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« Foules décevantes » au Centre Bell : Les Québécois ne sont pas des Canadians | Prolongation : Reway, le Patrick Kane des pauvres!

René Fasel, le président de la IIHF a tôt fait de pointer du doigt – avec raison – le prix top élevé des billets pour expliquer les foules « décevantes » pour les matchs présentés au Centre Bell, écorchant un ti-peu, au passage, les gens de Hockey Canada.

Tout le monde en a parlé dans les dernières semaines de ce prix trop élevé. Mais peu ont parlé du pourquoi de ce prix perçu comme trop élevé par les gens d’ici et des maigres assistances qui en ont découlé.

Bon, Philippe Cantin de La Presse a écrit ce matin que Hockey Canada avait oublié les familles en pensant plutôt faire la piastre avec les gens d’affaires de Montréal.

Certainement pas faux. Mais est-ce tout?

En partant, penser faire du fric avec les gens d’affaires pendant le temps des Fêtes, c’est pas l’idée du siècle, il me semble…

Mais surtout, un « prix » ça s’établit d’un côté et ça se perçoit de l’autre par des gens qui ont certaines idées, qui font certains calculs et certaines évaluations. Des gens qui travaillent et vivent aussi à partir de certaines conditions, conceptions et préconceptions sur le plan économique, social et politique.

Or, à mon avis, c’est justement là-dessus, sur des choses « de fond » qu’on s’est royalement planté chez Hockey Canada.

Des choses comme le marché montréalais et l’identité nationale des Québécois
DLC vous en a brièvement parlé il y a deux jours, mais comment a-t-on pu sous-estimer le fait que Montréal n’est pas historiquement une très grande ville de hockey junior? Dans les 15 dernières années, le Rocket et le Junior ont dû plier bagage coup sur coup après seulement quelques saisons dans la métropole.

Comment a-t-on pu sous-estimer cette donnée? Le monde des affaires d’ici n’est pas friand de ce type de hockey et les familles pas beaucoup plus, même à bas prix…

Il y avait donc de gros néons rouges qui flashaient au visage de tout le monde : LE PUBLIC MONTRÉALAIS N’EST PAS VENDU AU HOCKEY JUNIOR.

Montréal c’est pas Brandon, Manitoba…

Un marketing déficient (le mot est faible)
Dans une entrevue accordée au Journal de Montréal (23 décembre), la « jeune et dynamique » Mme Marie-Christine Boucher, directrice générale du volet montréalais de la compétition, disait avant le début du tournoi qu’il ne fallait pas uniquement miser sur Équipe Canada au plan marketing. Car « dans les autres équipes,  il y a aussi les vedettes de la LNH de demain. »

Et bien justement, on les a vu où ces « vedettes de la LNH de demain »? À RDS et dans le cahier des sports des journaux locaux?

Avez-vous senti ces « vedettes » envahir la ville, comme lorsque U2 est en spectacle dans les environs, vous?

Avez-vous vu plein de pubs avec Jack Eichel et tant qu’à y être, chose-là, tsé chose-là, Connor McDavid? Pourtant pas exactement des no name! Ils sont même des assez grosses « vedettes de demain » merci! Il y avait de quoi faire avec ces deux-là!

Et puisque après « plusieurs mois » de recherche pour former « son équipe », Hockey Canada et Mme Boucher ont finalement pu travailler de concert avec les gens de marketing du CH, on peut se demander où étaient les publicités massives avec les  « futurs Canadiens » : De La Rose, Reway, Lekhonen et Fucale?

On avait pourtant  à notre portée trois capitaines d’équipes nationales et le gardien partant du Canada! Pas exactement des no name non plus pour les Montréalais!

Or, la seule pub que j’ai vue en bordure de rue, c’est une affiche mal foutue avec Max Pacioretty portant le chandail des USA en 2008 et P.K. Subban endossant l’unifolié en 2008-2009.

Leur noms étaient écrit tout petit, et leur visage couvert d’une visière, si bien qu’une personne en passant rapidement en voiture aurait du mal à les reconnaître même s’ils sont de grandes vedettes locales!

C’était une affiche anachronique et inefficace. Pas « vendeuse » pour une cenne. Pas besoin d’une maîtrise en administration des affaires, ni en marketing pour le savoir!

Des vrais amateurs de hockey… qui savent compter!
Dans une autre entrevue accordée au même journal (28 décembre), la toujours « jeune et dynamique » Mme Boucher, disait « souhaiter » que « les Québécois démontrent qu’ils sont de véritables amateurs de hockey et pas seulement des partisans du Canadien ».

Mme Boucher disait cela après avoir constaté les faibles foules que les matchs de son équipe canadienne – autour de laquelle il ne fallait surtout pas faire tout le marketing, rappelons-le – avaient attirées lors des matchs contre la Slovaquie et l’Allemagne (14 000 et 12 000 personnes).

Ces maigres foules on pouvait les voir venir d’aussi loin que le printemps dernier. Pourquoi alors avoir attendu un mois avant l’événement pour modifier l’offre et le prix des billets?

Parce qu’on avait déjà commencé à les vendre à un prix de fou il y a un an et qu’on ne voulait pas trop offenser ceux qui avaient déjà acheté leur « package »? Probable.

Mais c’est nono pareil.

Dans un magasin quand le stock restant ne se vend pas, que fait le gérant?

Il met une grosse pancarte « EN SPÉCIAL » dans la vitre! Il ne fait pas des conférences de presse avec Denis Coderre qui invite le monde à acheter des package deals à 2000$!

Au pire, le gérant s’arrange par la suite avec les clients insatisfaits qui estiment avoir payé trop cher.
Mais encore, on voulait à Hockey Canada, nous rapporte Mme Boucher, que les amateurs de hockey du Québec se rendent compte du « cachet international » et du prestige de l’événement.

Je veux bien.

Mais j’ai déjà assisté à ce tournoi à Pardubice en République tchèque en 2008 (non, ce n’était pas la raison principale de mon voyage en amoureux!), et vous savez quoi? Il était tout aussi « international » et prestigieux, le tournoi! Il y avait même 2000 Canadiens dans la place, dont lui!

Mais, si ma mémoire est bonne, les billets se vendaient moins de 20$ pour un programme double où s’opposaient les Slovaques et les Tchèques puis la Suède et le Canada!!!

Fasel avait raison de dire qu’au prix qu’on les vendait à Montréal – une sortie en famille de 1000$ dans les rouges!!! –  il n’y aurait personne dans les arénas en Europe (sauf peut-être quelques canadians)!

Bref, tsé, genre, comme. Faut pas prendre les gens pour des épais.

Cela dit, je ne voudrais surtout pas taper sur la messagère. Jusqu’à preuve du contraire, je vais émettre de grandes réserves quant à savoir si Marie-Christine Boucher avait les coudées très franches dans la gestion du volet montréalais de la compétition… Hockey Canada, c’est gros, c’est lent, c’est traditionnel, hiérarchique à souhait et ça bouge pas vite, d’autant plus avec un changement de président 5 mois avant le début de la compétition…

Les Québécois ne sont pas des Canadians
On vous parlait tantôt de certaines conceptions et préconceptions qui peuvent parfois nous jouer des tours en affaires.

Il faut, par exemple, connaître un tant soit peu sa clientèle. Qui sont les gens à qui on tente de vendre notre patente?

À Toronto, c’est connu, le monde des affaires est plus big et les gens ont en moyenne un peu plus d’argent. Ils ont donc en moyenne les poches un peu plus creuses pour se payer des forfaits de tournoi de hockey junior. Surtout si les finales se tiennent dans leur ville. Ils sont de plus plogués à l’année longue sur TSN qui fait ses choux gras de ce tournoi année après année.

Mais, de façon peut-être encore plus importante et fondamentale, à Toronto ces mêmes gens assez friqués s’identifient en général comme étant pas mal plus Canadian que ne le fait le Québécois francophone moyen.

Voyez vous, en général, le Québécois moyen, qu’il soit d’allégeance souverainiste ou fédéraliste, est toujours, d’abord et avant tout, un Québécois. C’est de même. C’est son identité collective première. C’est une constante identitaire connue depuis des décennies.

Team Canada, c’est bien beau, il va les encourager le Québécois moyen, il n’est pas contre la vertu, mais il n’a pas nécessairement le même attachement sentimental à cette équipe, la même envie irrésistible de dépenser pour elle, que ton average dude de Toronto ou d’Edmonton qui lui est CANADIAN avant d’être Ontarian ou Albertan.

Like it or not, pour le Québécois moyen, Team Canada, ce n’est pas aussi « prestigieux » et viscéral que le Canadien de Montréal, à qui il s’identifie énormément et pour qui il est souvent prêt à débourser des gros dollars.

C’est une différence identitaire importante du côté du consommateur que n’importe quel sociologue, politicologue, ou n’importe qui ayant la moindre conscience identitaire, connait et ressent.

Contrairement à un Ontarien moyen, le Québécois moyen n’est donc PAS UN CLIENT ACQUIS pour la marque TEAM CANADA. D’autant plus si c’est du junior…

Petite anecdote
De source sûre, un ami à moi, appelons-le Jamòn Con Queso, était dans les gradins pour le match Canada-Finlande – il s’était fait donner des billets par un autre ami qui travaille au Centre Bell ­–  et, dit-il, ça parlait anglais en tabarouette au Centre Bell ce soir-là.

C’est pas un péché de parler anglais, c’est pas du racisme de la part de mon ami, c’est un simple constat! Il salue d’ailleurs les demoiselles de Regina à qui il a chaleureusement parlé!

Bref, parole de Con Queso et de son ami, appelons-le Gin Tonic, qui travaille dans la boîte, le Centre Bell n’était apparemment pas trop occupé par des Québécois moyens durant ce tournoi, et les Québécois moyens n’achètent pas beaucoup de chandails Team Canada…

Mais les Québécois moyens sont encore apparemment majoritaires au Québec et dans le Montréal métropolitain, alors va falloir y voir la prochaine fois à Hockey Canada…

Conseils pour 2017
Si on est encore assez « déconnecté » chez Hockey Canada pour penser que Team Canada jr. est plus prestigieux que le Canadien de Montréal pour les gens d’ici, eh bien, en plus d’une couple de cours de marketing, on pourrait peut-être lâcher TSN et la Molson Canadian et, à la place, suivre un cours ou deux de sociologie, de science po ou de philo politique. Vous savez toutes ces affaires qui ne servent à rien.

Ou encore, si on préfère, on pourra toujours aller manger un hot-dog et une poutine chez Lafleur en lisant le Journal de Mourial pis en écoutant Ron à’ radio pour comprendre un peu mieux le marché montréalais.

Ça ferait presque pareil.

Prolongation
Je vous en avais parlé avant le tournoi, je vous en reparle après, voici donc quelques mots sur les espoirs du Canadien lors du CMJ par ordre de préférence. Comme prévu, pas de très grosses surprises…

1. Martin Reway : Son style est peu orthodoxe, son attitude et son éthique de travail soulèvent des doutes, mais son talent est indéniable, surtout sa créativité. Après ses 10 points de l’an dernier, le « Patrick Kane des pauvres » en a rajouté neuf cette année, dont trois dans le match pour la médaille de bronze. Capitaine de son équipe, Reway a su être le meneur des siens quand ça comptait le plus. En entrevue avec Stéphane Leroux, Bergevin a eu de bons mots pour lui lors du premier entracte de la finale entre le Canada et la Russie. Même si je suis incapable d’imaginer Therrien coacher un joueur comme Reway, Bergevin et l’organisation semblent encore croire en lui.

2. Zachary Fucale : Il a été bon, mais n’a certainement pas eu à se surpasser pour mener les siens vers la médaille d’or. Il était même à un petit but d’une potentielle catastrophe en finale, mais comme le reste de son équipe, il a su se calmer juste à temps. Le plus important pour lui c’est qu’il a gagné et ça ne peut que l’aider pour la suite des choses. Il a donc consolidé son rang dans la banque d’espoirs du CH et demeure un espoir important. Mais personne ne comparera sa performance à celle de Price en 2007 ou celle de ce même Price aux derniers J.O.

3. Jacob de La Rose : DLR était parti en force, mais comme le reste de son équipe on dirait qu’il a manqué de souffle en cours de route. Je m’attendais personnellement à beaucoup plus de la part de ce vétéran de trois participations à cette compétition. En tant que capitaine on pensait le voir s’élever au-dessus de la mêlée, mais il a été presque invisible lors du match pour l’obtention de la médaille de bronze. Sans être « décevant », je doute qu’il ait gagné des points aux yeux de la direction avec ce tournoi. Un peu trop robotique à mon goût… Mais bon, on le voit encore à Montréal sur le bottom 6 dans un proche avenir.

4. Artturi Lehkonen : Avec un seul point (but) à sa fiche, force est d’admettre qu’il n’a pas été en mesure de s’affirmer offensivement dans ce tournoi. Sa mononucléose subie dans la dernière année et la perte de plusieurs excellents joueurs sur l’équipe finlandaise semblent lui avoir grandement nuit. Ceux qui pensaient voir en lui le prochain Koivu devront s’armer de patience ou réviser leurs attentes. Lehkonen demeure excellent défensivement, possède un flair offensif, finira par grossir un peu et on ne lancera pas la serviette dans son cas, mais la « carte cachée » de Timmins a peut-être perdu quelques plumes cette année.

Cela dit, maudit que ç’aurait été le fun de voir McCarron et Scherbak! C’est d’ailleurs ce que semblait se dire Marc Bergervin hier à RDS lors de la même entrevue avec Leroux.

Pensez-vous que les USA et la Russie regrettent leur choix aujourd’hui, eux qui ont donné la frousse aux Canadiens? Il ne leur manquait pas grand-chose…

On s’est à mon avis bêtement privé de deux joueurs dominants.

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