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Les péchés capitaux de Marc Bergevin

*Le texte qui suit est à prendre avec du Tia Maria dans votre café ou un digestif de fin de soirée*

Qu’on soit pratiquant ou non, qu’on ait répudié ou non la religion de notre vie ou qu’on la connaisse peu n’y change à peu près rien ; la plupart d’entre nous, au Québec du moins, avons construit ou subi notre conception du bien et du mal à partir de notre fond de culture catholique. Notre rapport aux Canadiens de Montréal découle également de cette culture à bien des égards.

L’incontournable église de Pointe-St-Charles à l’ombre de laquelle a grandi le DG du Tricolore.

Marc Bergevin, qui a grandi à Pointe-St-Charles, un quartier ouvrier de Montréal, n’est pas étranger à cette culture, qui en gros nous invite à l’humilité, la générosité, la reconnaissance, la gratitude et l’abnégation, mais aussi à la culpabilisation de soi ou d’autrui à partir d’un péché ou d’un autre. Il y a même baigné tel un personnage de Michel Tremblay dans le modeste appartement familial où s’entassait toute la famille de huit personnes, incluant le grand-père. C’est d’ailleurs au cimetière, sur la tombe de ses parents, qu’il a passé sa journée avec la Coupe Stanley gagnée alors qu’il travaillait pour les Blackhawks…

En 2012, à ses débuts comme DG du Canadien, Marc Bergevin avait tout du bon chrétien. Après Gauthier, il apportait un vent de fraîcheur, de la pureté à une organisation qui s’était encrassée.

Mais, le « p’tit de gars de Pointe-St-Charles », comme l’avait presque affectueusement surnommé son « ami de l’époque », Philippe Cantin, a changé pas mal depuis le temps. Le jet-set montréalais n’a plus de secret pour lui, sa façon de s’adresser aux médias et aux partisans n’est certainement plus la même, ses décisions sont devenues plus audacieuses et controversées, et son égo semble, disons, un peu plus gros qu’à l’époque.

Sous nos yeux, on a assisté à la transformation morale et psychologique du DG du Tricolore, lui qui avait pourtant charmé le Québec en entier à son arrivée en poste avec sa feuille de route, sa connaissance de la LNH, son assurance, son sourire, et sa volonté avouée de redonner une identité francophone à l’équipe.

Marc Bergevin, on y croyait. Il inspirait la confiance et une sympathie instantanée à son endroit.

Comme quoi l’environnement surréaliste du CH et le pouvoir qu’on lui a donné pourraient corrompre les âmes les plus pures… Et pour ce qui est de l’identité francophone, un plan quinquennal plus tard, on y verra davantage un voeu pieux…

Un bon curé de village de nos cantons ancestraux verrait peut-être à travers les gestes et les interventions de Bergevin des signes de carences morales fort inquiétants depuis quelques temps! En généralisant et caricaturant un peu, c’est comme si le mal s’était peu à peu emparé du DG des Canadiens!

Du même élan, notre bon curé, amateur de sport à ses heures, se demanderait peut-être si le DG de la jadis Sainte-Flanelle se serait rendu coupable de quelques péchés capitaux en cours de route!

Bien chers frères, bien chères soeurs, en cette période des résolutions de toutes sortes, passons donc en revue, pour M. Bergevin, ces fameux péchés capitaux un à un!

1. L’acédie (librement interprétée ici comme négligence, paresse ou carence spirituelle/intellectuelle) 
Bergevin est un DG qui a parfois eu du flair, de l’instinct, particulièrement pour faire l’acquisition de joueurs de rôle à faible coût, remplissant ainsi des demandes de ses coachs, on pense à Weise, Mitchell ou encore, plus récemment, à Deslauriers. Il a aussi négocié quelques beaux contrats (Pacioretty) et réalisé quelques bons échanges (Petry, Danault, Vanek).

Mais, sans être le dernier des abrutis, Bergevin ne donne pas l’impression d’être dans la même catégorie des grands stratèges, actuels ou passés, de sa profession. En plus de ses fameuses excuses (« il n’y a pas de joueurs de centre sur le marché », « réaliser des grosses transactions est extrêmement difficile »), ses risques, souvent énormes et mal calculés, et surtout sa vision dépassée du hockey, voire son manque de clairvoyance et de vision tout court, commencent sérieusement à nous démontrer les « limites » du DG montréalais.

Échanger Subban contre Weber?
Donner deux bons choix de 2e ronde pour Andrew Shaw?
Échanger Andrighetto contre Martinsen?
Un choix de 4e ronde pour Dwight King?
Sélectionner McCarron ET De La Rose comme deux premiers choix en 2013?
Misez tous ses jetons sur un gardien de 30 ans en lui donnant 10,5M$ pendant 8 ans?
Prendre le risque d’échanger ton meilleur espoir pour un joueur qui ne comble pas en toute certitude ton besoin principal au centre?

Pendant que Bergevin espérait que Drouin puisse jouer au centre en négligeant le trou immense qu’il allait créer à sa ligne bleue, Yzerman savait, lui, que Sergachev allait combler son besoin en défensive. Grosse différence…

 

2. L’orgueil
Suite aux départs de Beaulieu, Sergachev et Emelin ainsi que la non signature de Markov – une belle brochette qu’on a tenté de remplacer par les acquisitions (douteuses) d’Alzner, Schlemko, Jerabek, Morrow et Streit – comment ne pas placer sous le compte d’un orgueil un peu trop gonflé la fameuse déclaration du dernier tournoi de golf selon laquelle sa brigade défensive allait être meilleure que l’an dernier? On pourrait sans doute mettre une partie de la non signature de Radulov sur le compte du même péché. On se rappellera que dès le mois de mars dernier Bergevin disait que le CH n’avait pas besoin de Radulov pour connaître du succès!

Le métier de DG n’en est pas certainement pas un où un orgueil démesurée va vous rendre service. Au contraire, il vous retardera dans la réparation nécessaire de vos erreurs, ce qui empêchera la progression de l’organisation.

3. La luxure
Je laisserais le soin à d’autres sites de nous parler (ou non) de la vie intime de Bergevin et de ses impacts (ou non) sur son travail de DG. Next!

4. La gourmandise 
Luxure et gourmandise vont si bien ensemble, surtout à Montréal, ville d’abondance! Next!

5. L’avarice 
Les fiascos des négociations de Markov et Radulov et la quasi catastrophe contractuelle avec Subban ne sont que quelques exemples du côté « avare » de Bergevin, un côté qui ne l’a pas toujours mal servi, mais qui peut lui donner très mauvaise réputation au fil du temps. En contrepartie, on peut aussi l’accuser de générosité disproportionnée à l’endroit du prolifique Karl Alzner,..

6. La colère 
Selon nos sources, c’est un péché dont se rendrait de plus en plus coupable le DG de la Flanelle, notamment à travers ses méthodes de plus en plus contrôlantes de gestion et à la suite de certains échecs récents dans les négociations de contrats… La colère peut souvent être un signe ou un résultat de nos propres erreurs. La solution est-elle vraiment dans la chambre M. Bergevin?

7. L’envie
On définit l’envie en psychologie tantôt comme le désir d’une chose qu’on ne possède pas, un ressentiment à l’endroit de quelqu’un ou encore, plus fondamentalement, une tendance à la destructivité, une forme d’agressivité, de haine, un dérivé de la pulsion de mort, dixit Freud. En lisant sur la définition de l’envie en préparation de ce texte sur Bergevin, un nom m’est tout de suite venu en tête : P.K. Subban.

Défenseur col bleu, ayant dû trimer dur tout au long de sa carrière pour s’assurer un chèque de paie décent, Bergevin enviait-il à la base le talentueux et flamboyant Subban ?

Parlant de flamboyant, était-il agacé que Subban le soit encore plus que lui dans le choix de ses habits et accoutrements?

Mais de manière plus importante, l’enviait-il encore un peu plus (un peu trop?) à la suite de la signature de son gargantuesque contrat qui a chamboulé l’échelle salariale qu’il devait gérer?

Subban prenait de la place et n’a certainement pas toujours été le coéquipier ou le joueur parfait, mais un froid s’était clairement installé entre Bergevin et lui à la suite de cette houleuse négociation où Molson avait dû intervenir, un froid qui s’est probablement fait sentir au sein de l’organisation, où on ne semblait plus trop se gêner pour identifier Subban comme la cause de tous les malheurs de l’équipe.

 

Subban, le héros sacrifié.

Et c’est peut-être là que, jumelé à une bonne dose d’orgueil, l’envie prend une forme destructrice ou autodestructrice pour Bergevin : il décide de jouer sa carrière, rien de moins, en échangeant le bouc émissaire Subban avant que sa clause de non mouvement ne s’enclenche. Ce geste s’attaquant à celui qui incarnait l’identité du club sur la glace et l’image du club à l’extérieur de celle-ci marquera pendant longtemps l’histoire de l’équipe. L’échange de Subban a créé une cassure peut-être aussi grande entre les partisans et le club que le départ de Patrick Roy. Le désintérêt de plus en plus grand exprimé par la population à l’endroit du Tricolore part de là.

Parlant de Roy, voilà un autre épisode où c’est précisément l’envie destructrice d’un dirigeant à l’endroit de LA supervedette du club qui avait tout déclenché…

Le métier de coach ou de DG en est un où il faut se placer au-dessus de la mêlée, au-dessus de nos travers et tentations les plus puériles et être capable de voir le tableau d’ensemble, le bien commun, à court, moyen et long termes en tout temps.

Je soupçonne David Poile, en vieux renard, d’avoir senti un désaveu ou une aversion profonde de Bergevin à l’endroit de Subban, d’avoir su renifler la petite bête blessée, et d’en avoir profité intelligemment. Il ne lui restait plus qu’à beurrer épais la réputation enviable (surfaite) de Shea Weber et il allait mettre Bergevin dans sa petite poche en lui refilant un défenseur étoile en début de déclin en retour d’une supervedette flamboyante et « clutch », dont il était sûr qu’elle allait s’épanouir et gagner en maturité à Nashville.

Le jugement dernier
Bref, les jugements sur Bergevin, comme on peut le voir ici (!), se feront de plus en plus durs, les critiques de plus en plus acerbes, ça viendra de tous bords, tous côtés, et ça prendra plus que le confessionnal pour sauver l’âme (et la peau) du principal intéressé.

Son manque de clairvoyance, sa négligence dans certains dossiers, son orgueil et finalement son envie finiront par le mener à sa perte. On a presque écrit cette dernière phrase au futur antérieur…

Le Jugement dernier appartiendra à Molson et ses amis investisseurs…

Geoff Molson n’a pas à lui pardonner encore bien longtemps les fautes commises : le Temple est en train de s’écrouler. On peut même se demander si Bergevin survivra-t-il à la pause de 5 jours qui s’étendra du 8 au 12 janvier prochains, comme le pointait un lecteur du site. Michel Therrien avait été remercié dans un moment semblable la saison dernière… Qui sait?

Cela dit, avec l’imminence d’une transaction impliquant Pacioretty dans l’air, je pencherais encore davantage vers un scénario semblable à celui qu’a vécu Gauthier en 2012. C’est plus probablement après la saison que Molson indiquera la porte à Bergevin s’il en a assez. En attendant, on lui laissera faire le ménage qui s’impose, échanger Pacioretty, Plekanec, etc., un peu comme l’avait justement fait Gauthier avant son départ. Ça avait quelque peu renfloué la banque de choix au repêchage…

De toute façon, parlant de faute, Molson en a déjà commise une énorme lui-même en consentant à Bergevin une prolongation de contrat de manière aussi précipitée en 2015 alors qu’il avait jusqu’en juin dernier pour bien évaluer son travail.

S’il avait été plus patient, pas sûr qu’il aurait renouvelé le contrat de Bergevin un an après l’échange de Subban, son ancienne supervedette qui est passée à deux victoires de la Coupe Stanley, alors que son propre club se faisait éliminer sans histoire, en première ronde, dans l’indifférence quasi totale des joueurs et des partisans…

Et ça, Subban-Weber, c’est l’Échange que Bergevin était supposé gagner à court terme.

2018, l’heure du Jugement dernier approche…

En attendant, BONNE ANNÉE TOUT LE MONDE!!!!

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