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Le sport professionnel américain : la sauvegarde de l’éthique et l’égalité des chances

« Lesportifducanapé » a prêté sa plume à DansLesCoulisses.com… Je vous laisse avec lui !

Ayant été élevé par le soccer en Europe durant ma jeunesse et vivant au Québec depuis 5 ans, ma passion pour le sport a été démultipliée avec la possibilité de suivre régulièrement le Canadien de Montréal. Hormis le fait que j’ai appris à aimer le hockey sur glace, sport le plus complet qui puisse exister puisqu’il demande de savoir allier robustesse, équilibre, rapidité, explosivité, réaction et agilité, je me suis vite intéressé à ce qui différenciait la structure du sport nord-américain à celle du sport européen.

Il est tout de même étonnant de voir la contradiction que propose la société nord-américaine : à la fois ultra capitaliste et régie par la logique bancaire dans les sphères économiques et sociales (accès aux soins de santé, frais de scolarité, mondialisation), mais foncièrement «communiste» dans le monde du sport professionnel (entraide monétaire entre équipes ayant différents revenus, marché fermé limité à 30 équipes ne jouant aucun match avec d’autres équipes que celles de leur ligue ou de leur association).

Cette contradiction retrouve tout son sens à l’inverse dans la société européenne, où les pays ont une dimension plus traditionnellement sociale (frais de scolarité dans le domaine public bas, accès aux soins aux limites de la gratuité), mais dont le domaine sportif est gangréné par la logique de l’équipe ayant le compte en banque le plus garni, a le plus de chances d’être compétitive.

À l’exemple de l’UEFA (Union of European Football Associations), la construction d’une équipe européenne ne se fait donc pas par le flair, le scouting et l’acquisition de joueurs par le biais d’échange, mais simplement par la logique du billet de banque.

 

Ainsi, sans vouloir rentrer dans de la géopolitique profonde et sur certains financements obscurs des clubs européens, il est bon de réaliser que le sport nord-américain a su maintenir une identité à la fois pérenne et sécuritaire, tout en proposant une ligue très compétitive basée sur le mérite et sur la construction d’une équipe sur le long terme.

Le système de la Draft permet également aux équipes de se reconstruire en repêchant de jeunes joueurs. Ainsi, les équipes mauvaises repêchent de meilleurs jeunes, les équipes fortes repêchent les moins bons. En théorie (car le repêchage n’est pas une science exacte), cette pratique permettrait de faire en sorte que sur 30 ans, il y aurait 30 champions différents.

Cette logique de «sport à marché fermé» a cependant trois limites non négligeables :

– Le cap salarial qui est, en définition, l’accès à toutes les équipes d’avoir les mêmes chances de réussite, ne prend pas en compte les différents taux d’imposition appliqués dans les différentes provinces et états du Canada et des États unis, ce qui va directement faire en sorte qu’un joueur dit «mercenaire» va préférer aller dans une équipe située dans une province régie par un taux d’imposition bas.

– Un accès fermé aux jeunes joueurs, où il n’y a finalement que très peu d’élus pouvant venir jouer dans une Ligue de 30 équipes (contrairement en Europe où, grâce à la multiplication des équipes de très haut niveau, un joueur ne trouvant pas preneur en Premier League anglaise pourra se retourner vers la Liga espagnole ou la Bundesliga allemande et être payé à un salaire plus ou moins semblable).

– La logique du «passager clandestin», soit l’absence de rétrogradation en ligue inférieure pour des équipes finissant année après année dans les bas-fonds du classement et qui bénéficient ainsi des meilleurs choix au repêchage sans pour autant s’améliorer significativement l’année suivante (je pense que vous savez de quelle équipe de la LNH je parle).

En ce qui concerne le Canadien, la province du Québec étant la plus imposée du continent nord-américain, la Sainte Flanelle doit souvent surpayer un joueur pour qu’il s’y installe ou qu’il y reste. La solution serait de promouvoir à travers la LNH la prise en charge des clubs d’un pourcentage d’imposition des joueurs en fonction des taux en vigueur. Ainsi, à salaire égal à Montréal et à Tampa, le Canadien prendrait en charge de payer le pourcentage d’imposition qui diffère entre les deux villes, de sorte qu’un joueur reçoivent à la fin de l’année exactement le même montant, peu importe à quelle place il s’en va.

La deuxième solution serait d’investir encore plus dans le recrutement des scouts, du personnel de développement, etc. Le cap salarial n’étant pas pris en compte pour les salariés «bureaucrates» (assistants au Directeur Général, personnel d’entraineurs, recruteurs, …), le Canadien pourrait disposer d’un avantage significatif dans ces domaines.

Bref, sans vouloir faire la promotion de quelque sport que ce soit et malgré certaines limites, la structure du sport professionnel américain en général est beaucoup plus éthique, égalitariste, et prône la méritocratie, contrairement à certains sports européens où au final, si tu supportes un club pas très riche, les chances de le voir gagner le championnat sont aussi minces que de voir Hal Gill scorer un tour du chapeau.

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