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Bilan du plan quinquennal 2.0 de Gainey/Gauthier : une dure année en 2011

Nous voici donc rendus à notre troisième et dernier article couvrant le plus récent plan quinquennal du duo Gainey/Gauthier. Débuté à l’été 2009, nous en sommes aujourd’hui à mi-parcours.

On a jusqu’ici surtout noté la faiblesse des fondations de l’été 2009, puis une consolidation avec l’arrivée définitive de plusieurs bons jeunes joueurs en 2010.

On verra aujourd’hui ce qu’il en a été en 2011.


2011: une année qui a de quoi rendre malade?


1) La gestion du « toit qui coule »

Débuté en décembre 2010 avec l’arrivée de Wizniewski venue pallier à la perte de Markov et Gorges, Gauthier a continué le rapiéçage de sa défensive avec l’acquisition de Paul Mara (un revenant) et de Brent Sopel.

Mara a été acquis des Ducks en retour du même 5e choix offert par ces derniers dans l’échange pour Maxim Lapierre. De son côté Sopel a été acquis en compagnie de Nigel Dawes en retour de Ben Maxwell et d’un choix de 4e ronde.

Résultat des courses? Mara, Sopel et Dawes ont donné ce qu’ils pouvaient aux Canadiens, c’est-à-dire pas grand-chose de plus qu’un peu de profondeur.

Sauf erreur (savez-vous où joue Mara?), tout ce beau monde est parti jouer en Europe cette saison.

Un simple +/- pour la gestion du toit qui coule.
On peut penser que des joueurs comme Weber, Nash et St-Denis n’auraient pas fait vraiment pire que Mara et Sopel si on leur en avait vraiment donné la chance. Mais bon, les séries approchaient, expérience quand tu nous tiens…

2) La série contre Boston

Le CH n’a pas répété les exploits de la saison précédente, mais tout le monde se rappellera de cette défaite contre les éventuels champions de la Coupe Stanley comme une des plus honorables qui soit : une défaite en prolongation au 7e match.

Les meilleurs joueurs de la formations on tous bien joué, sauf Gomez qui après un premier match encourageant s’est lamentablement planté une fois de plus.

Parce qu’ils ont tout de même perdu, on ne peut donner qu’un honorable +/- pour  les séries 2011.

3) Continuons et glissons quelques mots sur le plus récent repêchage du Tricolore. Bien sûr, il est très tôt pour se prononcer, mais seul Nathan Beaulieu, qui vient de connaître un mauvais tournoi junior en Alberta, semble être un espoir certain pour la LNH. Il a toutefois beaucoup de choses à polir dans son jeu (et dans sa tête).

Prybil? Archambeault? Dietz? Hmmm, peut-être à très long terme… Va falloir que les astres soient bien alignés. Les autres, je n’ose même pas en parler.

On sera prudent/optimiste et on donnera une note de +/- pour ce repêchage d’emblée pas très sexy.

3) La gestion de la défensive à l’été 2011

Avec l’arrivée à terme des contrats de Markov, Hamrlik, Gorges, Wizniewski, Gill, Sopel et Mara, il va sans dire que les décisions de Gauthier allaient grandement influencer le cours de la saison à venir et même au-delà.

C’est le gros dossier de 2011.

Gauthier ne retient ni les services de Hamrlik, ni ceux de Wisniewski qui formaient pourtant sa première paire en défensive en deuxième moitié de saison l’an dernier. Il préfère plutôt prendre un risque calculé, en faisant à nouveau confiance à son fragile défenseur étoile, Andrei Markov.

Jusqu’ici Gauthier a l’heur fou avec son « pari Markov ». Mais les choix à faire n’était pas évidents, il faut le souligner.

Le CH risquait de perdre Markov pour rien. Aurait-ce été souhaitable?

Wisniewski vaut-il les 33 M$/6ans qu’il recevra à Colombus? Aurait-il accepté moins d’argent à Montréal?

Ehrhoff, un des rares défenseurs offensifs intéressants sur le marché, aurait-il été intéressé à venir jouer ici et vaut-il les 40 millions que lui ont versés Buffalo?

Ian White a obtenu 5,75/2 ans à Detroit. Combien aurait-il exigé pour venir à Montréal?

Maintenant pour pallier à l’absence de Markov, qui devait initialement revenir début novembre, Gauthier a d’abord dû se tourner vers le joueur autonome Chris Campoli. Ce dernier se blessant dès le premier match de la saison, Gauthier essaie de faire confiance à son groupe de jeunes défenseurs. Malheureusement, l’avantage numérique est en panne, Subban, Weber et Diaz ne produisent pas suffisamment offensivement et leur jeu en défensive laisse souvent à désirer.

Milieu décembre, suite à une nouvelle opération inquiétante au genou de Markov, Gauthier n’a d’autre choix que de transiger. Il a la main passablement heureuse et obtient le vétéran Tomas Kaberle en retour de Jaroslav Spacek, un échange qui fait l’affaire des Hurricanes et du Canadien.

Kaberle s’est vite acclimaté à l’équipe et a obtenu 8 points en 12 matchs jusqu’ici alors que son temps de glace oscille au gré des avantages numériques entre 20 et 13 minutes.
Kaberle demeura la police d’assurance du Canadien tant que la santé Markov soulèvera des doutes.

Bref, le toit coule encore cette saison et la santé de Markov en est toujours la raison principale.

Gauthier et Molson ont pris le pari Markov, pari pour lequel ils ne peuvent maintenant espérer, dans le meilleur des scénarios, que M. Markov ne se reblesse pas trop souvent.

Pour ces raisons, si on avait à juger à partir des dégâts réels que cette décision a eu jusqu’ici, soit de faire confiance à un joueur fragile de 33 ans ayant déjà subi trois graves blessures aux genoux et qui se reblesse au moindre coup de vent depuis 3 ans, on se doit d’accorder une note négative, un -, à Gauthier dans ce dossier cette saison. C’est lui qui est payé pour prendre ce genre de décision.

Mais…

Étant donné que le CH ne pouvait se permettre de laisser aller Markov sans rien obtenir en retour et sans être assuré de mettre la main sur quoi que ce soit sur le marché des joueurs autonomes;

Étant donné que les informations que possédaient Gauthier le printemps derniers sur l’état du genou de Markov étaient encourageantes;

Étant donné qu’on ne sait pas encore si Markov reviendra un jour en santé d’une manière durable;

Et, étant donné que Campoli s’est blessé dès le premier match de la saison et étant donné que Kaberle se veut un remplaçant potable dans les circonstances, on ne peut objectivement que suspendre notre jugement pour l’instant dans le dossier Markov, c’est un frustrant +/-.

S’il demeure difficile de dire s’il a pris la bonne décision concernant le choix entre Markov vs. The Wiz, pour Hamrlik, Gauthier a sans aucun doute fait le bon choix. L’âge semble avoir rattrapé le vétéran défenseur tchèque cette saison à Washington. Il avait 4 points en 35 matchs et était -3 aux dernières nouvelles (il était -10 début décembre…)

Puis, Gauthier avait enfin convaincu Emelin de venir en Amérique. Un beau + pour ce dossier-là, Hamrlik, c’est du passé, Emelin, comme on le constate de plus en plus, c’est un bloc pour l’avenir.

Un autre petit + pour la signature d’une autre saison pour Hal Gill. Lorsque bien utilisé, Gill rend encore de bons services cette saison.

Un petit- pour ne pas avoir signé Gorges à long terme dès l’été dernier ce qui aurait permis à l’équipe de sauver au bas mots 500 000$ par saison sur les 6 prochaines années. #3millionssurlebonhomme.

Par contre on aurait envie d’attribuer un gros + pour la découverte de Rafael Diaz qui semble être plus solide que Yannick Weber, à qui on a consenti un petit contrat tout à fait échangeable de deux ans à hauteur de 850 000$ par saison.

En fait, Diaz est peut-être le meilleur défenseur du Canadien depuis 10 matchs, ce n’est pas peu dire.

Bref, dans tout ce dossier des défenseurs en 2011, on donnera un très mitigé +/- à Pierre Gauthier.

Par contre, si on met nos émotions de côté dans le cas Markov, pour l’instant en tous cas, on se rend compte que Gauthier n’a pas fait beaucoup d’erreurs pour le reste. Emelin et Diaz sont de véritables trouvailles et les défenseurs qui ont quitté devaient quitter. Si jamais Markov revenait en santé et offrait du hockey de qualité au CH jusqu’à la fin de son contrat, Gauthier aura soudainement l’heur pas mal plus brillant dans ce dossier.

On notera enfin que ce n’est pas de la faute de Gauthier si Subban, qui demeure un + pour l’organisation, connaît une saison couci-couça. Les joueurs ont leur responsabilité ne l’oublions pas. Mais encore là, on en demande beaucoup à Subban…

4) L’acquisition d’Erik Cole

L’avenir nous amènera peut-être à revoir cette évaluation, mais  Erik Cole est pour l’instant un des seuls joueurs qui en donne vraiment pour leur argent aux dirigeants et au partisans. Il a accumulé 29 points à ses 34 derniers matchs et est de loin le meilleur attaquant du CH cette saison. Personne ne parle de Ville « 4,5 M$ lui aussi » Leino à Montréal…

Loin d’être un joueur fini, Cole est un gros +, pour la première année de son contrat en tout cas.

5) Les vétérans Schtroumfs frappent un mur

Comme on le disait plutôt pour Subban, les joueurs ont une grosse part de responsabilité concernant leur rendement. C’est une évidence. Mais dans les cas de Gomez, Cammalleri et Gionta, à qui l’on verse 18,4 M$ annuellement, il faut souligner que le manque de vision et les gestes précipités de juin et juillet 2009 commencent à coûter cher (c’est le cas de le dire) aux dirigeants de l’équipe. On n’était vraiment pas obligé de mettre tout cet argent sur trois petits joueurs dont les meilleurs jours étaient déjà derrière eux, sauf peut-être pour Cammalleri.

Le rendement des trois joueurs est en déclin depuis leur arrivée à Montréal, mais cette saison on remarque que ces trois joueurs archimillionnaires sont devenus inférieurs à une liste de plus en plus longue de joueurs moins bien payés qu’eux dans l’équipe.

C’est très rare que ça va bien quand ce genre de situation arrive. Quand les gros salaires évoluant sur l’avantage numérique ne produisent pas, ça va mal. Quand les gros salaires qui doivent normalement jouer près de 20 minutes à chaque match ne produisent pas, ça va mal. Quand en plus, ils se blessent et/ou jouent blessés parce qu’on leur en demande trop, ça va mal. Un gros – sur toute la ligne, une autre fois pour l’acquisition de ces trois joueurs. Comme on le disait un, maximum deux aurait amplement suffit…

Nous en sommes donc rendus là, et c’est peut-être, entre autres, un peu pour cela que l’on a congédié Jacques Martin, il fallait modifier la hiérarchie offensive de l’équipe. À chaque fois qu’une chose pareille arrive, ça prend du temps pour s’ajuster. Les jeunes doivent assumer plus de responsabilités et les plus vieux doivent avaler leur pilule (un peu de travers).

Conclusion

Ça fait beaucoup de +/- et quelques gros – en 2011, une année somme toute négative lorsqu’on regarde où se retrouve le CH en ce début de 2012 et au milieu de son « nouveau » plan quinquennal. Cela s’explique. Les erreurs de 2009 sont finalement revenues hanter le club et le pari Markov a pété au visage de Gauthier.

Par contre les points positifs de 2010 (Price, Eller, Desharnais, Pacioretty, Subban), accompagnés de ceux de 2011 (Cole, Diaz, Emelin) tiennent le fort du mieux qu’ils le peuvent. Beaucoup de négatif, pas autant de positif en 2011 cela explique la petite régression ou, au mieux, le surplace que fait l’organisation depuis juin 2009.

Les bons coups, principalement des jeunes qui arrivent de l’organisation ou arrivée par le biais de quelques échanges ont encore un impact mitigé si on compare au quasi désastre de 18,4 M$ investis dans Gomez, Gionta et Cammalleri.

Il ne faudrait pas rajouter les 5,75 M$ de Markov là-dessus…

Somme toute un bilan de mi-parcours négatif malgré une participation miracle, signée Halak, à la finale d’association en 2010. 

N’oublions pas que le but de Gauthier est de faire partie du premier tiers de la LNH sur une base constante. Son équipe est loin de cet objectif en ce moment.

Un certain Jean Perron dirait même qu’il y a « loin de la coupe aux lièvres ».

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