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C’est qui ça, Lars Eller?

En juin 2010, lorsque le CH a obtenu Lars Eller en retour de Jaroslav Halak, une majorité de fans et de commentateurs s’étaient montrés très sceptiques par rapport à l’échange de Pierre Gauthier.

Halak venait d’être le sauveur des séries. Il nous avait fait vivre le plus beau printemps montréalais depuis 1993.

Pour plusieurs, Gauthier était tombé sur la tête.

« C’est qui ça, Lars Eller? Quel échange ridicule! »

Alors que la stupéfaction était totale, j’écrivais sur le défunt site Fanatique.ca, qu’il fallait analyser cet échange froidement, avec ses neurones et non pas ses hormones, ou quelque chose du genre…

À l’époque, le Canadien n’avait aucun espoir de premier plan au centre avec un gros gabarit dans ses filiales. Zéro.

Du jour au lendemain, il en avait un, pas très connu, encore très vert, mais un
gros centre quand même.

Un échange pas si bête finalement…
Source :  www.radio-canada.ca

Bon, Eller, malgré sa charpente, n’est pas le joueur le plus robuste et ne le sera probablement jamais.

Mais, fait intéressant, cette saison, il est troisième chez le Canadien, derrière seulement Emelin (110) et Prust (84)  au chapitre des mises en échec avec 80, sur un pied d’égalité avec Travis Moen (!) au 116e rang dans la LNH.  

Plekanec, Desharnais ou Eller?

L’an passé, en janvier, dans les jours qui ont suivi le fameux match de quatre buts d’Eller contre les Jets, j’avais demandé aux gens qui ils préféraient entre Plekanec, Desharnais et Eller.

Dans le contexte particulier de l’an dernier, j’avais personnellement opté pour Desharnais. Créatif, constant, énergique, dévoué, Desharnais semblait avoir atteint sa maturité à 25 ans et il y avait peut-être encore un peu de place pour l’amélioration, me disais-je.

Mais, en commentaire, j’avais précisé que si on me demandait d’en choisir un parmi les trois pour bâtir une nouvelle équipe demain matin, je prendrais une chance avec Eller.

Plus jeune, plus costaud, avec un potentiel fort intrigant, même si sa vision du jeu et son manque de constance laissaient planer de sérieux doutes à son sujet, Eller commençait à peine à nous laisser voir son potentiel.

Un peu plus d’un an plus tard, qu’est-ce que j’en dis?

Pas mal la même chose. Je prendrais encore Eller devant Desharnais et Plekanec, sur le moyen et le long terme.

J’ai maintenant la conviction que Desharnais – même s’il peut mieux jouer que cette année –  nous a probablement déjà démontré tout ce dont il est capable. 

Du côté de Plekanec, ça fait longtemps qu’il n’y a plus de surprises.

Eller, en continuant sa progression constante, pourrait-il devenir aussi complet que Plekanec tout en étant beaucoup plus imposant? C’est un peu le pari que je ferais. Eller aura 24 ans dans deux semaines et disons que son développement ressemble à celui de Plekanec au même âge.

Sans trop que ça paraisse, sa vision du jeu et, surtout, sa constance se sont grandement améliorées cette saison. On pourrait rajouter sa rapidité d’exécution.

Confiance et expérience…

Eller se classe présentement au 45e rang des marqueurs chez les centres. Or, il arrive seulement au 108e rang pour le temps de glace (14:48). Sans trop faire de bruit, sur 82 matchs, il s’enlignerait présentement pour 50 points.

Le Danois a présentement un petit point de moins que Desharnais et cinq de moins que Plekanec.

Fait amusant, Eller, « le mauvais passeur » des trois, a plus de passes que les deux autres avant le dernier match de la saison!

Bien sûr, il fait rarement face au meilleur trio et aux meilleurs défenseurs adverses. Mais, en revanche, il ne joue pratiquement jamais en avantage numérique (0:41).

Bref, slowy but surely…

Mikko Koivu, une comparaison intrigante

J’en ai déjà parlé, mais Eller me fait encore beaucoup penser à Mikko Koivu

Deux joueurs de centre avec de gros gabarits :  6’2, +/- 215 lbs.

Deux européens ayant évolué en Scandinavie. Eller et Koivu ont joué respectivement au hockey professionnel en Suède et en Finlande avant de faire le saut en Amérique. Des ligues comparables, mais la Suède est légèrement supérieure.

Les deux ont été repêchés en première ronde (2001, 6e, Koivu, 2007, 13e Eller) comme « projets à long terme ».

Au niveau du potentiel et du style c’est très comparable : gabarits, agilité, mains, feintes, niveau d’effort, qualités offensives et défensives. Pas vraiment de différence fondamentale entre les deux.

Eller est un peu plus rapide.

Koivu est un peu plus fort physiquement et semble doté d’un sens du jeu plus naturel.

Côté leadership, Koivu n’est pas reconnu comme un grand. Eller? Rien d’épatant de ce côté jusqu’ici. Mais rien de mal non plus.

C’est tout aussi semblable si on regarde l’évolution du côté des statistiques.

Les deux ont joué un an dans la AHL avant de monter dans la LNH:

À 21 ans, Koivu, 48 pts en 67 matchs, -1 à Houston.
À 20 ans, Eller, 57 pts en 70 matchs, -1 à Peoria.

1ère année LNH:
Koivu, 22 ans, 21 pts en 64 match, -9.
Eller, 21 ans, 17 pts en 77 match, -4.

2e année LNH:
Koivu, 23 ans, 54 pts en 82 matchs, +6.
Eller, 22 ans, 28 pts en 79 matchs, -5.

3e année LNH :
Koivu, 24 ans, 42 pts en 57 matchs, +13.
Eller, 23 ans, 50 points, +10 (année en cours projetée sur 82 matchs).

Bref, la comparaison tient pas mal la route, surtout lorsqu’on les analyse au même âge, et bien que je ne pense pas qu’Eller ait autant de potentiel que Koivu, il n’en est peut-être pas très loin…

Meilleur que Brandon Sutter?
Une autre comparaison fort judicieuse pourrait également être faite avec Brandon Sutter, repêché seulement deux petits rangs plus tôt qu’Eller en 2007.

Tout comme Eller, Brandon Sutter a lui aussi surtout évolué comme 3e centre depuis ses débuts dans la LNH et il a lui aussi été échangé tôt dans sa jeune carrière.

Sutter, qui s’est plus rapidement installé dans la LNH à 19 ans, a jusqu’ici enregistré 125 points en 333 parties dans la grande ligue pour une moyenne de 0.37 ppm.

Eller, qui est devenu un régulier de la LNH à 21 ans, a quant à lui 74 points au compteur en 208 matchs, pour une moyenne de 0.35 ppm.

Mais, alors que tout laisse croire que Sutter se spécialisera comme centre défensif, Eller semble vouloir éclore offensivement cette saison, lui qui affiche une moyenne de 0.6 ppm, alors que Sutter plafonne à 0.38 ppm.

L’évaluation n’est pas terminée…
Alors qu’il lui reste une autre année à son deuxième contrat professionnel, la question initiale demeure donc toute entière pour l’état major du Canadien, mais elle se pose différemment : c’est qui ça, Lars Eller?

Quel est son véritable potentiel? Un deuxième centre, two-way,  capable de 60 points annuellement ou un bon 3e centre d’une quarantaine de points garantis? Et son avenir est-il nécessairement au centre? Une autre belle question…

Voyons maintenant quel genre de performance peut nous offrir le 81 en séries. C’est là qu’une partie importante de l’évaluation va continuer de se faire dans son cas.

Eller est sur une bonne séquence et semble avoir encore pas mal d’essence dans le réservoir. Ça augure plutôt bien.

Contre Boston, en séries, il y a deux ans, sans avoir été extraordinaire (deux passes, +1), il s’était impliqué physiquement et n’avait pas semblé intimidé outre mesure. On garde un bon souvenir de lui.

Or, si jamais le Canadien affrontait Toronto en séries, on notera qu’il n’a aucun point contre eux cette saison.

À ce compte là, Eller ne doit pas être tout seul dans l’équipe… 

Mais bon, il reste encore ce soir!

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