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Bergevin : Monsieur lucidité

Marc Bergevin n’a rien dit de bien croustillant lors de son bilan de fin de saison.

C’est la nature même de cet exercice médiatique bien préparé et prévisible.

Lucide, il a néanmoins très clairement indiqué ce que son club manquait : de la maturité.

Que veut-il dire par là?

Premièrement, que les nouveaux jeunes leaders de ce club entrent à peine dans leurs meilleures années. On pense aux jeunes vétérans que sont Price, Subban, Pacioretty et Gallagher, respectivement des choix de 2005, 2007 (x2) et 2010.

On parle ici de deux supervedettes et deux excellents ailiers qui devraient normalement être ici pour rester.

Deuxièmement, lorsqu’on pense « manque de maturité » au niveau hockey, on pense surtout à un joueur en particulier : Alex Galchenyuk, le premier choix de l’équipe, 3e au total en 2012.

De mémoire, il faut remonter à Doug Wickenheiser pour voir un aussi haut choix repêché par Montréal. Heureusement pour le CH, il est presque certain que Galchenyuk connaîtra une carrière plus reluisante que l’ancienne gloire des Pats de Regina…

On l’a répété à quelques reprises déjà : le meilleur joueur de la cuvée 2012, jusqu’à preuve du contraire s’appelle Alex Galchenyuk et il appartient aux Canadiens de Montréal. Si ce joueur continue sa progression, le CH a de très bonne chance de passer à un autre niveau et d’être quasi assuré de se qualifié pour les séries pendant très longtemps.

Quand on se compare…
Quand Bergevin a dit que son club n’était pas rendu à maturité, il l’a tout de suite comparé aux Hawks et aux Kings.

Concrètement, qu’est-ce que les Kings et les Hawks que les Canadiens n’ont pas?

Premièrement, et très, très clairement, un premier centre de haut niveau.

Or, le seul joueur de l’organisation CH qui a une chance de s’approcher un tant soit peu du niveau de Kopitar et Toews dans les années à venir, c’est justement Galchenyuk.

Seul problème, on le fait jouer à l’aile depuis deux ans.

Bergevin a pourtant réitéré dans son bilan que le CH avait sélectionné Galchenyuk à titre de joueur de centre. Il n’a donc absolument pas fermé la porte de ce côté.

En revanche, il n’a nullement indiqué que le transfert au centre du jeune américain était imminent…

Mon impression? La direction n’a pas encore tranché dans  ce dossier.

L’importance d’un noyau arrivé à maturité
Ensuite, ce que les Kings et les Hawks ont et que le CH n’a pas, évidemment, ce sont d’innombrables très bons joueurs arrivés à maturité formant deux véritables noyaux durs d’une très grande qualité.

D’un côté : Toews, Kane, Sharp, Hossa, Keith, Seabrook, Haljmarsson, Oduya, Leddy, Saad, Crawford, Bickell. De l’autre : Kopitar, Carter, Williams, Gaborik, Richards, Brown, Stoll, Doughty, Voynov, Muzzin,  Quick. Tous ces joueurs clés, 11-12 dans chaque équipe, ne seront jamais vraiment meilleurs qu’ils ne le sont présentement.

Les deux clubs ont aussi de la profondeur de qualité à tous les niveaux, incluant quelques très bons jeunes espoirs.

Du côté du Tricolore, Price et Subban, les meilleurs joueurs de l’organisation, entament à peine leurs années de gloire. Subban peut encore grandement s’améliorer.

Pacioretty et Desharnais, malgré leur statue de « jeunes vétérans » sont encore pratiquement des recrues en séries.

Gallagher et Eller peuvent encore progresser à bien des niveaux.

Galchenyuk est encore très loin de son apogée, tout comme Beaulieu et Tinordi, les trois premiers choix de 2012, 2011 et 2010.

C’est dire.

En gros, lorsqu’on regarde l’équipe du CH qui vient d’être éliminée, on remarque qu’il y a en fait bien peu de joueurs qui étaient à leur zénith.

Vanek? Gorges? Emelin? Plekanec? Bourque? Weise? Peut-être.

Mais c’est bien mince autant en quantité qu’en qualité si ont compare à L.A. et Chicago.

De leur côté, Markov et Gionta, même s’ils peuvent encore être efficaces, sont clairement sur le déclin.

Ma foi, Vanek est déjà peut-être sur le déclin. Plekanec, Gorges et Bourque aussi.

Avec tout ces vétérans sur le déclin ou sur le point de l’être, c’est pour cela que l’on a répondu à quelques reprises cette année à ceux qui disaient que la fenêtre d’opportunités du CH allait seulement s’ouvrir dans 2-3 ans, que rien, mais absolument rien, ne nous garantit que ce sera mieux dans 2-3 ans.

Non seulement faudra-t-il – s’ils sont toujours dans les plans – que Subban Price, Pacioretty et Desharanais tirent encore la locomotive, il faudra aussi que Galchenyuk, Eller et Gallagher et cie aient tous atteint leur apogée et, enfin, il faudra que les Beaulieu, Tinordi, Hudon, Andrigettho, De La Rose, McCarron et cie se soient développés au niveau des attentes et même au-delà.

Tout cela est loin d’être fait… Mais c’est ce que ça prendra pour aspirer à la Coupe à titre de favoris, pas juste en tant que prétendants ou en tant qu’équipe « dans la fenêtre ».

Le fossé…
On le voit, il y a présentement un énorme fossé générationnel entre les vétérans en déclin et les jeunes-pas-encore-tout-à-fait-rendus.

Le Canadien a très peu de joueurs dominants entre 25 et 30 ans. Et, généralement, c’est là que ça se passe pour les équipes favorites.

C’est sans doute en grande partie pour cela que Bergevin a répété ad nauseam que tout allait être à recommencer à l’automne prochain.

En effet, après le portrait qu’on vient d’exposer, comment peut-il garantir que son club sera meilleur en octobre prochain qu’il ne l’a été en cette fin de saison et durant les séries?

C’est simple : il ne peut tout simplement pas garantir une telle chose.

Il peut solidifier les fondations en mettant Subban sous contrat à long terme.

Il peut obtenir une aubaine avec Eller s’il joue  bien ses cartes.

Il peut s’entendre avec Weise et Weaver pour venir ajouter un peu de profondeur à l’ensemble.

Il peut même réussir à mettre Markov sous contrat pour une durée et un montant raisonnables.

Mais parce qu’il a peu de chance que Vanek soit de retour, que rien est assuré dans le cas de Gionta, qu’il reste ou qu’il quitte (Andrigettho serait-il meilleur dès l’an prochain?), et parce que le marché des joueurs autonomes est un jeu qui se joue à 30 équipes, il ne peut rien garantir.

Ni à son patron, ni à son coach, ni aux fans.

Fait que ça nous donne des conférences de presse assez plates.

Mais, on le comprend beaucoup mieux avec du recul, Bergevin n’est vraiment pas en position pour gonfler les attentes en vue de la prochaine saison.

C’eut été irresponsable de sa part que de se péter les brettelles et de surfer sur ce qui, au fond, dans le grand ordre des choses, demeurent de bien modestes succès, même si on parle d’une demi-finale.

Mais, c’est peut-être justement ça qu’il y a de plus encourageant pour les partisans aujourd’hui : le gars assis dans le siège du conducteur est d’une très grande lucidité.

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