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Mon entrevue avec Sean Ramjagsingh, le producteur de NHL 17 | En rafale

NHL 17 est officiellement en vente dans les magasins depuis minuit. Vendredi dernier, je vous ai donné un avant-goût de mon entretien de 45 minutes avec le producteur Sean Ramjagsingh. Vous pouvez lire ci-bas l’entrevue complète en format question-réponse. À noter qu’il n’est pas seulement question du nouveau jeu, mais aussi de l’avenir de NHL et ce à quoi on peut s’attendre en termes d’améliorations futures.

Quelle est la première chose qu’un joueur de NHL 16 va remarquer lorsqu’il essaiera le nouveau jeu ?

Les changements les plus flagrants seront toutes les nouvelles façons de jouer. Cette année, on a ajouté Draft Champions. Une façon rapide et amusante de bâtir une équipe en repêchant selon différents thèmes, pour ensuite affronter les équipes des autres joueurs. Les victoires permettent d’obtenir des récompenses pour un autre mode, Équipe de Rêve.

Nous avons aussi un tout nouveau mode Franchise, c’est-à-dire qu’on a ajouté un volet affaires à l’ancien « Deviens DG », en pouvant maintenant incarner un propriétaire. Si les choses ne fonctionnent pas, on peut même relocaliser l’équipe.

Ensuite, la Coupe du monde. Une nouvelle façon de jouer vraiment pertinente, sachant que le tournoi fait son entrée cette année et se dispute présentement.

Si vous êtes un joueur habitué, vous constaterez que les classiques ont été améliorés. Le mode Deviens Pro souligne désormais les moments importants de votre carrière de joueur.

Dans la Ligue de hockey EA Sports, un nouveau mécanisme de progression a été introduit. Par exemple, des patins et des amphithéâtres peuvent être déverrouillés au fil des victoires.

Dans le mode Équipe de Rêve, le concept de chimie a été complètement revampé. On peut prioriser un style de jeu en ciblant un type de joueurs en particulier durant l’assemblage de la formation.

Au-delà des façons de jouer, l’expérience sur glace a elle aussi beaucoup changé. On a focalisé sur le contrôle et l’équilibre des joueurs. Les batailles devant le filet ont été revues. Les gardiens aussi. Le jeu le long des rampes. Et pour ceux qui sont moins familiers avec le jeu, on continue de travailler sur le système d’astuces qui guide les débutants durant l’action. Tout le monde devrait avoir du plaisir !

Cette année, vous avez amené quelque chose de différent dans le processus de création du jeu : vous avez sollicité l’opinion des Game Changers, des joueurs invétérés de NHL. Quelle a été exactement leur influence durant le projet ?

Le programme a été lancé l’année dernière, en fait, pour NHL 16, mais on avait alors des Game Changers qui nous donnaient majoritairement des commentaires sur la Ligue de hockey EA Sports.

Cette année, on a élargi leur influence. Les Game Changers sont nominés par nos fans pour travailler avec nous durant la conception du jeu. On a des représentants pour plusieurs volets du jeu maintenant, que ce soit pour un mode en particulier ou même pour la présentation du jeu. Par exemple, on travaille avec quelqu’un qui campe exclusivement la position de gardien dans la Ligue de hockey EA Sports et il nous conseille pour les mécanismes de la position.

On leur demande d’abord leur avis sur les changements qu’on prévoit apporter au prochain jeu vidéo en début d’année. Ensuite, au fur et à mesure que le jeu se développe, on les amène à plusieurs reprises dans nos studios pour l’essayer et nous faire part de leurs impressions.

On a aussi un clavardage qui fonctionne 24h/7 avec les GameChangers, où ils peuvent partager les idées qui leur viennent à l’esprit. Alors c’est une interaction constante.

C’est un sujet épineux sur lequel il est difficile de s’entendre : les cotes des joueurs. Chaque année, vous recevez beaucoup de critiques quant aux cotes. J’ai lu sur EA Sports que vous avez l’opinion d’un seul recruteur professionnel de la LNH, alors que pour FIFA, on parle de centaines d’experts sollicités. Prévoyez-vous sonder plus d’experts afin d’obtenir une note finale plus précise ?

On demande à un recruteur, mais l’équipe est aussi composée de fans finis de hockey. On regarde les notes et on se demande si ça ressemble à ce à quoi qu’on peut s’attendre. Ensuite, il faut s’assurer qu’il y ait un équilibre entre les ligues. Un joueur de l’Europe ou en provenance de la LCH doit avoir des performances réalistes dans la LNH.

Puis, bon, le truc avec les cotes, c’est que c’est tellement subjectif ! Personne n’a vraiment tort, comme personne n’a forcément raison. Toutes les opinions se valent et je crois que ça engendre des débats passionnants.

Aussi, avec la pondération et la combinaison des différentes catégories (Vitesse, Défensive, Etc.), j’imagine que ça devient plus difficile d’avoir exactement la cote de joueur que l’on aurait deviné au préalable ?

Oui, exactement. On a une formule pour produire les cotes de tous les joueurs à partir de leurs notes dans les différentes catégories. On donne une pondération précise à chaque catégorie et c’est la même pour tous les joueurs.

Donc, en faisant les cotes, on ne dit jamais vraiment : tel joueur devrait avoir un 80 ou un 85, etc.

Qu’on le veuille ou non, les statistiques avancées deviennent de plus en plus importantes dans la communauté. Prévoyez-vous les ajouter éventuellement ?

Euh… Je suis d’accord, ça devient important maintenant. Certaines équipes les endossent, d’autres y voient simplement un fragment d’information parmi tant d’autres. Dans notre cas, il faudrait trouver le bon moyen de les intégrer.

Personnellement, je crois que ça pourrait être cool d’en ajouter quelques-unes à la ligue de hockey EA Sports. Comme ça, tu pourrais jouer avec ton ami et le taquiner: « Come on, man ! » (rires).

«Dude, j’ai un meilleur Corsi For% que toi ! ». Ce serait plutôt cool, hein ?

Exactement ! De bonnes conversations pourraient en découler en recherchant les différentes statistiques et en se comparant à ses amis.

Même hors ligne, à la fin de chaque saison Be A Pro, on est tous curieux de jeter un coup d’œil à toutes les statistiques de la Ligue. J’aimerais savoir qui est le meilleur joueur en possession de rondelle dans mon équipe, dans toute la ligue. Je suis sûr que la simulation résulterait de noms intéressants. Et comme vous incluez déjà les tirs, ça ne devrait pas être trop compliqué de les intégrer dans NHL 18, non ?

La formule en tant que telle ne devrait pas être difficile à créer. Le plus délicat est de les intégrer au jeu de la bonne façon, et au bon moment. Où les présente-t-on ? Entre les périodes ? À la fin d’un match ? Dans les menus ? Comment crée-t-on une expérience de jeu autour de ça pour maximiser le concept ?

Bien sûr. Puisqu’on parle, ce serait cool aussi d’avoir le nombre de chances de marquer.

Bien d’accord.

Dans d’autres jeux, comme NBA 2K, l’expérience Be a Pro est tout à fait différente. Il y a une histoire derrière le parcours de ton joueur et des cinématiques qui te font sentir impliqué en dehors de l’action. Vous avez des décisions à prendre qui influencent votre carrière, des rencontres dans le bureau du DG… Le réalisme est hallucinant ! NHL n’a pas encore atteint ce niveau avec Be A Pro, allez-vous rétrécir ce fossé dans le futur ?

Excellente question. NBA 2K le fait depuis déjà plusieurs années. FIFA s’y met cette année. Chez EA, on fait un boulot remarquable pour s’aider entre équipes de production d’un jeu à l’autre. On va donc étudier la manière dont FIFA l’a introduit avec la technologie Frostbite et commencer à partir de cela.

Vous aviez fait un pas dans cette direction avec le mode Live The Life dans NHL 14. Il y avait des questions d’entrevue après les matchs, entre autres. Des décisions à prendre. Pas de cinématiques et d’histoire vraiment, mais c’était un début. Vous avez abandonné le mode Live The Life pour revenir au classique Be a Pro. Pourquoi ne pas avoir construit là-dessus ?

La barre était vraiment haute si l’on considère ce que faisaient d’autres jeux comme NBA 2K. On ne voulait pas le faire à moitié. De plus, de NHL 14 à NHL15, on passait d’une console à l’autre et le squelette du jeu était complètement à refaire. On a décidé de prendre du recul.

Je dois vous admettre Sean que mon rêve ressemblerait à ça : être capable de marcher dans la ville, conduire sa voiture, aller acheter ses bâtons, aller à l’aréna… Simplement, vivre avec son joueur!

Haha, on va y arriver, je suis d’accord! Savez-vous quoi ? Je le répète aux gars sans cesse : j’aimerais embarquer dans ma voiture Need For Speed, conduire jusqu’à l’aréna, jouer ma saison, être éliminé des séries, et ensuite jouer à RORY GOLF durant toute la saison morte… (rires)

Commencer sa carrière Be A Pro au niveau bam tam ou midget… C’est une possibilité pour le futur ?

Est-ce que c’est possible ? Oui. Mais si tu t’intéresses aux préférences des joueurs, la majorité veut atteindre la LNH le plus vite possible… On peut le faire, mais est-ce qu’assez d’individus opteraient pour cette option de sorte que ça justifie l’investissement ? Je suis sceptique. C’est assez long comme route.

C’est une réalité qui est un peu mal comprise : l’énergie que vous mettez dans un mode de jeu ou une quelconque nouveauté, c’est de l’énergie que vous n’investissez pas dans quelque chose d’autre. Il faut faire des choix…

En effet! Je peux déjà te dire que NHL 18 va sortir en septembre prochain. Alors, présentement, on a beaucoup de temps pour prendre ce genre de décisions, mais il faut être stratégique.

Vous avez ajouté la ECHL cette année. Mais deux ligues importantes demeurent absentes : la KHL et la NCAA. Qu’en est-il ?

Chaque année, on évalue les possibilités avec les ligues. Après tout, notre objectif est d’attirer le plus de fans de hockey possible à travers le monde. Pour la NCAA, les licences avec les étudiants sont très difficiles à avoir. On ne peut même pas inclure leurs noms dans le jeu. Les partisans réclament la KHL, mais on a aussi eu des demandes pour la ligue d’Angleterre et d’autres circuits dans le monde.

Qu’est-ce qui vous empêche d’inclure la KHL ? C’est la deuxième meilleure ligue au monde, donc je suis persuadé que vous l’auriez déjà fait si c’était possible.

Il y a un contrat en place pour à peu près chaque truc que vous voyez dans le jeu. Pour qu’un contrat soit signé, il faut que deux parties s’entendent. C’est quelque chose qu’on regarde présentement, il y a des négociations qui prennent place… On va voir.

Comme on en a discuté plus tôt, amener la KHL dans le jeu est un grand investissement au détriment d’un autre. Il faut dessiner les uniformes et bâtir la structure de la ligue entre autres, ce qui demande beaucoup de travail. Il faut bien évaluer les options.

Par le passé, vous avez inclus des équipes historiques dans le jeu. Par exemple, les légendes du Canadien durant l’année du centenaire. Pourquoi pas l’Armée rouge de l’ancienne URSS ? Je lance ça comme ça…

Il n’y a pas d’association pour les joueurs retraités dans la Ligue nationale. Il faut les contacter un par un. Ça complique un peu les choses. Mais oui, on a beaucoup de demandes de la sorte chaque année relativement aux équipes.

Est-ce que le retour de la version PC est considéré ?

Oui. Comme je le dis toujours, notre but est d’attirer le plus de partisans possible. On doit prendre du recul et s’intéresser à ce genre de possibilités chaque année.

Croyez-vous vraiment qu’il y aurait une demande ?

Je dirais qu’il y en a une davantage du côté de l’Europe que de l’Amérique du Nord.

Personnellement, je trouve ça très important. Dites-moi, est-ce à cause de Michel Therrien ? Pourquoi les visages des entraîneurs ne sont pas dans le jeu ?

(rires) Même chose que pour les équipes historiques, il faut obtenir un accord de chaque entraîneur. Je crois qu’on va y arriver éventuellement.

Croyez-vous qu’être un fan de hockey est un prérequis pour un producteur de NHL ?

Assurément. Je te dirais que 95 à 98% de l’équipe impliquée dans le développement du jeu est fan de hockey. C’est très important. Nos programmeurs reviennent à la maison le soir et écoutent les matchs. Puis le lendemain au bureau, ils vous diront « Hey, j’ai vu ça. Je pourrais l’ajouter dans le jeu. » C’est ainsi qu’on se surpasse chaque année.

C’est un grand enjeu au Québec… Je crois que tu sais déjà où je veux en venir.

Oui !

Les commentateurs francophones, c’est pour quand ?

Hum. Je ne suis pas sûr… Je vais t’avouer que c’est énormément de travail. En anglais avec Doc et Eddie (NBC Sports), on a probablement de 6000 à 7000 répliques enregistrées.

Plus les années avancent, plus on met en banque des répliques. Avant Doc et Eddie, on en avait peut-être 10 000. Quand on a fait le changement, on a eu des plaintes comme quoi c’était plus répétitif, mais c’est normal. Ça prend du temps, tout reconstruire.

Sinon, tu dois trouver les bons commentateurs. Des commentateurs qui sonneraient bien dans le jeu.

Croyez-vous que le duo à RDS se débrouillerait bien ?

Oui, oui !

Mais pour revenir au travail que ça représente… Avant, on préparait des lignes de texte que les commentateurs lisaient en essayant de se mettre dans l’action. Même pour un bon acteur, ce n’est pas facile d’être naturel. Alors, maintenant on prépare des scénarios. Tarasenko marque un but du côté rapproché avec quelques minutes à jouer, donne-moi 8 répliques là-dessus. C’est plus spontané. Mais, c’est encore plus minutieux aussi.

Ce n’est pas du tout comme commenter en direct à la télévision. Alors, c’est difficile de juger.

Chaque joueur a une allure différente avec la rondelle. On peut reconnaître Alex Ovechkin qui fonce hors l’aile sans même regarder son numéro. Au soccer c’est pareil et FIFA a construit son jeu de sorte qu’on puisse remarquer, disons, l’allure de Lionel Messi lorsqu’il manie le ballon. Allez-vous ajouter cet élément d’authenticité à NHL ?

Le hockey est un sport difficile pour ça. Les mouvements se ressemblent beaucoup, même si, en théorie, ils sont différents. Avec une caméra rapprochée, tu vois qu’il y a une différence entre Tarasenko, Ovechkin et Pacioretty lorsqu’ils manient la rondelle. Mais avec la caméra du jeu, je crois que les différences seraient à peine perceptibles. Je crois qu’on pourrait réussir à distinguer les joueurs par leur coup de patin. Ça serait possible. Mais les mouvements avec le bâton ? Hum…

J’ai discuté avec beaucoup de skills coach (entraîneurs d’habiletés). Ils peuvent t’expliquer la différence entre le snapshot de Phil Kessel et les tirs d’Ovechkin et Pacioretty. Mais lorsque je parle aux joueurs, je comprends qu’ils ne sont pas en mesure vraiment de percevoir la différence durant un match. Et je suis pas mal convaincu que ce ne serait pas perceptible avec les caméras du jeu. À moins que tu décides de zoomer avec les reprises vidéo…

Il faut reconnaître les éléments qui seraient faciles à remarquer pour les joueurs. Le style du coup de patin en est un.

De quoi es-tu le plus fier en regardant le produit final?

Je dirais, avoir réussi à inclure tous ces nouveaux modes de jeu cette année. C’est de ça que je suis le plus fier en tant que producteur.

En rafale
– Partisans du Canadien, rassurez-vous: c’est à Columbus que Mike Brown poursuivra sa carrière.

– Tuomo Ruutu aura pour sa part des preuves à faire avec les Hurricanes. (Toutsurlehockey)

– Ce pourrait être le dernier tour de piste de Thornton sur la scène internationale.

– Jonathan Toews s’ouvre un peu dans une entrevue avec Sportsnet.

– Très triste nouvelle en provenance de la République Tchèque.

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