betgrw

Subban et Bergevin : un contrat gagnant-gagnant

J’étais plutôt très relax et très en vacances la fin de semaine dernière. En fait, j’étais en train de faire du canot sur la rivière Sainte-Anne dans la belle région de Portneuf quand P.K. a signé son fameux contrat.

Disons, que j’ai suivi de façon un peu distraite la « saga » dans laquelle sont entrées les négociations quand la phase de l’arbitrage s’est enclenchée le vendredi. J’avais seulement lu (et soulevé un sourcil)  lorsque Meehan avait révélé : « pas d’autre meeting prévu » (jusqu’à la décision de l’arbitre).

« Ah bon, ça va vraiment loin », que je me suis dit.

Je suis donc revenu du canot quelques heures pus tard et un de mes bons chummys, qui s’occupait de faire cuire les ailes de poulet au chalet, m’a annoncé que P.K. venait de signer.

Meehan avait réussi son coup : passer un message inquiétant pour que les médias et les fans s’emballent et pointent en direction de Bergevin. Un geste qui allait sûrement du coup faire intervenir, d’une façon ou d’une autre, Geoff Molson dans le dossier.

Un « move » classique pour un vieux loup comme Meehan, surtout quand on sait tous depuis des mois que le clan Subban allait avoir le gros bout du bâton et qu’il allait assurément « gagner » ces négos.

Quelques jours plus tard, en revenant du chalet, tel ne fut pas mon plaisir de lire après coup, tous ces cris du cœur et ces lettres ouvertes à Bergevin envoyés un peu partout sur la toile, mais surtout chez certains sites geeks de fans anglophones, alors que les négos s’étiraient en longueur.

Il y en a même un qui dans un élan sociologique a écrit un texte expliquant les négos difficiles en peignant Subban en jeune négociateur enfant roi  insatisfait et plein de confiance de la génération Y et Bergevin en M. Génération X, vieux jeu et respectueux de l’autorité!

Tordant!

Ce n’est même pas à Subban, mais bien à Don Meehan, un vieux « boomer », à qui revenait la tâche de négocier directement le contrat!

Et voyons voir si Bergevin et les Canadiens de Montréal allaient complètement échapper le ballon dans le dossier contractuel le plus important depuis, depuis, depuis, qui? Guy Lafleur?

Voyons voir si Marc Bergevin, un DG jusqu’ici plutôt « très bon », voire excellent et Geoff Molson, un propriétaire plutôt à ses affaires et bien au fait du pouls de ses fans depuis le désastre Cunneyworth, auraient risqué de laisser un arbitre décidé possiblement du destin à long terme au sein de l’organisation de leur pilier et catalyseur, autant sur le plan hockey que marketing.

Gros contrats : souvent des négos corsées 
Mais, il faut aussi se rappeler que lorsque les montants avancés sont si énormes, ce n’est pas rare du tout que le ton des négos se durcisse avant qu’une entente soit conclue à minuit moins une.

Midi moins une c’était le samedi dans la tête des dirigeants du CH.

Ce ne sont pas toutes les équipes et les DG qui ouvrent toute grande la porte du coffre-fort sans trop poser de questions et sans tenter d’aller chercher le maximum de leur côté avant de s’entendre avec le joueur (lire Maple Leafs de Toronto et Oilers d’Edmonton).

Dans les dernières années, les Kings se sont montrés vigilants et Drew Doughty a dû faire la grêve pendant deux semaines durant le camp d’entraînement des Kings avant de signer avec l’aide de son agent DON MEEHAN (tiens, tiens) un contrat de 8 ans/56 M$.

De son côté Shea Weber a d’abord vu son salaire être directement décidé par un arbitre à l’été 2011, puis, l’année suivante, ça aura pris une offre hostile des Flyers pour que les Predators se décident enfin à lui donner son contrat de 14 ans/110 M$

Pensez-vous que Subban et son agent Don Meehan n’étaient pas préparés à entendre et ne connaissaient pas à l’avance ce que Bergevin et le Canadien allaient dire devant l’arbitre vendredi matin?

Tout ça faisait partie du jeu dans le cadre d’une négociation pour un gros contrat, un contrat qui on le savait depuis des mois allait faire du #76 le défenseur le mieux payé de la LNH et le plus haut salarié de l’histoire de la plus prestigieuse équipe de hockey au monde.

Rien que ça.

Et vous pouvez gager votre nouvelle tondeuse que le clan Subban avait des chiffres très précis en tête : 8 ans x 9,5 M$. 76 M$.

Sur le plan de l’image de marque de Subban, qui inclut son fameux  #76 gravé dans l’imaginaire de tous les fans de la Flanelle, ç’a dût être difficile symboliquement pour Meehan et son client d’avoir à céder sur ces quelques 500 000$ par saison, des dollars qui au bout du compte représenteront tout de même 4 M$ que le Canadien est parvenu à économiser.

500 000$, est-ce vraiment des pinottes sur une masse de 69M$?

Si oui, c’est quand même des grosses pinottes!

Ces quelques 500 000$ représentent presque le salaire d’un joueur de 4e trio ou d’un 7e défenseur. C’est-à-dire qu’ils payent pratiquement un des 23 joueurs de la formation.

Et ces belles petites piastres épargnées peuvent également être très utiles en février quand on essaie de mettre la touche finale au portrait de l’équipe en vue des séries en passant par le marché des transactions.

Bergevin connaissait l’importance de ces 500 000$ et à dû la faire accepter à Meehan and friends d’une manière ou d’une autre.

Bergevin et le CH savent compter
C’est pourquoi, on ne peut pas dire que Subban, malgré sa « victoire » assurée – il devient comme prévu le défenseur le mieux payé de la LNH – ait gagné haut la main et à plates coutures ces négos vis-à-vis le coriace Bergevin.

Loin de là, en fait.

Alors que Bergevin, profitant du fait que Subban n’était pas éligible à l’arbitrage, avait gagné sur toute la ligne les négos de 2013, en s’assurant les services de sa supervedette pendant deux ans pour un cap hit de moins de 3 M$ – au bas mot 3-4 M$ de moins que la valeur dudit joueur pendant cette période –  le clan Subban, lui, a dû se contenter d’une très courte victoire la semaine dernière, où il n’aura obtenu « que » 750 000$ de plus par année que l’offre finale du CH avant le début du processus d’arbitrage (8,25 M$).

Sachant que Subban aurait pu obtenir des offres de plus de 11 M$ par saison de la part des 29 autres équipes de la ligue aussi tôt qu’à l’été 2016, sans dire que le le CH s’est assuré ses services à un prix d’ami, on réalise très rapidement que Bergevin et Molson sont encore parvenus à faire un bon coup.

Et compter tout cela sur une période de 10 ans et plus, en lui faisant signer un « contrat de transition » de deux ans 2013 et un autre de 8 ans en 2014, comme il l’a fait, Bergevin fera sauver plus d’argent à son patron que s’il avait consentit à Subban 25 millions sur 5 ans en 2013 et un autre contrat de longue durée à l’été 2017.

Voici :

5 ans /25 M$ + (disons) 8 ans/88 M$ = 13 ans/113 M$ = 8, 69 M$ par année en moyenne, incluant des années où le joueur aura entre 33 et 36 ans.

OU

2 ans/5,75 M$ + 8 ans/72 M$ = 10 ans / 77, 75 M$ = 7, 75 M$ durant exclusivement les meilleures années dudit joueur, de 23 à 33 ans.

C’est pourquoi même si le montant de 9 M$ par saison peut sembler énorme à première vue, on ne peut pas dire que le clan Subban a roulé Bergevin dans la farine.

Les comparables…
À des fins comparatives, il sera aussi très intéressant de voir quels salaires atteindront les prochains défenseurs étoiles à passer à la caisse dans les années à venir alors que le plafond oscillera autour de 80 M$.

Combien touchera un gars comme Victor Hedman en 2017, par exemple?

Et que dire de Drew Dougthy et Erik Karlsson en 2019?

On peut aussi penser que les Leafs donneront 8 M$ par année à Phil Kessel durant la même période que le contrat de Subban.

Sommes-nous plus prêt d’une Coupe avec Subban à 9 M$ ou Kessel à 8 M$?

Qui en aura davantage pour son argent?

Et que dire des Caps, avec Ovechkin, à 9, 56 M$ jusqu’en 2021?

Vous prenez Subban ou Ovechkin dans votre équipe?

Au final, on retiendra que Bergevin, dans un processus enclenché en 2013 avec son « contrat de transition », a encore une fois été un fin négociateur dans le dossier Subban.

Du côté du principal intéressé, en évitant la fin du processus d’arbitrage, on dira qu’il a une fois de plus démontré qu’il tient réellement à jouer à Montréal et qu’il ne voulait pas revivre, en pire et en plus long, le cirque médiatique qu’avait causé sa dernière négociation à l’hiver 2013.

Mais par-dessus tout, ce qui transpire de la relation spéciale entre Subban et Bergevin, c’est que les deux hommes veulent gagner à Montréal et qu’ils sont prêts à faire des concessions pour y arriver ensemble.

Quand on l’analyse finement, ce contrat en est une preuve éclatante.

PLUS DE NOUVELLES