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Vous êtes pas écoeurés de mourir bande de caves! C’est assez!

Bon, une autre « journée frustrante » hier. Suite logique de négociations qui n’en sont pas vraiment.

Quand c’est rendu que Mathias Brunet, « Monsieur Modéré  », dit souhaiter que les fans restent chez eux et que l’on donne une bonne leçon à la LNH au retour du lock-out, c’est qu’on est rendu loin, trop loin, dans ce conflit.

Pour tous ceux qui disent : « Moé, m’en sacre, lock-out, pas lock-out,  joueurs, propriétaires, m’en fout, j’veux du hockey de la ligne nationale, je m’ennuie assez, je vais y retourner en courant au Centre Bell !», je ne peux m’empêcher de penser à la célèbre envolée du poète Claude Péloquin : « Vous êtes pas écoeurés de mourir bande de caves! C’est assez! »

Deux phrases qui ont toujours leur effet, 42 ans plus tard!

Ces phrases de Péloquin – qui a aussi écrit la très « flyée » Lindberg de Charlebois – ont été immortalisées par l’artiste Jordi Bonnet sur un mur du Grand Théâtre de Québec en 1970.

À cette époque, ça avait créé toute une commotion cette murale. Offusqué par cette phrase « barbare » au français douteux, on avait poussé de hauts cris dans la population et dans les cercles de la Kultur québécoise bien confortable dans leurs certitudes et leurs habitudes.

L’artiste avait effectivement voulu réveiller et faire réagir un peuple colonisé, endormi, amorphe, apathique, confortable devant sa situation, un peuple semblant se dire tout bas : « Ouin, kossé que tu veux qu’on fasse, on est né pour un petit pain, pis on va rester petit. On a besoin de nos maîtres et ils ont besoin de nous pour les servir ». 

À plus petite échelle et dans un contexte, disons, moins dramatique au plan sociologique, cette phrase s’applique très bien aux fervents partisans de hockey québécois et/ou aux die hard Canadian hockey fans.

Depuis juillet, joueurs et propriétaires, parlent de leurs millions ou de leurs milliards, de leur make whole, de leur pourcentage, de leur partage de revenus, de leurs profits, de leurs déficits, de leurs carrières, de leurs entreprises, de leur lock-out, de leurs contrats, de leur décision d’aller en Europe, de leurs négociations et, maintenant, de leur dé-certification!

Bref, de tout sauf des partisans, ceux qui payent leurs salaires et ceux qui leur font accumuler des profits records.

Depuis le mois de juillet, Call me Gary ou Puck Gary, c’est selon, et sa bande nous disent : « Nous avons les meilleurs fans du monde. Nous savons qu’ils reviendront en galopant ».

Même Sidney Crosby, que je respectais beaucoup plus avant, a eu l’air d’un parfait taré la semaine dernière lorsqu’il a dit que les joueurs n’allaient pas reculer et qu’on ne touchera pas à leurs droits et leurs contrats.

Pas un seul mot, pas une seule pensée, pour les partisans qui payent son salaire de 8,7 M$!

Un discours totalement pitoyable venant de celui qui est supposé être le visage de la LNH auprès des fans. Très décevant.

Bref, que l’on parle des proprios ou des joueurs, un constat s’impose : tabarn… qu’ils nous prennent pour acquis!

Ils pourraient aussi bien dire : « nous avons les fans les plus abrutis et moutons de l’univers, on peut leur cracher dessus, leur pisser dessus, leur chier dessus, leur marcher dessus et s’essuyer les pieds sur leur chemise, ils vont en redemander pareil, les pauvres imbéciles! »

Le pire – vous le savez et ne manquerez pas de me le dire et redire – c’est qu’il y en a encore des milliers qui vont leur donner raison en se disant d’abord « ben oui, ils ont raison de penser de même, c’est plate, mais c’est la réalité, kossé qu’tu veux ».

Puis, ils se garocheront bêtement comme des poules pas de têtes sur les premiers billets mis en vente.

Et ils en rajouteront une couche en y allant de leur meilleure et plus profonde réflexion : « le boycott, kosse ça donne? Si moi j’achète pas de billets, d’autres vont en acheter ».  

Ces mêmes fans, donc – suite au plus ridicule de tous les lock-out servis par Bettman jusqu’ici – vont encore s’acheter 7-8 billets, une nouvelle casquette, un nouveau porte-clés et un nouveau chandail aux couleurs de leur équipe favorite.

Sans oublier des dizaines de bières à 12$ et hot-dogs à 5$. 

Un coup parti, dans le dos de leur nouveau chandail ils devraient peut-être faire écrire : « F… me please ».

Ça aurait le mérite d’être clair. Il faut s’assumer dans la vie! 

Mais pour être polis, on va appeler ces brebis dociles prêtent à se faire traire les « Superfans aveugles » comme les surnomme André Richelieu, spécialiste en marketing de l’Université Laval.

Le même Richelieu qualifie de « marketing de myopes » ce que fait présentement la LNH avec cet interminable lock-out.

Ne voyant pas plus loin que le bout de son nez, la LNH agit et fait comme si tous ces fans étaient des Superfans aveugles. Elle continue de nous dire implicitement « vous êtes caves et on vous aime comme ça, soyez patients ».

Or, elle oublie ou sous-estime que ses fans occasionnels auront débarqué pour beaucoup d’entre eux. Vous savez, les fans qui assistent de 1 à 3 matchs par année et qui regardent les parties et les statistiques distraitement.

Mais surtout, toujours selon le monsieur de marketing de l’Université Laval, elle oublie ou sous-estime que nous sommes rendus des milliers de fans et de Superfans critiques, allumés, branchés sur les réseaux sociaux et les blogues, qui ne retournerons plus dans les amphithéâtres de la LNH.

Et s’il y en a qui ont décidé d’abandonner leurs billets de saison dans le lot, je leur lève mon chapeau. Ils sont conséquents. On sait déjà qu’ils sont eux aussi de plus en plus nombreux. 

Car oui, le Superfan, s’il est capable d’aimer, est aussi capable de détester passionnément et de boycotter bien sagement chez lui s’il se sait et se sent trahi.

Puis, au lieu de payer RDS-Bell/BCE, par le biais de sa compagnie de cablodistribution, il peut désormais regarder les matchs en streaming pas mal gratis, s’il veut. C’est une suggestion qu’on m’a faite ici.

Pendant ce temps, la LNH prend tout son temps, refuse de négocier, propose des trêves, joue la ligne dure.

Les joueurs, eux, ne veulent pas se faire gruger des petits millions étalés sur cinq ans, divisés par 30 équipes…

Y’en a pas de problème mon Gary! Y’en a pas de problème mon Sidney! Il fait beau chez vous?

Comme André Richelieu, comme Mathias Brunet, comme Jeremy Filosa – et comme je le dis moi-même sur ce blogue depuis septembre  –  je demeure optimiste quant à la possibilité qu’un nombre grandissant de partisans exaspérés, disent NO F… WAY à la LNH pour un méchant bout lorsqu’elle reviendra.

On commence d’ailleurs à les entendre un peu partout, ces fans écoeurés. Ils commencent à réaliser leur pouvoir et le genre de leçon qu’ils peuvent donner à la LNH. Les possibilités sont multiples et tous les moyens se combinent.

La LNH et les joueurs ont poussé leur luck un peu trop loin avec ce dernier conflit.

« C’est assez! »

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