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La chute d’Alexandre le Grand

La montée de lait qu’Alexander Ovechkin a servi à ses coéquipiers sur le banc des siens, parce que ses derniers ne lui refilaient pas assez souvent la rondelle, a été suivie de son retrait du match lors de la récente dégelée subie par les Capitals aux mains des Hurricanes (5-0).

Chez les Caps, dans les derniers jours, on a invoqué toutes sortes de raisons pour justifier le retrait d’Ovechkin : problème d’équipement, inconfort, blessure et maladie.

La plus récente raison pour justifier l’absence d’Ovechkin? On parlait ce matin d’une blessure au haut du corps. Mais, il pourrait jouer ce soir…

Tout ça n’est pas sans rappeler le match final du Championnat Mondial junior de 2005 alors que l’équipe menée par Sidney Crosby avait démoli la formation russe d’Ovechkin.

Mais que s’est-il passé avec Alexander The Gr8 ?

Ce soir-là, si ma mémoire est bonne, alors que le Canada venait de sortir la Russie du match en 2e période, Ovechkin avait abdiqué invoquant une blessure au haut du corps. Puis, d’un regard livide, il avait suivi le reste du match (domination totale du Canada) en bordure de la patinoire après avoir retiré une partie de son équipement.

Un mélange de ti-bobo, de frustration, de baboune de diva et d’égo meurtri dans les deux situations, si vous voulez-mon avis.

On est loin de Bob Gainey qui tenait à jouer les finales de la Coupe Stanley avec les épaules disloquées…


Tout un début de carrière, mais depuis Vancouver 2010…

Au retour du lock-out, le début de carrière d’Ovechkin a  été rien de moins que sensationnel avec les Caps. Il a gagné presque tous les gros honneurs individuels : Calder, Hart, Art Ross, Maurice Richard, Pearson/Lindsay. Alouette.

Il marquait des buts à la tonne et s’affirmait comme un leader à sa façon par son exubérance et sa combativité.

Mais depuis, qu’est-ce qui cloche?

Il y a d’abord eu sa nomination à titre de capitaine des Caps en janvier 2010, puis les Olympiques de Vancouver le mois suivant.

Depuis, Ovechkin, « monsieur plaisir », n’est plus le même.

Son égo semble avoir été affecté à Vancouver et son titre de capitaine semble maintenant lui peser de plus en plus. 

Peut-être que toutes ces éliminations rapides au printemps où on a vu Ovechkin travailler, oui, mais travailler souvent seul et de manière individualiste, n’ont pas aidé non plus.

Peut-être aussi que les autres équipes se sont-elles ajustées et que le gros #8 est devenu prévisible.

Mais, les grands joueurs semblent toujours trouver le moyen de se démarquer et déjouer les plans de l’adversaire. Gretzky l’a fait. Lemieux aussi. Crosby, lorsqu’en santé est pratiquement impossible à neutraliser, tout comme Malkin et Datsyuk.

Ovechkin, lui, ne pas parvenir à s’adapter.

Est-ce son style de jeu « rentre dedans » qui lui est impossible à modifier?

Est-ce son environnement?

Son directeur général est pourtant celui qui a possiblement connu le meilleur été l’an dernier selon plusieurs experts. Il a complété l’échange de Varlamov en retour d’un choix de première ronde, puis il a complété les signatures à long terme de Brooks Laich et Joel Ward, ainsi que les ajouts des vétérans Vokoun et Roman Hamrlik. Tout ce beau monde venait s’ajouter à un club qui a terminé premier dans l’Est le printemps précédent.

Avec une telle formation sur papier, nombreux étaient les commentateurs qui leur donnaient la pôle position dans l’Est en début de calendrier… même la Coupe Stanley selon le Hockey News!

Les nombreux fans à Washington avaient eux aussi de grosses attentes envers leur équipe.

Puis, après un début de saison du tonnerre (7-0) il y a eu ce fameux congédiement de Bruce Boudreau alors que l’équipe avait encore une fiche respectable de 12-9-1. Depuis on parle de 17-17-4 sous Dale Hunter.

Tiens, ça me rappelle un autre scénario pas trop loin d’ici…

Peu importe.

On a beaucoup fait état des relations houleuses qu’Ovechkin entretenait avec Boudreau à la fin du règne de ce dernier. On se rappellera notamment du fameux « Fat f…» que le capitaine a proféré sur le banc des siens quelques matchs avant le congédiement de Boudreau.

Ovie a eu la tête de Boudreau et ne semble maintenant pas plus entiché par celle de Monsieur Hunter.

Il y a bien sûr la fameuse blessure de Backstrom qui nuit au Caps, mais même avant celle-ci les Caps n’avaient pas beaucoup d’élan et Ovechkin traînait déjà de la patte.

Par ailleurs, Jeff Halpern disait hier que depuis la blessure de Mike Green les Caps jouent pour seulement  .500. Mais, encore ici, ce même Green n’avait-il pas manqué la moitié de la saison l’an dernier? Son équipe s’en était assez bien tiré merci lors du calendrier régulier…

Donc, si on veut savoir ce qui cloche chez les Caps, je crois qu’il faut surtout regarder en direction du capitaine de cette équipe, un capitaine qui ne semble plus en mesure de diriger le navire.

Ovie semble avoir beaucoup de difficulté à se regarder dans le miroir et corriger ce qui cloche dans son attitude et son jeu. Il doit retrouver cette flamme, ce plaisir contagieux qui lui permettait de s’élever au-dessus de la mêlée et qui entraînait les autres dans son sillon.

Mais comment?

Il semble pour l’instant incapable de s’ajuster à la couverture de ses adversaires et incapable de réunir sa troupe. Il paraît constamment frustré comme joueur et de plus en plus embêté par son titre de capitaine qui doit répondre à toutes les questions des journalistes partout à travers la LNH.

On est à des années lumière de Crosby, mettons.

Une question, comme ça…

Et si jamais Ovechkin était sur le marché, pensez-vous que le joueur le mieux payé de la LNH susciterait beaucoup d’intérêt, lui qui empochera en moyenne 9 538 462 M$ jusqu’en 2021?

Le prendriez-vous dans votre équipe, the Gr8?

Pensez-vous qu’un échange dans une équipe où on ne ferait que lui demander de créer de l’offensive et marquer des buts pourrait le stimuler un peu et lui redonner le sourire?

Et, pourquoi pas, aimeriez-vous le voir avec un chandail de la Flanelle sur le dos?

Par exemple, est-ce que vous échangeriez Pacioretty et Price en retour d’Ovechkin et Neuwirth ou Holtby?

Considérant que Pacioretty (46) a plus de points que la superstar Ovechkin (45) cette saison, disons que je me garderais peut-être une petite gêne! D’autant plus que Pacioretty est très apprécié de tous et qu’il coute présentement six fois moins cher que la vedette des Caps!

En ce qui me concerne, peu importe l’échange qui aurait du sens sur le plan strictement hockey, je ne voudrais rien savoir d’Ovechkin à Montréal.

Je pense que ses meilleures années son déjà derrière lui avec le style de jeu qu’il pratique.

Je pense qu’il est l’antithèse du joueur d’équipe.

Je pense qu’il ne vaut plus du tout son salaire.

Je pense qu’il n’a rien d’un gagnant.

Je pense qu’il a la grosse tête.

Je pense qu’il se brûlerait à Montréal en moins de temps qu’il ne le faut pour crier « Gauthier »!

Je pense qu’en retour de Gomez… j’y songerais par contre!

Mais, surtout, ce que je pense, c’est que le gargantuesque contrat qu’il a signé en 2008 a peut-être fini par lui enlever le désir de vaincre, l’envie de se dépasser ainsi que le sentiment de fierté et d’urgence nécessaire au succès à un si haut niveau.

En d’autres mots, Ovie, comme tant d’autres, semble maintenant au-dessus de ses affaires, bien assis sur son contrat.

Tant d’autres comme qui?

Comme : Jeff Carter, Mike Richards, Scott Gomez, Mike Cammalleri, Shawn Horcoff, Rick Nash, Ville Leino, Christian Ehrhoff, Tyler Myers, Drew Doughty, Ilya Bryzgalov, Mike Komisarek, Jeff Finger, Wade Redden, Dany Heatley, Keith Ballard, Rostislav Olesz, Andrei Kostitsyn, Paul Stastny, Dustin Penner, Tomas Vanek, Drew Stafford, Brad Boyes, Alexander Semin et, tiens donc, Tomas Kaberle.

Tous des joueurs à qui les gros millions ont tôt ou tard semblé leur enlever bien de la motivation.

« Who cares? I’m making my millions anyway. »

C’est peut-être dans la nature humaine, remarquez…

Mais si c’est dans la « nature humaine » de certains individus, c’est alors à la culture organisationnelle de s’attaquer au problème.

À Pittsburgh et Détroit, on n’a pas ce genre d’attitude. On a une mentalité collective et institutionnelle de gagnant.

Il doit y avoir un lien.

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