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Des gagnants et des perdants sur le marché des joueurs autonomes?

C’est l’été, c’est tranquille, on relaxe et… on reçoit des demandes des lecteurs!

On nous a récemment demandé d’écrire un article sur les gagnants et les perdants du marché des joueurs autonomes.

Un classique.

Déjà que l’exercice est prématuré en juillet, il me semble que cette année c’est encore plus difficile d’y voir clair avec la qualité très moyenne des joueurs qui étaient disponibles et… qui le sont encore pour plusieurs!

Les Leafs auront-ils 71 raisons de se gratter la tête dans 3-4 ans?

Mais surtout, il me semble tout à fait impossible de déterminer les fameux « gagnants » et « perdants » avant même qu’un seul match soit joué!

C’est un peu la même chose qu’à la date limite des transactions.

Des panels et des panels d’analystes s’affairent chaque année à déterminer qui a eu le meilleur dans les heures qui suivent. Le plus souvent, sans grande originalité, ils vont déduire que ce sont les équipes ayant obtenu le ou les joueurs les plus convoités, peu importe ce qu’ils ont donné en retour.

Par exemple, en avril dernier les Rangers étaient supposés avoir frappé un coup de circuit avec l’acquisition de Ryane Clowe. Les Blue Shirts ont dû céder des choix de 2e (2013), 3e (2013) et 5e (2014) ronde pour l’obtenir des Sharks…

Résultats? Après un départ très encourageant avec sa nouvelle équipe, Clowe a subi une autre commotion cérébrale et n’a pas été en mesure d’aider son club en séries. Les Rangers ont subi l’élimination aux mains des Bruins au 2e tour.

Et Clowe est aujourd’hui un Devils…

Autres exemples du trade deadline?

Jarome Iginla.

Douglas Murray (pour 2 choix de 2e ronde!!!).

Or, à mon avis, ce sont finalement les Black Hawks qui ont eu la main la plus heureuse à la date limite des transactions. Ils ont obtenus les services du toujours solide Handzus pour un petit choix de 4e ronde.

Handzus est devenu le joueur de centre de leur 2e trio et a produit 11 points en séries en plus de faire plein de gros jeux et de « petites choses » utiles à son équipe quand la situation le commandait.

Morale de l’histoire?

Ce sont souvent des petits ajustements peu coûteux qui peuvent souvent faire une différence importante en comblant un besoin bien précis.

Et la cerise sur le sundae? Handzus a décidé de demeurer à Chicago pour une autre année en raison d’un contrat d’un an de 1 M$.

Bravo Stan Bowman!

Lecavalier, Horton, Clarkson et cie…
Maintenant, pour revenir au marché des joueurs autonomes, une analyse très précoce nous amènerait à penser que les Flyers se sont grandement améliorés avec l’arrivée des Lecavalier, Streit et Emery.

Mais de quoi auront l’air ces longues et généreuses signatures – dans le cas de Streit et Lecavalier –  si les Flyers manquent encore les séries dans les prochaines années? Si les vieillissants Lecavalier et Streit n’arrivent pas à faire la moindre différence en raison de blessures ou de perte de productivité?

Même chose pour les Leafs qui ont couvert d’or le robuste David Clarkson. Combien de saisons de 20 buts et de plus de 100 minutes de pénalité enregistra Clarkson, 29 ans, lors des 7 prochaines années?

Le DG des Leafs, Dave Nonis, l’a dit lui-même, c’est d’abord et avant tout en pensant à l’an prochain qu’il a voulu embaucher Clarkson!

Il sait déjà – ou devrait savoir –  qu’il va grossièrement surpayer l’ancien des Devils pendant peut-être 4 ou 5 années durant cette période! Un excellent article de James Mirtle du Globe and Mail en a d’ailleurs parlé.

Et, justement, que dire des Devils qui ont remplacé ce même Clarkson par Ryane Clowe?

Ils ont consenti 4,85 M$ par saison pendant 5 ANS à Clowe, un joueur qui aura 31 ans en septembre et dont on est à peu près certain qu’il devra complètement modifier son style de jeu s’il désire demeurer en santé.

Sera-t-il encore efficace dans un style plus « doux » et vaudra-t-il alors tout cet argent?

Les Blue Jackets ont eux aussi fait une petite folie estivale avec Nathan Horton en lui consentant un contrat de 7 ans à hauteur de 5,3 M$.

Ne nous trompons pas, en santé, Horton est un bon joueur.

Mais on ne parle quand même pas d’un grand joueur, ni d’un joueur en parfait état! L’ancien des Bruins et des Panthers a subi de sévères commotions ces dernières années et son corps n’est plus très jeune pour un joueur de 28 ans.

Il ne sera d’ailleurs pas remis de sa plus récente blessure à l’épaule avant novembre ou décembre…

Horton enregistra-t-il ne serait-ce qu’une seule saison de 30 buts lors des huit prochaines?

La façon la plus sûre de construire un club gagnant

Bref, je crois que l’idée lors du marché des joueurs autonomes, tout comme à la date limite des échanges, n’est pas nécessairement d’aller chercher le meilleur joueur disponible, même si le budget le permet à court terme.

Il faut regarder ses besoins précis, respecter la structure salariale de l’équipe, avoir en tête les renouvellements de contrats à venir et dresser une liste de joueurs qui entrent dans ces paramètres.

Bien sûr on ne sait jamais exactement si un joueur va se blesser ou non et quel genre de production il sera en mesure d’offrir dans les années à venir. Pour faire des omelettes, il faut casser des œufs.

Mais c’est le travail des directeurs généraux de faire les meilleures prévisions possibles en se basant sur toutes les données en leur possession.

Ces données ne sont pas justes composées de statistiques. On doit tenir compte du bilan de santé, de la courbe de progression et de régression des joueurs, de la motivation intrinsèque et extrinsèque du joueur, on doit si possible lui parler et le rencontrer.

Bref, on doit faire ses devoirs à fond.

C’est la seule façon de construire une formation gagnante à long terme tout en essayant de participer aux séries chaque saison.

Je pense que les Red Wings Ken Holland et, plus récemment, les Hawks de Stan Bowman ont fait un excellent travail de gestion de leur personnel.

On pourrait aussi inclure les Bruins de Peter Chiarelli.  

Ils ont été en mesure ou ont eu la chance de repêcher des joueurs extraordinaires, puis ils ont su garder les bons et aller chercher les pièces marquantes sur le marché des joueurs autonomes ou par voie de transaction sans jamais hypothéquer l’avenir de leur formation.

Et le Canadien?

On n’a pas tout l’espace ici pour analyser en détail le travail de Bergevin depuis son arrivée. De toute façon, il est presque encore trop tôt pour le faire. Mais son style et son plan ressemble davantage à ceux des Bruins, des Red Wings et des Hawks qu’à celui des Leafs et des Flyers, disons.

À première vue, les signatures de Prust, Bouillon et Armstrong ont été de bonnes signatures. Des signatures calculées, généralement positives, qui n’ont pas fait mal à l’organisation.

Celle de Brière, bien que plus risquée, ne menottera pas Bergevin pour les 5 ou 8 prochaines saisons.

Deux saisons « honnêtes » relativement en santé de Brière, quelques gros buts de sa part, et tout le monde sera content pour 4 M$ par année.

Brière est là en attendant que les jeunes Collberg, Bozon, McCarron et Hudon prennent du galon.

Il est là pour enlever un peu de pression sur Galchenyuk et Gallagher.

Et il est là pour remplacer Ryder.

Et si jamais Brière se blessait et jouait 25 matchs au total? Tant pis. Pas plus grave. Pas la fin du monde. Le Canadien va faire avec. Le sort de l’équipe ne repose pas sur lui.

Rien à comparer avec le départ de Kovalchuk pour la KHL ou un David Clarkson qui ne se battra presque plus et ne marquera probablement pas plus de 10 buts par année dans les 4 dernières années de son contrat.

Bergevin devra construire autour de Galchenyuk à l’attaque et de Subban en défensive. Ce sont les deux blocs les plus importants de sa fondation. Ce sont les Toews et Keith, les Datsyuk et Lidstrom et les Bergeron et Chara de Montréal.

Reste à voir s’il pourra RÉELLEMENT – et non pas juste théoriquement et monétairement – inclure Price dans cette fondation et voir à quel point Gallagher pourra continuer de nous surprendre, mais ça c’est un débat pour un autre jour…

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