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CH : La fin de la complaisance?

Le Canadien avait subi de sévères critiques avant sa plus récente série de succès.

Denis Coderre n’y était pas allé avec la plus grande délicatesse à l’endroit de David Desharnais.

Puis, un vulgaire blogueur n’y était pas allé avec le dos de la main morte la semaine passée dans en accusant le Canadien, Geoff Molson en tête, de se vautrer assez inconsciemment dans une doucereuse complaisance depuis plusieurs saisons, mais plus spécifiquement depuis le début de la présente campagne et j’aurais, il aurait dû ajouter, depuis la qualification de l’équipe en vue des séries le printemps dernier…

Mais au-delà de ces observations et de ses critiques outrancières de la populace, Carey Price – le gars de 6,5M $ qui connaît une pas si pire saison – n’avait pas tourné autour du pot lui non plus après la fameuse défaite de 1-0 subie aux mains des Rangers le 16 novembre dernier, fulminant au passage que son équipe montrait une fiche médiocre suite au premier quart de la saison.

On dira ce qu’on voudra, et ça peut s’appliquer dans bien d’autres situations de vie, mais lorsqu’il est question de sportifs à l’égo démesuré, d’athlètes payés des fortunes, d’entreprises roulant sur l’or (775 M$ selon Forbes…), il ne faut surtout pas hésiter à appeler les choses par leur nom et mettre les gants blancs aux grosses vidanges sales.

The Man a parlé…

C’est la meilleure façon d’aller justement piqué l’orgueil trop souvent flatté et ménagé de tous bords, tous côtés par le bon discours médiatique mollasson, les fans émotifs mais trop patients, qui pensent toujours que l’an prochain sera mieux depuis 10 ans, et les super beaux 24CH en HD qui rendrait le bon vieux Narcisse jaloux

Ben quoi? Cent-soixante-treize caméras qui te suivent partout, c’est mieux qu’un petit reflet de ta face dans l’eau…

Autrement dit, quand la complaisance est partout, quand la médiocrité s’installe, il faut faire sortir tout ça par la porte, changer la serrure et s’assurer que ça n’entre pas par les fenêtres.

Je ne sais pas si le Canadien a changé la serrure et fermer les fenêtres la semaine dernière, mais il a certes été fouetté, un ti-peu par Coderre, il a certes senti la soupe chaude, mais il s’est surtout fouetté lui-même, par l’entremise de Price, entre autres, qui s’est levé et qui a parlé en appelant un chat, un chat.

Au moment où il a pris la parole, le Canadien était pourtant encore « en séries », en dernière position y donnant accès.  

Pourquoi le gardien vedette a-t-il jugé que la fiche de son club était si médiocre? Il était pourtant là où le propriétaire voulait les voir à la fin de la saison : en séries.

La réponse est simple. Le Canadien affichait une fiche médiocre par rapport à son plein potentiel. 

Et ce n’est certainement pas parce que la plupart des commentateurs plaçaient le Canadien en séries par la peau des dents qu’il faut nécessairement y voir là le véritable potentiel de ce club.

Je m’explique.

Une fin de saison, des séries et un été qui nous avaient laissé sur notre appétit
Peu de gens prévoyaient que Carey Price allait enfin éclore à ce point et briller de tous ces feux après le misérable printemps 2013.

La venue de Brière n’avait pas soulevé les passions sur les terrains de camping l’été dernier.

Plusieurs se gardaient une petite gêne par rapport aux jeunes Galchenyuk, Gallagher et Eller. Les deux premiers allaient-ils trébucher à leur deuxième saison? De son côté, Eller allait-il être remis du coup de Gryba?

À peu près personne ne s’entendait à une telle qualité de jeu de la part de Markov qui patine presque aussi bien qu’à ces beaux jours et qui a retrouvé ce que tous croyaient qu’il avait perdu : son efficacité en défensive.

Zéro people n’avait osé imaginer que Michael Bournival pourrait apporter autant de profondeur à cette équipe.

D’autres encore voyaient poindre à l’horizon la fin de la lune de miel entre Therrien et ses ouailles (bon, ça, ça peut changer vite…).

Enfin malgré les ajouts de Parros et Murray, tous ont souligné que le Tricolore demeurait un « petit club ».

Un début de saison qui laisse voir des bases solides
Mais qui aujourd’hui oserait dire que le CH ne compte pas présentement sur un gardien, voire un duo de gardiens, élite?

Qui oserait dire que le duo Markov et Subban ne fait pas présentement l’envie des 29 autres directeurs généraux? Plusieurs équipes dites de pointe ne peuvent même pas compter sur deux aussi bons défenseurs.

Qui n’aimerait pas avoir le meilleur joueur de la cuvée de 2012, Alex Galchenyuk, dans sa formation?

Qui n’aimerait pas avoir un joueur comme Gallagher et un autre comme Prust pour aller à la guerre tous les soirs?

Ensuite, en cette ère de plafond salarial, un grand, costaud et polyvalent joueur de centre comme Eller – qui, de plus, joue présentement pour un prix d’ami  – ne serait-il pas une prise de choix pour bien des clubs?

Alors qu’une douzaine de formations se chercheront bientôt un gros et mobile défenseur défensif en vue des séries, la Flanelle, pourra compter sur Emelin, un des meilleurs dans le genre.

Et qui s’est souvenu que ce club était une des meilleures équipes de la LNH l’an dernier avec ce même Emelin dans la formation?

Il passe souvent sous le radar, mais on oublie qu’un joueur comme Plekanec fait partie de l’élite mondiale dans son style two-way.

Enfin, grâce aux performances exceptionnelles de ses gardiens et celles, très solides, de quelques joueurs faciles à identifier, le Canadien affiche présentement le 3e meilleur différentiel (+13) de sa conférence.

Dans ce contexte, où serait le CH si Max Pacioretty – selon plusieurs le meilleur attaquant du club – et David Desharnais  – qui ne pouvait pas avoir perdu tout son talent pendant la nuit – n’avaient pas attendu au quart de la saison avant de se réveiller?

Bref, je ne comprends pas pourquoi le propriétaire hésite à parler de Coupe Stanley, quand il peut dépenser tout l’argent auquel il a droit et quand il peut compter sur autant de potentiel à toutes les positions et sur autant de jeunes peu coûteux et déjà productifs?

Ce n’est pourtant pas si loin de la recette idéale. C’est une conjoncture semblable qui a permis à plusieurs équipes de remporter la Coupe depuis l’instauration du plafond salarial.

J’imagine qu’il avait ses doutes de partisans lui aussi quant au potentiel de son club en septembre, mais quand même.

Avec une telle masse salariale et des bases somme toute solides, c’est son rôle de mettre la barre haute et de sortir ses employés de leur zone de confort.

Attention! On ne dit pas que le CH est présentement parmi les favoris pour gagner la Coupe – il manque probablement encore un stud en attaque et possiblement un autre en défensive (disons un vrai, top 4) – et on ne demande pas au propriétaire de promettre le saladier argenté aux partisans à chaque saison en mettant une pression indue sur sa troupe.

On lui demande juste, considérant le potentiel en place et la conjoncture actuelle, de mettre la barre plus haute que de simplement « faire les séries ».

De sa position, c’est la seule chose qu’il peut faire sur le plan « sportif » pour aider son club à travailler dans un état d’esprit de gagnants. Est-ce trop demander?

Meilleur dans les prochaines années?
La récente série de succès contre de solides équipes nous a clairement montré que lorsque ce club ouvre la machine et utilise ses huit cylindres, en jouant avec orgueil, il peut rivaliser avec n’importe qui et même dicter le rythme d’une rencontre, comme c’était le cas l’an dernier avant que tout ne s’écroule.

Avec un club en santé et une fierté retrouvée, la suite des choses pourrait être fort intéressante. À la condition, bien sûr, que tous continuent de pousser dans le même sens, ce qui n’est jamais certain… 

Ça dépendra du rendement de l’équipe, mais on a déjà hâte à la date limite des transactions au 5 mars, après les Olympiques, pour voir dans quel contexte Bergevin prendra ses décisions et gérera ses actifs.

Commencera-t-il à parler de Coupe Stanley en se montrant ouvert à sacrifier un ou deux jeunes avec un certain potentiel et/ou des choix de repêchage, ou pensera-t-il encore en fonction de l’an prochain et des années subséquentes en maintenant sa philosophie du repêchage et du développement « durable »?

Il ne faut jamais hypothéquer l’avenir et il ne faut surtout pas sous-estimer la progression de Galchenyuk dans l’équation, ni la possibilité de signatures et d’échanges gagnants pour Bergevin, mais, pour le reste, les déclins ou les départs envisageables de quelques vétérans (Markov, Plekanec, Brière, Gionta, Bourque, Prust, Gorges, Bouillon, Moen, Murray, Parros) équivaudront probablement plus ou moins la progression des jeunes de l’organisation.

Donc, à mon avis, malgré la progression anticipée des Eller, Gallagher, Beaulieu, Bournival, Tinordi, Pateryn, Leblanc, Andrigettho, Hudon, De la Rose, McCarron et cie, rien ne nous garantit que le CH sera clairement et définitivement meilleur dans les prochaines années. 

C’est dire, qu’à mes yeux, cette fenêtre là, pour une percée vers la Coupe est déjà ouverte, moyennant un esprit agressif et gagnant. 

La base est là et, psychologiquement, ça doit être l’objectif avoué qui tirera cette équipe vers le haut.

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