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Et si c’était surtout la faute des attaquants?

Dès les premiers symptômes, j’ai soulevé dans cette chronique la possibilité d’un relâchement collectif, un genre de « syndrome » post-qualification aux séries éliminatoires.

Une réaction psychologique et physiologique normale pour tout être humain qui atteint un objectif difficile de façon un peu prématurée.

Bien des gens ont rit au départ. Pour eux, c’était clair, c’était de la faute à Price, un Price qu’ils ne finissent plus de crucifier depuis!

« Une théorie compliquée sur les comportements humains? Kossé ça? Les joueurs du CH ne sont pas des humains, se sont des machines! Au hockey, c’est le gardien qui fait la différence! »

Alouette.

Une qualification aux effets pervers
Une dizaine de jours plus tard, les explications aux déboires du Canadiens convergent pourtant toutes dans le même sens : relâchement collectif, psychologique et physiologique qui s’est traduit par un manque de concentration et d’intensité ainsi que du jeu désorganisé.

Un autre des effets secondaires graves de cette qualification hâtive, c’est que cette qualification a amené quelques joueurs à se croire meilleurs qu’ils ne le sont. Dans le lot, plusieurs attaquants…

Ce supposé « jeune leader » doit en donner plus.

Certains se sont inconsciemment mis à penser qu’ils pouvaient maintenant se permettre de jouer mollement, nonchalamment, individuellement et que tout allait fonctionner quand même.

Est-ce que Pacioretty peut se permettre d’imiter Wayne Gretzky? Hmmm, non.

Est-ce que Desharnais peut être un joueur offensif dangereux dans la LNH s’il ne joue pas avec son intensité caractéristique? Hmmm, rien qu’à voir…

Est-ce que René Bourque a suffisamment de talent pour jouer comme un joueur de talent? Poser la question…

Est-ce que Ryder a décidé de se mettre en mode économie d’énergie pour les séries, lui qui n’est probablement pas à 100%? On espère presque que ce soit ça.

Même Subban, pratiquement impeccable durant tout le calendrier, nous a montré des facettes beaucoup moins polies de son jeu depuis ce fameux match contre les Leafs. De dominant et concentré, il est passé à passablement nonchalant.

Est-ce que Price, de son côté, était prêt mentalement et techniquement à pallier aux carences défensives prévisibles de ses coéquipiers? Hmmm, apparemment non! Il a reçu 20-25 tirs de qualité allant souvent de piètre à moyenne durant toute la saison. Lui aussi s’est dit que ça allait continuer d’être facile. Erreur!

Puis, comme on le disait, il y a aussi des joueurs pour qui le relâchement a surtout été physiologique et pour qui la fatigue s’est fait beaucoup plus sentir.

Gorges, Markov et Prust sont de cette catégorie. On pourrait aussi y ajouter Plekanec et Gionta.

Dès les premières semaines de la saison, on avait évoqué le risque que courrait Therrien à faire jouer Markov plus de 22 minutes par match. Eh bien, on voit que le coach du CH commence à payer pour s’être entêté à utiliser son vétéran de cette façon.

Markov, qui n’avait presque pas joué durant les 2-3 dernières années, a plus de 65 matchs au compteur cette saison. La saison écourtée et condensée de la LNH n’est pas de tout repos pour lui. Excité et allumé qu’il était en janvier, Markov a présentement l’air d’un gars qui aurait besoin d’un petit congé avant le début des séries. Si la situation le permet, je lui donnerais un petit repos.

Gorges ne ménage pas son corps au cours d’une saison. Avec un intervalle aussi court entre les matchs, on ne s’étonnera pas que certains soirs soient plus difficiles que d’autres pour ce patineur au grand cœur mais au talent très moyen.

Dans le cas de Prust, disons qu’il est tout simplement amoché, lui qui a littéralement été de tous les combats depuis le début de la saison.

Pour ce qui est de Plekanec et Gionta, encore ici, on peut se demander si Therrien n’a pas un peu trop presser le citron ici et là. Eller, Gallagher et Galchenyuk auraient pu jouer quelques petites minutes de plus quand la situation le permettait. Ce n’est pas leur développement qui en aurait souffert…

Bref, ces relâchements mentaux et physiques (les deux font souvent la paire) ont occasionné des carences défensives dont ce fameux « espace trop grand » entre les défenseurs et les attaquants ou encore la perte de cette « unité de cinq » : le premier symptôme d’une équipe désorganisée et peu concentrée.

Surtout la faute des attaquants!
Or, alors, qu’une clique revancharde et criarde ont ciblé Price pour les récents déboires du club, puis, qu’une bonne partie des fans ont ciblé les défenseurs, évoquant au passage la douloureuse perte d’Emelin, à mon avis, si on avait à choisir, ce sont surtout les attaquants qui seraient à pointer du doigt.

Au fond, ce sont eux qui ont le plus levé le pied suite à la qualification du Tricolore.

Price et les défenseurs ont bien sûr leur part de responsabilité pour ces cuisants revers, on n’a jamais dit le contraire.

Mais c’est principalement à cause des attaquants, les pions de première ligne, que le Canadien s’est fait massacrer par les Leafs, les Flyers, les Penguins et les Caps. Ils ont complètement abandonné leur échec avant intense et efficace. Ils ont complètement arrêté de mettre une pression arrière sur le porteur de la rondelle. 

Ils n’ont rien fait pour marquer les premiers et quand le club s’est fait marqué en premier ils ont aussitôt fait d’abandonner leur gardien et leurs défenseurs comme des lâches! Ils se sont alors « cachés ». Facile à faire quand il reste encore deux couches à traverser après vous…

Résultat?

On est entré dans le territoire du Canadien comme on entre au garage :  par la grande porte!

Mais durant cette séquence, non seulement ont-ils abandonné leurs défenseurs et leur gardien, ils n’ont même pas été foutus d’être menaçants en attaque! Ils n’ont même pas fait leur principal travail! 

Un tout petit but contre Toronto. Une défensive ordinaire.

Trois buts contre Philadelphie, une défensive minable.

Leur meilleur effort : quatre buts contre les Penguins (Sans Crosby, Malkin, Neal et Martin), dont deux pour la forme en 3e
alors que les Penguins avaient clairement levé le pied.

Et finalement, un minuscule but contre les Caps, un autre club ordinaire en défensive.

Bref, pour un groupe d’attaquants passablement en santé et dont on vantait la profondeur il y a deux semaines à peine, c’est extrêmement décevant!

On dit toujours que l’attaque part de la défense. Mais comment voulez-vous que les défenseurs fassent de bons jeux s’ils ont devant eux trois « cônes » à peu près immobiles à la ligne rouge qui attendent à 60 pieds de la rondelle? 

Et si on répète encore que l’attaque part de la défense, alors ça signifie aussi que les attaquants de la Flanelle doivent presser davantage les défenseurs de l’autre club!

Alors, assisterons-nous ce soir au retour de l’effort total de la part de
tous

Commencerait à être temps…

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