Un Montréal/Toronto en finale du championnat canadien

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Le piège était gros comme le monde. Une trop courte victoire de 2-1 à domicile, des blessures à Piatti et Piette, le départ de Zakaria Diallo, un match sur un terrain de course de chevaux avec le gazon trop long, toutes les raisons étaient bonnes pour prédire que l’Impact l’échapperait à Calgary.

Mais parce que ce sport fait si bien les choses, la troupe de Rémi Garde a réussi avec succès à contenir l’offensive du Cavalry et a su capitaliser sur une de ses rares occasion de marquer pour se sécuriser une place en finale du championnat canadien. Pendant ce temps, le Toronto FC ne faisait qu’une bouchée du Ottawa Fury pour nous permettre d’apprécier un autre duel Montréal/Toronto en finale.

Les supporters montréalais ont encore bien en mémoire la dure défaite de 2-0 du 12 juillet dernier au Stade Saputo, et j’en connais plusieurs qui seront ravis de pouvoir effacer ce souvenir avant l’an prochain. Surtout, l’Impact se mérite une chance de se qualifier en Ligue des Champions CONCACAF pour la première fois depuis trop longtemps, une opportunité qui redonnera foi à plusieurs partisans.

Si le match d’hier soir ne passera pas à l’histoire, il aura tout de même été assez instructif sous plusieurs angles. Sans avoir besoin de s’appuyer trop rapidement sur ses nouvelles recrues Bojan et Ballou, l’Impact a été en mesure de jouer un match simple, calme, voir rassurant. À l’extérieur dans un stade compliqué, clairement construit pour les chevaux plutôt que pour les joueurs de foot et où l’éclairage est pire qu’à votre stade de quartier, les montréalais ont su contrôler le tempo du jeu, ne pas trop s’exposer défensivement et bien gérer les contre-attaques du Cavalry. Pour une équipe qui nous a habitué aux soudaines débâcles tactiques, voilà qui fait du bien.

« Mais ils jouaient contre une équipe de CPL qui vient à peine de naître. » Peut-être, mais c’est probablement ce que se disaient les Whitecaps de Vancouver avant de se faire éliminer par cette même « petite équipe de CPL ». Surtout, le Cavalry a à mon avis démontré à quel point la CPL est nécessaire au Canada, tant pour le développement des joueurs canadiens que pour celui de la culture foot. Le Cavalry était loin d’avoir l’air fou face à l’Impact, offrant plusieurs belles pièces de jeu et une structure bien définie, mené notamment par les Eustaquio, Pasquotti et autres Buscher qui pourraient sans gêne avoir une place en MLS. Je dirais même que le latéral gauche du Cavalry, l’anglais Nathan Mavila, n’avait rien à envier au nouveau venu Jorge Corrales, assez hésitant sur le couloir gauche montréalais.

On voit ce magnifique résultat du Cavalry, la belle ambiance dans les estrades, à seulement sa première année d’existence, et on ne peut que féliciter l’arrivée de la CPL au Canada. Surtout, vivement une équipe au Québec…

C’est justement celui que tous voyaient déjà en CPL, Anthony Jackson-Hamel, qui a joué les héros pour l’Impact en étant encore une fois décisif et en marquant rapidement dans le match sur une reprise d’un corner de Saphir Taïder. Après toutes les critiques encaissées par l’algérien sur son manque de réussite en phases arrêtées lors des derniers matchs, ce n’est qu’ironique de le voir réussir une passe décisive si importante dans ce contexte. Parions tout de même que Bojan pourrait tôt ou tard devenir le tireur attitré de Rémi Garde.

Mais voilà, Jackson demeure Jackson, et son manque de qualité technique sur sa première touche lui a coûté une chance en or de détruire les espoirs de Calgary en deuxième mi-temps suite à une magnifique remise d’Urruti. On a aussi vu le québécois manqué de jambes en fin de match, et sa sortie pour un Okwonkwo énergique a semblé libérer les montréalais. Plus ça change, plus c’est pareil.

Un match oubliable, mais diablement important pour la suite d’une saison 2019 qui semblait tranquillement partir en vrille. Si les montréalais peuvent désormais intégrer Bojan et Ballou à leur effectif et compter sur un retour rapide de Piatti, la saison demeure rattrapable. Rappelons que l’Impact jouera 6 de ses 8 derniers matchs au Stade Saputo. Des matchs qui s’annoncent tous très, très importants.

Une victoire à domicile dès samedi serait plus que bienvenue. D’autant face à un FC Dallas qui jouait aussi, hier soir, à Los Angeles face au Galaxy.

Mais plusieurs questions liés à l’effectif demeurent. Piette pourra-t-il être de l’alignement? Bojan et/ou Balloun seront-ils prêts à débuter un match? J’ai bien l’impression qu’on verra Bojan, mais à quelle position? Dans quel dispositif?

La vraie question nous provient toutefois du dernier transfert de l’Impact, la vente du défenseur central Zakaria Diallo au RC Lens en Ligue 2, qui a pris un peu tout le monde par surprise mardi soir. Un gros bravo, d’ailleurs, au bon Louan pour la primeur.

La relation Diallo/Garde s’était clairement envenimée récemment, et la difficulté des deux clans à s’entendre pour un contrat en 2020 a poussé l’Impact a appuyé sur la gachette dès que l’opportunité s’est présentée. Difficile de leur en vouloir. Diallo a marqué 3 buts cette saison et a été décisif balle au pied par moment avec de belles passes précises en profondeur, mais sa nonchalance défensive et son manque d’envie ont trop souvent fait mal à l’équipe pour qu’on le regrette vraiment. Dur, mais vrai, pour autant qu’on puisse aimer l’homme.

On se demande surtout comme l’Impact tiendra défensivement pour le reste de la saison. Cabrera blessé, il ne reste plus que Camacho et Raitala à cette position en santé. On sait que l’Impact a jusqu’au 30 août afin d’intégrer un joueur sans contrat à son effectif, mais qui pourrait réellement sauver les meubles? Le bon vieux Rod Fanni? Le nouvellement sans contrat Adil Rami?

Est-ce que la situation pourrait plutôt provenir de l’interne via un Thomas Meilleur-Giguère ou encore Karifa Yao?

Camacho et Raitala ont bien fait hier, mais compter seulement sur eux pour le reste du calendrier serait carrément du suicide. Il y aura du mouvement, il s’agit de voir qui, et quand.

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