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Jacques Villeneuve ou l’art de rentrer dans le mur

« Arrêter de faire les fainéants ». « Retournez sur les bancs d’école ».

Par ces simples petites phrase, Jacques Villeneuve a démontré qu’il avait une parfaite ignorance de la situation actuelle au Québec.

C’est pourtant simple, Jacques.

Que dire de plus? Bah, disons, 1500 mots juste ici?
Caricature : Boudrot

Les étudiants voudraient retourner en classe maintenant qu’ils ne le pourraient pas ou ne le pourraient de manière « sécuritaire » qu’en votant démocratiquement pour un retour en classe! Ce qui n’est pas exactement à l’ordre du jour au mois de juin! Et ne penses-tu pas que le gouvernement aient eu son mot à dire dans la situation actuelle?

Dans le contexte actuel, le gouvernement a suspendu les négociations et les sessions ; ces dernières jusqu’à la semaine du 13 août en vertu de la loi 78.

Et, pour votre information, M. Villeneuve, on nous dit maintenant (foi de Raymond Bachand) que les négos seront remplacées par des élections!

Et dire que ce même gouvernement nous disait il y quelques semaines à peine qu’il trouvait carrément GRO-TESQUE l’idée de lancer des élections en se servant de la crise étudiante comme enjeu principal. C’est maintenant en plein ce qu’il nous propose textuellement.

Il n’y a pas quelqu’un sur ce site qui vous disait dernièrement que ce gouvernement nous prenait pour des poissons rouges?

En voilà une autre preuve accablante…

Vite Raymond! conclu l’entente avec Tonton Bernie pour les prochains GP, ça c’est URGENT!

Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre les courses de chars. Bon, je n’ai pas grand-chose pour non plus, mais disons que c’est un intérêt que j’ai perdu depuis, paradoxalement, les beaux jours de ce même Jacques Villeneuve en F1.

J’aimais bien Villeneuve, le pilote.

En fait, c’est en Formule Indy qu’il m’avait le plus impressionné.

Je me rappellerai toujours de cette course à Cleveland qui se déroulait sur la piste de l’aéroport, une piste large comme ça, facilitant les dépassements au possible. À un moment donné, Villeneuve, dans une remontée historique, avait dépassé un autre pilote en faisant en partie monter sa voiture sur les pneus de la monture de son rival.

Spectaculaire! De la vraie bonne course comme dans le temps!

Rien contre les courses de chars, donc.

Ensuite, que la F1 rapporte des gros sous à Montréal, à ses restaurateurs, à ses bars, à ses hôtels et qu’au bout du compte elle puisse être profitable pour le Québec, tant mieux si c’est bel et bien le cas. On y met 15 M$ annuellement de nos finances publiques pour que Tonton Bernie viennent faire tourner son cirque chez nous, ce serait la moindre des choses que ce soit un investissement pour la société. On aimerait maintenant voir les chiffres…

Rien non plus, donc, sur les retombées économiques pour le Québec des courses de chars, s’il y en a.  

Du reste, que la F1 soit l’apothéose, le symbole par excellence, d’un capitalisme irresponsable, du patriarcat qui objective les femmes, que le GP ne soit pas bon pour l’environnement et quoi encore, ce sont des idées importantes que se défendent très légitimement.

Mais elles font partie d’un débat plus large dans lequel il faudrait aussi inclure d’autres sports, la musique populaire et certains films. On ne règlera, malheureusement, pas le sort de l’humanité dans cet article!

Les étudiants et autres manifestants ont profité de cette vitrine pour faire entendre leurs causes multiples. Il n’y a pas eu de débordements d’envergure, seulement des moments de tension plus grands et quelques situations fort désolantes où des policiers y sont aller un peu fort avec le dos de la main morte

Mais rien pour empêcher la tenue de l’évènement principal ou les qualifications.

Tout cela s’est donc maintenu dans un climat presque sain compte tenu des circonstance.

Et Lewis Hamilton a pu, une fois de plus, régner en monarque britannique sur Montréal dans la plus grande quiétude. Grand bien lui fasse.

Parlant des policiers, je ne serai jamais leur plus grand fan, mais il faut quand même leur donner une bonne note générale pour la fin de semaine qu’ils viennent de passer. Il y a eu quelques faux pas, du profilage politique inacceptable dans le métro et à l’entrée de l’Île Ste-Hélène (lire l’histoire des deux journalistes du Devoir), mais, dans l’ensemble, compte tenu de la situation, ils ont fait leur travail pour éviter le pire.

Qui aurait voulu être à leur place?

Jean Charest, vous savez, notre Premier ministre, a carrément, honteusement et de manière absolument irresponsable pelleté SON problème dans la cours de la police de Montréal.

Avoir été le maire de Montréal ou le chef du SPVM, je n’aurais pas été content.

C’est tout de même incroyable quand on y pense deux secondes!

Que des policiers de Montréal aient la responsabilité de faire respecter l’ordre dans leur ville, c’est normal.  Que des policiers de Montréal aient la responsabilité de SAUVER L’IMAGE de Montréal, du Québec, voire du Canada, à la face du monde, ça, ça l’est beaucoup moins!

Les Québécois ne sont pas dupes à ce point, M. Charest! 

Argenteuil vous l’a peut-être démontré hier. Un petit avertissement. Une première déffaite en 46 ans…

Bref, tout ça après maintenant 120 jours de conflit, 120 jours qui ne sont pas, sans nous rappeler, par moments, les 120 jours de Sodome d’un certain Marquis de Sade, où l’histoire s’enfonce toujours davantage dans le caca

Jacques et son ami Éric

Mais, pour revenir à notre Jacques Villeneuve, qui a « courageusement » remis les étudiants à leur place, je veux bien lui donner toute la liberté d’expression du monde. Je ne lui dirai pas de se la fermer, loin de là.

Mais par souci des facultés intellectuelles de chacun, et n’en déplaise à Éric Duhaime qui le vénérait hier dans le Journal de Montréal (vous savez le journal qui tente aujourd’hui d’apeurer les braves gens avec le méchant terroriste Amir Khadir qui a une copie de fresque historique récemment parodiée montrant Charest MORT, à ses pieds, CHEZ LUI, DANS SA MAISON, MON DIEU!), je demanderais à M. Villeneuve d’être au moins cohérent avec lui-même, d’avoir à tout le moins de la suite dans les idées et, à la limite, d’être un peu plus nuancé, comme le lui rappelait poliment Philippe Cantin de La Presse.

En passant, M. Duhaime, ce n’est pas parce qu’une soit disant écrasante majorité pense quelque chose tout bas et qu’une célébrité (also know as, « le deuxième Québécois le plus connu à travers le monde après Céline Dion »!) prend le micro pour dire tout haut cette chose que cette chose est nécessairement vraie et légitime.

Vous savez comment on appelle ce genre d’astuce rhétorique, M. Duhaime?

Un deux pour un chez McDo!

Votre médecin vous recommandrait-il de
manger deux Big Mac avec votre cerveau?

Et oui, vous y allez d’un sophisme d’appel à la majorité (au troupeau) doublé d’un sophisme d’appel à l’autorité! Bref, ce que vous dites n’a aucune valeur de vérité. C’est de la bouillie pour les chats. Du Big Mac pour l’esprit.

Appel à la majorité : Il y a des majorités, faut-il encore le rappeler, qui ont déjà placé à plusieurs reprises des dictatures meurtrières au pouvoir, il y a des majorités qui aiment les films les plus mauvais et les chansons et les émissions de télé les plus abrutissantes et il y a des majorités qui ont voté pour Charest.

Appel à l’autorité : Il  y a des célébrités comme Bono qui se prononcent tout le temps sur des enjeux politiques, il y a le Pape qui se prononce contre le port du condom dans des pays où le sida fait des ravages, il y a Barack Obama qui fait des prédictions de basketball et il y des pilotes de course qui opinent sur l’éducation.

Mais, M. Duhaime, qu’est-ce qu’on s’en branle de leurs opinions sur des sujets qui n’ont rien à voir avec leur champ d’expertise, n’est-ce pas?

Et dites-moi, M. Duhaime, ce qu’il peut bien y avoir de courageux à dire ce qu’une supposée majorité pense tout bas (alors qu’elle ne le pense pas vraiment tout bas)?

Si Jacques Villeneuve avait eu la perspicacité et l’audace de s’adresser à la fois aux étudiants, disons, en les appelant au calme et en s’adressant à leur sens des responsabilités civiles, et qu’il avait, du même souffle, osé dire qu’on n’en serait pas là si nos politiciens avaient pris leurs responsabilités à temps plutôt que de se fermer les yeux pendant les 60 premiers jours et de se mettre la tête dans le sable pour les 60 suivants, alors là, je ne dis pas, M. Duhaime, je ne dis pas.

Mais, qu’est-ce qu’il a fait M. Villeneuve, M. Duhaime?

Il a simplement frappé sur les plus petits, les plus pauvres et les plus faibles de notre société, n’en déplaisent à ceux qui pensent que les étudiants trempent tous leur IPhone dans la sangria sur des terrasses d’Outremont avant de partir s’éclater entre amis dans le Sud dans des tous inclus.

Ça fait que pour le courage on repassera, M. Duhaime, ok?

Pourtant, ce même Villeneuve qui, apparemment ne voit rien de reprochable du côté de son gouvernement dans le présent conflit, critiquait l’an dernier le système d’éducation québécois qui, disait-il, « nivelle par le bas ».

Et le système d’éducation, qui en est responsable, M. Villeneuve?

Eh oui, ce même gouvernement!

Ce gouvernement qui permet, entre autres, à des élèves déjà doubleurs de passer à l’année suivante au primaire et au secondaire même s’ils n’ont pas démontré qu’ils ont les compétences requises pour le faire! Que voulez-vous, on ne peut pas doubler deux fois, ça coûte trop cher à l’État!

Quelle source de motivation incroyable pour l’élève que de savoir qu’il n’a pas besoin de faire le moindre effort, qu’il n’a même pas à se présenter à ses examens finaux pour passer à l’étape suivante! Wow!

Alors, quand ce bon gouvernement joue les vertueux en parlant de la qualité de l’éducation et de la valeur des diplômes pour justifier la hausse des frais de scolarité universitaires, il n’est pas plus cohérent ni crédible que Jacques Villeneuve.

Tout ce que le gouvernement veut, c’est de gagner les prochaines élections en s’attaquant grotesquement aux étudiants par le biais d’une propagande minable payée de nos poches, de surcroît (+/- 200 000$ par campagne de pub x déjà 3 fois ce printemps = +/- 600 000$).

D’ailleurs, comme on a pu la voir dans des pleines pages de journaux et dans une pub télé cette fin de semaine à RDS pendant Roland-Garros et les activités entourant le GP, c’est bel et bien un gouvernement à « 50 cennes » qui fait de la petite politique à la petite journée. #haussede50cennesparjourspendant7ans

Ne sait-il pas que qu’il a eu l’heur fou la première fois qu’il nous avait parlé de son très contestable 50 sous par jour?

Question : De toute façon, quand votre propriétaire vous propose une augmentation de 50$ par mois, vous dites-vous qu’il vous en coûtera 50$ de plus par mois, soit 600$ de plus par année, ou 1,65$ par jour ou encore 0,07$ de l’heure, pour que ça paraissent moins pire?

Y’a toujours bien des limites à jouer sur les perspectives.

De nous lâcher avec les arguments de vendeurs de chars serait déjà un bon départ.

Ne tirez pas sur le messager, svp!

Enfin, je sais que ces textes à saveur politico-sportives, même s’il sont assez bien dosés entre sports et politique, soulèvent souvent les passions et c’est très bien ainsi, mais pour ceux qui aimeraient commenter sur ce texte, j’aimerais sincèrement que vous parliez des idées du texte et non pas que vous vous attaquiez à la personne de son auteur.

Je m’en suis tenu aux faits et j’ai critiqué honnêtement les idées des protagonistes de mon texte sans m’en prendre à leur personne (ok, sauf pour la caricature de Boudrot que j’ai utilisée, mais bon, c’est une caricature justement!), j’aimerais que vous fassiez de même, s’il vous plaît.

Je vous remercie.

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