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Carey Price : J.E. n’a pas pu dévoiler un gros scoop sur lui en raison des risques de poursuites

À la suite de la lecture de l’article de mon collègue Mathis Therrien sur l’entrevue d’Élizabeth Rancourt au podcast Solemn, je me suis laissé tenter à y jeter un petit coup d’oreille. De toute façon, j’avais des commissions à faire dans un gros magasin où tu dois avoir une carte de membre pour rentrer, vous voyez ce que je veux dire. Rendu quelque part entre la mozzarella et les couches pour bébé, toi-même tu sais (dixit Yannick dans « Ces soirées-là! »), je suis tombé sur un segment pas mal juteux et je me suis dis que je devais absolument vous le partager.

À la 58e minute de l’épisode, l’animatrice des matchs du Canadien à TVA Sports, fait une grosse révélation. Mais avant de vous en dire plus, je dois vous mettre les choses un peu en contexte. Ce ne sera pas long, ne paniquez pas!

Dans l’entretien, Rancourt raconte que les journalistes télé ont rarement des scoops, car ils n’ont vraiment pas beaucoup de temps pour traiter l’information. Pensez-y, que ce soit en mode scrum (mêlée de presse en français) ou en mode reportage en direct, les journalistes attitrés à la couverture de l’équipe doivent rapidement sortir les informations qu’ils recueillent. L’enregistrement du soir est diffusé le soir même.

Ça fait en sorte, selon ses propres dires, que les journalistes écrits ont habituellement plus de scoops puisqu’ils ont le temps, eux, entre la fin des matchs et la publication de leur texte, de creuser un peu plus pour dénicher des informations plus champs gauches.

Mais même à ça, les journalistes écrits sur le beat, comme on dit, n’ont pas énormément de temps non plus. Cette situation fait que certaines grosses histoires ne peuvent pas vraiment être traitées puisqu’il y a toujours de la matière dans l’immédiat à sortir après les matchs, les entraînements, les mouvements de personnel, etc.

Il n’y a pas si longtemps, nous en avons eu une très belle preuve, puisque ce ne sont pas les fameux insiders, qui sont censés être hyper branchés dans le monde du hockey, qui ont sorti le scandale de Hockey Canada. C’est un journaliste d’enquête, Rick Westhead de TSN, qui a faire le travail de terrain pour dénicher cette histoire incroyable.

Tout cela étant dit, revenons aux révélations d’Élizabeth.

Selon ce qu’elle avance dans l’épisode, la pause de Carey Price lors de la saison 2015-2016 cachait quelque chose de très gros à un point tel où le grand patron de TVA, et non juste de TVA Sports, a mandaté l’équipe de journalistes d’enquête de l’émission J.E. pour faire la lumière sur la situation. L’histoire était trop grosse et il y avait trop de secrets, il fallait creuser et personne n’était mieux placé pour le faire qu’eux. Ils ont le luxe d’avoir du temps de fouiller pendant des semaines pour monter un reportage de grande envergure et c’est ce qu’ils ont fait avec succès.

« Nous avions toutes les informations pourquoi il avait pris un step back. Ce n’était pas juste physique! » – Élizabeth Rancourt

Alors pourquoi ils ne sont pas sortis publiquement?

Simplement parce que TVA se serait fait poursuivre en justice par Carey Price s’il avait dévoilé le tout. L’animatrice, qui a beaucoup d’expérience, a évité à maintes reprises de dire ce qu’il en était même si l’équipe du podcast a tenté très fort de lui tirer les vers du nez.

En écoutant le passage, ma première pensée a été de me dire que ça devait être les problèmes d’alcool qui l’ont finalement mené à utiliser le service d’aide de l’association des joueurs pour les troubles de consommation quelques saisons plus tard. Mais plus j’y pense, moins je trouve que ça colle.

Pourquoi?

Parce que si ça avait été ça, Élizabeth Rancourt aurait très bien pu dire que c’était ce que l’enquête de J.E. avait révélé comme information puisqu’aujourd’hui, les problèmes d’alcool de Price sont publics. Ça doit donc forcément être quelque chose d’autre, mais quoi? Malheureusement, à ce niveau, je ne peux que spéculer et m’imaginer des scénarios.

Dans tous ces scénarios que je me fais dans ma tête, je me dis inévitablement que ça doit être quelque chose de plus grave que des problèmes d’alcool.

Parce que si c’était plus petit, ça aurait été dévoilé, non?

Prolongation

Dans le même élan, elle révèle que l’absence de Carey Price n’était pas uniquement en lien avec un problème caché par le gardien et le Canadien. En effet, il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien dans son métabolisme.

Un des préparateurs physiques de Price à l’époque était l’un de ses amis à elle. Par l’intermédiaire de cette personne, elle a pu découvrir que le gardien d’Anahim Lake avait un problème de récupération après l’effort.

« Pour un athlète, c’est une récupération de 95 % et lui, il n’avait que 2 % (chiffres approximatifs). Même un humain normal, tu vas marcher et tu vas avoir besoin d’une semaine pour récupérer, ça ne se peut pas! » – Élisabeth Rancourt

La source du problème a pu être trouvée grâce à des tests sanguins et Price a dû prendre des suppléments alimentaires pour contrebalancer sa condition et pouvoir revenir à la compétition.

En connaissant cette histoire, elle a pu s’entretenir avec Price en tête à tête après une mêlée de presse pour adresser le sujet. Elle révèle d’ailleurs que c’est le seul bon moment qu’elle a passé en compagnie du cerbère et durant lequel il répondait avec enthousiasme à ses questions.

À la défense de Carey, c’est rare que les journalistes posent des questions sur autre chose que l’événement du jour dans le hockey. Allez relire le bout sur les aléas du métier de journaliste plus tôt dans le texte : tout est dans tout, comme on dit! Je peux donc comprendre que ce ne soit pas l’exigence du métier qui plait le plus aux joueurs.

Cela étant dit, le fait que ce soit la seule discussion agréable que l’animatrice ait eue avec le gardien dans toutes ses années à Montréal en dit gros sur la personnalité du gars. D’après elle, Carey Price est devenu gardien parce que c’était facile pour lui et que c’était très payant et non, parce qu’il aimait ça.

Mon collègue Mathis disait dans son article que si Price n’avait pas aimé le hockey, il n’aurait pas fait face à autant de blessures et tenté aussi longtemps de revenir au jeu. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec sa lecture de la situation. Ça ne veut pas dire pour autant que ma vision est la bonne, nous avons tous le droit à notre opinion. Mais voici une histoire qui vous expliquera peut-être un peu pourquoi je ne suis pas de son avis.

Dans ma vie, j’ai croisé une fille qui était médecin. Malheureusement, ce n’était pas du tout ce qu’elle voulait faire dans la vie. Elle, elle voulait faire du théâtre. Son rêve, c’était d’être clown thérapeutique pour aider les malades à se sentir mieux moralement. Mais avec la facilité qu’elle avait à l’école, les notes et le potentiel qu’elle avait, ça aurait été un gâchis de ne pas faire sa médecine et aller aider les gens malades, physiquement. En plus, ça paie bien, c’est un métier très reconnu et valorisé dans la société, elle n’avait pas vraiment le choix, dans le fond. Aujourd’hui, elle a juste hâte à sa retraite pour faire ce qu’elle aime vraiment. Mais en attendant, même après fait un burn out et avoir parfois des crises de nerfs quand elle doit faire de l’urgence de nuit, elle retourne inlassablement soigner ses patients. Pas parce qu’elle aime ça, mais parce que nous avons tous, collectivement, besoin d’elle et de ses capacités.

Si ce qu’Élizabeth Rancourt dit sur Carey Price est vrai, j’ai l’impression que ça peut être être le même genre de sentiments qui l’ont habité durant sa carrière et qui l’ont mené à s’acharner pour revenir au jeu et tenter de gagner une Coupe Stanley. Après tout, tant qu’à avoir le potentiel d’être le meilleur au monde, pourquoi pas tenter de l’être et soulever le gros trophée au passage?

Est-ce une source de motivation suffisante pour passer par-dessus ton intérêt mitigé pour le job de gardien de but? Peut-être, mais ça, il n’y a que Carey Price qui le sait au fin fond de lui.

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