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Trevor Timmins et les repêchages de 2003 à 2016 : un bilan (trop) ordinaire

La question de fond qui obsède pas mal tous les fans du CH par les temps qui courent pourrait se résumer à celle-ci : Pourquoi le Canadien est-il ce qu’il est présentement?

Comprendre ici : un club très ordinaire.

Marc-Antoine Godin du site The Athletic a une fois de plus démontré hors de tout doute que le problème principal du Canadien ne se situe pas au niveau de la capacité de Marc Bergevin d’effectuer de bonnes transactions.

En rétrospective, on peut même penser que bien peu de DG sont parvenus à réaliser autant de bons coups, grands et petits, au cours de la dernière décennie.

Au niveau des transactions, le score de Bergevin s’élève encore au-dessus des 70%.

Le problème principal se situe donc ailleurs.

Est-ce le développement? Le coach? Les blessures? Les joueurs autonomes?

Non. Non. Non. Et non.

Le gros problème du Canadien est plus profond, plus général, que tout cela : ll manque de talent brut.

La qualité du repêchage
C’est la qualité de la matière première qui fait le plus défaut dans cette organisation.

On ne construit pas une maison avec des bâtons de popsicle.

On ne fait pas de bœuf bourguignon sans un bon fond de veau.

On n’érige pas une forteresse avec des chaudières de sable mouillé.

Il faut alors se tourner vers Trevor Timmins.

À moins d’avoir la chance de repêcher des supervedettes dans le top 5 à quelques reprises dans un court délais (Ex.: Crosby/Malkin ou Toews/Kane), on ne bâtit pas un club de hockey aspirant avec l’équivalent de presque deux repêchages insatisfaisants sur trois pendant près de 15 ans.

Trevor Timmins, qu’il ait été mandaté ou non par ses patrons, a réalisé quelques coups fumants depuis son arrivée en poste en 2003, souvent avec d’excellentes sélections après le top 40. Certains, comme Grant Mckagg, le voyait en 2017 comme un sinon le meilleur recruteur de toute la LNH.

C’était avant les échecs confirmés (et douloureux aujourd’hui) de McCarron et Scherbak qu’il croyait encore en mesure de devenir de futurs NHLers de qualité…

Mais surtout, McKagg, en insistant sur des excuses contextuelles et de trop nombreux détails – les types de joueurs à la mode cette année-là, le nombre de matchs joués par les joueurs sélectionnés après un certain rang, etc. – passait à côté de l’essentiel dans son analyse.

Voici ce qui pour notre part semble être l’essentiel : dans l’objectif de faire partie des aspirants, de faire progresser le club en ajoutant des piliers importants, les années décevantes ou pas assez fortes de Timmins surpassent-elles les grandes cuvées ou celles qui font progresser? On aurait pu aussi tout simplement se demander combien de joueurs d’impact a-t-il repêchés au fil des ans?

Malgré toutes les excuses, bonnes ou mauvaises récemment évoquées par Bergevin (le rang de sélection, la chance, la science inexacte, la qualité et la profondeur des repêchages, les joueurs autonomes réticents, etc.), il faut revenir à ces questions.

C’est dur. C’est peut-être une pression injuste sur Timmins que d’oeuvrer dans un tel marché où très peu de joueurs autonomes veulent évoluer et ainsi corriger nombre de mauvais repêchages.

Mais c’est sa réalité et si l’objectif est d’un jour gagner la Coupe Stanley, ou à tout le moins de revenir parmi les aspirants logiques, ça va prendre de solides repêchages sur une base un peu plus régulière.

On ne peut pas éternellement se contenter de repêcher des joueurs corrects (genre, Lehkonen) pour éventuellement venir remplacer des joueurs corrects (genre, Moen, Weise, etc.).

Les bilans annuels de 2003 à 2016
Après toutes ces années, on peut donc se pencher froidement sur le travail de Timmins et parler de résultats.

Dans notre analyse, on accordera bien évidemment une valeur spéciale à la première ronde. Mais tout en attribuant une juste part à la chance (elle existe!) quand cela s’applique, on ne négligera pas les bons et les moins bons coups dans les rondes subséquentes.

Au final, on veut savoir combien d’années de repêchage peuvent être qualifiées de succès et combien se méritent une mention d’échec.

Pour déterminer cela, on se posera essentiellement cette simple question : Est-ce que le repêchage de l’année x a fait substantiellement progresser le CH ou non?

Commençons par le début. Ç’a en dira peut-être déjà long…

2003
C’est une année de repêchage absolument exceptionnelle, comme on en voit au vingt ans, et c’est aussi l’arrivée en poste de Timmins.

Malheureusement – presque tragiquement – c’est ce repêchage qui déterminera peut-être le plus son règne à la tête du recrutement du Tricolore.

Au 10e rang, le Canadien sélectionne le Biélorusse Andrei Kostitsyn. Les autres clubs se sont par la suite précipités sur les Jeff Carter(11e), Dustin Brown (13e), Brent Seabrook, (14e), Zach Parise (17e) Ryan Getzlaf (19e), Brent Burns (20e), Ryan Kesler (23e), Mike Richard (24e) et Corey Perry (28e) .

                 Ça partait mal…

On a là, neuf joueurs qui ont été dominants à un moment ou l’autre de leur carrière, neuf sur les 20 qui restaient en première ronde.

Presque 50%!

Cette année-là, ceux qui se sont trompés à compter du 10e rang en première ronde, ont-ils été surtout malchanceux ou ont-ils été tout simplement moins bons que les autres?

Mais une autre grosse bourde tout aussi condamnable de Timmins arrivera en deuxième ronde. Il sélectionne Cory Urquart (40e) au lieu de Patrice Bergeron (45e).

Bergeron (45e), natif d’Ancienne-Lorette, est l’un des cinq meilleurs centres de sa génération. Un génie défensif et un joueur offensif TRÈS sous-estimé.

Il y avait aussi un certain colosse du nom Shea Weber (49e) qui était encore disponible…

Malheureusement, se ne sont pas les sélections de Maxime Lapierre (61e), tout juste devant David Backes (62e), de Ryan O’Byrne (79e) et de Jaroslav Halak (271e) qui vont racheter de pareilles bourdes.

Bien sûr, quand on y pense, c’est extraordinaire de repêcher un Halak en neuvième ronde. 2010 fut un printemps magique en grande partie grâce à lui.

Mais dans le grand ordre des choses, 2003 a-t-il substantiellement contribué à rapprocher le CH du statut de véritable club aspirant? Bof...

Imaginez seulement ce que Getzlaf ET Bergeron, deux premiers centres, auraient pu accomplir à Montréal!

Pariez contre les chances du Canadien de remporter la Coupe Stanley avec ces deux piliers-là dans l’alignement aurait relever de la folie.

Timmins aurait ainsi pu régler son éternel problème au centre – déjà existant 2003, Koivu, Ribeiro, et Plekanec n’ont jamais été des premiers centres idéaux – dès son premier repêchage.

Il aurait pu remplacer des bâtons de popsicle par des madriers.

Il ne l’a pas fait.

On ne peut lui attribuer plus qu’un demi-succès pour ce repêchage, et encore là, certains pourraient nous trouver généreux…

2004
Conscient du problème, Timmins et le Canadien tournent leur dévolu vers un centre, Kyle Chipchura, au 18e rang, huit rangs plus loin que la saison précédente.

Travis Zajac (20e, New Jersey) aurait été tout un troisième pivot derrière Getzlaf et Bergeron.

Mike Green (29e, Washington) aurait pour sa part été fumant au côté d’Andrei Markov.

Mais avec les sélections plus tardives de Emelin (84e), Grabovski (150e) et Streit (262e), Timmins marquent suffisamment de points pour sauver ce repêchage et en faire un succès. Pas un gros, mais un succès quand même. Streit et Emelin ont certainement fait partie de quelques-unes des meilleures éditions de ce club au cours des 15 dernières années.

2005
Si 2003 empêcha probablement le Canadien de devenir une véritable puissance lors des deux décennies suivantes, 2005, malgré un succès objectif avec la sélection de Carey Price au 5e rang, allait cimenter la position du club dans le milieu du peloton pour les 15 prochaines saisons.

Carey Price, le joueur, est devenu le prototype des gardiens des années 2000. Grand, athlétique, techniquement génial.

Carey Price, la décision, est devenu un des problèmes de fond de l’organisation, bien malgré lui.

Sans garantir de Coupe Stanley, avec Halak déjà dans l’organisation, on pourra toujours se demander si la sélection d’un Kopitar n’aurait pas été préférable à celle de Price…

L’idée de construire autour d’un gardien de but n’aurait-elle été bonne dans la LNH que durant une très courte période de son histoire, une période qui débuta avec Patrick Roy en 1986 et qui se termina avec Martin Brodeur en 2003?

N’empêche, les sélections de Guillaume Latendresse (45e) et de Sergei Kostitsyn (200e) constituent de belles prises et consolident ce repêchage de Timmins. Succès.

2006
Le coeur de Timmins voulait Giroux, mais Pat Westrum a mis ses tripes sur la table pour que l’on repêche Fischer. Timmins a finalement penché du côté de Westrum tout en pensant que Giroux allait être encore disponible en deuxième ronde.

Erreur. Double.

C’est son plus grand regret.

La décision finale revenait à Timmins sur celle-là et non à Gainey comme on l’a longtemps pensé à tort.

Giroux, qu’on aurait placé à l’aile – il n’était pas un centre au moment du repêchage – aurait pu former un formidable duo avec Patrice Bergeron ou Getzlaf.

Le club aurait pu se doter d’une identité plus francophone au passage. Historiquement, ç’a toujours compté…

Milan Lucic (50e) et Brad Marchand (71e) ont aussi échappés de peu au CH  dans les rondes suivantes. On leur a préféré Ben Maxwell (49e) et Ryan Withe (66e).

La misère ne nous tombe pas toujours dessus. Des fois on court après.

Échec lamentable.

2007
Timmins rachète quelques gaffes des années précédentes et enregistre trois coups de circuits consécutifs : McDonagh (12e), Pacioretty (22e) et Subban (43e). Ça marque l’imaginaire.

43e en 2007 : Le plus grand coup de Timmins? 

En rétrospective, ces joueurs feraient partie du top 8 de ce repêchage.

Le franc-tireur Pacioretty se compare à sa façon aux Carter et Perry manqués en 2003.

Puis, Timmins a repêché deux des très bons défenseurs de leur génération, dont le gagnant d’un Norris, l’électrisant P.K. Subban.

L’échange de McDonagh (pour Gomez) constitua la plus grosse gaffe de l’ère Gainey et doit encore donner des cauchemars à Timmins

Ce repêchage à lui seul assurera sa carrière pour les 10 années suivantes.

Succès spectaculaire.

2008
Pas de choix de première ronde. Gainey échange son 26e choix au total aux Flames pour mettre la main sur Alex Tanguay. Pas une mauvaise idée en soi.

Seul problème, Timmins rêvait de John Carlson (28e) qu’il avait au 7e rang de sa liste.

Mais il aurait pu se reprendre dans les rondes deux et trois. Kristo et Quailer ont été des échecs. Il restait pourtant pas mal de bons petits joueurs sur la table…

2009
L’erreur hautement médiatisée du repêchage de Louis Leblanc n’a rien de bien grave comparée à certaines qu’on a vues jusqu’ici.

Timmins, comme l’a souvent rapporté Mathias Brunet, s’est plié à la pression de ses patrons et du public. Il aurait choisi Chris Kreider.

Kreider, un vrai power forward, connaît une belle carrière. Il aurait lui aussi été un excellent complément à Getzlaf ou Bergeron.

Ça fait donc trois années sur quatre durant lesquelles Timmins aurait dû être plus écouté.

Il est en train de bâtir sa « légende » par la négative. Ces années contribuent encore aujourd’hui à lui fournir de solides arguments de vente.

Mais, objectivement, 2009, année du centenaire, est un autre échec au repêchage pour l’organisation.

2010
Le Canadien (27e) transige avec Phoenix (22e) pour s’avancer et sélectionner Jared Tinordi. Le robuste américain est très haut sur la liste du Tricolore.

Kevin Hayes (24e), Evgeny Kutznetsov (26e), Charlie Coyle (28e) et Brock Nelson (30e) vont clôturer la première ronde tout juste derrière Tinordi.

Erreur Timmins.

En rétrospective, jamais un joueur comme Tinordi n’auraît dû être estimé aussi haut en première ronde.

Mais (!), Timmins frappe un coup de circuit en 5e ronde avec Brendan Gallagher. Ce dernier est rapidement devenu l’équivalent d’un très bon choix de 1ère ronde.

2010 n’est donc pas une année perdue, loin de là. Mais c’est bien pâle en comparaison à ce que ça aurait pu être. Un demi-succès dans les circonstances.

2011
En Nathan Beaulieu, Timmins met la main sur un défenseur talentueux et confiant en ses moyens.

Les espoirs sont passablement comblés avec Beaulieu dans les premières années suivant sa sélection. Fluide patineur, Beaulieu (17e) atteint la LNH assez rapidement et paraît plutôt bien à ses débuts derrière le vétéran Markov.

Mais la suite, plus connue, est beaucoup moins glorieuse et la plus grosse partie de la faute revient au joueur. Caractère douteux…

Certains diront qu’il y a cependant peu à redire sur la sélection de Beaulieu en tant que telle; vraiment pas une si grosse erreur considérant le reste de la première ronde : Namestnikov, Danault, Klefbom, Rackell…

Surtout si l’on pense qu’au niveau organisationnel on a pu mettre la main sur Philippe Danault (26e) quelques années plus tard.

Il demeure que 2011 n’est pas un succès pour autant en ce qui concerne le travail de Timmins.

2012
On banalise souvent l’erreur qu’a malheureusement constitué la sélection d’Alex Galchenyuk en évoquant que « Chuky » est le deuxième meilleur pointeur de ce repêchage derrière Filip Forsberg (9e). Il est aussi facile de rappeler que Nail Yakupov (1er) et Ryan Murray (2e) n’ont pas vraiment remplis leurs promesses.

 

On y a cru longtemps…

Mais on néglige trop facilement que c’était une excellente année pour les défenseurs dans le top 10. Morgan Rielly (5e) qu’aimait bien Marc Bergevin, Hampus Lindholm (6e), Matt Dumba (7e) et Jacob Trouba (9e) étaient tous disponibles.

On parle de défenseur #1 et #2 dans bien des formations.

Si, comme l’a clairement indiqué Bergevin, la responsabilité de la sélection de Galchenyuk revient à Timmins, dans quelle mesure l’échec que constitua Galchenyuk lui est-il imputable?

Le joueur a sans doute sa part de responsabilité…

Il reste qu’après coup, les résultats parlent d’eux-mêmes. C’est une erreur pour Timmins.

La sélection de Rielly aurait aussi réparé la gaffe qu’avait constitué l’échange de Ryan McDonagh par Bob Gainey, ainsi que les flops de Tinordi et Beaulieu…

La non-sélection d’un défenseur de qualité cette année-là, en plus des flops de 2010 et 2011, se fait encore profondément ressentir aujourd’hui…

Mais puisque Galchenyuk a rapporté un joueur valable comme Domi, que Collberg a permis de mettre la main sur Vanek, il faut accorder un demi-succès à Timmins.

Et Hudon est toujours dans les parages…

2013
Même si 2013 n’était pas une grande cuvée passé le top 15, il est frustrant de rappeler qu’un autre excellent défenseur gaucher, Shea Theodore, a été sélectionné au 26e rang, un rang après Michael McCarron.

Bergevin avait mandaté Timmins de repêcher de gros joueurs cette année-là avec les multiples choix qu’il détenait dans les trois premières rondes.

Mais à 6’2 et maintenant près de 200 lbs, Shea Theodore n’est pas exactement petit (!), et il était clairement le meilleur joueur disponible. Il figurait d’ailleurs avantageusement en première ronde sur des listes de l’époque.

On croyait encore que Tinordi et Beaulieu allaient assurer la relève de Markov et cie du côté gauche de la défense…

Lehkonen est une belle sélection en fin de deuxième ronde, mais somme toute, 2013, fut une année décevante.

Timmins et le CH ont bêtement échappé un défenseur #1 ou 2 en fin de première ronde. Qui peut se permettre cela?

Échec.

2014
David Pastrnak est repêché un rang devant Nikita Scherbak. On pourrait presque s’arrêter là et pleurer tous en chœur!

On ne sait pas si Timmins avait Pastrnak devant Scherbak sur sa liste, certains en doutent fortement, mais, sur le coup, la sélection de ce dernier avait été saluée par plusieurs.

Un cas classique où « le gars ne se développe juste pas ».

Difficile de blâmer très durement Timmins sur celle-là, même si le costaud joueur de centre Adrian Kempe a été choisi trois rang plus loin…

Qu’importe, autre échec pour Timmins.

2015
2015 est une année exceptionnelle et il reste encore pas mal de talent sur la table lorsque le CH s’apprête à se servir au 26e rang. En Noah Juulsen, défenseur droitier costaud et fiable, Timmins opte pour le choix safe.

Mais parfois « safe is dead » comme le dit si bien John Tortorella, grand philosophe à ses heures.

Anthony Beauvillier (28e), pourtant dans la cour du CH, et un certain Sebastian Aho (35e) sont tous les deux assis bien tranquilles dans l’aréna et attendent qu’on les nomme…

La grave blessure qu’a subi Juulsen constitue bien sûr une énorme malchance. Juulsen connaissait un assez bon départ chez les pros. Sa carrière est maintenant constamment remise en question.

Il n’empêche que Beauvillier et Aho étaient des joueurs possédant un talent nettement supérieur à celui de Juulsen. Aho est même devenu un premier centre tout étoile à qui Marc Bergevin était prêt à consentir un contrat de 8,5M$ l’été dernier…

2015, un sixième échec sans appel depuis 2008. Ça commence à faire très mal.

2016
Mikhail Sergachev constituait possiblement le meilleur choix que Timmins pouvait faire au 9e rang cette année-là. McAvoy et Chychrun connaissent également de très bons débuts de carrière. Trois défenseurs talentueux avec de bons gabarits.

Mais Sergachev est sans doute le plus doué offensivement. Et Hedman lui fait de l’ombre à Tampa Bay, ce qui l’empêche de faire davantage de points…

À ce jour, le pari de transiger Sergachev en faveur de Jonathan Drouin, sans être un échec absolu et définitif, a tout de même fait beaucoup plus de mal que de bien à l’organisation.

On pouvait construire une défensive autour de Sergachev. On ne peut construire une attaque autour de Drouin.

Les regards doivent se tourner vers Bergevin pour celle-là…

Succès pour Timmins.

2017 à 2019
Avec de récentes analyses sérieuses comme celle de Scott Wheeler qui placent la banque d’espoir du CH au 2e rang de toute la LNH, sans compter Kotkaniemi et Fleury dans l’équation, la note de Trevor Timmins risque fort de remonter au cours des prochaines années.

À ce titre, les repêchages de 2017 à 2019 – avec les Poehling, Brook, Fleury, Primeau, Kotkaniemi, Romanov, Ylonen, Harris, Caufield, Struble et Norlinder en tête – soulèvent une vague d’espoir qu’on n’avait pas vue depuis des décennies chez les partisans.

Par contre, au risque de paraître rabat-joie, aucun de ces joueurs n’a encore prouvé quoi que ce soit de substantiel en vue de faire du CH un club aspirant aux grands honneurs. On sait même déjà que Kotkaniemi (3e en 2018) devra faire des pas de géants pour rivaliser un jour avec Quinn Hughes (7e en 2018), un favori pour le trophée Calder cette saison. Disons que ç’avait vraiment commencé fort dans son cas…

On vit donc d’espoir à Montréal. Raisonnable sans doute, mais d’espoir quand même.

Bulletin final
Pour les besoins de l’exercice, on s’est concentré sur les joueurs qui ont fait la différence entre le succès et l’échec parmi ceux qui ont été sélectionnés par Timmins et les joueurs notables qui étaient raisonnablement à sa portée. Cependant, fautes de données probantes, on n’attribuera pas encore de note définitive pour les trois derniers repêchages.

Sur 14 années de repêchage (2003 à 2016) que l’on peut analyser avec suffisamment de données, Timmins et le Canadien ont récolté sept mentions d’échec, quatre années fructueuses et trois années passables, des demi-succès dans lesquels on est tout de même parvenu à ajouter des morceaux (Gallagher, Halak/Eller, Galchenyuk/Domi) pouvant faire partie de la solution.

Ça donne donc une note de 5.5/14, soit un gros 39% sur le bulletin.

Si on est généreux et qu’on ne compte pas 2008 (0 choix de première ronde), donc 5.5 sur 13 repêchages, la moyenne monte à 42 %.

Tirez-en vos propres conclusions.

Bien sûr, plusieurs équipes ont fait pas mal pire que le CH au repêchage depuis 2003.

Mais il faut tôt ou tard se comparer aux meilleurs dans une business de résultats comme la LNH.

Des comparables incomparables
Voici donc trois équipes qui n’ont pas vraiment sélectionné tôt plus souvent que le CH depuis 2003 et qui sont parvenues à construire des clubs champions en misant d’abord et avant tout sur le repêchage

De 2003 à 2016, sur 13 repêchages (ils n’ont pas eu de choix avant le 117e rang en 2011!) les Capitals de Washington ont cartonné neuf fois contre seulement 4 échecs, bon pour un très sexy 69%!

Presque le double du Canadien!

On veut bien admettre que les Caps ont pu mettre la main sur Ovechkin au premier rang en 2004 et Backstrom au 4e rang en 2006, mais pour le reste, ils ont été au-dessus de la mêlée pas à peu près.

Peut-être ont-ils bénéficié d’une pincée de chance supplémentaire? Allez savoir…

Cependant, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas avouer qu’ils ont surtout fait preuve d’une bien plus grande perspicacité que la plupart des clubs.

Sauf… les Blues! 12 sur 14, 86%, les Blues durant cette période! Et c’est en comptant l’année (2013) où ils n’ont pas eu de choix avant le 47e rang!

Un autre exemple peut-être un peu moins spectaculaire mais tout aussi pertinent durant la même période?

Les Bruins, qu’on cite souvent comme modèle de constance dans les résultats au classement, sans jamais avoir eu à procéder à une véritable reconstruction. On parle aussi de trois finales de la Coupe Stanley…

Vraiment pas parfaits les Bruins, mais essayer de leur donner une note inférieure à 8 sur 14 (57%) de 2003 à 2016 relèverait de la mauvaise foi.

Les Blues, Caps et Bruins ont tous trois repêché entre 13 et 18 joueurs d’impact durant cette période. Le Canadien? Dix, en étant généreux. À cette échelle, une différence de 3-4 joueurs, c’est énorme. C’est manifestement la différence entre un club moyen et un club aspirant.

Bref, en plus de ne pas avoir mis la main sur suffisamment de joueurs d’impact de calibre analogues à ceux repêchés par les Caps, les Blues et les Bruins, Timmins et le Tricolore – même s’ils se classent parmi les meilleurs après le top 40 – n’ont pas pu compenser pour le manque de talent de pointe repêché lors de la période analysée.

Le talent de pointe, c’est la chose la plus rare et la plus précieuse dans ce sport.

Conclusion
On comprend alors clairement pourquoi le CH vivote encore dans le milieu du peloton.

Ainsi, Timmins – qui, au demeurant, est un sapré bon gars pour lui avoir déjà parlé – n’a jusqu’ici jamais été assez mauvais pour être congédié, mais jamais assez bon pour propulser le CH dans la stratosphère.

Ce sont les seules raisons imaginables pour lesquelles il est toujours là. Ça et le fait que la faute de quelques-uns des pires échecs analysés ne lui revient pas entièrement.

Il y a peut-être aussi l’espoir – encore l’espoir! – que suscitent les trois derniers repêchages, sans parler de celui TRÈS important de juin prochain, 14 choix…

En attendant, on souhaitera bonne chance à Trevor Timmins. De toute évidence, il en aura besoin.

Toutefois, on ne pourra plus se contenter bien longtemps de résultats (trop) ordinaires.

Montréal n’offre pas ce luxe-là à ses recruteurs…

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