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Une nouvelle ère défensive chez le Canadien | En rafale

Il y a une statistique, une seule donnée sacrosainte qui prime sur toutes les autres lorsqu’il est question des compétences de Claude Julien.

2.42.

Julien a été en poste dans l’état du Massachusetts depuis la saison 2007-2008. Aucune équipe de la LNH n’a accordé moins de buts par rencontre que les Bruins à partir de ce moment.

2.42 buts par match.

On a dépeint Michel Therrien et le Canadien de Montréal à tort et à travers comme une équipe défensive. La réalité est que le CH s’est fait avare de buts seulement lorsque son messie a multiplié les miracles. En bon québécois, les arrêts pô possibles. En 2014-2015, pas un match passait sans que l’on entende l’animateur s’époumoner à lancer le passionnel «QUEL ARRÊT DE CAREY PRICE!». Si bien que les lapsus défensifs tout bonnement corrigés étaient devenus la norme.

Il a fallu que Price se blesse, ou encore qu’il ne soit pas le meilleur gardien de la Ligue durant un certain temps pour que le château de carte de ce système dit «défensif» s’écroule.

Le Canadien a trop souvent concédé une tonne de tirs sur des passes transversales et des jeux dans le bas de l’enclave. Des tirs de qualité qui minent sérieusement le rendement de ses gardiens de but en fait de pourcentage d’efficacité, comme on a pu l’observer dernièrement.

Chris Boyle, un expert pour mesurer la qualité des tirs que les gardiens affrontent, analysait la situation froidement durant la saison historique de Price en 2015: «Le Canadien n’est pas une bonne équipe défensive».

Therrien et son gardien étaient-ils sur la même longueur d’onde, pendant ce temps? L’épisode du regard nous en fait douter. Comme cette fameuse phrase déplorant que l’équipe ait perdu son identité.

Plusieurs astres s’étaient donc alignés les uns après les autres pour rendre logique aux yeux de Marc Bergevin ce mouvement de personnel.

N’allez pas croire que Therrien était pour autant un mauvais entraineur. Il a conçu un système de pression sur la rondelle qui a troublé, vidé les autres équipes. En séries éliminatoires, le Lightning en 2014, puis les Sénateurs en 2015 n’ont jamais réussi à rivaliser avec la vitesse, la pace du Canadien dans les trois zones. La clé résidait dans des schémas de jeu simples, méthodiques – redondants à la rigueur. On prônait une prise de décision dépourvue d’hésitation, quasi-machinale, susceptible de procurer au Canadien des surnombres et cette «fraction de seconde» supplémentaire.

L’échec avant sous Therrien, c’était quelque chose.

Le Canadien passe à une nouvelle ère, cette fois-ci réellement défensive.

Le système de couverture territorial de Julien est fort simple: il met l’accent sur la protection de l’enclave. Le Franco-Ontatien adhère à la philosophie selon laquelle la mission de son gardien est d’arrêter les tirs en périphérie, et celle de ses joueurs est de prévenir les chances de marquer dans les zones dangereuses. Depuis 2007-2008, les Bruins de Julien n’ont pointé qu’au 18e rang en termes de lancers accordés, mais ça ne leur a pas empêché de limiter le nombre de buts comme nulle autre équipe n’a su y parvenir.

Fluto Schinzawa (Boston Globe) a décortiqué avec justesse la défensive de zone à la sauce Julien, où le centre avait de grandes responsabilités pour ce qui est de supporter la rondelle ou couper les lignes de passe à la pointe ou dans la zone dangereuse – une mission parfaite pour le génie qu’est Patrice Bergeron. Un défenseur couvre le devant du filet. Son partenaire attaque le porteur. L’ailier sur le côte de la rondelle supporte ce dernier, tout comme le centre lorsque la situation se présente. L’ailier du côté opposé à celui de la rondelle peut ajouter une couche de protection en descendant jusque dans l’enclave.

Enfin, il faudra toujours rappeler que la LNH est une ligue de copieurs et que les systèmes sont fondamentalement semblables les uns des autres à travers les équipes. Therrien a évidemment déjà employé cette formation en zone défensive, mais dans une ligue où la parité est tellement forte, Julien y apportera des subtilités et il guidera ses joueurs comme bien peu d’entraineurs savent le faire.

Avec les Bruins, ses outils étaient Chara, Carlo, Krug, McQuaid, Kevan et Colin Miller. Au sein du Canadien, il a sous la main Weber, Emelin, Petry, Markov, Beaulieu, Pateryn et Nesterov.

D’ailleurs, il sera très intéressant de suivre la progression de deux joueurs sous Julien: Alex Galchenyuk et Nathan Beaulieu.

Le jeu de Beaulieu connait une éclaircie par les temps qui courent et on sait que Jean-Jacques Daigneault croit en lui et travaille étroitement avec lui. Par le passé, Julien a donné beaucoup de temps de jeu à de jeunes défenseurs comme Brandon Carlo et Dougie Hamilton. Beaulieu a le physique de l’emploi, le coup de patin et la vision du jeu pour avoir du succès sur une base constante dans la LNH. Depuis une dizaine de matchs, il est le défenseur du CH qui appuie le plus agressivement l’attaque et génère la plus grande quantité de chances de marquer. Même Therrien, qui l’a utilisé sporadiquement et envoyé dans la passerelle plus souvent qu’à son tour, l’avait remarqué, lui qui avait agrandi ses responsabilités défensives. Jusqu’où Julien peut-il mener Beaulieu maintenant?

Rarement a-t-on vu un centre plus déboussolé en couverture défensive que Galchenyuk depuis son retour au jeu. Le 27 ne reconnait pas le bon moment pour appuyer ses défenseurs ou rester avec son homme dans l’enclave, il flotte dans sa zone sans conviction car il est confus à savoir quelle zone occuper ou quel joueur il devrait couvrir… Julien arrivera-t-il à éliminer les zones grises en territoire défensif et mettre de l’ordre dans ses idées? Ou mènera-t-il une campagne auprès de Bergevin pour obtenir un centre plus équilibré dans les deux sens de la patinoire? À noter que Julien n’était pas le plus grand fan de Spooner à Boston, pourtant un centre dynamique et bourré de talent.

Tout porte à croire que le plus grande virage du Canadien sera en défensive, mais ne vous méprenez pas, l’équipe ne marquera pas moins de buts pour autant.

En rafale
– Deux recruteurs du Canadien présents au match Islanders-Leafs.

– Curtis Lazar pourrait avoir demandé une transaction aux Sénateurs. Il a été retiré de la formation ce soir.

– Evander Kane aussi doit s’absenter ce soir, mais ce serait car il est malade.

– Apprenez à connaitre un centre dominant admissible au prochain repêchage. (TheHockeyNews) #CodyGlass

– Gallagher réagit au congédiement de son entraineur, et à l’embauche de Julien.

– Et, selon Le Tigre, Michel avait vu venir son congédiement…

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