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Arthur Kaliyev, le mouton noir du repêchage

« Kaliyev ou Lavoie, je pleure si le Canadien prononce le nom d’un des deux. »

Ce genre de tweet impliquant l’espoir Arthur Kaliyev, disponible au prochain repêchage, est monnaie courante présentement sur Twitter. Et ces tweets ne sont pas expédiés que par les fervents du CH…

En ce moment, Kaliyev est visé par l’aversion des partisans des quatre coins de la LNH. On croirait voir une bande d’Harry Potter, choixpeau en vue, effrayés à l’idée d’être sélectionnés par Serpentard.

À priori, c’est plutôt difficile à comprendre. Tout d’abord parce que l’Américain a amassé 51 buts et autant de mentions d’assistance en 67 parties.

Steve Kourianos du site The Draft Analyst qualifie son tir « du plus mortel » de l’encan. Le consensus abonde en ce sens: Kaliyev possède un des meilleurs tirs du repêchage, si ce n’est pas LE meilleur tir.

Il n’est pas non plus petit (6 pieds 2, 185 livres) ni vieux comparé aux autres de sa classe, lui qui n’aura que 17 ans au moment d’être sélectionné par une équipe de la LNH.

Malgré cela, on retrouve son nom au 11ième rang de la Centrale de recrutement de la LNH, au 13ième du classement de Bob McKenzie, au 17ième de McKeen’s Hockey, au 25ième par Dobber Prospects et au 31ième d’ISS Hockey.

L’un de vos chroniqueurs favoris, étoile montante et super tête de hockey va même jusqu’à dire qu’il ne le sélectionnerait pas avant le deuxième ronde.

Alors, il est où le fameux problème?

Je vous laisse Dave Matsos, qui l’entraine au sein des Bulldogs d’Hamilton, vous expliquer.

Son jeu en zone offensive est incroyable. Nous essayons maintenant de le faire jouer de la même manière en zone neutre et en zone défensive, et il collabore. Il commence à faire des mises en échec, bloquer des tirs, à tuer des punitions… il fait tellement de choses incroyables.

En parcourant ces lignes, n’oubliez pas un détail important: comme une mère à l’égard de son enfant, les entraîneurs ne tarissent pas d’éloges lorsqu’il est question de leurs joueurs. Par contre, ils les critiquent de manière beaucoup plus calculée…

Lors de cette entrevue accordée au Hockey News en février dernier, Matsos explique carrément que pendant une grande partie de la saison, Kaliyev n’était tout simplement pas impliqué sur la patinoire, ormis en zone offensive. De quoi donner la nausée à un entraîneur de la LNH…

On peut lire à gauche et à droite sur Kaliyev qu’on ne le voit pas au cours d’un match, à l’issu duquel il peut tout de même avoir amassé quelques points. Forcément, c’est étrange, et surtout inquiétant.

Des comparaisons avantageuses

Ceci dit, Kaliyev n’était pas flanqué d’un fabricant de jeu de renom au cours de la dernière saison. Il faut aussi savoir que sa production correspond normalement à celle d’un futur joueur appartenant à l’élite de la LNH.

Pour l’exercice, je me suis amusé à recenser les joueurs de la OHL à avoir connu des saisons pré-repêchage aussi dominantes que Kaliyev.

Pour être choisis, les joueurs en question devaient avoir été sélectionnés à leur première année d’admissibilité au repêchage, avoir marqué 50 buts, 100 points ou amassé des points à un rythme égal ou supérieur à 1,5 par match lors d’une saison de plus de trente parties.

Depuis l’encan de 2005, 19 joueurs ont su satisfaire ces critères.

Leur rang moyen de repêchage? 8,4.

En fait, du lot, il y a trois joueurs à ne pas avoir été sélectionnés parmi les douze premiers:, Brett MacLean, Alex DeBrincat et Robby Fabbri.

En termes de buts inscrits par match, il n’y a que Fabbri qui a dépassé Kaliyev lors de son année de repêchage, à connaitre des succès mitigés dans la LNH. Et plusieurs disent que Fabbri dominerait si ce n’était des blessures…

 

En amassant 1,52 point par partie, Kaliyev se retrouve également au sein d’une liste de patineurs d’exception.

Sam Gagner ne connait pas les meilleurs moments de sa carrière, Sam Bennett et Ryan Strome déçoivent, mais sinon, il n’ a que des joueurs de premières unités qui se glissent dans le classement devant Kaliyev.

Alors, que doit faire le CH? 

Bien entendu, les statistiques ne sont pas foi de tout. Ce n’est pas parce qu’historiquement, les joueurs qui amassent autant de points excellent dans la LNH que Trevor Timmins doit absolument sélectionner Kaliyev. L’équipe de recrutement du Tricolore devra se fier sur ses séances de dépistage, évaluer les autres joueurs disponibles… et tenir en compte ses entrevues passées avec Kaliyev.

Parce que forcément, si Kaliyev souhaite s’intégrer au système de jeu de la Flanelle, ses habitudes devront changer. Et drastiquement.

Malheureusement, ce n’est pas le type de transformation miracle à laquelle on assiste souvent dans le monde du hockey. Comme Marc Bergevin construit son équipe autour de l’attitude, du caractère, de l’éthique de travail, une sélection du genre serait surprenante.

Reste que le dilemme demeure existant: en ne pilant pas sur ses standards d’implication, l’équipe pourrait avoir de la difficulté à trouver un joueur possédant un talent exceptionnel à son rang de sélection. Genre de joueur qui risque de manquer à cette équipe pour passer à la prochaine étape.

Au moment de l’annonce du quinzième rang, les joueurs (presque) parfaits ont disparu des estrades de l’aréna, serré des mains, enfilé un chandail et une casquette…

Au quinzième rang, les compromis ne sont pas optionnels. Reste à voir si le CH prisera une valeur sûre ou un risque, comme Arthur Kaliyev…

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