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L’équipe du peuple et les poissons rouges

Serge Savard le sait depuis toujours. Il l’avait déjà rappelé au cours de l’hiver lorsqu’on l’a interviewé concernant l’embauche de Randy Cunneyworth : le Canadien, c’est l’équipe du peuple. Ce sont eux les « vrais propriétaires ».

Il revient donc ensuite aux dirigeants du club de « gérer » le club, de manière à respecter, non pas intégralement mais généralement, les désirs et les idées des partisans.

Je salue en passant un lecteur, Stéphane Leblond, qui nous a fait part de plusieurs idées concernant le CH par courriel cette semaine. Psychologue sportifs et motivateurs à la fine pointe du savoir, entretien avec des athlètes olympiques de haut niveau et les joueurs du CH, etc. Bref, tous pleins d’idées pour essayer de faire passer l’équipe à l’échelon supérieur. Beaucoup de travail « mental » à faire selon M. Leblond!

Mais l’embauche de Marc Bergevin et les idées très claires de celui-ci sur l’importance des joueurs québécois au sein du club en sont d’excellents exemples de l’écoute que l’on portera maintenant au peuple. L’embauche du prochain entraîneur qui sera assurément bilingue en sera un autre.

Bergevin : un véritable coup de foudre!

Le « peuple », au fil du temps, s’est forgée une idée générale somme toutes assez consensuelle de ce que devrait être le Canadien : une équipe gagnante composée de plusieurs joueurs à qui ont peut s’identifier, des joueurs que l’on veut sentir plus proches de nous.

Certains diront qu’ils n’en ont rien à cirer de retrouver ou non plusieurs joueurs Québécois ou francophones à l’intérieur du club. À peu près les mêmes ne s’offusqueraient pas trop que le club soit dirigé et coaché par des anglophones. Soit.

Mais, une majorité de gens préfèrent encore lorsqu’il y en a un bon nombre de francophones et que le club est dirigé par des gens d’ici, moyennant des résultats intéressants bien sûr.

Voici donc les paramètres à l’intérieur duquel doit évoluer le Canadien de Montréal : victoire et volonté populaire respectée. Ce n’est pas si différent qu’ailleurs au fond.

Il y juste une composante identitaire – pas si rigide que ça – qui doit être respectée afin que le peuple soit en symbiose avec son équipe.

Les partisans ne se sont pas senti très respectés ces dernières années par Monsieur Gauthier, cette période est maintenant terminée. On a redonné l’équipe aux partisans.

On pourrait appeler cela une forme embryonnaire de démocratie où le Président prend le pouls de sa base partisane et s’assure de la respecter dans les grandes lignes.

Tout ça, bien sûr, n’est pas totalement dénué d’intérêt mercantile – on parle d’ailleurs, entre les branches, d’étudier l’idée de vendre des actions « non-votantes »  aux partisans – mais, il n’y a pas de doute, le respect du partisan-client est revenu dans le giron tricolordien. Le mépris est terminé.

Tant mieux.

Sommes-nous des poissons rouges?

Parlant de mépris, ça fait longtemps qu’on n’a pas parlé de nos amis les Libéraux n’est-ce pas? Et bien, hier en traversant la rue, une petite idée m’est venue : et si nous étions tous des poissons rouges?

On connaît tous la mémoire à très court terme de nos aquatiques amis, n’est-ce pas? Pas fort, fort, on en convient, trois mois tout au plus, selon les plus récentes études! 

Eh bien, après avoir accumulé moult preuves, je vous le dis, Jean Charest et les membres de son parti prennent la population québécoise pour une gang de poissons rouges. Cela ne fait plus aucun doute!

Pièce à conviction numéro un : la violence.

Après que les forces de l’ordre aient pratiquement fait perdre un œil à un étudiant lorsque celui-ci a reçu une grenade assourdissante en plein visage le 7 mars dernier, le PLQ n’a jamais dénoncé publiquement le geste et les mesures excessives utilisées lors de cette journée pour disperser les manifestants assis dans la rue en face de l’édifice Loto-Québec.

Un mois plus tard, à compter du 16 avril, le PLQ crée une diversion évidente pour à la fois mettre l’opinion publique de son côté et semer une division au sein du mouvement étudiant en diabolisant, entre autres, la CLASSE.

Les poissons rouges auront oublié l’œil de Francis Grenier et les coups de matraques des policiers, se dit le PLQ. Ils regarderont plutôt en direct à la TV l’écrapou associé injustement à la CLASSE. Ce sont eux les violents, rentrez-vous ça dans la tête à coup de répétitions en boucle sur LCN!

Francis Grenier : « Je me souviens »

Pièce à conviction numéro deux : la « main tendue et tous les efforts ont été faits »

Jusqu’au début avril, soit jusqu’après la manifestation record du 22 mars, où plus de 150 000 personnes ont déambulé dans les rues de Montréal, le gouvernement a maintenu la ligne dure avec les étudiants : il n’y aura pas de négociations.

La ministre Beauchamp le dévoilait elle-même ici sur le plateau de TLMEP le 15 mars à 1:50 : « On n’est pas dans une négociation. La décision budgétaire a été prise il y a un an. Nous avons été élu pour gouverner », disait-elle en substance.

La manif du 22 mars n’y changea rien et ne fit que provoquer ces quelques commentaires de la part de Mme Beauchamp le 23 mars: « la manifestation pacifique était belle à voir ». Rien encore sur les efforts de négociations et la main tendue du gouvernement.

Or, lorsque questionné dimanche dernier, le 7 mai, en conférence de presse à savoir pourquoi le PLQ a attendu jusqu’à son congrès du 4 mai pour « convoquer » les trois grandes associations étudiantes à la table des négociations, le Premier Ministre a candidement répondu que le PLQ avait fait tous les efforts, avait toujours été ouverts à des discussions et que la main avait toujours été tendue!

Bref, quand la ligne dure est payante dans l’opinion publique, on ne négocie pas.

Quand l’opinion publique dévoile, comme à la suite de la manif du 22 mars, que le PLQ gère mal la situation et doit négocier avec les étudiants, le PLQ ouvre ses livres.

Pièce à conviction numéro 3 : la CLASSE revient à la table de négos après s’en « être sortie elle-même ».

Le 25 avril la CLASSE, qui n’aurait pas suffisamment condamné la violence, est expulsée des négos. Le gouvernement n’a aucune preuve que la CLASSE est concrètement associée aux petits dérapages enregistrés par des petits groupes qui avaient publié la tenue d’événements sur le calendrier ouvert de sa page Facebook, mais le gouvernement fait semblant de ne rien y comprendre et expulse la CLASSE dans un acte stratégique dégoulinant de mauvaise foi.

Puis, deux jours plus tard, out of nowhere, il annonce en grande pompe, en conférence de presse sa « solution globale » pour résoudre le conflit.

Il va même jusqu’à publiciser cette offre à la radio et dans les quotidiens en achetant des pleines pages. Une facture de publicité qui s’élève à 165 000$ pour une offre – en fait une grosse entreprise de relation publique – qui ne sera même plus valide une semaine plus tard, soit le 4 mai,  lorsqu’on convoqua les groupes étudiants, incluant la CLASSE (!!!), en toute urgence avant le congrès du parti!

Pièce à conviction numéro 4 : ce n’est plus une « solution globale »

Dix jours après nous avoir présenté sa « solution globale » qui logiquement devait répondre à tous les problèmes concernant l’accessibilité aux études et satisfaire les étudiants, Line Beauchamp affirme que la nouvelle offre ou entente de principes, survenue samedi le 5 mai avec les étudiants n’est plus une « solution globale ».

Le 7 mai, la ministre « déplore que cette entente de principe soit «perçue» jusqu’à maintenant comme un accord réglant «l’ensemble des enjeux» comme les droits de scolarité. «Ce n’est pas une entente qui a la prétention de donner des réponses à tout», a-t-elle affirmé en entrevue à La Presse lundi après-midi ».

Peut-être a-t-elle sous-estimé les poissons rouges qui se rappelleraient que la « solution globale » n’était même pas vieille de deux semaines!

Pièce à conviction numéro 5 : les valeurs libérales

Après avoir dit que la CLASSE et son porte parole GND, en faisant supposément la « promotion de la violence », ne respectaient pas les valeurs libérales – ce qui justifiait leur exclusion des négociations le 25 avril –  la ministre se retrouve dans une position fâcheuse.

En effet, quelques jours plus tard, le 1er mai, les chroniqueurs politiques s’en donnent à cœur joie quand ils apprennent que Line Beauchamp a reçu 3000$ en 2009 de Domineco Arcuri que l’on savait associé à la mafia depuis… 2005!

Ainsi vont les valeurs libérales!

Mais, bien sûr, Mme Beauchamp n’était pas au courant de qui était ce M. Arcuri parmi les 20 personnes présentes dans une salle privée d’un restaurant italien de Laval en ce beau lundi matin du 6 avril 2009!

Mais, ne vous en faites pas pour les valeurs libérales, si le Parti Libéral est très précautionneux auprès des terrifiants étudiants et du dangereux GND, il n’est pas aussi scrupuleux avec l’argent de la mafia! Le PLQ a conservé les quelques 13 270 que lui ont remis Arcuri et sa famille entre 2002 et 2009. Merci, bonsoir, M. Arcuri! Et Merci Vincent Marissal pour les infos!

Ça explique peut-être un peu le retour à la table de négos de la CLASSE, une semaine après son expulsion!

Pièce à conviction numéro 6 : la démonstration du gaspillage dans les universités

Lors de la conférence de presse triomphaliste de ce week-end, Jean Charest sommait les étudiants de faire la preuve qu’il y a du gaspillage dans les universités. 

Eh bien, la voici:

L’ilôt Voyageur de l’UQAM : 529 M$ de nos impôts super bien investis!

Ce monument de médiocrité administrative a été suivi de près par les Libéraux qui ont endossé la mise en place d’un fameux PPP où tous les risques ont été absorbés par le public. Et risques il y a eu!

Cette honte, de sept étages de haut, composées essentiellement de grosse dalles de béton, pas de toilettes, pas d’électricité, pas de murs, pourrit maintenant depuis environ 5 ans sous la neige l’hiver, en plein centre-ville de Montréal, à la vue de tous. 

J’ai pensé que les gens de la province entière méritaient de jeter un petit coup d’oeil à ce chef d’oeuvre afin qu’eux aussi sachent et n’oublient pas lorsqu’on leur demande de faire la démonstration du gaspillage universitaire. 

Et on ne vous parlera pas de la prime de départ de 153 000$ de l’ex-recteur de l’UQAM, Roch Denis, un des grands responsables de ce fiasco… 

Conclusion de tout cela

On nous prend pour des poissons rouges. On nous prend pour des épais. On gouverne une journée à la fois en faisant oublier ce qu’on a dit et fait hier.

On appelle ça mépriser l’intelligence du peuple.

Seul problème pour le PLQ : l’évolution a fait en sorte que nos cerveaux ont appris à faire des recherches sur Google.

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