Lorsque quiconque analyse l’impact d’un joueur sur son équipe et qu’il désire obtenir une statitstique très simple, démonstrative et rapide à obtenir, c’est la colonne des points qui est priorisée.
Les points guident la pensée d’énormément de gens de l’industrie : entraîneurs, directeurs généraux, analystes, journalistes, partisans. Mais peut-être devrait-on la prendre avec un grain de sel.
Et si la statistique était faussée? Et si certains joueurs n’obtenaient pas la reconnaissance qu’ils méritent?
Et si le système des mentions d’aides était trompeur?
Il s’agit d’un réel débat qui tire ses origines des autres sports et qui alimente un débat assez silencieux sur un principe qui devrait être acquis, en date d’aujourd’hui.
Passe décisive c. Passe secondaire
Qu’est-ce qu’une passe, au basketball? C’est l’action d’envoyer le ballon à un coéquipier qui tire ensuite (presque) automatiquement. Au soccer, une passe décisive y ressemble également beaucoup.
Il n’y a que dans le monde du hockey que les passes dites «secondaires» sont prises au sérieux. Ce qui créé un certain problème statistique, qu’on le veuille ou non : l’importance d’une passe primaire et celle qui la précède ne se comparent pas.
Pourtant, les buts, passes primaires et passes secondaires comptent pour un point sur la feuille des statistiques. En tant que tel, on sait tous que c’est de la foutaise.
C’est là qu’un problème peut être observé dans l’interprétation des statistiques, puisque ce n’est pas tout le monde qui est au courant ou conscient de l’impact qu’ont ces variantes sur les statistiques de différents joueurs.
Un impact qui se fait sentir
Quel est l’impact exact de ce malentendu? Certains joueurs sont peut-être sous-estimés puisqu’ils ne récoltent pas suffisamment de passes secondaires. Et vice-versa. Un autre pourrait être surestimé et obtenir un contrat beaucoup trop lucratif qui ne correspond pas à sa réelle valeur. C’est alors qu’en déménageant dans un environnement plus offensif ou dans un rôle réduit, le nombre de points peut drastiquement être réduit sans toutefois que l’impact ne le soit.
Le meilleur exemple nous provient de Vancouver. Les frères Sedin ont la réputation de s’être rassasié de mentions d’aides secondaires afin de fluctuer leurs statistiques, et ce tout au long de leur carrière.
Par exemple, lors de la dernière saison de sa carrière, Henrik Sedin a cumulé 25 points à 5 contre 5. De ces 25 points, 16 étaient des passes secondaires.
La différence est drastique, non?
Actuellement, dans la LNH, c’est Thomas Chabot qui mène pour les passes secondaires, avec 17 (sur 24, au total).
Voici le top-15 des pointeurs du circuit, au moment où l’on se parle et selon le système de points de la ligue.
Joueur | MJ | B | A | Pts | |
1 | Mikko Rantanen | 26 | 11 | 32 | 43 |
2 | Nathan MacKinon | 26 | 18 | 23 | 41 |
3 | Nikita Kucherov | 27 | 11 | 27 | 38 |
4 | Mitch Marner | 27 | 6 | 32 | 38 |
5 | Connor McDavid | 26 | 14 | 21 | 35 |
6 | Brayden Point | 27 | 19 | 15 | 34 |
7 | Matt Duchene | 27 | 12 | 21 | 33 |
8 | Blake Wheeler | 25 | 4 | 29 | 33 |
9 | Nicklas Backstrom | 25 | 9 | 23 | 32 |
10 | Jack Eichel | 27 | 5 | 27 | 32 |
11 | Alex Ovechkin | 25 | 19 | 12 | 31 |
12 | Mark Scheifele | 25 | 15 | 16 | 31 |
13 | Thomas Chabot | 27 | 7 | 24 | 31 |
14 | David Pastrnak | 26 | 19 | 11 | 30 |
15 | John Tavares | 27 | 17 | 13 | 30 |
Voici le même tableau, mais considérant que les mentions d’aides secondaires ne comptent PAS dans le total de points.
RA | Joueur | MJ | B | A1 | A2 | Pts | |
1 | 4 | Mitch Marner | 27 | 6 | 27 | 5 | 33 |
2 | 2 | Nathan MacKinnon | 26 | 18 | 15 | 8 | 33 |
3 | 1 | Mikko Rantanen | 26 | 11 | 21 | 11 | 32 |
4 | 6 | Brayden Point | 27 | 19 | 12 | 3 | 31 |
5 | 5 | Connor McDavid | 26 | 14 | 15 | 6 | 29 |
6 | 7 | Matt Duchene | 27 | 12 | 17 | 4 | 29 |
7 | 3 | Nikita Kucherov | 27 | 11 | 17 | 10 | 28 |
8 | 11 | Alex Ovechkin | 25 | 19 | 8 | 4 | 27 |
9 | 14 | David Pastrnak | 26 | 19 | 7 | 4 | 26 |
10 | 25 | Jeff Skinner | 27 | 20 | 6 | 2 | 26 |
11 | 19 | Sidney Crosby | 22 | 14 | 12 | 3 | 26 |
12 | 8 | Blake Wheeler | 25 | 4 | 21 | 8 | 25 |
13 | 23 | Johnny Gaudreau | 26 | 10 | 15 | 4 | 25 |
14 | 15 | John Tavares | 27 | 17 | 8 | 5 | 25 |
15 | 12 | Mark Scheifele | 25 | 15 | 10 | 6 | 25 |
RA : Rang Actuel. A1 : Aide primaire. A2 : Aide secondaire.
Vous remarquerez que plus on descend, plus les irrégularités sont importantes. Des joueurs comme Johnny Gaudreau, Sidney Crosby et Jeff Skinner effectuent des bons impressionnants tandis que certains autres ont été exclus du tableau initial.
Nicklas Backstrom glisse du 9e au 24e rang.
Thomas Chabot glisse du 13e… au 96e rang (-83). Au contraire, un joueur comme Patrik Laine fait un bond de 31 rangs.
Dans le tableau rafraîchi, on remarque que les joueurs ont un pourcentage de points primaires assez élevé. C’est là que les exceptions sont exclues et que ceux qui tirent trop avantage du système présent glissent hors du top 15.
Ceux qui en écopent sont majoritairement des défenseurs… Mais les attaquants ne s’en sauvent pas.

(Crédit: Corsica)
Comment réduire ces impacts
Évidemment, changer la formule des points serait ridicule, puisque la ligue utilise la même depuis 1936. Les comparaisons seraient alors bien plus difficiles et les liens seraient beaucoup plus difficiles à établir. On a toujours compté les points de la même manière et si on venait à changer toute la formule, ce ne serait pas non seulement des chocs d’époques, mais de formules de pointage.
Par contre, rien n’empêche la LNH de les moderniser.
Sur le site NHL.com, il suffirait d’ajouter une colonne «Passes primaires» et «Points primaires» pour publiciser la différence et les nuances.
Le site Corsica.hockey le fait déjà, comme vous pouvez le voir sur la capture d’écran ci-haut.
Un monde complet de nuances serait alors ajouté et aiderait bien des gens dans leur analyse.
Je ne pense pas que ce soit trop demandé, non?
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