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Desharnais, Galchenyuk et cie : la saison est un marathon

Je me suis beaucoup amusé ces dernières semaines à lire les articles et les commentaires ridiculisant Michel Therrien parce qu’il tardait à démonter David Desharnais du premier trio.

Plusieurs voulaient qu’on joigne Lars Eller et Jiri Sekac à Pacioretty, d’autres parlaient à tout le moins de remplacer Desharnais par Plekanec. D’autres encore rêvaient depuis au moins l’an dernier qu’on place enfin Galchenyuk aux commandes de ce fameux « premier trio ».

À toutes ces personnes il faudrait demander : pensez-vous une seule seconde que Therrien n’avait pas un plan?

Pensez-vous un seul instant que ce plan général n’est pas établi depuis des lunes en collaboration avec Marc Bergevin?

Il ne peut pas tasser un vétéran qui a chèrement gagné ses galons, pour un oui ou pour un non, sans créer des remous importants et risquer de perdre une partie de son vestiaire.

Therrien est là pour appliquer le plan au bon moment, de la bonne façon et surtout pour les bonnes raisons.

Il faut que le vétéran peine à produire sur une assez longue période.

Il faut que l’équipe ait du mal à gagner à cause, entre autres, d’un manque de production récurrent de ce même vétéran.

Souvent, ça prend aussi une petite blessure dans le décor pour mieux pouvoir justifier la promotion de l’un et la rétrogradation de l’autre.

Et, surtout ça prend un joueur dont tout le monde, incluant sa « victime », reconnaît la supériorité générale.

Contrairement à ce qu’allaient jusqu’à souhaiter certains sur des bases, disons, volatiles, on n’allait pas tasser Desharnais pour faire jouer Pacioretty avec Plekanec ou Eller. Pourquoi priver ton meilleur marqueur de celui qui a été son meilleur passeur chez les pros?

Ça en prend un qui, clairement, peut lui être offensivement supérieur à tous points de vue.

Il fallait faire ce changement planifié dont on parle depuis belle lurette lorsque les circonstances favorables allaient se présenter, et ça semble être maintenant.

Ça semble. Pour l’instant.

Or, on peut dire que le plan de développement entourant le 3e choix au total, et jusqu’ici meilleur joueur de l’encan 2012, va plutôt comme prévu.

S’il n’a pas trop progressé l’an dernier, du moins quantitativement, Galchenyuk a néanmoins muri un peu. Cette année, il est arrivé, plus gros, plus fort, plus en forme, plus mature physiquement et mentalement. On commence à peine à le voir éclore sous nous yeux.

Il nous avait montré de belles choses à l’aile depuis le début de la saison, mais ne nous avait encore jamais rien montré de tellement concluant au centre. Cette fois-ci ça pourrait être différent.

Concluant contre les Canucks, beaucoup moins contre les puissants Kings, on va se laisser encore du temps pour juger.

Une « bénédiction »
À ne pas s’y méprendre : Galchenyuk, comme Subban et Price, possède l’étoffe pour s’affirmer à terme parmi les grands joueurs de l’histoire du CH.

Dans les trois cas, on va se garder une petite gêne avant de les comparer aux Béliveau, Robinson et Roy mais pour l’instant, leurs prouesses les classent tous parmi les meilleurs de leur profession dans leur groupe d’âge.

Ce n’est pas pour rien que Desharnais, le premier à « écoper » de la promotion prévue et attendue de Galchenyuk, parle de ce dernier comme d’un joueur « exceptionnel ».

C’est exact. C’est absolument exceptionnel de jouer et de performer aussi bien dans la LNH à 18, 19 et 20 ans. Dans cette « ligue de jeunes » pas même 5% des joueurs de la LNH peuvent le faire.

Repêcher Galchenyuk au 3e rang en 2012 comptera probablement parmi les très grandes « bénédictions » des 45 dernières années dans l’univers du CH.

En attaque, à mon humble avis de mi-trentenaire, c’est probablement le plus beau potentiel repêché depuis Lafleur, que j’ai surtout vu jouer à son meilleur en faits saillants, « en reprise » et en DVD…

Bon, il y a bien eu quelques saisons magiques de 50 buts de Stéphane Richer que j’ai pu admirer à son zénith et qu’on passe malheureusement trop souvent sous silence…

Mais, dans la LNH plus compétitive et exigeante d’aujourd’hui, se voir confier un aussi grand rôle à 20 ans place Galchenyuk devant Richer.

Un test jusqu’au retour d’Eller
Les paroles de Michel Therrien suite à la victoire contre Vancouver, à l’effet que Galchenyuk ait enfin réussi à jouer « son  » match en tant que joueur de centre, ajoutant qu’il était prêt à vivre avec les erreurs de sa jeune vedette, laissent croire que le séjour de Chucky au centre pourrait être permanent.

Mais rappelons-nous le bon vieux cliché : tout peut si rapidement changer au hockey! Quelques performances couci-couça de Galchenyuk, jumelées à un Desharnais qui reprend du poil de la bête (comme hier…) et à un Eller qui ne veut pas laisser sa place et hop, des petites choses seront rapidement remises en question dans le plan, du moins pour cette année.

La réponse est dans les mains du principal intéressé.

Que faire avec Desharnais?
Advenant que Galchenyuk conserve son poste au centre de Pacioretty suite au retour d’Eller, qu’adviendra-t-il de David Desharnais?

Avant de tomber dans de multiples scénarios d’échanges – on y reviendra – il faut examiner d’autres avenues.

1) Placer Desharnais entre Eller et Parenteau. À vue de nez, c’est un troisième trio plus que potable. On parle d’une unité de trois vétérans qui, normalement, sur une troisième ligne, seraient capables de s’en tirer admirablement, autant offensivement que défensivement.

2) Essayer Desharnais à l’aile sur ce même trio. Je ne suis pas certain que ça lui plairait au début, mais qui sait comment il pourrait s’acclimater à cette position. Peut-être qu’il lancerait plus souvent au filet. Peut-être qu’il pourrait davantage se concentrer sur ses forces à l’attaque. En tout cas, l’accélération sur patins est une grande qualité pour jouer à l’aile dans la LNH et Desharnais en possède une excellente.

3) Dépendant des résultats et de la chimie, placer Desharnais ou Eller au centre du 4e trio. Ce ne serait probablement pas le plan A et je ne suis pas sûr que l’on veuille « tasser » Malhotra et « sortir » Eller ou Desharnais du top 9, mais si jamais les autres idées avortaient et si on veut jouer à quatre trios pendant une partie de l’hiver, ça demeure une avenue, peu souhaitable, mais une avenue quand même. Avec peut-être Malhotra à l’aile pour prendre une mise en jeu importante à gauche et à droite…

4) Si Charles Hudon est prêt pour le show le CH pourrait peut-être se permettre d’échanger Desharnais (plus probable qu’Eller?) afin de s’améliorer ailleurs. Ce n’est pas impossible, surtout si Hudon continue d’épater et ne donne pas le choix au CH de le rappeler le moment venu.

Mais si le CH est sérieux dans sa tentative de gagner la Coupe Stanley cette année, un peu plus qu’il ne nous l’a déjà montré l’an dernier… S’il veut à tout le moins maintenir la fenêtre ouverte, sacrifier un joueur de centre d’expérience de la trempe de Desharnais, capable de venir en relève à quiconque sur les trois premiers trios en cas de pépin, est un choix qui peut être risqué.

Il faudrait que le joueur obtenu en retour soit meilleur que lui pour que ça en vaille la peine. Il faudrait alors jumeler DD à un espoir ou un choix au repêchage pour mettre la main sur le joueur (un défenseur top 4?) tant convoité.

Un marathon…
Mais avant d’en arriver là, il peut se passer bien des choses et il faudra considérer bien des choses. On n’échange pas un marqueur de 50-60 points sur un coup de tête. Car plus ça va, plus on réalise à quel point une saison de la LNH est un marathon et que de la profondeur au centre ce n’est pas un luxe. C’est plus souvent qu’autrement une nécessité.

Dans la même veine, la venue d’un Andrighetto, l’éclosion d’un Sekac, d’un Galchenyuk, un Beaulieu qui s’établit, un Desharnais qui produit sur autre trio, sont autant de petits « boosts » d’énergie et de petits ajustements qu’une équipe requiert en cours de route pour se rendre au fil d’arrivée dans le meilleur état possible.

Desharnais, jusqu’à preuve du contraire, peut encore faire partie de la solution. Il peut encore aider le Canadien à arriver en séries fringuant.

S’il devient un problème, chercher à s’améliorer en échangeant un joueur mécontent peut aussi faire partie de la solution et donner un petit coup de « nitro » à l’équipe.

Mais, en frais de problème, pour l’instant, un Desharnais « pas content » sur un 3e trio, « y’a des affaires pires que ça dans’ vie. », comme disait le Grand Jean.

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