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Québécois de service ou nouveau noyau?

Le Canadien a une saison de misère, on en convient. Mais si on a envie de mettre tous les maux de la Terre sur les épaules de Marc Bergevin et de ses sbires (bon, on va aussi en mettre quelques-uns sur celles de Donald Trump), un élément devrait toutefois réjouir les partisans qui réclament plus de contenu local.

Jonathan Drouin, Nicolas Deslauriers, Phillip Danault et Charles Hudon sont non seulement les représentants québécois au sein de la troupe tricolore, ils y jouent un rôle prépondérant. Ça faisait un bail qu’on n’avait pas vu un groupe de joueurs Québécois avoir un tel impact sur l’attaque chez le Canadien.

Une contribution plus importante

En fait, après le match face aux Hurricanes, la production offensive de l’équipe montréalaise se chiffrait à un total de 326 points (127 buts – 199 aides). Les joueurs Québécois (en y ajoutant Torrey Mitchell même s’il n’a inscrit aucun point en 11 parties) ont participé à 23,93% de ces points, soit 27 buts et 51 aides. C’est la première fois depuis la saison 2003-2004 qu’autant d’offensive est générée par des patineurs québécois chez le CH.

Doit-on s’en réjouir compte tenu des insuccès de l’équipe? On pourrait très bien utiliser cet argument pour avancer que la présence plus importante de Québécois à des postes clés entraîne l’équipe vers le bas. Ce serait faire preuve de mauvaise foi. Non seulement parce que la corrélation n’existe pas, mais aussi et surtout parce que les joueurs provenant de la Belle Province sont très peu nombreux.

En fait, une autre statistique intéressante qui permet de mettre les choses en perspective est le temps de jeu que ces joueurs accaparent. Jusqu’à maintenant cette saison, nos cinq joueurs provenant du Québec ont été sur la glace pour 17,66% du temps total distribué. Donc, près de 24% de l’offensive de l’équipe de Claude Julien provient du bâton de joueurs qui passent moins de 18% du temps sur la glace.

L’impact de la production offensive des joueurs québécois en relation avec leur temps de jeu n’a jamais été aussi grand que cette saison.

La dernière fois que l’ensemble des joueurs québécois chez le Canadien a passé autant de temps sur la glace était en 2008-2009. Cette année-là, ils étaient huit à avoir enfilé l’uniforme bleu-blanc-rouge et ils avaient occupé 23,94% du temps de glace distribué durant la saison. Ils avaient alors inscrit 22,74% des points.

Le tableau qui suit représente la compilation des résultats de ma recherche. À noter que les gardiens de buts sont exclus de ces données. Leur contribution offensive étant à peu près nulle compte tenu de leur temps de jeu.

Vous remarquerez que le temps de jeu individuel n’a commencé à être une statistique officielle qu’à partir de la saison 1996-1997. Il est donc impossible de faire une corrélation entre celui-ci et la production offensive durant ces années, mais le nombre de joueurs et leur impact offensif est tout de même significatif. En 1992-1993, près de 50% des points inscrits par les joueurs du club l’étaient par des joueurs québécois. Avec notamment des noms comme Damphousse, Lebeau, Savard, Dionne, Desjardins, Brisebois, Brunet, Daigneault, Carbonneau, le Québec était plus que bien représenté. Et je ne parle même pas de Patrick Roy.

 

 

Le lock-out a fait mal aux joueurs québécois

En faisant mes recherches, j’ai évalué la présence et l’impact offensif des joueurs québécois depuis la dernière conquête de la coupe Stanley en 1993. J’ai ainsi voulu vérifier l’adéquation que plusieurs font en associant la présence de joueurs locaux aux succès de l’équipe. Force est d’admettre qu’il n’y a absolument aucun lien à faire entre la présence de joueurs d’ici et les résultats. Ça ne signifie pas qu’il n’y a pas d’autres observations à faire.

En effet, depuis le lock-out qui a entraîné l’annulation de la saison 2004-2005, jamais le Tricolore n’a fait jouer plus de huit patineurs québécois durant une saison. Coïncidence ou non, entre la saison 1992-1993 et ce lock-out, il n’était arrivé qu’à une seule reprise que moins de 10 joueurs québécois n’aient enfilé la Sainte Flanelle. Et durant cette période, jamais la production offensive des joueurs québécois n’était descendue sous la barre des 24%.

Est-ce que Bob Gainey et sa troupe ont profité de ce temps de réflexion et de l’imposition d’un plafond salarial pour revoir leurs plans? Aucune idée et je ne pense pas qu’on nous le confirmera non plus.

Bien qu’il soit important de noter que moins de Québécois évoluent dans la LNH aujourd’hui qu’il y a 15 ou 20 ans, un fait demeure, un moins grand pourcentage de ceux-ci évolue avec les Canadiens de Montréal. Depuis le lock-out, en moyenne annuellement, 10,85% des joueurs québécois de la LNH ont joué pour le Tricolore. De 1992-1993 jusqu’au lock-out, la moyenne annuelle se situait à 14,92%. Pourquoi?

 

 

Au regard de ces données, on peut se questionner.

Est-ce que les Canadiens formeraient une meilleure équipe en misant sur plus de joueurs d’ici? Rien ne le prouve. Est-ce que le rôle plus accru de joueurs Québécois au sein de l’équipe cette saison est un choix ou le fruit du hasard? Je ne saurais le dire. Est-ce qu’il y a moins de Québécois dans la LNH parce que les Canadiens en embauchent moins ou si les Canadiens en embauchent moins parce qu’il y en a moins qui soient de calibre? Je pense malgré tout que c’est malheureusement la deuxième option.

Cependant, Molson, Bergevin et compagnie ont encore du travail à faire pour répondre à leurs promesses.

Le CH a besoin de trouver une base pour mousser son équipe en ces temps troubles. Le rôle des joueurs québécois pourrait en être une. Ce serait bien qu’on puisse au moins dire que le temps des Québécois de service est révolu. Ce serait bien que les Québécois qui jouent à Montréal soient les leaders de cette équipe différente des autres parce qu’elle appartient un peu, moralement du moins, au peuple qui la supporte.

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