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Les objectifs du Canadien en 2017

L’année 2016 est terminée et elle en est une à oublier pour le Canadien, qui aborde néanmoins 2017 avec de grandes ambitions. Les choses se sont stabilisées depuis le retour de Carey Price et le jeu solide de Shea Weber – en compagnie d’Alexei Emelin, qui l’eut cru! – confond un par un les sceptiques du clan de l’analyse statistique.

Marc Bergevin a plus que jamais les yeux ansur la Coupe Stanley, sachant que le contrat de Price tombe à échéance dans moins de deux ans (été 2018). Mais pour atteindre le but ultime, l’état major devra suivre ses résolutions.

1. Un meilleur environnement de développement (+ évaluer la situation Lefebvre) et une parenthèse sur une tendance qui doit changer dans l’analyse du hockey 

Le club-école du Canadien n’a jamais accédé aux séries en quatre ans sous la férule de Sylvain Lefebvre et le jeu collectif de l’équipe demeure insatisfaisant cette saison. Les IceCaps montrent un dossier de 14-12, mais doivent plusieurs de ces victoires à leur gardien Charlie Lindgren, brillant à ses débuts chez les professionnels. Puis, leur différentiel de buts est négatif (-3), ce qui signifie que plusieurs matchs ont été remportés à l’arraché, de façon plus ou moins convaincante.

À ce jour, les seuls joueurs réguliers de l’équipe à avoir été développés par Lefebvre sont Brendan Gallagher et Nathan Beaulieu. Gallagher n’a disputé que 36 matchs en carrière dans la Ligue américaine avant de percer la LNH en 2012-2013, saison durant laquelle il a même surpassé son rythme de production affiché dans la LAH.

En bon coéquipier, Marc Bergevin a constamment pris la défense de son employé, en assurant que les joueurs étant rappelés par le Canadien en cours de saison étaient bien préparés pour évoluer dans le système de Michel Therrien. Le directeur général explique donc ces insuccès par l’accent placé sur le développement des espoirs, au détriment de la tenue du club-école.

Un argument valable, soit. Mais Lefebvre a eu sous la main des alignements différents d’une année à l’autre durant ses quatre saisons à titre d’entraineur et la constante inquiétante est que ces équipes peinent à se maintenir au-dessus de la barre de .500. On a beau changé les ingrédients de la salade de fruit, elle conserve ce même arrière-goût amer.

Rien pour aider sa réputation, Lefebvre a pris plusieurs décisions controversées durant son règne. La plus récente a été de reléguer au quatrième trio son meilleur marqueur Nikita Scherbak, et de ne pas l’avoir employé durant toute la première période. Ce genre de méthodes archaïques est souvent farouchement décrié par le public et la cote de popularité d’un entraineur en prend un grand coup.

L’ennui, c’est que les partisans ne seront jamais mis au fait des raisons qui motivent une telle décision car cette information demeure à l’interne. Impossible alors de juger si elles étaient légitimes ou non. Ensuite, les opinions seront toujours partagées quant à savoir si la décision s’est avérée la bonne. Scherbak a marqué lorsqu’on a daigné l’employer durant le deuxième tiers, mais est-ce parce qu’il a été fouetté par cette correction de son entraineur? Il demeure l’un des meilleurs marqueurs de la Ligue donc il aurait aussi très bien pu faire mouche dans les circonstances habituelles!

Et si Scherbak avait en fait connu des ennuis lorsque Lefebvre avait recommencé à l’utiliser? Donne-t-il raison à son entraineur car certains détails dans son jeu présageaient de mauvais résultats, ou sa confiance a-t-elle été minée?

Aussi, comment faut-il analyser, par exemple, les échecs de Tinordi et de Leblanc, qui ont plafonné sous Lefebvre? Comment divise-t-on la part du blâme imputée à l’entraineur et celle imputée au joueur? Comment s’y prendre de la bonne façon, sans avoir la moindre idées des interactions qui ont eu lieu entre l’entraineur et son poulain?

Ce que l’on sait, au final, c’est que le système de développement vu par le Canadien fait en sorte que Lefebvre hérite du même système de jeu que celui prôné par le grand club, soit celui de Michel Therrien. On sait aussi que ce système a produit des résultats décevants dans la Ligue américaine – contrairement à ce qu’on observe au niveau de la LNH –, qu’importe le groupe de joueurs qui le pratiquait.

Du point de vue de l’analyste, il est très difficile d’évaluer Lefebvre autrement que par la fiche de son équipe, le personnel qu’il emploie et les tendances générales (nombre de tirs décochés et accordés, pointage, tenue des espoirs) pouvant être observées. Et, malheureusement pour lui, ces informations fragmentaires que l’on possède lui sont fortement défavorables.

Puis, quelles conclusions sommes-nous en mesure de tirer de son passage à Lake Erie à titre d’adjoint dans la LAH, et de ses quatre années en tant qu’assistant au Colorado?

Là où j’en viens, c’est que l’analyse d’un entraineur est significativement plus complexe que celle d’un joueur que l’on évalue directement par des faits et gestes posés sur la patinoire. J’en viens donc à ma résolution de 2017. 

Sur les réseaux sociaux, la propension des gens à démolir un entraineur ou un joueur à partir de ces résultats est plus forte que jamais. Ces analyses sont logiques, puisqu’elles font un usage optimal des informations disponibles. Mais seulement de celles qui sont disponibles et c’est pourquoi elles ne finissent pas toujours par s’avérer vraies. Lorsque c’est le cas, ces analystes sont blindés: ils peuvent pointer du doigt la chance car leur observation (leur méthode, leur processus) était tout à fait logique dans les circonstances. Parce que le hasard et la chance sont des facteurs qui ont une influence véritable, il est difficile de distinguer, au final, un dénouement qui découle du pur hasard ou un légitime coup de génie fondé sur une décision éclairée.

Il ne s’agit pas là d’un appel à l’autorité – une forme de sophisme justement décriée par ces mêmes analystes (un groupe qui m’inclut, soit dit en passant). Détrompez-vous: les individus en position de force commettent eux aussi des erreurs comme vous et moi, et il faut les défier. C’est la définition même de la démocratie. Les indicateurs mentionnés plus haut justifient raisonnablement chez l’auteur de ces lignes un scepticisme par rapport à Sylvain Lefebvre.

Il est toutefois déplorable qu’autant d’individus tombent dans l’hyperbole, et iront jusqu’à dépeindre ces employés comme des tarés et des incompétents qui n’y connaissent absolument rien. Est-ce que cette tendance est productive, ou instructive? Le temps que l’on passe à couvrir d’insultes les Sylvain Lefebvre et Michel Therrien de ce monde, n’est-ce pas du temps gaspillé pour étudier leurs potentiels angles morts à tête reposée et de façon tangible?

Trop souvent on pointera du doigt ces résultats et on omettra d’expliquer pourquoi il en est ainsi. Pourtant, le quoi et le combien sont indissociables du comment, tel une feuille recto-verso. Sans prendre la peine d’utiliser les séquences vidéo pour mettre le doigt sur le problème – s’il y en a un –, comment peut-on tirer à boulets rouges sur le système qui est mis en place? Ainsi, les résultats sont des faits, mais les conclusions négatives qui en émergent, et qui ciblent souvent les entraineurs, demeurent au stade de l’hypothèse – bien qu’elles soient présentées comme des vérités incontestables par l’utilisation de l’indicatif présent ou du passé composé au lieu du conditionnel et l’économie volontaire de distinction entre le « je crois » et le « c’est  ça ».

J’ai moi-même écrit plusieurs articles sur ce site-web sur le coup des émotions que je regrette aujourd’hui, avec l’expérience. En 2017, je tâcherai d’être plus posé, plus nuancé et de m’intéresser autant au comment qu’au combien. Sans, bien entendu, donner systématiquement le bénéfice du doute aux figures d’autorité. Je tenterai de me situer au beau milieu de tout ça, dans une quête d’objectivité.

Je tourne donc la question autrement: le Canadien en 2017, devra à tout le moins réévaluer la situation à St.John’s, et faire le bilan du travail de Sylvain Lefebvre. Cela signifie répondre aux questions suivantes: 1) est-il une partie de la solution ou du problème? 2) peut-il être considéré à juste titre comme un potentiel successeur à Michel Therrien? 3) sinon, quel est le problème au sein du club école, et comment y remédier?

Quoiqu’il en soit, le Canadien devra trouver des solutions pour développer plus de joueurs à partir de son club-école, quitte à innover. Et il devra enfin déterminer – avec les informations qu’on ne détient pas – si le club-école ne pourrait pas mieux développer ses joueurs et connaitre davantage de succès avec un autre meneur que Sylvain Lefebvre.

2. Solidifier la ligne de centre

Ne parlons même pas de la ligne de centre actuelle du Canadien.

Ce qui nous intéresse, c’est celle pouvant être déployée à plein effectif, c’est-à-dire, avec Alex Galchenyuk et David Desharnais en santé. Fait-elle le poids face à la crème de la crème de la LNH en séries?

Le Canadien peut certes miser sur Carey Price et une ligne bleue assez forte, ce qui diminue relativement l’importance de cette position névralgique lorsqu’on se prête au jeu des comparaisons avec les autres équipes.

Néanmoins, la puissance de la ligne de centre ne ment pas. Huit équipes au total ont participé aux cinq dernières finales de la Coupe Stanley et elles étaient pratiquement toutes redoutables à cette position.

Les Penguins? Crosby et Malkin, rien de moins. Les Sharks? Thornton, Couture…  Les Blackhawks avaient Jonathan Toews et Patrick Kane a ceci de particulier qu’il possède si souvent la rondelle qu’il a une influence semblable à celle d’un joueur de centre. Le Lightning comptait Johnson, Stamkos et Filpulla parmi ses rangs. Que dire de Kopitar et Carter chez les Kings? De Bergeron et Krecji à Boston? Les Rangers, en l’absence d’une vedette, possédait un trio pas piqué des vers en Stepan-Brassard-Richards.

La seule exception? Les Devils sous les ordres de Peter DeBoer en 2011-2012. Leurs meilleurs attaquants jouaient à l’aile. Travis Zajac, Adam Henrique et Dainius Zubrus n’ont pas eu le même impact que Kovalchuk et Parise. Toutefois, les Devils appliquaient un système de jeu défensif sensiblement différent de celui du Canadien, qui privilégie un jeu plus ouvert misant sur la vitesse.

Alex Galchenyuk produit certainement au rythme d’un centre de premier trio lorsqu’il est jumelé à Alexander Radulov, et ses indices de possession de rondelle semblent indiquer qu’il est vital au jeu de transition du Canadien en zone neutre. D’ailleurs, au moment d’écrire ces lignes, l’avantage numérique de Kirk Muller n’est plus le même sans les entrées de zones du numéro 27. Il reste à voir si Galchenyuk, à l’instar de Toews, Kopitar, Crosby, Thornton et cie, pourra être opposé au meilleur trio et à la meilleure paire défensive adverse dans une série de quatre de sept pour qu’on puisse le considérer comme un centre d’élite à part entière. L’américain n’est pas mauvais en défensive, loin de là, mais il devra se hisser bien au-dessus de la moyenne dans ce département pour être digne de cette mention.

Aussi, le fait est que Galchenyuk est encore utilisé sporadiquement (16:10) et le Canadien a ainsi beaucoup de minutes à combler sans lui avec une ribambelle de centres de troisième trio: Phillip Danault, Tomas Plekanec, David Desharnais… C’est au choix. Plus la saison avance, plus il semble improbable que Plekanec retrouve ses talents de marqueur d’antan, ce qui est en soi un gros manque à combler dans l’arsenal de Michel Therrien.

Le Canadien prend un pari risqué s’il amorce les séries sans un deuxième centre qui saurait épauler Galchenyuk. Il doit à tout le moins s’approcher de la formule préconisée par les Rangers qui ont atteint la finale de la Coupe Stanley notamment grâce à Lundqvist et trois centres décents.

Dans le meilleur des scénarios, Marc Bergevin mettrait la main sur un joueur de centre créatif qui saurait alimenter Pacioretty de passes à travers la route royale. Michel Therrien pourrait ainsi répartir les forces sur deux trios, à l’aide des duos Galchenyuk-Radulov et Pacioretty-(2e centre). Plekanec ou Desharnais pourrait alors servir de troisième centre, un rôle qui leur sied.

Bien entendu, Bergevin devra sortir un lapin de son chapeau s’il veut convaincre un de ses homologues de se départir d’une de ces denrées rares que sont les bons centres…

3. Bien repêcher à partir d’une position de faiblesse

S’il a pu repêcher Mikhail Sergachev au 9e rang l’an dernier, le Canadien ne peut espérer jouir d’un rang de sélection aussi séduisant en 2017. Du moins, pas si le genou de Carey Price tient le coup.

Le Canadien pourrait attendre jusqu’en fin de première ronde pour hériter du droit de parole, une réalité avec laquelle Trevor Timmins s’est habitué à composer lors des cinq dernières années.

Bien que Michael McCarron et Charles Hudon aspirent à un avenir dans la LNH, le Canadien ne possède pas de joueur de premier ordre en offensive. Règle générale, les meilleurs attaquants sont appelés dans les deux premiers tiers de l’encan, mais il y a toujours quelques surprises.

Sur le plancher du repêchage, il faut privilégier le meilleur joueur de l’avis des recruteurs. Mais si un attaquant que Timmins aime bien s’avère disponible à son rang de sélection, eh bien

Kailer Yamamoto, Matthew Strome, Antoine Morand, Maxime Comtois, Shane Bowers et Nikita Popugaev,  sont des possibilités parmi tant d’autres à envisager.

 

 

 

 

 

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