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Le « soft cap » : une option viable pour la LNH et ses vedettes ?

De nos jours, le sport est considéré comme une industrie à part entière. La plupart des équipes professionnelles génèrent des revenus monstres.

Billets individuels, billets de saison, produits dérivés, vente aux concessions : tout est fait afin de maximiser les revenus, et par le fait même les bénéfices. 

La santé financière d’une franchise est presque devenue aussi importante que les résultats sportifs, et on peut le comprendre. Les investisseurs qui injectent des deniers sont là pour rentabiliser le plus possible leur engagement.

Évidemment, ces deux facteurs sont éminemment liés. Lorsqu’une équipe gagne, les revenus de celle-ci augmentent drastiquement.

Et il ne suffit pas d’aller très loin afin de le démontrer : le Canadien de Montréal en est une preuve irréfutable. Une fois en séries éliminatoires, le CH engendre un gain de 2,5 à 3M$, les soirs de matchs.

Certes, il est primordial de posséder une équipe compétitive pour accéder aux séries éliminatoires – et par le fait même attirer un maximum de partisans lors des joutes à domicile.

La cerise sur le gâteau serait de posséder des vedettes comme Connor McDavid, Sidney Crosby, Auston Matthews ou encore Erik Karlsson (pour ne citer qu’eux) dans son alignement. 

Leur influence se mesure au-delà de la surface glacée.

Ce sont eux qui attirent les amateurs. De surcroît, les ventes de produits dérivés à leur nom gonflent les revenus des équipes.

Bref, ils sont de véritables ambassadeurs pour la marque, en très grande partie grâce à leurs exploits sur la patinoire.

Un constat affligeant mais pas étonnant

Naturellement, ces derniers sont récompensés par de juteux contrats.

À seulement 20 ans, Connor McDavid avait signé en juillet 2017 une entente de 8 ans et 100M$ (une moyenne de 12,5M$ par année) avec les Oilers d’Edmonton. Cette année, il empochera un montant de 15M$, ce qui le place au 3e rang à ce chapitre dans la LNH, à égalité avec Carey Price. 

John Tavares est le joueur qui remportera le plus d’argent dans toute la ligue, cette année, avec un salaire de 15,9M$. 

Cela peut paraître beaucoup, mais ce n’est rien à côté des vedettes de la NBA, NFL ou MLB.

(Crédit: NHL, NBA, NFL, MLB)

Le constat est sans équivoque : les vedettes de la LNH sont très largement sous-payées par rapport à celles de la NBA, de la NFL et de la MLB.

Pourtant, les Connor McDavid, John Tavares ou Sidney Crosby de ce monde mériteraient beaucoup plus d’argent que ce qu’ils ne perçoivent actuellement, grâce à leur rayonnement sur et à l’extérieur de la patinoire. 

C’est plus facile à dire qu’à faire, comme dirait l’autre.

Pour remettre les choses en perspective, la LNH a enregistré des revenus de 4,85 milliards de dollars US en 2017, ce qui la classe bonne dernière à ce chapitre parmi les quatre ligues majeures.

Revenus Ligue
4,85 mds US (2017) LNH
7,37 mds US (2017) NBA
≥10 mds US (2017) MLB
≅14 mds US (2017) NFL

 

In fine, ce sont les joueurs qui en subissent les conséquences. La ligue distribue moins d’argent aux équipes, qui elles en reversent moins aux joueurs. C’est un effet domino !

Mais alors, à qui la faute ?

Assurément au style conservateur qui caractérise si bien Gary Bettman et ses sbires. 

L’instauration du plafond salarial, après le lock-out de 2004-2005, a permis à toutes les équipes du circuit d’être sur un même pied d’égalité.

Chaque formation a, hormis une ou deux, sa chance de rafler un championnat, ou dans tous les cas de participer aux séries éliminatoires.

C’est ce qu’on appelle la parité.

Ce plafond a augmenté de 103% depuis sa création, au début de la saison 2005-2006, passant de 39M$ à 79,5M$. C’est énorme !

Cette limite salariale nuit aux équipes dont le défi est de rafler une coupe Stanley – en signant un joueur à haute valeur monétaire – mais qui sont proches du plafond.

Parlez-en aux Blackhawks, et bientôt aux Leafs. 

Bref, cessons de tergiverser et revenons à nos calculs.

En 2005-2006, les vingt joueurs les plus payés dans la LNH cumulaient 133,7M$ en salaire. Cette année, les 20 patineurs les plus riches du circuit amasseront un salaire total de 222,1M$, ce qui représente une hausse de 66,1%.

C’est donc dire que la hausse de ces rémunérations n’a pas suivi celle du plafond salarial, depuis 13 ans.

Lorsqu’on va encore plus loin dans cette analyse, on remarque que les vingt joueurs suivants voient leur salaire augmenter de 81,1%, depuis 2005-2006, passant de 90,3M$ à 163,6M$.

Le bilan est clair, net et précis : les revenus de ces derniers se sont accrus de façon substantielle par rapport aux vingt joueurs les plus riches dans le circuit Bettman.

C’est un constat accablant, mais qui ne surprend pas, considérant le fait que la LNH regorge de moult joueurs de talent qui devraient être payés à leur juste valeur : toutefois, on s’aperçoit que plusieurs patineurs sont largement surpayés au regard de leurs performances.

Paul Stastny (7,5M$), Kevin Shattenkirk (8M$) ou encore Jason Spezza (7,5M$) en sont des exemples. 

Points cumulés (depuis le début de la saison 2018-2019) Salaire cumulé Augmentation salariale depuis 2005-2006 (%)
Joueurs 1 à 20 183 222,1M$ 66,1%
Joueurs 21 à 40 131 163,6M$ 81,1%

 

Cela nous démontre également qu’il faut faire très attention avant de donner un long et lucratif contrat à un joueur quelconque (mais ça on le savait déjà), surtout à l’ère du plafond salarial. Parions que Jeff Gorton, George McPhee ou encore Jim Nill aimeraient investir leur argent d’une autre manière…

Mais bon, qu’est-ce que l’on ne ferait pas pour gagner ?

Quelles sont les solutions ? 

La première alternative, probablement la moins réaliste, serait de réduire le salaire des joueurs de « seconde zone », c’est-à-dire ceux de troisième et quatrième trio, et les patineurs de deuxième (dans une moindre mesure) et troisième paire défensive.

Évidemment, ce n’est pas une option viable puisqu’ils représentent la majorité d’un alignement d’une équipe, et qu’eux aussi, ont le droit d’amasser l’argent mérité.

Dans un même ordre d’idées, cas fréquent dans la LNH, certains joueurs pourraient faire des concessions en matière de salaire afin de laisser plus de marge de manœuvre à leur DG dans le but de signer une vedette.

Le « soft cap »

La seconde solution serait d’avoir un plafond salarial moins rigide, comme dans la NBA : c’est le soft cap, comme on dit dans le milieu.

Les équipes de la NBA ont un plafond à ne pas dépasser (qui est d’ailleurs de 101,8M$), mais il existe plusieurs exceptions qui permettent de le faire.

Ce sont les exceptions « Bird ». 

La plus connue est la « Larry Bird Exception ».

Pour expliquer cela simplement, les équipes ont le droit de dépasser le plafond salarial dans le cas où la signature d’un de leurs joueurs, qui est au préalable avec l’équipe depuis plus de trois saisons (et qui n’a pas changé d’équipes entre temps), le nécessiterait.

Dans le fond, ce sont les équipes les plus riches qui profitent le plus du système. Même si des sanctions monétaires sont émises à l’encontre des franchises qui outrepassent cette limite, cela ne change presque rien.

De plus, les salaires varient en fonction de l’expérience d’un joueur quelconque, dans la NBA. Par exemple, les athlètes qui ont moins de six ans d’expérience dans la ligue ne peuvent pas demander un salaire supérieur à 25% de la masse salariale. Pour ceux qui ont entre sept et neuf ans d’expérience, cela progresse à 30% et pour les joueurs ayant plus de 10 années en NBA sous la cravate, on passe à 35 %.

Le circuit Bettman n’est pas obligé de reproduire le système salarial de la NBA dans son intégralité, mais peut s’en inspirer…

Pourquoi cela n’arrivera pas…

Le conservatisme de la LNH fait en sorte que cette possibilité n’est pas réaliste non plus, à l’image de la première énoncée. La parité, comme on dit, fait désormais partie de l’ADN du circuit Bettman, et les têtes dirigeantes de la LNH ne veulent en changer pour rien au monde.

Alors, assurément, les vedettes de la LNH devraient gagner bien plus d’argent qu’elles n’en font actuellement. Ceci étant dit, le système actuel de la ligue ne permet pas aux joueurs étoiles d’obtenir ce qu’ils méritent.

Et savez-vous qui en profitent le plus ? Les propriétaires. Pendant que leurs équipes n’arrêtent pas de prendre de la valeur (grâce aux superstars de leur club respectif), les vedettes voient leur salaire grimper à une moindre cadence.

Et ne comptez pas sur la possibilité d’un lock-out en 2020 pour changer les choses. Les patineurs de la LNH ont fait énormément de concessions (notamment sur le partage des revenus) et il se pourrait bien qu’en cas d’arrêt de travail, ces derniers aient encore plus de sacrifices à faire…

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