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Beaulieu : On se calme le pompon!

Plus ça change, plus c’est pareil.

Les partisans du CH sont difficiles à battre quand vient le temps de mettre une pression immédiate sur des jeunes et à les juger durement dès leurs premiers pas chez les pros.

Si le jeu de Nathan Beaulieu soulève des questions – et c’est normal – il faut tout de même mettre les choses en perspectives.

Il faut mettre nos attentes en perspectives dans le cas de Beaulieu
Source :  hockeysfuture.com

Max Pacioretty est un choix de première ronde, 22e au total en 2007. Il a connu une arrivée modeste chez les pros. Après deux saisons, il n’était pas encore parvenu à s’établir avec le Canadien. Plusieurs le voyaient déjà comme un flop et auraient préféré David Perron, qui a percé tout de suite, lui, chez les Blues. 

Puis, la lumière apparue pour Pacioretty à son TROISIÈME séjour chez les Bulldogs, à sa TROISIÈME saison chez les pros. Une nouvelle mentalité, une confiance refaite, une chimie avec Desharnais, des points à la tonne et le tour était joué. Même la grave blessure qu’il a subit ne lui a pas fait perdre sa confiance. Pacioretty a progressé et est maintenant un ailier de premier trio.

Après une première campagne intéressante à Peoria (57 pts en 70 matchs) dans la AHL, Lars Eller, 13e au total en 2007, est échangé au Canadien. Depuis, sa progression est lente, mais elle existe. Rendu à 23 ans, à sa QUATRIÈME saison chez les pros en Amérique du Nord, Eller est-il sur le point de débloquer?  Il a semblé nous laisser des signes avant-coureurs ici et là l’an dernier.

En 2010, Jarred Tinordi a été choisi 22e au total. À 20 ans, il en est à ses premiers matchs chez les pros avec les Bulldogs. Spécialiste en défensive, il affiche un différentiel de -9 après 11 matchs. Sa lecture de jeu, sa rapidité et sa qualité d’exécution ne sont pas toujours au rendez-vous pour l’instant, mais l’attitude est irréprochable. Il joue contre les meilleurs trios adverses. Il progresse.

En 2011, le Canadien choisit Nathan Beaulieu au 17e rang. Beaulieu, 19 ans, aura 20 ans le 5 décembre prochain. Après 11 matchs chez les pros, il affiche un différentiel de -3. À titre de défenseur offensif et quart arrière principal de l’avantage numérique, il n’a qu’un seul point. Il réalise que ce qui passait et fonctionnait dans le junior ne passe et ne fonctionne plus chez les pros. Il se pose des questions. Mais même quand il fait des erreurs, il retourne sur la patinoire.

En gros, ce que tout cela nous dit, c’est que mis à part des exceptions (progression et talent supérieurs) comme Price et Subban, très rares sont les joueurs qui performeront dès leur premiers coups de patins chez les pros. Et, comme on a pu le voir avec ces deux joueurs, ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de petits hoquets par la suite…

On peut penser que pour la très grande majorité des types « projets-prometteurs » comme Higgins, Pacioretty, Eller, Leblanc A. Kostitsyn, Komisarek, Hainsey et Tinordi, les débuts chez les pros se font généralement de manière assez modeste. Ces joueurs – pourtant tous des choix respectables de premières rondes – prendront généralement de 3 à 5 ans avant d’éclore véritablement.

Beaulieu possède un talent offensif brut certain. Mais, attention, modérons nos transports dans son cas, il n’a pas autant de talent, n’est pas aussi solide physiquement et n’a pas le même tempérament que Subban qui lui était fin prêt à jouer dans la LNH à 20 ans. Subban était une exception, un gars qui avait déjà explosé avant d’atteindre les pros. Galchenyuk commence à ressembler à ça.

Adaptation et progression
Beaulieu, lui, est un bel espoir, mais pas au point de mettre une pression immense de produire sur ces épaules à ce stade-ci de sa carrière. Comme pour Pacioretty et d’autres avant lui, comme pour Tinordi, on parle plus d’un projet sur 3-4 ans, pas d’une vedette instantanée.

Depuis le début de la saison, Beaulieu fait un bon ou deux bons jeux suivis d’un ou deux mauvais. Son jeu manque d’efficacité et de constance. Jusqu’ici, je dirais que Beaulieu n’a connu que deux matchs véritablement solides. Mais à tous les matchs, il est quand même parvenu à réussir des jeux (replis et relance) que lui seul peut faire chez les défenseurs des Dogs grâce à son coup de patin.

Pour un défenseur offensif de son style, il est normal à son âge qu’il commette sa part d’erreurs et de revirements et de rater des couvertures défensives. Sans les comparer, même au sommet de son art, Scott Niedermayer causait lui aussi sa grande part de revirements. Markov également. Mais Niedermayer et Markov ont réussi à maintenir un excellent ratio bons jeux/mauvais jeux tout au long de leur carrière respective, ce qui en a fait des défenseurs efficaces et complet.

Pour améliorer son efficacité, au cours des prochains mois, Beaulieu devra mieux se préparer et se mettre à jouer avec un plus grand sentiment d’urgence afin de limiter ses erreurs. Il ne peut pas se permettre la moindre inattention et la moindre mollesse chez les pros. C’est ce qu’il est en train d’apprendre à la dure : il a été sur la glace pour 7 des 8 derniers buts de l’adversaire et a souvent été le joueur le plus responsable du but sur ces séquences.  

C’est peut-être Éric Fichaud qui a le mieux résumé cette semaine ce qui se passe avec Beaulieu : plusieurs choix de premières rondes arrivent dans la AHL en s’attendant à ce que ce soit facile. Au début, lors des premiers matchs, ils sont sur l’adrénaline d’être chez les pros et ça ne va pas si mal.

Puis, PAF! ils rentrent dans le mur lorsque l’adrénaline retombe et qu’ils constatent comment la marche est haute avec le junior, comment les matchs sont intenses, comment la pression de produire est plus forte et comment la saison leur rentre peu à peu dans le corps.

Je prédis que Beaulieu va débloquer d’ici janvier, une fois qu’il aura compris un peu plus ce qu’est la AHL et ce que ça prend pour survivre et performer chez les pros. Dans son cas – pas le plus sérieux d’entre tous les joueurs – il part de loin.

L’important, particulièrement pour ce type de joueur « projet-prometteur » de milieu de première ronde, c’est l’adaptation et la progression chez les pros. C’est la seule chose qui compte au début.

Les erreurs vont diminuer et les statistiques vont venir avec le temps et l’expérience.

S’il n’y a aucun progrès après les Fêtes, on agitera un premier petit drapeau rouge, mais pas avant. Pas à 19 ans!

On va se garder une petite gêne pour une fois… En espérant que le principal intéressé mettra toute la gomme dans les prochaines semaines!

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