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Pacioretty est-il un ailier « élite »?

Définition du mot « élite » selon le Petit Robert : « Ensemble de personnes considérées comme les meilleures, les plus remarquables, d’un groupe, d’une communauté ».

Si les mots ont encore un sens, essayons maintenant d’appliquer ça au hockey et plus particulièrement à la situation qui nous intéresse, celle de l’ailier du Canadien Max Pacioretty, pour voir qu’ossa donne.

Être ou ne pas être… parmi l’élite!
On a écrit à plusieurs reprises ces dernières années – entre autres, sur un site à quelque part sur le net anglophone près de chez nous – que Max Pacioretty était un ailier élite dans la LNH.

Pourtant, à l’œil nu, au-delà de tous les Corsi et Fenwick inimaginables – où il ne s’agit grosso modo que d’être efficace en défensive et générer des tirs en direction du but adverse pour faire monter sa cote – on voit bien aisément qu’il y a plein de facettes du jeu de Max Pac, et non les moindres,  qui doivent au moins soulever de sérieuses questions quant à son niveau d’excellence.

Les matchs contre les équipes de l’Ouest canadien cette semaine – pas exactement des puissances – nous ont donné tout plein d’autres occasions de le constater.

À Edmonton, il a été dominé par Taylor Hall et Nail Yakupov (et même Pouliot ce soir-là, chut…), deux joueurs plus dynamiques, créatifs, talentueux et désireux d’avoir la rondelle, capables non seulement de terminer mais aussi de fabriquer des jeux. Pacioretty, lui, le même soir, s’est contenté trop souvent de se positionner en réception de rondelle un peu trop en périphérie, un peu trop loin de l’action et a une fois de plus fait avorter des jeux avec de mauvaises passes.

Bien sûr, avec un peu de chance Pacioretty aurait pu marquer deux buts dans ce match, dont l’un lors d’une échappée (pas sa force…). Mais à ce compte-là, on aurait pu en dire autant d’environ six joueurs des Oilers et 3-4 du Canadien. En fait, qu’un joueur de premier trio comme Pacioretty récolte deux, trois chances de marquer dans un match, c’est somme toute assez banal.

À Calgary, il a pratiquement été porté disparu n’eut été du deux contre zéro qu’il a bousillé en compagnie de Gallagher…

Enfin, contre Vancouver, il a une fois de plus été ordinaire tout du long, surtout en avantage numérique, pour finalement, avec deux minutes à jouer, marquer un but important mais « facile » suite au travail acharné de Desharnais et Weise.

Comprenez-moi bien, Paciroetty est un excellent joueur. L’Américain peut même être « dominant » certains soirs. Il demeure un tireur (du poignet) et un patineur doté d’une excellente vitesse de pointe, domaines où il se classe bel et bien parmi l’élite. C’est aussi un excellent joueur en défensive, sans la rondelle.

Mais l’utilisation du mot « élite » devrait s’arrêter là pour lui, sinon on en détourne le sens.

Dans ce cas, c’est quoi un véritable ailier élite dans la LNH?

La vraie « élite » de la LNH à l’aile s’appelle présentement Benn, Seguin (de retour à l’aile) Perry, Hall, Nash (de retour en santé), Ovechkin (j’ose encore croire), Voracek, Parise, Kessel, P. Kane, D. Sedin, H. Zetterberg et j’inclurais Patrick Sharp.

Au cercle d’attente, d’ici peu, on pourrait bien y retrouver Galchenyuk (si encore ailier), Yakupov et Tarasenko.

Drouin pourrait peut-être nous surprendre plus vite qu’on ne le pense…

Puis, pour se donner un peu plus de perspectives, ils ont évidemment passé leur prime, mais Jagr, Iginla et Hossa ont été longtemps parmi l’élite et même aujourd’hui, certains soirs où ils sont en jambes, ils ne sont encore vraiment pas si loin du sommet.

Certains pourraient débattre que des joueurs comme Vanek, Gaborik, Marleau et Kovalev ont été dans ce club sélect pendant au moins quelques années durant leur carrière. Ça se défend.

Alors, pourquoi, je classe ou j’aurais à un certain moment classé ces joueurs parmi l’élite et que j’en exclue Pacioretty?

Tout simplement parce que les joueurs élites sont capables de régulièrement dominer des matchs par eux-mêmes et non en profitant plus souvent qu’autrement du travail des autres. Voilà des joueurs capables de fabriquer et de terminer des jeux de toutes sortes de façons, n’importe quel soir. Ils ne combinent pas nécessairement toutes les qualités imaginables, mais voilà des joueurs capables de s’élever au-dessus de la mêlée.  Tantôt physiquement, par leur force, leur dynamisme et leur vitesse explosive. Tantôt par leur finesse, leur créativité, leur agilité sur patin, ou encore par la qualité de leur exécution et de leur prise de décision avec la rondelle. Et, pour la plupart,ils ont aussi la fâcheuse manie d’être meilleurs quand l’enjeu est grand.

Pacioretty, patine et lance comme peu sont capables de le faire. Il peut à aussi l’occasion se servir de ses épaules. Il sait bien se positionner sur la glace dans les trois zones. Il excelle pour flairer le long jeu en sortie de territoire et contre-attaquer rapidement.

Il n’est donc pas à des milles de faire partie de l’élite. Il a de grandes qualités.

Juste en dessous
Bien sûr, on peut tous avoir nos préférences, mais Pacioretty est à mon humble avis dans la catégorie assez hétéroclite juste en dessous, en compagnie des Wheeler, Okposo, Pavelski, Eberle, Oshie, O’Reilly, E. Kane, Pominville, Skinner, Neal, Simmonds, Lucic, B. Ryan (à son meilleur), J. van Riemsdyk, Boedker, Vrbata, Steen (en santé) et Hornqvist (sous-estimé du temps de Nashville). On pourrait aussi rajouter les jeunes Landeskog, Toffoli et Saad qui sont en pleine éclosion et nos vieux de tantôt, encore capables de tirer des gros matchs sur les premiers trios de leur équipe respective.

Bref, on a là de solides joueurs à qui il manque trop de petites et grandes choses pour être vraiment considérés comme « élite », c’est-à-dire « dominants » par leur propres moyens sur une base régulière.

À Pacioretty, plus spécifiquement, il manque un peu de magie et de créativité avec la rondelle. Il peine à créer des jeux. Sa prise de décision fait également trop souvent défaut, au point où ses choix ne sont pas toujours digne d’un joueur de premier trio. Puis, il lui manque évidemment un vrai talent de passeur et, en général, une capacité d’élever son jeu d’un cran quand la situation le commande.

En gros, il avait ces défauts avant son repêchage, et depuis, rien n’a beaucoup changé sur le fond.

Donc, apprécions-le pour ce qu’il est : un vrai pro qui prend soin de lui. Un ailier costaud, excellent shooter doté d’une belle accélération en ligne droite et un joueur très intelligent en défensive. Dans l’œil du gestionnaire, il faut aussi grandement apprécier qu’il est carrément sous-payé par rapport au marché et qu’il s’est avéré un véritable coup de circuit pour un 22e choix au total en 2007.

Mais de grâce ne soyons pas aveuglés par un enthousiasme démesuré et une partisanerie à peine voilée à son endroit en le classant parmi l’élite, la vraie. Max Pac ne fait pas partie du petit et très sélect groupe des « plus remarquables de son groupe, de sa communauté ».

Et surtout, bien qu’il serait sans doute plus productif en évoluant aux côtés des Crosby, Tavares et autres surdoués de ce monde, arrêtons de penser qu’il serait bien meilleur sans Desharnais!

Avec un meilleur centre, il serait quantitativement plus productif, mais qualitativement, en lui-même et par lui-même, il ne serait pas forcément meilleur. Au mieux, il pourrait apprendre quelques nouveaux trucs comme Stéphane Richer à qui Mario Lemieux avait montré la feinte du revers entre les jambes lors d’un match des étoiles!

Dans le calepin
-Voulez-vous bien me dire ce que font les Oilers (mon deuxième club favori) à régulièrement donner plus de temps de glace à Purcell, Perron et Pouliot plutôt qu’à Nail Yakupov?

Yakupov est possiblement un des 6-7 patineurs les plus dynamiques et explosifs de la LNH en possession de la rondelle. Une bombe. Physiquement, il est très solide. Mentalement, son attitude s’est améliorée. À sa troisième saison, pourquoi retarder sa progression au détriment de vétérans plafonnés?

Je dirais même que pour son développement, les Huileux devrait sérieusement considérer le faire jouer plus souvent sur le premier trio à la place d’Eberle. Du moins lui accorder quelques coups d’œil. Car Eberle, malgré un excellent sens du jeu, semble parfois avoir du mal à suivre Hall et Nugent-Hopkins.

On se reploye plus tard.

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