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Pas question de congédier Michel Therrien | Phil Kessel, la pièce manquante

S’il y a un piège que Marc Bergevin doit éviter cet été, c’est celui de congédier Michel Therrien.

Voyez-vous, quand l’heure est aux grandes décisions, il faut peser les risques positifs et négatifs qu’implique chacune d’elle.

Limoger un entraineur-chef apporte son lot de troubles. Ça nécessite une période d’adaptation après avoir pratiqué un même système pendant trois ans. Ça demande de tout revoir les phases de jeu et de repartir à zéro. Ça sème le doute dans l’esprit de certains joueurs appréciés par l’ancien règne. Ça ajoute une pression supplémentaire sur l’épaule des joueurs, qui tiennent à entamer le changement de culture du bon pied sous peine de voir la confiance du club s’ébranler. Pour toutes ces raisons, ce n’est pas une décision que les directeurs généraux prennent en criant ciseaux.

Le dilemme est d’évaluer où cette équipe peut se rendre en maintenant le statu quo derrière le banc.

En premier lieu, faisons le point sur Therrien en démêlant au passage tous les clichés…

Therrien est un bon entraîneur, mais il n’est pas l’un des meilleurs du circuit. Qu’importe ce qu’essaieront de vous faire gober les médias francophones, ce n’est pas grâce à son système que le CH a terminé l’année au 1er rang pour les buts alloués. Le Tricolore a…
– cédé le 14e plus haut total de tirs à l’adversaire,
– accordé le 11e plus haut total de chances de marquer à l’adversaire,
– affiché le 11e pire différentiel de tirs au but du circuit

Malgré tout, il a limité l’opposition à 2.24 buts par match en moyenne. Il montre également le plus haut pourcentage d’arrêt de la ligue, à 93.6%. Faut-il pousser l’analyse plus loin pour comprendre que Carey Price est la pièce maîtresse de la brigade défensive ?

Curieusement, le système de jeu de Michel Therrien n’a jamais été décortiqué en profondeur par un des grands médias francophones, que ce soit RDS, TVA Sports, ou encore 98,5. Il est pourtant assez simple à la base.

Therrien veille à ce que le jeu demeure le long des rampes, même quand cela va au péril de la possession de rondelle. Il demande à ce que les sorties de zone opèrent par les flancs. En entrée de zone, on prend ce que l’adversaire concède et rien de plus. Pas question de temporiser ou de patienter pour une ouverture. Il faut accélérer le jeu.

Avancez à 26:40 

« We don’t want to slow down the f*cking game, we want to speed it up ! »

La plupart du temps, c’est donc l’option d’entrée de zone par la bande qui prévaut. En territoire offensif, la stratégie est d’envoyer les rondelles au filet en périphérie et préférablement, de converger au centre seulement pour se poster devant le gardien. Si un revirement survient, les joueurs sont donc instantanément positionnés de manière à défendre et la rondelle ne risque pas de s’aventurer dans les zones chaudes.

Le positif dans tout ça, c’est que ce système, à défaut de réduire les chances de marquer de toutes sortes, limite avec efficacité les occasions de « grade A » dans l’enclave. Il force l’opposition à jouer à une cadence plus rapide qu’elle ne le désire et il tend à générer des chances de qualité en contre-attaque. Enfin, les défenseurs et les attaquants avec un processeur hockey plutôt lent arrivent à se faire justice, car les schémas de jeu proposés sont simples : sortir la rondelle le long des rampes, attaquer la zone neutre avec vitesse et finalement, entrer en zone offensive en transportant la rondelle ou en la lobant en fonction de ce qui est donné par l’autre équipe.

Le négatif, c’est qu’il inhibe la créativité offensive et perd en efficacité contre une équipe dont la vitesse est supérieure. Parfois, patienter et temporiser le jeu permet une meilleure évaluation des options et peut ouvrir des brèches. Joe Thornton et Henrik Zetterberg en sont des maîtres dans l’art.

L’entraineur du Lightning, Jon Cooper, a réduit au silence l’attaque du CH lors du match #6 en appliquant une couverture dense le long des rampes, compliquant le travail des troupiers de Therrien en sortie de zone. Aussi, le système demande une couverture défensive impeccable en zone défensive et ce pendant de longues minutes, puisqu’il n’est pas favorable à la possession de rondelle. L’échantillon de temps passé à défendre étant plus grand, la marge d’erreur est elle aussi plus grande.

En somme, il s’agit d’un système efficace pour amener au seuil de la respectabilité une équipe comptant sur un bon gardien et une bonne première paire de défense. En revanche, une pareille configuration offre un rendement de moins en moins optimal à mesure que le talent offensif des troupes s’agrandit. Si Therrien a voulu implanter une stratégie défensive, c’est donc parce qu’il estimait que son groupe d’avants n’était pas assez mature et doué pour imiter les équipes comme les Blackhawks, le Lightning ou les Stars. Et quand on regarde la ligne de centre dont il dispose, on n’a d’autres choix que de lui donner raison de le faire.

Pour évaluer l’entraineur-chef à sa juste valeur, il faut attendre de voir ce qu’il peut élaborer avec une attaque bien rodée. Les mauvaises langues diront qu’il a mis sur pied un système similaire à Pittsburgh avec une offensive du tonnerre, mais comme les joueurs, un entraineur progresse et s’ajuste au fil des ans. Le passé est plus ou moins représentatif dans les circonstances.

Ne pas congédier Therrien durant l’été ne freinera pas outre mesure la progression du club. Marc Bergevin tentera de le munir d’outils offensifs assez intéressants pour qu’ils s’assoient et qu’ils considèrent un changement tactique. La décision la plus sage est de fournir le nécessaire à Michel Therrien pour permettre à son équipe de jouer avec l’allure d’une formation d’élite et analyser les résultats après un échantillon convenable de joutes. Si le CH continue de miser abusivement sur Carey Price en ayant les munitions adéquates, il reviendra alors à Marc Bergevin de faire peau neuve derrière le banc. Si Therrien parvient à mettre sur glace une configuration tactique offensivement et défensivement efficiente, le problème est alors réglé dans le meilleur des scénarios.

Les munitions

La ligne de centre est le maillon le plus faible du club, mais elle pourra tabler sur des renforts à l’interne. Au centre, Galchenyuk est prêt à prendre les rênes de l’attaque pour le meilleur et pour le pire et McCarron et Hudon ont livré la marchandise lorsqu’ils y ont été mis à l’essai. Il faudra arrêter de nous vendre le virage jeunesse et faire des meilleurs espoirs du CH des pièces prépondérantes auxquels on confiera de grosses minutes. Cessons de dire que c’est un « processus », Chucky n’apprendra pas à devenir un pivot dominant et responsable à l’aile gauche, en s’isolant dans la périphérie. À l’aile droite, on ne sait trop si McCarron, Scherbak (dans la LNH, il sera préférable pour lui de jouer à gauche) et Thomas seront prêts à boucher les trous sur les deux premiers trios au cours des deux prochaines années et il faut dénicher quelqu’un pour mieux servir Max Pacioretty. D’où l’idée de miser tout sur… Phil Kessel !

On dira ce qu’on veut sur son attitude dans la chambre, sur ses relations avec les médias, sur son jeu défensif : tout cela demeure très subjectif. En ce qui me concerne, se départir d’un joueur talentueux dit « à problème » n’a jamais été un gage de succès… À l’heure actuelle, Peter Chiarelli n’en a plus rien à cirer des bières en trop de Tyler Seguin. Et parions que Paul Holmgren a regrette l’évaluation qu’il a faite de l’attitude de Jeff Carter … Donc, pour la corrélation « bon dans la chambre, leader utile à l’équipe », on repassera.

On se rappellera que l’ancien entraineur des Leafs, Ron Wilson, avait entaché la réputation de son ancienne vedette en janvier dernier, affirmant qu’on ne peut pas compter sur Kessel, qu’il est trop inconstant.

« You can’t rely on Phil. When he’s not playing well, he’s a hard guy to get on board and get on your side. He shows obvious signs of brilliance but Phil’s problem – it’s pretty much the way he’s been through his career – he’s two weeks on and two weeks off. » – Ron Wilson

Brian Burke, son directeur général à l’époque, était furieux lorsqu’il a eu vent de ces déclarations. Voici ce qu’a rapporté Darren Dreger à ce sujet:

On dirait bien que le pauvre Wilson a voulu sauver son honneur au détriment d’un autre. Peu importe, je ne crois pas que 21 points en 22 matchs de séries soient des chiffres que l’on accole à quelqu’un de « unreliable ».

Kessel a enfilé trois buts en quatre matchs de série à sa saison recrue, à 18 ans. Il a survécu à un cancer des testicules à très jeune âge. Il a aligné cinq saisons complètes depuis 2010-2011 en étant utilisé comme l’attaquant numéro un de son club. Mais les médias torontois préfèrent le pointer du doigt pour les déboires des Leafs, une équipe qui a peiné à effleurer le seuil de la respectabilité lors des 20 dernières campagnes.

Kessel a cumulé lors des cinq dernières années le 3e plus haut total de buts, le 6e plus haut total de points et la 4e plus grande quantité de tirs du circuit. Il l’a fait avec une équipe dysfonctionnelle et un centre moins talentueux que David Desharnais en Tyler Bozak.

Son jeu défensif ? Couci-couça. On ne se fera pas de cachettes. N’empêche que Therrien peut l’employer en conséquence en lui confiant une bonne ration de départs en zone offensive. Dans ce cas, Lars Eller et Tomas Plekanec devront faire un peu de travail de siphonnage pour aspirer les minutes dures. À vrai dire, il est encore tôt pour se prononcer sur son jeu défensif alors qu’il était attaquant dans une équipe où la défense était la plus grande faiblesse.

En se greffant au groupe d’avants du CH, Kessel deviendrait non seulement le franc-tireur le plus habile de l’équipe, mais aussi le fabricant de jeu le plus lucide. En 2013-2014, Kessel a terminé au 7e rang pour le nombre de mentions d’aide primaires, coiffant des centres de la trempe de Giroux, Tavares, Staal et Pavelski. En 2012-2013, il s’est classé 5e à ce chapitre. Rappelons qu’il est jumelé en tout temps au franchement ordinaire Tyler Bozak…

Combiné avec sa force d’accélération, ces atouts font de lui l’un des cinq attaquants le plus dangereux du circuit lorsque bien alimenté et bien entouré. Son arrivée rehausserait le niveau de production de ses coéquipiers et reléguerait d’autres attaquants dans la chaise qui leur sied. L’Américain se voudrait également une piste de solution pour l’avantage numérique. À l’exception de Max Pacioretty, Michel Therrien ne détient pas une machine à tirer pouvant menacer de tous les angles.

À 27 ans, le robuste numéro 81 pointe au sommet de sa forme. Le hic, c’est le salaire imposant qu’il commande. Son contrat lui verse 8 millions par année jusqu’en 2022, un engagement risqué dans la nouvelle réalité financière. D’autant plus que, récemment, on a vu quelques joueurs offensifs régresser dangereusement dans la trentaine, entre autres Mike Richards et Dany Heatley. Règle générale, le phénomène touche les attaquants qui ont dominé la ligue dans leurs belles années malgré un coup de patin ordinaire. La cadence de jeu et la forme physique des joueurs se sont effectivement grandement améliorées depuis le lock-out. Sachant cela, Marc Bergevin devra trouver réponse aux questions suivantes avant d’engager les pourparlers avec le futur DG des Leafs :

– Est-ce que Phil Kessel est la pièce disponible sur le marché qui colmate la plus grande brèche de son équipe ?
– Est-ce qu’il peut rentabiliser un investissement de 8 millions par année jusqu’à 34 ans et ce, sans baisse de régime considérable ?

Primo, Phil Kessel est l’attaquant le plus talentueux disponible sur le marché depuis Tyler Seguin. À 35 ans, Joe Thornton sera sur la pente descendante et il serait surprenant que les Penguins daignent transiger Evgeni Malkin. Le Canadien manque clairement de profondeur sur les deux premiers trios d’attaque. L’Américain viendrait insuffler un dynamisme nouveau à une équipe qui en a besoin.

Deuxio, la rapidité d’exécution et la vitesse de pointe constituent les forces de l’étoile des Leafs. De ce fait, on peut penser qu’il maintiendra une production dépassant les 60 points jusqu’au terme de son entente. Sans compter qu’il n’a pratiquement pas visité l’infirmerie à ce stade de sa carrière.  En temps normal, les vétérans qui perdent la touche avec l’âge conservent leur sens du hockey et leur vision du jeu. C’est la capacité de garder le plus longtemps les habiletés athlétiques à un haut niveau qui définit la courbe de régression d’un joueur. Tenant compte de ces facteurs, Kessel représente un pari moins risqué qu’on ne le croit.

Marc Bergevin a raison. Il est extrêmement difficile d’échanger pour ce calibre de joueur, mais ç’a n’est pas impossible pour autant. À lui de prendre une page du livre de Jim Nill, qui s’est offert les services de deux centres numéro un en l’espace de deux ans.

En attendant, il peut tuer le temps avec le PlayStation

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