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Controverse en Ohio

C’était le premier duel de l’histoire entre le FC Cincinnati et l’Impact de Montréal hier après-midi en Ohio, seulement quelques jours après la surprenante victoire des Montréalais au Red Bull Arena face aux méconnaissables Red Bulls de New York. Si le FC Cincinnati a bien débuté l’année, les résultats étaient très difficiles depuis quelque temps alors que l’équipe en bleu et orange en était à 5 défaites consécutives avant d’affronter l’Impact. En 10 matchs, Cincinnati avait utilisé pas moins de 10 alignements différents, étant plus souvent qu’autrement totalement incapable de menacer le filet adverse. C’est ainsi que l’entraîneur Alan Koch, qui avait mené l’équipe à d’excellents résultats en USL ces dernières années, a été renvoyé en milieu de semaine, laissant la place au jeune français de 29 ans Yoann Damet comme entraîneur intérim, un ancien de l’Académie de l’Impact. Comme c’est souvent le cas, le renvoi d’un entraîneur peut créer un certain électrochoc, ce qui a notamment pavé la voie vers une victoire de 2-1 du FC Cincinnati face à l’Impact de Montréal.

Comme ils en font une très mauvaise habitude, les montréalais ont concédés un but très rapidement, dès la 7ème minute de jeu, exactement comme on l’avait vu face à Chicago et New-York City récemment. Une défensive un peu trop molle de Diallo et des couvertures déficientes de Raitala et Camacho ont permis à Allan Cruz de donner confiance à son équipe dès le départ, ce dont les montréalais auraient bien préféré se passer.

Surtout, contrairement à ce qu’on avait vu au New-Jersey mercredi, les montréalais ont eu beaucoup de difficultés à créer de l’offensive et à réellement menacer une défense de Cincinnati pourtant très prenable. Le schéma 3-5-2 de Rémi Garde manque cruellement de créativité au milieu pour être dominant offensivement, et l’absence d’un Saphir Taïder s’est cruellement fait ressentir dans ce match, même si l’algérien n’offrait pas ses meilleures performances récemment. Browne et Urruti tentaient tant bien que mal d’être dangereux offensivement, mais il manquait ce joueur capable de se donner en option au milieu du terrain et d’ensuite briser les lignes pour lancer les attaquants montréalais. Cela manquait tellement qu’on a souvent vu Samuel Piette très haut sur le terrain chercher à créer de l’offensive, un rôle dans lequel on l’a très rarement vu à Montréal mais qu’il a semblé remplir avec beaucoup de plaisir en Ohio. En fait, si ce n’est pas quelque chose qu’on peut se permettre de dire très souvent en MLS, l’Impact semblait réellement supérieur à son adversaire hier, tant au niveau talent que tactique, mais il manquait cette capacité dans le dernier tiers, dans le dernier geste, afin de compléter les actions et de confirmer une animation à l’avantage des montréalais.

Clairement, l’intrus dans ce schéma tactique était Micheal Azira. Le milieu originaire de l’Ouganda s’est trouvé un rôle précis et qui lui sied assez bien dans le 4-3-3 de Rémi Garde, mais on a vu que dans un alignement où l’Impact nécessite beaucoup plus de travail offensif de ses milieux de terrain, Azira est moins efficace, moins utile. Même le jeune Shamit Shome, qui ne cesse de surprendre cette saison, semblait beaucoup plus à son aise et avait envie de recevoir le ballon, tourner et trouver les espaces. Sans Taïder, l’Impact s’en est sorti à New-York en alignant Browne au milieu derrière Jackson et Urruti, mais cette présence offensive a manqué cruellement hier. On a revu de bons moments en fin de match avec l’entrée de joueurs plus offensifs comme Okwonkwo et Jackson, mais c’était malheureusement trop peu trop tard. On a vu hier que les limites d’Azira sont très claires et que son rôle se doit d’être défensif d’abord et avant tout, sans quoi l’animation offensive montréalaise en souffre beaucoup trop. Il reste que si la présence de Jackson à New York avait permis à l’Impact d’être plus décomplexé offensivement, le québécois a obtenu deux chances en or de niveler la marque à Cincinnati mais s’est montré incapable de terminer les actions. La présence de Jackson créer plus d’occasions, mais encore faut-il les terminer. Incapable de réellement menacer offensivement durant la première heure de jeu et face à une équipe de Cincinnati très (très) opportuniste, la défaite n’en devient que logique.

Une défaite non sans controverse toutefois, alors que l’Impact aurait très pu rentrer au vestiaire à la mi-temps avec une égalité de 1-1 plutôt qu’en déficit. Un peu avant la 40ème minute de jeu, Browne a fait une superbe passe vers Lovitz sur le flanc gauche qui a ensuite trouvé Urruti fin seul dans la boîte qui n’a eu aucune difficulté à marquer… avant de voir le but refusé pour un hors-jeu signalé par l’arbitre assistant. Un jeu très, très serré qui alimente les discussions animées sur les réseaux sociaux depuis, et qui a clairement dérangé les joueurs de l’Impact.

Cet angle semble donner raison aux montréalais, et il faut admettre que dans le cours du match, cela ne semblait pas du tout hors-jeu. Ultimement, le problème est surtout la décision du juge de ligne de lever son drapeau. Lorsqu’il prend cette décision, il force l’arbitre VAR a déceler une erreur « clear and obvious » pour modifier la décision initiale et accorder le but. Est-ce clair que ce n’est pas hors-jeu? On pourrait argumenter d’un sens comme dans l’autre sans jamais trouver de réponse satisfaisante. Après, un peu comme c’est le cas dans le monde juridique, il importe surtout de trouver une certaine cohérence dans les différents appels qui sont faits à travers la ligue et dans l’interprétation qui est faite des règlements. Plus souvent qu’autrement, lorsque c’est très serré, les juges de ligne gardent leur drapeau baissé afin de laisser le jeu se dérouler et de laisser l’arbitre vidéo annuler le but si le hors-jeu est très clair. On en a eu un exemple probant hier à Los Angeles sur un but de Zlatan refusé par la VAR.

En ce sens, je comprends l’Impact de se sentir quelque peu floué. Un jeu aussi serré devrait inciter l’arbitre de ligne à laisser le jeu se poursuivre et d’ensuite permettre une annulation si la vidéo confirme un hors-jeu clair. Ce n’est peut-être pas ce que prévoit le règlement à la lettre, mais c’est ce qu’on voit la majorité du temps en MLS et c’est donc ce à quoi doivent logiquement s’attendre les joueurs et entraîneurs de la MLS. Un règlement est fait pour être interprété par les acteurs du jeu, et l’idée est de l’interpréter de la manière la plus cohérente possible au fil des différents matchs.

Si on ajoute à cette décision le fait que l’Impact jouait à New-York mercredi soir et était le premier match prévu hier, on peut comprendre Rémi Garde d’être quelque peu frustré, on le serait à moins. Certains s’amuseront à trouver d’autres exemples à travers la ligue où des équipes doivent voyager beaucoup et jouer en peu de temps, mais ça ne rend pas la situation actuelle de l’Impact plus acceptable. La moitié de l’équipe blessée, déjà 10 matchs sur la route et un horaire beaucoup trop chargé… it’s us against the world, doit dire Rémi Garde à ses joueurs pour les motiver.

Un peu de controverse et de théorie du complot MLS contre l’Impact, donc, rien pour réellement nous sortir de nos habitudes. Malgré cette défaite, l’Impact conclut sa semaine avec 3 points sur une possibilité de 6 et revient à Montréal la semaine prochaine pour y recevoir le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. À la clé, le possible retour de Nacho Piatti. Voilà qui pourrait faire oublier bien des controverses…

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