-il prendre en charge les mêmes minutes et les mêmes responsabilités jusqu’en séries éliminatoires? Difficile à dire.

En ce sens, un vétéran comme Mark Streit ou Johnny Oduya aurait pu diviser la part du gâteau et permettre à Julien de substituer Markov pour quelques présences, à la rigueur. Or, Bergevin aurait facilement pu payer le prix cédé par les Blackhawks pour Oduya!

Enfin, n’allez pas croire que Claude Julien n’a pas eu son mot à dire en cette date limite des transactions. Bien entendu, Julien demeure un entraineur, mais c’est lui qui sera chargé de retirer le meilleur des joueurs que Bergevin a dénichés pour lui. Avec un contrat de cinq ans en poche à partir de la saison prochaine, il est clair que l’opinion de Julien a pesé dans la balance. Il fallait le voir parler de Jordie Benn… il connaissait le joueur de A à Z, bien qu’il n’évoluait même pas dans sa conférence lorsqu’il dirigeait les Bruins! Signe, selon moi, qu’il a peut-être passé quelques heures avec Marc Bergevin devant des séquences vidéo du barbu des Stars…

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