betgrw

Chiarelli: un cauchemar nommé Barzal

Le 26 juin 2015, quelques minutes après avoir prononcé le nom de Connor McDavid, Peter Chiarelli effectue une transaction sur le plancher du repêchage. Il troque son deuxième choix de première ronde, une 16e sélection au total, ainsi qu’un choix de deuxième tour aux Islanders en retour du défenseur de 21 ans Griffin Reinhart.

On soupçonne cet échange d’améliorer les Oilers dans l’immédiat, connaissant leurs carences en défensive. Reinhart, bien qu’il stagnait à Long Island, n’en demeurait pas moins une quatrième sélection au total de l’encan de 2012, choisi devant des arrières comme Rielly, Dumba et Lindholm. Ses attributs physiques et son intelligence étaient particulièrement vantés.

Les Islanders avaient bougé avec un objectif bien défini: s’emparer de Matthew Barzal, qui a glissé de manière surprenante dans le deuxième tiers de l’encan. Le nom du jeune homme circule depuis belle lurette dans les cercles du hockey junior. Barzal fait parler de lui depuis qu’il a dominé outrageusement les rangs bantam à Burnaby, en Colombie Britannique, ce qui lui a valu d’être sélectionné au premier rang du repêchage de la WHL. Dès l’âge de 16 ans, Barzal a percé le circuit junior majeur, y produisant déjà près d’un point par match.

Pour la petite histoire, Garth Snow refilera le choix de 2e ronde inclus dans l’échange au Lightning de Tampa Bay, dans une transaction qui lui permettre de parler à nouveau au tout dernier échelon de la première ronde, cette fois pour convoquer le Québécois Anthony Beauvillier. Steve Yzerman, lui, jette son dévolu sur un certain – retenez bien son nom – Mitchell Stephens au deuxième tour.

Aujourd’hui, les carrières de Griffin Reinhart et de Matthew Barzal prennent des tangentes complètement opposées.

L’an dernier, Reinhart a rencontré toutes les misères du monde à décrocher un poste régulier au sein de la brigade défensive des Oilers, pourtant piètre. Il aura disputé 29 matchs, récoltant une passe. Rien pour aider sa cause, Chiarelli a fait l’acquisition d’Adam Larsson l’année suivante, en plus de mettre sous contrat Kris Russell. Pas de place pour Griffin Reinhart, pas même dans un rôle de soutien. Et s’il fallait se fier à sa fiche de 4 passes en 15 matchs, même son impact dans la Ligue Américaine est plutôt limité.

Barzal, lui, a fait forte impression à ses deux premiers camps professionnels chez les Islanders de New York, prenant part à deux matchs de la LNH cette saison, à 19 ans. Et il connait présentement un succès monstre en début de tournoi au championnat mondial junior. Sa façon de distribuer le disque, sa pugnacité, son dynamisme dans ses déplacements et son maniement de rondelle chirurgical le distinguent de ses compatriotes canadiens.

Tout indique que Chiarelli a levé sur le nez sur un excellent joueur, au profit d’un défenseur qui n’appartient probablement pas à la Ligue Nationale.

Toutefois, cette décision du directeur général, fraîchement nommé à la tête de l’équipe albertaine en été 2015, se justifiait par quelque chose. Dans le jargon du recrutement au hockey: le besoin. Les Oilers avaient un besoin indéniable à combler à la ligne bleue, et Barzal, aussi prometteur semblait-il, se trouvait à être un attaquant, en plus d’être quelques années plus loin de la LNH que Reinhart.

Valoriser le besoin, c’est une stratégie qu’on adore lorsqu’elle nous sourit et que les astres s’alignent idéalement, mais que l’on maudit avec d’autant plus de passion lorsqu’elle nous joue un mauvais tour.

Parlons d’ailleurs de Mitchell Stephens – qui a fini par être sélectionné avec le choix de 2e tour cédé par les Oilers aux Islanders, puis refilé au Lightning par ces derniers. L’attaquant droitier a été retenu dans la délégation des championnats mondiaux pour une deuxième année consécutive. Il est par le fait même un coéquipier de Mathew Barzal, ce qui signifie que Chiarelli a bousillé l’occasion de mettre le grappin sur deux des meilleurs athlètes junior au pays pour… un joueur de la Ligue Américaine, à toute fin pratique.

Figurez-vous que Chiarelli n’a que faire des «leçons» du passé. Du moins, elles ne font pas fléchir son audace. Le 29 juin dernier, il a échangé son attaquant étoile Taylor Hall en retour du défenseur Adam Larsson, dont le statut de joueur d’impact n’est en rien unanime. Une décision motivée par ce même désir de pallier un manque en défensive. Et pour une énième fois, Chiarelli transigeait un joueur d’impact, comme il l’avait fait avec Seguin et Kessel à Boston. On verra cette fois, si le pari rapporte.

 

PLUS DE NOUVELLES