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Pas d’excuses!

On l’entend depuis le début de la saison. Pas d’excuses.

D’ailleurs, c’est la faute à Michel Therrien, c’est lui qui a voulu mettre ce leitmotiv sur les murs du vestiaire. Pas d’excuses.

Mais, pour l’amour, qu’est-ce que ça veut dire « pas d’excuses »?

-Ben, j’pense que ça veut juste dire « pas d’excuses », man!

Ok, mais ce pourrait-il qu’à force d’utiliser cette expression on vient à en perdre le sens premier?

« Excuser » vient du latin excusare qui veut dire « mettre hors de cause ».

Donc, « pas d’excuses » veut dire « pas de mises hors de cause »! Autrement dit : vous êtes responsable en tout temps.

Un leitmotiv qui fait encore jaser!

 

Si, par exemple, on trouve des « excuses » aux joueurs du CH pour le match horrible contre Toronto, on cherche ni plus ni moins à leur enlever leur responsabilité dans la défaite. On sous-entend qu’il y avait une autre cause qu’eux-mêmes pour expliquer ce revers. On dit en quelque sorte que ce n’est pas le vrai Canadien qui a perdu, le vrai ne s’est même pas présenté!

Cela n’a évidemment aucun sens, a-t-on envie de dire! Lorsqu’on perd comme les Canadiens ont perdu samedi soir, on n’a que soi-même à blâmer!

C’est du moins ce que le sens commun du fameux « no excuses » nous amène à penser : « Ce sont des professionnels! Le match est diffusé à Hockey Night in Canada le samedi soir! Come on! Le Canadien n’avait qu’à être prêt à jouer ».  

Ou encore, comme on dit en Beauce lorsqu’on veut blâmer Canadien : « y’avaient yeinke à gagner, gang de maudits torieux de pas bons! »

Et, en fin de semaine, la cible évidente, facile, de ce goût du blâme bien senti, si on fait le tour des amateurs, était Carey Price.

Mais il n’était pas le seul passager à bord! Oh que non! La différence, on la connaît, c’est que le gardien ne peut pas se cacher lorsqu’il fait des erreurs, il a clairement et automatiquement l’air fou quand ça arrive!

Cela dit, du premier au dernier, sauf peut-être quelques petites exceptions, tous les joueurs du CH ont été ordinaires, très ordinaires, voire même carrément mauvais contre Toronto. On ne perd pas 5 à 1 par hasard ou juste à cause du goaler!

Comme on le disait, ç’a évidemment commencé avec Carey Price, responsable le plus visible de cette défaite qui, manifestement, n’était pas du tout prêt ou dans sa « zone » pour ce match.

Mais… 

De son côté, P.K. a été « ordinaire » selon ses standards, pas aussi allumé qu’à l’habitude. Puis, il a voulu joué tout seul à compter de la deuxième lorsque la victoire semblait hors d’atteinte.

Markov a été « très ordinaire », souvent hors position. Lent. -2…

Pacioretty a été presque invisible dans le match. Se contentant de la périphérie, il n’a pas souvent été vu près du filet adverse. Faudrait pas que ça devienne trop récurent dans son cas…

Plekanec s’est fait assez discret. Ça brassait pas mal, Tomas? 0 mise en échec… Pas que c’est sa job, mais quand même…

Eller s’est fait ramasser à plus d’une reprise et à passer une bonne partie du match sur le derrière. Ça brassait pas mal, Lars?

Gionta ne semblait pas aussi alerte et affamé qu’à l’habitude. Il a, entre autres, convertit une passe parfaite de Subban dans l’enclave en une… perte de rondelle! Un beau jeu complètement avorté!

Bourque aurait pu donner quelques bons coups d’épaule alors que le match était encore à la portée de son équipe en première, question de montrer signe de vie. Mais non…

Même chose pour Moen.

Bouillon, brillant et courageux cette semaine contre Buffalo, avait l’air à côté de ses patins contre Toronto, écopant de 4 minutes de pénalités, en plus de terminer le match à -2.

Et j’ai l’impression qu’on pourrait continuer comme ça encore un bout.

Ainsi, seuls peut-être Gallagher, Desharnais et Drewiske n’ont rien ou à peu près rien à se reprocher, et encore là, ils n’ont pas joué un grand match.

Donc, si tout le monde à été entre ordinaire et mauvais, à quoi peut-on attribuer cette défaite? Juste à Carey? Pas sûr…

L’excuse des excuses : la nature humaine!
Je vais vous poser une question.

Vous est-il déjà arrivé d’avoir de la difficulté à donner votre plein rendement (au travail ou dans le sport) après avoir atteint un objectif important ou une étape cruciale?

Par exemple, après une intense négociation (un peu à la Don Draper dans Mad Men), vous terminez une grosse semaine le vendredi en convaincant un important client de demeurer avec votre entreprise. Vous célébrez un ti-peu. Allez-vous être super sharp au bureau le lundi?

Par exemple, vous faites une longue randonnée avec quelques amis, genre Machu Picchu. Un peu par surprise, vous arrivez une journée en avance à une des étapes importantes précédant l’arrivée au sommet. Se pourrait-il que vous voudriez en profiter pour « chiller » un ti-peu avant la poussée finale et que, par hasard, le niveau de motivation baisse un brin dans le groupe le lendemain?

Par exemple, vous êtes professeur stagiaire dans une école. Vous avez le trac, vous avez peur de mal faire. Mais finalement, votre premier cours se passe super bien! Les étudiants vous ont même applaudi! Votre superviseur est impressionné et vous félicite. Vous pouvez être fier de vous. Vous êtes soulagé. Enseigner, c’est facile! Or, ce pourrait-il que, par hasard, vous auriez tendance à vous la couler plus douce lors de la préparation de votre deuxième cours, que vous vous plantiez alors un ti-peu en classe et que vous vous rendiez compte, un peu tard, que rien n’est jamais vraiment acquis dans la vie?

Bref, il n’y a pas juste aux Canadiens de Montréal à qui il arrive d’avoir des relâchements, ou des pertes de motivation à la suite d’un objectif atteint, d’un effort ou de high intenses ou d’un succès aussi rapide qu’inattendu, n’est-ce pas?

Appelons ça la nature humaine.

Et dans la nature humaine, il y a des phénomènes naturels humains en grande partie hors de notre contrôle – qu’ils soient d’ordre psychologique ou biologique – qui entraînent des pertes de motivation.

Si vous me permettez de vulgariser un peu l’affaire, c’est alors qu’on va soit parler en neurobiologie d’hormones de ci ou de ça qui fluctuent négativement, ou encore, en psychologie, de perte ou manque de sens pour faire ceci ou cela à tel ou tel moment.

Bref, disons tout simplement qu’après avoir atteint leur premier objectif cette saison, une place en séries, les joueurs du CH, malgré leur volonté consciente et leurs bons mots d’avant match, ne sont pas parvenus à générer le même niveau de motivation et d’intensité que leurs rivaux de Toronto, gonflés à bloc, samedi soir.

Ça ne veut pas dire qu’ils sont pourris, les Canadiens. Ça ne veut pas dire qu’il faut paniquer et trouver des coupables à crucifier. Ils sont en 2e place dans l’Est et ont surpassé toutes les attentes jusqu’ici. 

Ça veut juste dire qu’ils sont humains et que parfois, voire très souvent, on ne réussi pas à gagner nos combats contre notre propre nature. 

D’ailleurs, surprise!, les Leafs aussi sont humains et ont eux aussi une motivation ondulatoire!

Après avoir écrasé les Canadiens 6-0 à Montréal le 9 février, ils se sont fait déclasser 5-2 à Toronto par ces mêmes Canadiens le 27 février.

Ça fait que c’est ça.

See you
again in Toronto le 27 avril.

En attendant, « pas d’excuses » (même si c’est une idée parfaitement contre-nature)!

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