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2018 : l’année de la rédemption pour Bergevin

Bien peu de monde donnait cher de la peau de Marc Bergevin à la fin de la dernière saison. Au terme d’une campagne désastreuse à tous les plans, le bilan final de l’organisation, où l’on avait martelé le mot « attitude » environ 82 fois, en avait fait tiquer plus d’un.

Sept mois plus tard, on admettra que l’attitude était fort probablement un problème central. À ce titre, les échanges impliquant Pacioretty et Galchenyuk ont à eux seuls soulagé une bonne partie du mal qui rongeait l’équipe.

On notera au passage à quel point Drouin est déjà un bien meilleur ailier gauche que Pacioretty, que Tatar lui est aussi supérieur à bien des égards, que Byron n’a pas grand-chose à lui envier et que, dans l’ensemble, Pacioretty n’a pas été tellement difficile à remplacer, autant le « buteur » que le « leader ».

Ah oui, il y a aussi un certain Nick Suzuki et un choix de deuxième ronde dans cette histoire. Tout cela pourrait devenir un vol de grand chemin…

Du côté de Galchenyuk, en jouant pour l’instant comme un centre numéro tout à fait légitime depuis son arrivée, Domi nous l’a déjà fait oublier. On se demande encore pourquoi tant de personnes disaient que le CH avaient perdu au change côté talent. Domi fait pratiquement tout mieux que Galchenyuk sur une patinoire, autant au niveau technique que tactique. Le talent d’un joueur de hockey ne se limite pas à lancer des rondelles dans la lucarne une fois de temps en temps, ça commence par la compréhension du jeu…

Bergevin a-t-il subtilement acquis un premier centre (correct et heureux!) après toutes ces années à dire qu’il n’y en avait pas sur le marché?
(Crédit: YouTube (capture d’écran))

Un DG actif et allumé

À ces deux spectaculaires échanges qui ont redonné de l’élan à Bergevin et à toute l’organisation, s’ajoute un paquet de décisions pour la plupart fort avisées qui ont consolidé la superbe année 2018 du directeur général du Canadien qui, pour être plus précis, a peut-être commencé le 14 novembre 2017 par l’acquisition de Niemi, un second gardien qui inspire confiance.

Voici les autres décisions qu’il vaut la peine de souligner :

– Acquisition des jeunes entraîneurs Bouchard, Ducharme, Richardson et Burrows

– Échange de Plekanec aux Leafs en retour de Valiev, Rychel et d’un choix de deuxième ronde en 2018 devenu Jacob Olofsson que l’on estime déjà assez prometteur.

– L’acquisition de Joel Armia, Steve Mason (pour racheter son contrat) ainsi que des choix de 4e ronde en 2020 et de 7e ronde en 2019 en retour de Simon Bourque.

– Signature de Xavier Ouellet

– Acquisition du défenseur gaucher Brett Kulak en retour des AHLers Valiev et Taormina. Sans nous renverser, Kulak montre tout de même de belles choses jusqu’ici à Laval et Montréal.

– Signature de Kenny Agostino (choisi par les Penguins sept rangs devant un certain Brendan Gallagher en 2010). Agostino, un ancien champion marqueur de la AHL, se tire plutôt bien d’affaire.

– Acquisition d’un défenseur gaucher au potentiel intriguant, Gustav Olofsson, malheureusement blessé à l’épaule en ce moment, en retour de Will Bitten.

– Signature des défenseurs tchèques gauchers David Sklenicka et Michal Moravcik, ce dernier plutôt costaud ajoute de la profondeur et s’adapte plutôt bien au style nord-américain. Pas sûr qu’il ferait pire que Karl Alzner…

Bref, le DG du CH n’a pas chômé. Il est en quelque sorte l’acteur principal du redressement rapide de l’organisation. Ne lui reste pour l’instant qu’à trouver un ou des défenseurs gauchers d’impact…

Mais sans rien enlever au mérite de Bergevin, le département du recrutement n’est pas en reste. il contribue lui aussi directement  à cette nouvelle vague d’optimisme qui frappe les partisans.

Un repêchage encourageant, mais demeurons réalistes

Plusieurs se sont montrés très satisfaits du repêchage du Tricolore en juin dernier. Certains ont même crié au génie.

Mais n’oublions jamais que si Bergevin s’était entendu avec Markov et Radulov, le CH n’aurait jamais eu la chance de repêcher Jesperi Kotkaniemi. Un mal ou deux pour un très, très grand bien.

Kotkaniemi montre tous les signes d’un coup de circuit et on ose à peine imaginer le joueur qu’il sera une fois à maturité d’ici 2-3 ans.  Avec ce qu’on a déjà pu voir de lui, une projection qui le situerait près des Barkov, Toews, Kopitar et autres Draisaitl de ce monde ne semblerait en rien farfelue à ce stade-ci.

Même si à lui seul, Kotkaniemi fait déjà de ce repêchage un succès quasi assuré et instantané, il faut cependant se méfier du reste de la récolte de 2018 où Timmins et sa bande ont surtout voulu renflouer la ligne de centre de l’organisation.

À titre d’exemple, on s’attendait à de grandes choses du repêchage de 2013 et pourtant…

Même Trevor Timmins lui-même s’est récemment dit déçu de plusieurs joueurs de cette populeuse cuvée. Il ne faut peut-être jamais dire jamais avec d’aussi jeunes espoirs, mais avouons que les Cameron Hillis, Allan McShane, Cole Fonstad, Jack Gorniak (ailier gauche), Samuel Houde semblent davantage être destinés aux ligues mineures et à l’Europe qu’à un poste à Montréal.

En fait depuis leur repêchage, mis à part KK, les cinq autres joueurs à montrer des signes encourageants sont Jesse Ylonen (2e rd, 35e au total), Alexander Romanov (2e rd, 38e au total), Jacob Olofsson (centre, 2e rd, 56e au total), le défenseur gaucher Jordan Harris (3 rd, 71e au total) et Brett Stapley (centre, 7e rd, 190e au total).

Les trois premiers jouent respectivement dans des ligues professionnelles en Finlande (SM-liiga), Russie (KHL) et en Suède (SweHL) et présentent jusqu’ici des statistiques « honnêtes » pour des joueurs de leur âge.

On s’attend à voir Ylonen et Olofsson représenter la Finlande et la Suède le mois prochain à Vancouver au CMJ.

De son côté, Romanov n’a peut-être aucun point en 20 matchs dans la KHL mais son différentiel s’élève à un confortable plus-10. Il a aussi été très impressionnant dans la récente tournée préparatoire de l’équipe nationale junior Russe. Je ne vois pas comment on pourrait écarter ce solide gaillard de la « brigade à Poutine » lors du prochain CMJ.

 

Le robuste Romanov en action.
(Crédit: YouTube (capture d’écran))

De son côté, Harris se débrouille plutôt bien avec 5 points en 12 matchs à Northeastern University, tout comme Brett Stapley – probablement celui qui surprend le plus jusqu’ici – avec 12 points en en 12 matchs à l’Université de Denver.

Mais même pour ces cinq joueurs, il n’y a absolument aucune garantie pour la suite des choses. Ils devront dominer à leur niveau respectif avant qu’on ne s’enflamme dans leur cas.

Le « fab 4 » de la relève
Pour ce qui est du reste de la relève en général, on peut certainement y discerner quatre joueurs au-dessus de la moyenne : Ryan Poehling, Nick Suzuki, Josh Brook et Cayden Primeau. Les quatre devraient d’ailleurs être des acteurs importants de leur équipe respective au CMJ le mois prochain. Poehling, Suzuki et Brook devraient tous évoluer à Montréal dès l’an prochain. Une injection de talent brut qui ne se refusera pas.

Et mine de rien, en attendant, ce sont sept espoirs du CH qui seront du prochain mondial junior… Et ces même sept joueurs sont théoriquement appelés à devenir meilleurs que certains qui occupent présentement un poste avec le gros club…

La suite des choses pour Bergevin

À l’aide de quelques judicieux échanges et d’un repêchage encourageant Bergevin a donc pu dénicher pas un, mais deux, voire trois centre offensifs de haut niveau en Domi, Kotkaniemi et Suzuki. Même si l’on croit que le futur de Nick Suzuki se dessine davantage à l’aile droite, connaissez-vous un directeur général qui a su monter une ligne de centre pour plusieurs années à venir en un seul été?

En fait, pour être plus juste, il faudrait dire que Bergevin avait déjà bien préparé le terrain avec l’acquisition de Danault en février 2016 et la sélection de Poehling en 2017. On peut dire que ces gestes prennent aujourd’hui tout leur sens et que ce deux joueurs ne sont plus destinés à évoluer dans des chaises trop hautes pour eux. Imaginez, par exemple, quel luxe ce serait d’avoir un Phillip Danault sur un quatrième trio dans deux ans!

En attendant, les deux, trois prochains mois qui nous conduiront à la date limite des échanges du 25 février prochain fourniront pas mal de matière à réflexion pour l’état-major de la Flanelle.

Advenant une baisse de régime qui verrait l’équipe mettre en péril sa participation aux séries, que fera Bergevin?

La logique de son fameux retool/reset on the fly zouin-zouin la glucosamine voudrait qu’il soit vendeur et que des Hudon, Peca, Scherbak, Agostino, Schlemko, Alzner, Benn, et cie soient mis en disponibilité pour les autres GM. Qui sait, si le prix est bon, des propositions pour Shaw, Armia, Byron, Tatar, Lehkonen et qui d’autre encore pourraient aussi faire cogiter dans les bureaux montréalais… Une occasion de rajouter quelques choix au repêchage et de regarnir un peu plus les tablettes.

Mais si l’équipe se maintient dans la lentille des séries, Bergevin serait-il tenté de faire l’acquisition de défenseurs de la trempe de Muzzin ou Martinez à Los Angeles ou de certaines autres options à St-Louis comme Edmundson, comme le veulent les dernières rumeurs?

 

Jake Muzzin avait fait partie des rumeurs de transactions impliquant Pacioretty l’été dernier… À suivre!
(Crédit: Youtube (capture d’écran))

Optera-t-il plutôt pour des options encore plus structurantes et plus jeunes, à la Niku (Winnipeg) ou Hagg (Philadelphie), s’il y en a sur le marché?

À la condition que les joueurs visés ne soit pas trop vieux, il y a de la place pour du renfort du côté gauche de la défensive. Aucun membre actuel de l’organisation ne peut aspirer à un bon top 4 dans un proche avenir.

Victor Mete n’est pas Samuel Girard.

Celui qui se rapprochera le plus d’un bon top 4 est peut-être le robuste et mobile Romanov, mais on parle probablement de 2020-2021 dans son cas…

Le problème à gauche est tellement grave qu’il nuit à l’équipe entière soir après soir. Il place une pression démesurée sur les épaules des gardiens et nuit terriblement à la relance de l’attaque, occasionnant une flopée de présences frustrantes pour les attaquants à chaque rencontre.

La rondelle ne vient juste pas.

Il nuit aussi au développement optimal des jeunes Mete et Juulsen qui, dans un monde idéal, peaufineraient leur jeu à Laval.

Et, au final, tout cela risque de nuire à la sacro-sainte attitude si ça ne se règle pas.

Mettre la main sur un ou deux défenseurs de qualité, assez jeunes, ne ferait pas nécessairement perdre de vue le plan général.

Oui, le fameux plan.

Et dans ce plan-là, l’année 2018-2019 est une année tremplin, une année où le CH il se donne un nouvel élan, pas une année où il est arrivé là où il veut aller.

Mais Bergevin peut d’ores et déjà se permettre de sacrifier quelques atouts pour réparer cette brèche de façon assez durable, principalement à partir de ses forces aux ailes et du côté droit de la défensive. Pour un joueur qui en vaut la peine, il pourrait même sacrifier un choix de deuxième ronde, puisqu’il en compte deux au prochain repêchage, et qu’il en avait eu trois en juin dernier…

Le reste de la saison, avec le retour attendu de Weber, s’annonce donc fort intéressant.

Mais les années à venir le seront encore bien davantage.

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