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Trois CHoses : Que penser du Plan 2.0 de Bergevin? | Qui doit partir? | Êtes-vous plus Hall ou Gaudreau?

1) Le plan Bergevin 2.0 est viable, mais…

Le Canadien a eu une chance inespérée (littéralement) d’évaluer sa jeune formation dans un contexte bien particulier de séries éliminatoires. En chemin, il a perdu toute chance de repêcher le meilleur joueur québécois de sa génération, en plus de perdre son 9e rang de sélection au prochain encan amateur. Il repêchera donc 16e.

« Un bien petit prix à payer » a estimé Bergevin lors de son bilan de fin de saison.

Peut-être. On verra bien.

De toute façon, on fera notre lit avec ça et les partisans ont certainement eu de quoi se réjouir puisque ce sont ces deux plus importants espoirs de 21 et 20 ans, Suzuki et Kotkaniemi qui ont plus souvent qu’autrement été les fers de lance de l’attaque, tandis que les deux vétérans sur qui l’organisation compte le plus, Price et Weber ont frôlé la perfection match après match dans leur rôle respectif.

 

Les comparaisons avec Patrice Bergeron tiennent de plus en plus la route.
(Crédit: NHL.com)

Voilà de sérieux indicateurs positifs de la validité du plan de Marc Bergevin : les quatre principaux piliers de sa maison sont solides et il peut aussi compter sur quelques bonnes poutres latérales.

On peut aujourd’hui se dire que si les jeunes Romanov, Caufield et Primeau continuent de se développer comme le font Suzuki et KK – que certains voient déjà comme les futurs centre 1A et 1B et que Weber et Price tiennent le coup encore quelques années (au moins trois à un très haut niveau), le CH pourrait bien faire partie des 5-6 clubs de tête dans un proche avenir.

Mais.

Ces mêmes séries – desquels il faut résister à tirer des conclusions absolues étant donné le contexte unique de 2020 – nous ont tout de même donné de nombreuses preuves que le l’architecture du club n’est pas encore complétée de façon optimale.

Plusieurs ont dit qu’il faudra dénicher un meilleur second pour aider Price et le Canadien à se rendre en séries.

Peut-être.

Peut-être qu’un Corey Crawford, 35 ans, – ce serait un retour au bercail dans son cas – ou qu’un Thomas Greiss, 34 ans,  à qui on verserait environ 3 M$ serait la solution.

 

Corey Crawford
Corey Crawford pourrait-il faire la différence entre une exclusion et une participation aux séries comme adjoint à Carey Price?

Mais peut-être aussi qu’il serait temps de dire aux Lindgren, McNiven et Primeau qu’on croit en eux et que celui qui gagnera la compétition au prochain camp est celui qui jouera 25 à 30 matchs cette saison dans la LNH.

Peuvent-ils vraiment faire pire que les Kinkaid, Niemi, Montoya et compagnie des dernières saisons?

L’autre problème de taille -sans vilain jeu de mots- se trouve à l’aile où le groupe est petit et peine à s’imposer et marquer sur une base constante.

Drouin, Tatar, Domi, Gallagher, Byron, Lehkonen, six ailiers réguliers du top 9, mesurent tous dans les faits 5’11 et moins et pèsent tous moins, voire beaucoup moins de 200 lbs. On pourra bientôt rajouter Caufield dans le lot… C’est un profil qui détonne avec pas mal de tous les clubs qui ont remporté la Coupe Stanley dans les 15 dernières années.

On a d’ailleurs finalement revu l’impact que peut avoir le gros Joel Armia (6’4, 213 lbs) lorsqu’il est sorti de sa coquille à la toute fin avec Drouin et Suzuki. Quelle différence ça peut faire lorsqu’un gros ailier avec un lancer lourd, s’implique dans les coins et converge vers le filet!

Imaginez si on pouvait entourer un Kotkaniemi (qui sera lui-même une bonne pièce d’homme) avec au moins un solide ailier encore plus talentueux qu’Armia, idéalement un Patrick Laine, un Taylor Hall, ou ne serait-ce qu’un genre d’Alex Tuch ou de Charlie Coyle.

Quoi qu’il en soit, du lot, chez les petits ailiers actuels, Gallagher est le seul droitier et on peut dire que son style de jeu est assez unique en son genre. Pour employer un cliché, il joue comme une un gars de 6’2, 215 lbs.

Mais les cinq autres, sans être « pareils » – ils n’ont pas tous le même niveau de talent – sont quand même un peu issus du même moule : petits gauchers, rapides, capables de séquences intéressantes, mais pas des modèles de constance au niveau de la production.

Comme plusieurs, que l’on a pu lire et entendre ces derniers jours, je vois mal comment ils pourront tous rester…

2) Qui doit partir, alors?

Jonathan Drouin : On le garde
Pourquoi? Même si la santé optimale de sa cheville soulève quelques doutes, à 25 ans Drouin est encore jeune. Et même si on peut douter qu’il atteigne un jour son plein potentiel – peut-être que son plafond es tout simplement moins haut qu’anticipé en 2013 –  ses meilleures années semblent encore devant lui, surtout s’il continue à développer une chimie avec Suzuki. Voilà enfin une possibilité d’un premier duo de choc pour lui depuis son arrivée à Montréal en 2017.

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En santé et avec Suzuki comme centre, qui sait ce que pourrait nous montrer Jonathan Drouin sur une saison complète?

À 5,5M $ pour encore trois ans, sa valeur d’usage pour le CH semble bien supérieure à sa valeur d’échange, à moins que l’on puisse obtenir un genre de Samuel Girard, mais on ne comptera pas trop là-dessus.

Enfin, Drouin demeure le plus talentueux du lot et quand il joue avec passion et détermination, on a vu qu’il pouvait être un fier compétiteur en séries.

Faut le voir comme un joueur à maturité tardive…

Tomas Tatar : On le garde… du moins à court terme
Oui, il ne reste qu’un an à son contrat. Oui, il aura 30 ans en décembre. Eh oui, il a connu des séries somme toute décevantes. On peut aussi se demander si le Canadien voudra s’entendre à long terme à un salaire annuel de plus de 5 M$ avec un petit joueur historiquement aussi peu efficace en séries? On peut certainement en douter.

,Mais Tatar se plaît à Montréal. Il a connu ses meilleures saisons ici. Le trio qu’il complète avec Danault et Gallagher, est un des plus efficaces de la LNH à 5 contre 5 ces deux dernières années. Danault avait d’ailleurs été assez élogieux à l’endroit de Tatar à quelques jours de la date limite des transactions en disant que des gars comme lui, « ça ne court pas les rues. »

Si on regarde vers l’avenir, ce même trio pourrait bien devenir un des, sinon le meilleur « troisième trio » de toute la LNH d’ici quelques années, si bien sûr les trois désirent demeurer avec le CH à long terme et acceptent de ne pas se montrer trop gourmands avec des moyennes annuelles ne dépassant les 5 M$. Sinon, on essaie de s’attendre avec lui sur un contrat plus court de 2-3 ans.

Je serai extrêmement surpris que le Canadien obtienne présentement pour Tatar, dans une transaction one on one, une valeur d’échange supérieure à sa valeur d’usage avec le club. Si une prolongation de contrat est impossible, Bergevin pourrait alors souhaiter le conserver à titre de « joueur qui t’amène en séries ». On pourrait ainsi le voir comme un « joueur de location » déjà avec le club. Cela dit, un échange à la date limite demeure une option si le CH se retrouvait une fois de plus hors du portrait des séries…

Paul Byron : On le garde, à moins que…
À 31 ans, Byron a certainement déjà connu ses meilleurs moments avec le Canadien. Son contrat (3,4 M$/année) vient à échéance dans trois ans. Ça semble long pour un joueur qui a eu son lot de blessures ces dernières années.

Après une belle ronde qualificative contre les Penguins, sans être mauvais, son rendement a diminué de façon importante contre les Flyers. On l’a peu vu. Mais, en santé, Byron peut connaître de très belles séquences et être encore un joueur efficace et important pour son équipe. Après Gallagher, il est probablement le joueur démontrant le plus de fierté et de combativité match après match.

Idéalement, dans un avenir très rapproché, un gars plus costaud et moins coûteux, comme Ryan Poehling, aurait pris sa place dans la formation sur un troisième trio, mais, comme dirait l’autre, à la condition que le cordon du cœur de ce dernier ne traînait pas dans la m…

Bref, pour le moment, on garde le vétéran Byron, à moins, qu’il soit impliqué dans une transaction dans le style d’Andrew Shaw (deux choix de deuxième ronde) que Bergevin pourrait difficilement refuser. Ce serait surprenant.

Artturi Lehkonen : On le garde, mais qui sait…
Malgré son manque de finition déjà bien documenté, toutes les équipes ont besoin d’un Artturi Lehkonen sur le bottom 6. C’est un ailier intelligent et combatif qui pourrait être en demande beaucoup plus qu’on le pense, entre autres à cause de ses performances plutôt impressionnantes en séries. Brillant contre les Rangers en 2017 et encore contre les Penguins cette année, ç’a été un peu plus tranquille contre les Flyers, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Lehkonen avait ce feu dans les yeux et ce côté guerrier sur la patinoire qui ne ment pas.

Ça ne vaut probablement pas la peine de le transiger un contre un – sa valeur d’usage brute pour le CH semble plus grande que sa valeur d’échange – mais pour certaines formations (les Jets, l’Avalanche?), il pourrait être un fichu beau complément dans une transaction impliquant un joueur au talent supérieur comme Domi.

Max Domi : Bonsoir, il est parti!
Le cas de Domi est intéressant et le fait qu’il se détache de Montréal et du CH sur les réseaux sociaux (tout comme Ryan Poehling) ne fait rien pour calmer la machine à rumeurs, dont une des plus récentes impliquait Johnny Gaudreau.

Mais ne vous attendez pas nécessairement à une conclusion rapide dans le cas de Domi. Tout pourrait traîner en longueur jusqu’à la conclusion du dossier Taylor Hall au mois d’octobre, à moins que ce dernier ne s’entende avec l’Arizona d’ici là. Fat chance

On reviendra à Hall un peu plus bas.

Cela dit, Hall ou non, Bergevin ne porte pas Domi dans son cœur plus qu’il ne le faut. Lors de son dernier point de presse, Bergevin a dit qu’il « appartenait toujours techniquement au CH pour encore deux ans ».

 

La fin semble déjà approcher pour Domi à Montréal.
(Crédit: Capture d’écran YouTube)

Ça ne sonnait pas exactement comme une chanson d’amour.

Si ce n’est déjà fait, Domi lui-même pourrait exiger une transaction. Bergevin a déjà suffisamment bien paru en l’obtenant en retour de Galchenyuk pour être en mesure de l’échanger deux ans et demi plus tard sans perdre la face et sans que personne ne s’en offusque. Plusieurs scénarios d’échanges sont certainement possibles pour Bergevin. Il y a certainement quelques DG dans la LNH qui croient encore en Domi.

Sinon, si le plan Hall tombe à l’eau (voir plus bas) et si le marché des transactions est trop chiche au goût de Bergevin, il lui faudra s’entendre avec Domi – probablement à contre-cœur – sur les termes d’un court contrat. Tout le monde est maintenant d’avis que Domi n’a plus sa place au centre des trois premiers trios à Montréal et que c’est à lui de « se prendre en mains », comme l’a aussi dit Bergevin il y a quelques jours à peine. Il devra pour cela accepter de jouer à l’aile et le faire avec la meilleure volonté du monde.

Mais ce n’est pas parti pour ça…

Bref, il ne serait pas surprenant de voir un ou deux, voire trois de ces ailiers, si on inclut Ryan Poehling, quitter l’organisation dans les prochains mois.

En retour, il faudra cependant s’assurer de se grossir sur les flancs et de marquer plus de buts…

Un ailier abordable qui m’intriguerait? Le gros Valeri Nichushkin au Colorado, 25 ans, joueur autonome avec restriction… Un Armia gaucher en plus rapide…

3) Le domino Taylor Hall

Mais parlant de buts et de gabarit plus imposant, le Canadien devrait logiquement faire partie des formations qui feront un excellent « pitch » de vente pour l’ailier gauche toute-étoile, Taylor Hall.

Si Bergevin était prêt à délier les cordons de la bourse pour le centre Matt Duchene l’été dernier, on voit mal comment il ne fera pas une offre très intéressante à Hall, un ailier qui répond beaucoup mieux aux besoins présents et futurs de l’équipe.

L’argent est là (9M$ par année, 63 M$ au total, suffiraient-ils?). La relève au centre est assurée et déjà passablement productive. Le gardien et la défensive n’ont rien et n’auront rien à envier à quiconque pour encore plusieurs années (à la condition de s’entendre sous peu avec le bon Jeff Petry…).

Puis, avec Price et Weber en tête, ils diront à Hall qu’il est l’élément manquant, la vedette qui fera le pont entre les vétérans et les jeunes, le joueur qui fera la différence, etc.

 

Que pensera Hall du « pitch » des Canadiens?
(Crédit: NHL)

Il sera un peu le Panarin de cette année, en moins bon…

Et à 6’1, 205 lbs, Hall, récent gagnant du Trophée Hart après une saison de 93 points au New Jersey, n’est pas exactement un freluquet et il a toujours joué avec une bonne fougue, parfois même trop.

Bref, le Canadien, un club dont l’avenir se conjugue déjà un peu plus au présent, a une chance honnête d’obtenir Hall, le meilleur ailier de cette cuvée 2020 des joueurs autonomes. Mais, comme chaque année, plein d’autres équipes ont d’aussi bonnes chances, voire meilleures que celles du CH.

Et, à moins que Bergevin ne soit aucunement intéressé à verser une rondelette somme sur plusieurs saisons à un joueur ayant déjà subi plusieurs blessures et qui aura 29 ans en décembre prochain, c’est lorsqu’il saura où évoluera Hall que l’effet domino ou la valse des ailiers gauches pourrait bien débuter pour lui et quelques-uns de ses homologues.

Une idée comme ça, si jamais Hall décidait de se joindre aux Flames de Calgary, sa ville d’enfance, ceux-ci seraient obligés de transiger un gros salaire, probablement un ailier gauche de 27 ans répondant au nom de Johnny Gaudreau…

Juste pour le fun, seriez-vous plus Hall ou Gaudreau?

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