betgrw

La Coupe du Monde à Montréal. Oui, mais à quel prix?

Depuis 2012, l’Impact gagne de la place dans le paysage médiatique montréalais, québécois et même canadien, petit à petit. Le travail à faire demeure grand, long, ardu, mais il fait bon parfois de regarder en arrière pour voir tout le chemin parcouru, tout le boulot accomplit.

Qui aurait pu dire, lorsque l’Impact a débuté son aventure en MLS, que Didier Drogba ou Alessandro Nesta feraient partie de cette équipe? Qui aurait cru que la ligue grandirait au point que de jeunes joueurs plein de talents comme Miguel Almiron, Jack Harrison, Ezequiel Barco, Diego Rossi et plusieurs autres choisiraient un jour la MLS comme tremplin vers les grandes ligues européennes? Et c’est sans compter les David Villa, Bastian Schweinsteiger et autres Sebastian Giovinco qui choisissent la MLS.

Le foot n’est pas encore au niveau où tous le voudraient, mais il progresse, lentement et sûrement. Au-delà de la MLS, ce sport qu’on qualifie depuis tellement longtemps de « sport le plus pratiqué au pays » s’installe réellement dans les habitudes des jeunes québécois, finalement.

Et voilà que d’ici 8 ans, le plus grand spectacle sportif de la planète, la grande messe du foot à travers le monde, la Coupe du Monde, pourrait s’arrêter à Montréal. L’annonce d’une candidature conjointe entre les États-Unis, le Mexique et le Canada n’est pas nouvelle, mais on a franchit une nouvelle étape cette semaine alors que Montréal fait partie des trois villes qui obtiendraient des matchs au Canada, avec Toronto et Edmonton.

Le Stade Olympique pourrait accueillir la Coupe du Monde dans 8 ans.

Je vous aurais traité de fou si vous m’aviez dit que Didier Drogba jouerait à Montréal, mais j’aurais carrément arrêter de vous parler si vous m’aviez dit que le Stade Olympique accueillerait un match de Coupe du Monde.

Le gouvernement fédéral a déjà annoncé qu’il accorderait un financement substantiel pour préparer les infrastructures à une telle visite, tout comme le gouvernement québécois et la ville de Montréal. Un match de Coupe du Monde ne peut se jouer sur du synthétique, ce qui impliquerait que soit finalement installer au Stade un toit amovible, ou carrément qu’on retire le toit.

Après un match Toronto/Montréal où encore une fois la structure déficiente du Big O a tué toute possibilité d’atmosphère, comment ne pas être encouragé par une telle promesse? À ceux qui préféreraient le voir démolit, le Stade Olympique demeure un symbole montréalais d’une époque où la ville était en expansion, où tout était possible. Il est reconnu à travers le monde, et le rénover pourrait envoyer un signal que Montréal, malgré des temps durs, redevient pertinente, demeure originale, et continue d’inspirer.

Dans 8 ans, les meilleurs joueurs au monde pourraient être à Montréal pour y jouer des matchs d’une intensité et d’une valeur indescriptible, créant des souvenirs impérissables pour toute une génération de québécois. Au-delà du stade, les rues de la ville grouilleront de partisans de tous les pays venus fêter leur équipe nationale.

Jusqu’ici, c’est une belle histoire, mais comme tout ce qui touche à la FIFA, ça se complique un peu. À la surprise d’un peu tout le monde, Vancouver et son BC Place s’est retiré de la demande au courant de la semaine dernière. Une bonne nouvelle pour Montréal considérant qu’elle s’en voit confirmer comme l’une des trois villes canadienne du trio, mais qui laisse quelques interrogations. Pourquoi Vancouver se retire d’un tel projet?

Un peu comme le Stade Olympique qui est propriété de l’organisme provincial RIO, le BC Place est sous la propriété du gouvernement de la Colombie-Britannique. Ce serait au vu des exigences de la FIFA que Vancouver s’est retiré de la demande, considérant notamment que suivre les directives demandées pourrait créer un trou financier devant être comblé par les payeurs de taxes.

Non seulement la FIFA demanderait que le synthétique (qui a récemment été rénové pour plus d’1 million de dollars au BC Place) soit remplacé par un terrain naturel, mais il faudrait également un deuxième terrain naturel prêt à être utilisé en cas de problème. Quel problèmes? Fouillez-moi. En ce sens, la FIFA demande également qu’un deuxième système électrique soit prêt et installer en cas de problème avec le système principal, ce qui serait entièrement sous la responsabilité du stade et de la ville hôte.

Le coût de la sécurité, qui avait explosé durant les Jeux Olympiques de 2010, a également fait peur aux décideurs, mais c’est surtout le fait que la FIFA, même si elle ne tient que 2 ou 3 matchs au BC Place, demandait que le stade soit entièrement à sa disposition durant les 2 mois de la Coupe du Monde et que tous les autres événements prévus soient annulés. Toute activité se tenant « à l’intérieur, à l’extérieur ou au-dessus (!) » du Stade doit obtenir l’approbation de la FIFA, rien de moins.

Est-ce que ce trophée vaut toutes les demandes irrationnelles de la FIFA?

Surtout, si on peut penser que tous ces coûts peuvent être épongés par les revenus publicitaires de télévision ou même par les revenus des billets, oubliez cela, tout va directement dans les poches de la FIFA, à quelques exceptions près. Ce n’est pas tout, puisque la FIFA demande que tous ses fournisseurs et partenaires puissent opérer en lien avec la Coupe du Monde sans avoir à payer de taxes ou même sans avoir à suivre les règles du travail instaurées au Canada.

Les fameuses retombées économiques qu’amèneraient le flux de voyageurs venant assister à des matchs peuvent en rassurer une partie, mais jusqu’à quel point?

À première vue surprenante, disons qu’on peut mieux comprendre la décision de Vancouver au Canada, mais également celle de Chicago, Phoenix et Minneapolis aux États-Unis, de dire non merci à la FIFA.

Le Stade Olympique n’aurait pas nécessairement de problème à être « réservé » durant deux mois à Montréal, et l’infrastructure pourrait bénéficier de rénovations et surtout d’une surface naturelle. C’est un investissement à long terme au niveau du Stade, mais qu’en est-il du reste?

L’exemption de taxes qui doit être accordée à la FIFA fait un peu peur et n’a pas été présenté comme tel par le gouvernement lors de l’annonce.

La FIFA rejoint les gens partout à travers le monde une fois tous les 4 ans avec un événement magnifique, mais il demeure un organisme sans scrupules qui prend tout ce dont elle a besoin le temps de sa Coupe et qui quitte ensuite le pays sans demander son reste, sans faire de suivi, sans offrir quelconque aide. Le Brésil ne s’est toujours pas remis de sa dernière Coupe du Monde…

Mais bon, tout cela demeure encore un peu hypothétique. Si les chances de Montréal d’obtenir au moins 3 matchs sont bonnes, il faut pour cela que la FIFA choisisse entre les deux candidatures qu’il reste, soit United (États-Unis/Mexique/Canada) et le Maroc.

C’est le 13 juin que la FIFA devrait faire connaître son choix, tout juste avant le début de la Coupe du Monde en Russie. Considérant que l’Afrique a reçu l’édition de 2010, le fait que c’est « au tour » de la CONCACAF pourrait aider la candidature United, mais ce ne risque pas d’être l’élément déterminant.

Les deux dernières annonces ont été mal perçues alors que c’est la Russie et le Qatar qui les ont obtenus malgré de forts soupçons de corruption. Est-ce que le choix nord-américain s’impose ainsi à la FIFA afin de rassurer, entre autres, ses commanditaires?

Ces informations nous poussent tout de même à se demander si ça en vaut la peine. En cas de dépassement de coûts, est-ce que le gouvernement fédéral contribuera ou est-ce que Montréal devra éponger le tout? Une fois le Stade Olympique rénové, quelles activités y seront organisés pour s’assurer de rentabiliser le Stade? Une fois les 2-3 matchs terminés, le Stade devra redevenir pertinent à Montréal, sans quoi ce sera peine perdue.

Est-ce que le fait de vivre cette grand messe en personne permet d’oublier les demandes un peu irrationnelles de la FIFA? Qu’en pensez-vous?

Commentez, partagez, et suivez-moi sur Twitter et Facebook.

ALLONS!

 

 

 

PLUS DE NOUVELLES