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Congédier Marc Bergevin maintenant serait injuste

Marc Bergevin, vice-président exécutif et directeur général des Canadiens de Montréal, est responsable des résultats de son équipe. Parce qu’il est le boss de tous ceux qui ont pour travail de gagner des matchs de hockey.

Les Canadiens de Montréal ne gagnent pas très souvent. Les fans, les clients, les commanditaires et tous ceux qui dépendent directement ou non des résultats de l’équipe aimeraient que les Canadiens gagnent plus souvent. Alors les gens souhaitent du changement.

Les solutions des amateurs et observateurs pleuvent au rythme des séquences de défaites qui s’accumulent. À ce stade-ci, toutes les opinions se valent. Cependant, une option mise sur la table par plusieurs me dérange un peu : le congédiement de Marc Bergevin.

La lune de miel

À mon avis, le mandat de Bergevin doit se diviser en deux parties. 2012 à 2018 et 2018 à maintenant.

Amorcée en 2012 après le règne du duo Gainey/Gauthier, l’ère Bergevin arrivait à point. Le gars sympa en point de presse détonnait tellement après l’époque du DG qui nommait ses joueurs Monsieur Markov ou Monsieur Price et le presque sacrilège de l’embauche d’un entraîneur unilingue anglophone.

(Crédit: Capture d’écran YouTube)

Au début du premier chapitre de son mandat, Bergevin a nommé Michel Therrien comme entraîneur. Puis il a repêché au 3e rang un joueur qui promettait de devenir le centre no.1 pour de nombreuses années, Alex Galchenyuk.

On ne fera pas l’analyse détaillée de chaque décision ou geste posés par Bergevin, mais l’idée est de se rappeler qu’il avait pour objectif de rebâtir une équipe dont la banque d’espoirs était complètement vide. Il avait d’ailleurs annoncé que c’est par le repêchage que tout allait passer.

Le hic? Les Canadiens ont gagné.

En effet, à ses trois premières saisons à la barre, Bergevin a vu son équipe terminer à chaque fois parmi le top 4 de l’Association Est dont une saison de 50 victoires et 110 points en plus de participer une fois à la finale de son association. Un total de six rondes de séries en trois ans. Dur de justifier une reconstruction.

Une première chute

Puis est venue la saison 2015-2016. Price avait une fiche de 10-2, un % arrêt de ,934 et une moyenne de 2,06 buts alloués par match. Mais il s’est blessé et malgré qu’on ait cru à un retour de sa part, ce ne fut jamais le cas. Price a raté la saison et l’équipe ne s’en est pas remise.

Des dissensions dans le vestiaire sont apparues et PK Subban est devenu la raison de certains maux. Il n’était pas la cause des défaites, mais quand les choses vont mal, les bobos font plus mal. Subban était un bobo.

Bergevin a voulu assainir son vestiaire. Échanger Subban pour Weber devait positionner son équipe parmi l’élite. Et réussir à faire signer un contrat à Alexander Radulov, une preuve de son audace.

Le faux retour au sommet

Avec Weber, le leader suprême. Price de retour. Pacioretty au sommet de son art. Galchenyuk qui venait d’éclore avec une saison de 30 buts. Et Markov qui allait faire rouler l’avantage numérique, le train était de retour sur les rails. Et ça a fonctionné en partie.

Le début de saison 16-17 a été formidable avec une fiche de 13-1-1 après 15 matchs. Pacioretty a inscrit 35 buts, mais une séquence malheureuse en milieu de saison a entraîné le départ de Michel Therrien. On a tous en tête le regard de Price.

(Crédit: Capture d’écran YouTube)

Sous la férule de Claude Julien qui venait de passer 10 saisons avec les Bruins, l’équipe a finalement compilé un dossier de 103 points bon pour le premier rang de sa division. Price avait retrouvé son swag et il a terminé au 3e rang dans la course au Vézina. Toutefois, le club s’est effondré en séries face aux Rangers. Price avait été excellent, mais le capitaine Pacioretty n’avait pas été en mesure de faire mieux qu’une maigre passe en six matchs pendant que son compagnon de trio Alex Radulov obtenait 7 points.

Le début d’une nouvelle ère

2017-2018 marque ensuite le début de l’ère actuelle. La deuxième débâcle en trois ans, l’incapacité de surmonter une blessure à Carey Price encore une fois et l’écroulement de Max Pacioretty devant l’ampleur de la tâche ont coulé les Canadiens qui ont finalement terminé la saison avec 71 points, la pire récolte depuis 2000-2001.

C’est après cette horrible campagne – au cours de laquelle des histoires de toutes sortes sont sorties dans les médias concernant Carey Price notamment – que Geoff Molson avait une décision à prendre. Il a pris le temps de discuter avec Bergevin et ce dernier l’a convaincu que son plan initial de passer par le repêchage était le bon, mais que les circonstances (les saisons victorieuses) l’avaient amené à s’en écarter.

Dans son plan de match 2.0, Bergevin allait échanger Pacioretty et Galchenyuk dont la présence dans le vestiaire était devenue toxique, mais il allait conserver Price et Weber, ses leaders les plus solides. Le reste allait se faire graduellement.

En commençant avec la sélection d’un joueur de centre au 3e rang du repêchage… Parfois, les aléas de la vie dépassent ce que la fiction n’oserait même pas nous proposer.

Tout n’est pas parfait

Aujourd’hui, le CH continue de perdre parce que les trous sont encore nombreux. Les blessés sont remplacés par des joueurs de trop faible calibre, les meilleurs jeunes de 20-21 ans de l’organisation sont à Montréal plutôt qu’à Laval et les coachs n’arrivent pas à faire comprendre à leurs joueurs comment se comporter en zone défensive.

De plus, l’équipe de recrutement amateur menée par Trevor Timmins a offert à l’organisation quelques points d’interrogation qui ont eu de la difficulté à éclore avec Sylvain Lefebvre, demeuré peut-être trop longtemps en place malgré des résultats médiocres.

Enfin, les dollars non dépensés sous le plafond salarial font tiquer. Réservés pour d’éventuels joueurs autonomes qui préfèrent regarder ailleurs. Ou pour compléter des transactions qui n’aboutissent pas parce que des joueurs refusent de lever une clause contractuelle. N’en reste pas moins que c’est difficile à justifier dans un marché comme Montréal.

La lumière au bout du tunnel

Mais depuis la fin de la saison 2017-2018, force est d’admettre que Marc Bergevin a pris des décisions qui laissent croire à un avenir plus prometteur. Il a pris des décisions qui auront des effets à moyen et long terme plutôt qu’à court terme. Il a choisi de suivre un plan qui teste la patience d’amateurs qui voient l’ensemble d’une œuvre terne plutôt que les petits succès récents (bonnes transactions, acquisition de jeunes joueurs talentueux et travaillants).

La décision de Geoff Molson de laisser Marc Bergevin continuer après la saison 2017-2018 peut s’avérer être la bonne comme elle pourrait être la mauvaise. On le saura lorsque les joueurs auront atteint leur plein potentiel et que le coach qui les mènera saura comment en soutirer le maximum. Mais congédier Marc Bergevin maintenant alors que les effets réels de son plan de reset seront connus dans environ deux ans serait injuste.

Son remplaçant ferait quoi?

Il suivrait le plan déjà en place? Ça donnerait quoi?

Il procéderait à des transactions impliquant ses jeunes? Ce serait l’inverse du plan. Donc une preuve que c’est Molson qui ne fait pas confiance au plan et non Bergevin qui l’exécute mal. Si Molson a choisi une direction, il savait dans quoi il s’embarquait. Changer d’idée en plein milieu serait plutôt inusité.

On n’arrête pas sa voiture en plein milieu du tunnel simplement parce qu’on le trouve trop long. Surtout quand on voit une lueur au bout.

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