CH : La chance de recréer une dynastie?
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J'ai encore souvent en mémoire ces années sombres au tournant des années 2000 où le CH était régulièrement exclu des séries.

Je prenais ma pinte de bière avec un hot-dog choucroute au Grimoire à l'UQAM après mes cours et je regardais une équipe qui donnait tout ce qu'elle avait… mais qui n'avait justement pas grand-chose.

Koivu blessé ou malade…

Hackett et Théodore, les « vraies vedettes » de l'équipe, qui se partageaient le filet…

Feu Sergei Zholtok, premier buteur de l'équipe en 2000 avec 26 buts, Dieu ait son âme…

Rucinsky meilleur pointeur en 2000, 46 points…

Petrov à égalité avec Koivu en 2001, un gros 47 points…

Zubrus qui joue comme si le filet était dans le coin de la patinoire…

Brisebois qui fait de son mieux, mais…

Sans oublier un paquet de repêchages médiocres lors des premières rondes entre 1998 et 2002 qui auront donné des « joyaux » comme Chouinard, Buturlin, Hainsey, Marcel Hossa, Perezoghin, Komisarek, Milroy, Higgins, pour s'en tenir aux « meilleurs »…

De cette époque, seuls Théodore (44e, 1994), Markov (162e, 1998) et Plekanec (71e,  2001) sont devenus des joueurs qui auront positivement marqué l'histoire du club sur une (assez) longue période.

Ribeiro aurait pu en être un autre, et même un très bon, mais ses frasques l'ont finalement sorti de l'organisation avant qu'il ne connaisse ses meilleures années… à Dallas.

2003 à 2021…

Les ères Gainey-Gauthier et Bergevin auront donné de meilleurs moments. De belles saisons ici et là, avec un peu de magie orchestrée par Kovalev d'abord, puis Price et Subban ensuite, sans oublier d'étonnants parcours en séries en 2010 (Halak!), 2014 et 2021.

Avec des moyens plus modestes, c'est quand même beaucoup mieux que les Maple Leafs durant la même période!

Mais bon, après l'opulence des années 50-60-70, les décennies Richard, Béliveau et Lafleur, puis plusieurs éditions encore très solides menées par Patrick Roy jusqu'au milieu des années 90, le premier quart du 21e siècle a imposé une diète assez sévère aux partisans de la Flanelle si on compare ce segment avec la riche histoire de l'équipe.

Pas de Coupe Stanley depuis 32 ans…

Cela dit, je suis le premier à rappeler régulièrement l'apport important de Marc Bergevin dans la réussite que constitue déjà la reconstruction de l'équipe.

Or, malgré de petites erreurs sans trop d'incidences jusqu'ici, la culture que sont en train de consolider Molson, Gorton, Hughes et St-Louis donne franchement espoir à un grand retour vers l'excellence.

Et ça, les partisans le ressentent au Centre Bell, dans les bars et dans leurs salons.

Déjà une équipe prétendante?

Si une organisation est sérieuse dans son désir d'être prétendante pendant plusieurs années et de gagner la Coupe Stanley, la meilleure recette est de mettre en place un noyau de joueurs au-dessus de la moyenne de la ligue, idéalement dans le même groupe d'âge.

Ça se traduit très souvent par une douzaine d'individus qui ont ou auraient dû être sélectionnés dans les 15-20 premiers de leur année de repêchage, et dont plusieurs seraient même dignes du top-5. Faites le tour de tous les gagnants de la Coupe Stanley depuis l'instauration du plafond 2005 et c'est une constante.

C'est une théorie que Simon « Snake » Boisvert a popularisée depuis plusieurs années et qu'on a maintes fois reprise et revue dans nos analyses sur ce site.

Mais ce qu'est en train de mettre en place le Canadien risque fort de respecter, voire de surpasser ce modèle.

Même l'équipe actuelle – qui compte quelques vétérans et presque autant de jeunots encore tout verts- se retrouve déjà assez confortablement dans ses paramètres gagnants.

Comme me l'a inspiré l'écoute d'un podcast de Grant McCagg plus tôt cette semaine, 17 joueurs de l'équipe actuelle méritent au moins de faire partie de la conversation des 20 meilleurs joueurs de leur années de repêchage.

Gallagher (147e, 2010)
Matheson (23e, 2012), Anderson (95e, 2012)
Laine (2e, 2016), Montembeault (77e, 2015)
Suzuki (13e, 2017)
Dobson (11e, 2018)
Dach (3e, 2019), Caufield (15e, 2019), Newhook (16e, 2019)
Guhle (16e, 2020), Dobes (136e, 2020)
Bolduc (17e, 2021), Kapanen (64e, 2021)
Slafkovsky (1er, 2022), Hutson (62e, 2022)
Demidov (5e, 2024)

En fait, pas moins de six d'entre eux sont tout à fait dignes du top-5 de leur cuvée respective (Suzuki, Dobson, Caufield, Slafkovsky, Hutson et Demidov) :

Et c'est sans compter sur ces quatre lascars qui pourraient théoriquement tous rejoindre l'équipe à la fin de la saison ou très prochainement :

Reinbacher, (5e, 2023) Fowler (69e, 2023)
Hage (21e, 2024)
Zharovsky (34e, 2025)

Enfin, ce n'est pas comme si les Carrier, Evans, Xhekaj, Struble étaient des chaudrons et des boulets pour l'équipe. Ils demeurent de fort bons joueurs de la LNH! Ils ajoutent à la profondeur des ingrédients spéciaux et de l'expérience.

À une autre époque, pas si lointaine, on enviait le talent des équipes de pointe, on enviait le nombre de joueurs capables de changer le cours d'un match sur qui elles pouvaient compter, on enviait leur profondeur.

Maintenant, c'est le reste de la ligue qui commence à sérieusement envier le CH.

Bien sûr, l'équipe est encore très jeune et manque probablement encore un peu d'expérience. Mais imaginez si HuGo parvenait à rajouter un solide vétéran au poste de deuxième centre à ce groupe déjà impressionnant, un genre de Crosby pour extraire le meilleur de Demidov, par exemple…

Même s'il parle de patience et de ne rien précipiter devant les caméras, en face d'une telle occasion, on les verrait mal se tourner la tête pour regarder ailleurs.

Crosby n'est pas la seule option, mais c'est peut-être bien parce qu'il attendent la suite des choses pour lui à Pittsburgh que Hughes et Gorton prônent la patience… tout en se croisant les doigts.

Des allures de 1986…
Les gens qui approchent la cinquantaine et les plus vieux se rappelleront que lorsque les Canadiens ont remporté la Coupe en 1986, il n'y avait que deux trentenaires dans la formation, et non les moindres : Robinson et Gainey.

La moitié de l'équipe avait 25 ans et moins.

Stéphane Richer en avait 19.

Claude Lemieux et Patrick Roy, 20.

Chris Chelios, à sa deuxième saison, en avait 24.

Ça ressemble un peu au contexte actuel, non?

Ça y ressemblerait encore davantage avec un genre de Crosby pour aider St-Louis à montrer le chemin…

Sortez le popcorn… et courez les spéciaux sur les chaises pliantes

Bien sûr, il n'y a jamais rien de garanti dans le sport.

Mais, au final, si on considère 1) l'âge, la puissance et la grosseur du noyau, 2) le contexte de la hausse du plafond salarial et 3) la culture salariale, disons, plus « socialiste » de l'équipe, vous avez tout simplement là un modèle et un contexte assez uniques et favorables à une possible dynastie « moderne ».

Autrement dit, vous avez là les bases et le contexte pour prétendre à quelques titres sur une période de cinq ans à huit ans. Un peu comme les Blackhawks des années 2010.

Rien de moins.

En gros, le moment venu – et ça pourrait être plus tôt que tard –  il ne restera plus à HuGo qu'à mettre un peu plus de beurre et d'assaisonnement dans le popcorn. Un peu comme lorsque les Hawks ont mis la main sur Marian Hossa.

Enjoy the show!