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Canadien : le travail par comité a ses limites

Mieux vaut la qualité que la quantité, d’après un célèbre proverbe.

Lorsque pris au dépourvu, l’être humain a souvent tendance à cacher ses lacunes, et ce, par tous les moyens possibles et imaginables.

Prenons un exemple concret : un élève du niveau collégial qui est en train de passer son examen final en philosophie ne sait pas quoi écrire, tout en sachant qu’il a un minimum de pages blanches à remplir. 

Que va-t-il faire ?

Privilégier la quantité au lieu de la qualité, ou sous d’autres termes, la forme sur le fond. 

Cette comparaison s’applique à merveille à la défense du Canadien de Montréal. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : Marc Bergevin a connu un été formidable, c’est indéniable. Ceci dit, il lui reste un (gros) secteur à améliorer pour que son équipe passe à un niveau supérieur : le flanc gauche de la défense.

Depuis le début de la saison, l’attaque donne entière satisfaction. Et le meilleur est à venir, comme dirait l’autre.

Kotkaniemi continuera à progresser, tandis qu’un jeune noyau est déjà en place, avec, entre autres, Gallagher (26 ans), Max Domi (23 ans), Jonathan Drouin (23 ans), Tomas Tatar (27 ans) ou encore Artturi Lehkonen (23 ans).

Qui plus est, n’oublions pas les venues, dans un futur pas si lointain, de Nick Suzuki et Ryan Poehling, principalement.

Bref, cessons de tergiverser.

La défense est en ce moment un bordel sans nom. Le Canadien est la cinquième pire défense de la LNH avec une moyenne de buts alloués de 3.41. Claude Julien n’a pas eu d’autres choix que de composer avec des défenseurs qui n’ont tout simplement pas le niveau afin d’évoluer sur un Top 4.

Jordie Benn, David Schlemko, Xavier Ouellet et Mike Reilly ne sont rien de plus que des défenseurs de troisième paire, mais la pauvreté à la ligne bleue force Claude Julien à les utiliser davantage. 

Temps de jeu moyen depuis le début de la saison
Jeff Petry 24 minutes 44 secondes
Jordie Benn 19 minutes 02 secondes
Mike Reilly 20 minutes 33 secondes
David Schlemko (6 matchs de joués) 20 minutes 49 secondes
Victor Mete 15 minutes 19 secondes
Noah Juulsen 17 minutes 32 secondes
Xavier Ouellet 17 minutes 01 secondes

 

Il fallait s’y attendre, surtout avec la blessure à Shea Weber : presque tous les défenseurs allaient devoir jouer plus que ce qu’ils peuvent donner. Jordie Benn est obligé d’affronter les meilleurs attaquants adverses, alors qu’il n’en a pas les capacités, du moins, sur une base régulière.

Les étincelles que provoquait Mike Reilly en début de saison ne sont plus. David Schlemko, lui, en arrache aussi.

Au fait, c’est tout le côté gauche qui est en grande difficulté. Lors des dix premiers matchs de la saison, le CH n’encaissait que 2.50 buts par partie. À cette époque, la défense ressemblait à ça :

Victor Mete – Jeff Petry

Mike Reilly – Noah Juulsen

Jordie Benn – Xavier Ouellet

Quelles sont les solutions ? 

1. Transaction

Évidemment, la première option qui nous vient en tête est une transaction. Le flanc gauche de la défensive a besoin d’aide. Ceci dit, le CH compte des défenseurs droitiers de qualité (que cela soit avec le grand club ou dans les circuits mineurs). Tandis que Shea Weber et Jeff Petry sont des arrières « Top 4 » ou plus, Noah Juulsen et Josh Brook pourraient évoluer dans le futur sur les deux premières paires de l’équipe.

Ainsi, Marc Bergevin pourrait (peut-être) envisager d’échanger Jeff Petry, qui n’a que 30 ans, et qui connaît ses meilleurs moments en carrière. Il a déjà 17 points en 22 matchs cette saison, ce qui le place parmi les meilleurs pointeurs chez les défenseurs dans toute la ligue.

Cela pourrait éventuellement aider afin d’acquérir un défenseur gaucher qui peut jouer sur un Top 4.

Il est dommage qu’il ne soit pas plus apprécié que cela : il est extrêmement sous-estimé.

Par contre, Marc Bergevin doit garder le cap et ne pas céder à la pression. Le CH est dans une année de transition et rien ne presse…

2. Revenir à la base

Comme énoncé auparavant, les défenseurs ont réussi à tenir la baraque, en début d’année, et pourtant, elle est sensiblement similaire à celle qui a encaissé une moyenne de 4.17 buts lors des 12 derniers matchs.

Claude Julien et ses acolytes ont réussi à imposer un système de jeu qui permettait à l’équipe (mais surtout aux défenseurs) d’avoir du succès : passer le moins de temps possible en zone défensive grâce à une transition rapide, gagner ses batailles le long des rampes et tuer des jeux. Les attaquants revenaient également beaucoup plus souvent en défense afin de faciliter la tâche de leurs défenseurs.

Beaucoup d’avants ont tendance à tricher depuis quelques rencontres.

Rien n’est perdu, cependant : les erreurs qui ont été effectuées depuis plusieurs matchs peuvent être corrigées. Ce sont, pour la majorité de celles-ci, des problèmes de placement. Les arrières auront également besoin de leurs attaquants.

Dans un même ordre d’idées, les absences de Joel Armia et Paul Byron font mal. Ils s’impliquaient en zone défensive et étaient les premiers à aider leurs défenseurs.

Le Tricolore a eu du succès en travaillant plus fort que son adversaire. Les joueurs ont prouvé qu’ils pouvaient se battre avec n’importe qui lorsque tout le monde mettait sa pierre à l’édifice.

La séquence que traverse le Canadien est éreintante physiquement, et Claude Julien n’a pas caché qu’il sentait de la fatigue chez ses joueurs. Le retour de Shea Weber (il reviendra mardi prochain, si tout se passe bien, selon Claude Julien) va aider, mais cela ne résoudra pas tous les problèmes.

Pendant ce temps-là, il ne reste plus qu’une chose à faire : essayer de corriger les erreurs aux entraînements, et revenir à la base.

La question est : ont-ils encore les ressources pour le faire ?

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