Marc Bergevin vit encore sa lune de miel auprès des partisans du Canadien, et ça se comprend.
L’équipe est passée du 15e rang au 2e rang de sa conférence en une seule saison.
Mais pourra-t-on se faire une idée juste de la valeur de ce club et du travail de Bergevin en nous fiant uniquement sur une saison de 48 matchs?
Non, évidemment.
Où aurait terminé le Canadien de Bergevin et Therrien après une saison de 82 matchs?
Personne ne le sait, mais le deuxième rang semblera peu plausible à plusieurs…
C’est pour ça qu’il sera difficile de tirer de grandes conclusions à partir de la saison régulière et qu’il faudra surtout évaluer l’équipe sur sa performance en séries dans un format qui est le même qu’à chaque saison.
Quelques questions estivales pour le DG…
Les caméras de CBC ont montré souvent et longuement l’équipe de gestion de Bergevin (Dudley, Carrière et Groulx étaient assis avec lui) juchée dans les hauteurs du Scotia Bank Arena dimanche soir en 3e période alors que le Tricolore se faisait massacrer, littéralement, sur la glace.
Tous avaient l’air à la fois sévère et songeur. Personne ne parlait.
J’aurais payé cher pour savoir ce que Bergevin pensait.
Était-il en train de se dire que son petit club ne peut pas gagner en essayant de jouer les gros bras?
Était-il en train de se dire que son club est tout simplement trop petit?
Essayait-il de relativiser la défaite en se disant que les Sénateurs allaient évidemment sortir très fort? Que son club est pas mal magané? Que les arbitres ont été laxistes en partant et que ç’a dégénéré? A-t-il été capable de se convaincre que c’était juste un match? Qu’on est jamais aussi mauvais qu’on le pense quand on perd?
Ou encore, pensait-il, déjà catastrophé comme bien des fans, aux contrats qu’il vient de consentir à Price et Desharnais?
Évidemment, rien n’est joué dans la série contre les Sénateurs. Si le Canadien gagne demain, la série est égale 2-2 et tous les espoirs seront à nouveau permis.
Mais même en passant au pire scénario, j’ai énormément de difficulté à croire que Bergevin prendra des décisions drastiques au sujet de Price ou Desharnais.
Price en sera à sa deuxième année d’un contrat de 6 ans. Desharnais à sa première d’un contrat de quatre saisons.
C’est dire que ces deux joueurs avaient des places de choix dans l’organigramme de Bergevin au moment de la signature de leur contrat il y a quelques mois à peine.
Même si le Canadien se faisait sortir en cinq matchs contre Ottawa et que ces deux joueurs étaient parmi les plus décevants du club, Bergevin va-t-il abandonner sur eux et chercher à les échanger au plus offrant?
Price : Ce n’est pas fini, ce n’est qu’un début?
Price a 25 ans, ce qui est encore, très jeune pour un gardien de but, n’en déplaisent aux haters…
Il est le troisième plus jeune gardien des présentes séries de la Coupe Stanley.
On souhaiterait tous qu’il soit à son meilleur en ce moment, mais statistiquement parlant, les gardiens atteignent leur peak entre 27 et 32 ans. C’est d’ailleurs très majoritairement dans ce groupe d’âge qu’on retrouve la très grande majorité des gardiens encore en action ce printemps.
Malgré de très mauvaises sorties dans les dernières semaines, je ne vois donc pas l’urgence d’appuyer sur le bouton panique dans le cas de Price.
Le hockey est un sport émotif. Il est très facile de se laisser emporter et de vouloir échanger la moitié du club au lendemain d’un cuisant revers ou d’une défaite expéditive en séries.
Je ne pense pas que Bergevin tombera dans ce piège avec son gardien.
Si jamais Bergevin en venait à échanger son gardien #1 dans un proche avenir, parions que la demande sera faite par Price qui pourrait commencer à la trouver dure à vivre à Montréal.
Un scénario connu…
Mais pariez aussi qu’avant d’en arrivez là, on risque d’essayer un autre entraîneur des gardiens, ou deux…
Desharnais : le prochain Gomez?
Dans le cas de Desharnais, les doutes se transforment de plus en plus en critiques à l’endroit du contrat que vient de lui consentir Bergevin.
Son statut est plus précaire que celui de Price. C’est un contrat moins long et moins onéreux que celui de Price. La compétition s’annonce aussi plus féroce au centre comparativement au poste de gardien de but.
Bergevin n’aime sûrement pas ce qu’il voit actuellement de la part de Deshranais, mais il doit aussi constater que son club, en plus d’être pas mal éclopé, est trop petit ou pas assez fort physiquement en général.
Diaz, Gorges, Markov, Bouillon et Weber, sont sous la moyenne en défensive. Desharnais, Gionta, Plekanec, Gallagher, Dumont sont bien en dessous de la moyenne chez les attaquants. Même White et Prust, dans les rôles qu’ils occupent, ne sont pas très gros.
Bref, ça fait trop de petit monde à gérer et on dirait qu’en séries ça rend les choses encore plus compliquées pour la Flanelle.
Bergevin sera-t-il patient avec Desharnais en se disant que les contrats de plusieurs petits joueurs arriveront à échéance très bientôt et qu’il pourra grossir sa formation à sa guise?
Sera-t-il patient à son endroit en se disant que personne ne sait dans quel état d’esprit Lars Eller reviendra au jeu l’an prochain?
Estimera-t-il que Desharnais a toujours fait preuve d’énormément de caractère dans sa carrière et qu’il saura rebondir après cette année difficile?
L’an dernier Desharnais n’avait pas l’air d’un petit joueur facile à tasser. Il avait l’air solide sur la rondelle, il était en contrôle du jeu.
À 26 ans, on va encore se garder une petite gène avant de le comparer à Scott Gomez…