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Marc Bergevin : entre résignation et lucidité

Ça y est, la folie du deadline est terminée. Les jeux sont faits, rien ne vas plus, « mesdames, messieurs », comme disait Marc Blondin.

Au final, seul Shattenkirk s’est avéré être une grosse prise pour ses acquéreurs.

Hanzal et Vanek n’étaient pas de si gros poissons que ça dans le bocal, même si, en théorie, ils pourraient avoir un impact relativement important avec leur nouvelle équipe respective.

Le reste? Ce fut le festival du 6e, 7e et 8e défenseur et du joueur de 4e trio, et cela pas juste à Montréal.

Des acquisitions « de profondeur ».

Because le plafond, le repêchage d’expansion, le prix élevé demandé, le risque de faire une grosse erreur. Toute la carte de bingo y est passée!

C’est pour ça qu’on a déjà hâte à l’été et au 29 juin…

Mais il faut quand même faire une lecture attentive de la situation chez le Canadien pour comprendre les récents gestes de Bergevin à la proverbiale date limite.

Ça ne s’est pas tout à fait passé comme prévu cette saison…
Quand Marc Bergevin dit ne pas croire en la théorie de la « fenêtre d’opportunités » il y va sans doute d’un (pas si) noble mensonge.

On connaît la chanson. On ne veut pas, une fois de plus, gonfler les attentes.

Mais il est difficile d’imaginer que le DG de la Flanelle ne croyait pas au moins un peu à cette théorie pas plus tard que l’été dernier.

Dans son « ford » intérieur, comme dirait l’autre, le DG du Tricolore doit lui-même être un peu déstabilisé et désillusionné par la tournure des événements. On le serait à moins.

 

Imaginez…

Vous échangez Subban pour Weber, mettez la main sur Shaw à gros prix, puis vous gagner votre pari avec Radulov et vous connaissez un début de saison du tonnerre. Ça sent la Coupe à la mi-novembre.

Mais voilà que les blessures s’accumulent une fois de plus, que votre coach (que vous avez dû congédié en chemin) n’avait plus de solutions ni d’oreilles dans le vestiaire et que deux de vos plus fiables soldats des dernières années, Plekanec et Gallagher, à qui vous avez consenti de gros contrats, piquent du nez en même temps et vous enlèvent toute forme d’attaque secondaire. Près de 10 M$ qui produisent pour un équivalent généreux de 4-5 M$.

Le premier, on le dit depuis novembre, est fini. Il n’est plus le Plekanec qu’on a connu. Bergevin le paye grassement pour services rendus. Pas pour les services qu’il est en mesure de rendre.

On s’explique encore très mal pourquoi Bergevin lui a fait signer une prolongation de contrat à l’automne 2015. Qu’est-ce qui pressait tant? S’il avait attendu juste un peu (juste assez pour constater la débandade historique de son club, par exemple), il aurait facilement pu obtenir un choix de première ronde et un espoir intéressant pour ses services à titre de joueur de location.

Et on doit sérieusement commencer à se poser une question semblable avec Gallagher : a-t-il déjà livré le meilleur de lui-même?

Je n’ai pas trouvé Bergevin des plus convaincants quand il a dit que les choses allaient se replacer pour Gallagher. Une main gauche à 80% (peut-être à 70% présentement), ça ne marque pas beaucoup de buts dans la LNH. Parlez-en à Donald Audette…

Je m’avancerai donc ici en disant que Gallagher risque fort de ne plus jamais être le même joueur. Sa carrière connaît présentement un tournant qui me semble irréversible.

Ses tirs n’ont plus aucune vélocité et pas grande précision non plus. Et faites-moi un signe si vous le voyez gagner une bataille pour la rondelle le long des rampes ou devant le but. Ça prend de la force dans les mains pour faire ça.

En plus, on dirait qu’il n’avance plus. Il n’a jamais été un grand patineur, me direz-vous, mais là, on dirait qu’il a carrément les deux pieds dans le sable match après match.

Enfin, j’espère me tromper, car perdre un marqueur de 25 buts, ça fait mal…

Et il y a ses deux moineaux – Beaulieu et Galchenyuk – qui lui ont donné sa part maux de tête en montrant tantôt des signes de progrès, tantôt de régression. Ça en aurait pris beaucoup plus de leur part pour que Bergevin ait envie d’aller à la grosse pêche vraiment sportive ces derniers jours, comme l’ont fait les Caps, par exemple.

Résigné… mais lucide et actif
C’est donc un peu dans ce contexte de désillusion et de résignation que Bergevin a dû se convaincre de rester (très) actif en transigeant pour de la profondeur et du poids, des besoins presque aussi criants que le manque de punch offensif quand on y pense.

Le « petit » quatrième trio de l’équipe ne produit plus et régresse depuis novembre et tous les petits joueurs de la formation sont en léthargie depuis deux mois. Ils ont tous l’air au bout du rouleau à force de devoir jouer « gros » avec des corps de citoyens ordinaires.

Quand on regarde cela lucidement, Byron, Gallagher, Plekanec, Desharnais, Andrighetto, Lehkonen, Mitchell, Flynn et Shaw, ça faisait neuf petits attaquants sur les 14 qui peuplaient régulièrement l’offensive de l’équipe. Trop, beaucoup trop.

La preuve a été faite à maintes reprises au cours des dernières années : un groupe de petits attaquants rapides peut performer en début de saison, mais c’est souvent une autre chanson après les Fêtes.

Que peut-il espérer?
Bergevin s’en est une fois de plus remis à Saint-Carey-Price hier en conférence de presse. Sans un Price qui marche sur les eaux, comment peut-il espérer franchir plus de deux rondes en séries? On peut même penser que franchir ne serait-ce qu’une seule ronde serait un bel accomplissement avec le club qu’il a sous la main.

On ne refera pas une fois de plus la démonstration que dans les 25 dernières années, seuls les Devils du New Jersey sont parvenus à gagner avec des centres « ordinaires », right? Mais encore là, je prendrais les Gomez, Nieuwendyk, Arnott, Madden et autres spécimen de l’époque, bien avant la ligne de centre actuelle du CH.

On dirait qu’accepter de diriger le Canadien de Montréal (ou d’être partisan de cette équipe au 21e siècle), c’est se résigner à avoir comme objectif de faire les séries puis à s’en remettre aux miracles.

Certains vont sans doute vouloir comparer Montréal à Toronto. Ce serait oublier que Toronto a tout essayé au début des années 2000, et ce presque jusqu’à la toute fin de l’ère Sundin, pour rafler les grands honneurs. Ça n’a pa marché.

Ils ont ensuite essayé un quick fix avec Kessel. Autre échec.

Suite à l’arrivée de Shanahan, Toronto n’avait pour ainsi plus le choix de rebâtir, le club avait été vidé anyway!

Pendant ce temps, le Canadien, lui, même sous Gainey, n’a pas sacrifié ses choix de première ronde à répétition comme les Leafs. Juste une fois pour Alex Tanguay, et en théorie c’était une excellente idée.

Le problème du Canadien (et de plusieurs autres clubs)  – il faut malheureusement le redire – c’est qu’il a manqué l’occasion de se bâtir un super noyau (et pas juste un bon sans aucun joueur de centre) alors qu’il était dans un creux de vague au début et au milieu des années 2000. Price, McDonagh, Pacioretty, Subban aurait pu s’ajouter à Getzlaf et Bergeron (2003), ou encore Giroux (2006) au lieu de Kostitsyn et Urquart et Fisher par exemple.

C’eut été une toute autre histoire, n’est-ce pas?

L’arrivée de Kovalev, entre autres, a permis au CH de continuer à faire les séries et, conséquemment, à repêcher juste un peu trop loin plus souvent qu’autrement.

Le joueur des années 2000…

Mais, oui, on le voit bien, les décisions du passé, les erreurs et les bons coups au repêchage ont des impacts souvent irréversibles qui s’étendent sur plus de dix ans.

P’tites vites
– Ainsi donc, Bergevin aurait offert Scherbak et un choix de 2e ronde pour Jannik Hansen et ce dernier aurait fait le fine bouche sur Montréal. Ah ben. Si tout ça est vrai :

1) Comme dirait Pat Burns, « qu’i mange de la m… ».

2) Ça en dit long sur l’évaluation qu’on fait de Scherbak au sein de l’organisation deux ans et demi après son repêchage. Il ne vaut pas plus – en fait, il vaut beaucoup moins si on considère le choix de 2e ronde (!) qu’il fallait rajouter – qu’un ailier de 3e trio de 30 ans à qui il restait une année de contrat.

3) Cela dit, c’eut été cher payé pour un gars comme Hansen et ça montre quand même que Scherbak suscite encore un certain intérêt dans les cercles de la LNH. Hâte de voir s’il va se présenter plus en forme au prochain camp, s’il est toujours à Montréal/Laval

– Oui, c’est vrai, Andrew Shaw a été très décevant depuis son arrivée dans l’organisation du Canadien. Rajoutez à cela que le Tricolore aurait pu se servir des 39e et 45e sélections de l’encan de 2016 pour sélectionner Alex Debrincat, premier marqueur du circuit junior ontarien avec  ET Samuel Girard, et il est presque normal qu’il y ait un peu de boucane qui commence à vous sortir par les oreilles. C’était du moins le cas de Ron Fournier il y a une dizaine de jours à la radio…

Mais, il ne faut pas désespérer avec Shaw. Surtout avec la venue de Julien. Mais surtout parce qu’on entre dans sa zone à l’approche du printemps. Shaw est un maître des ugly goals quand le jeu se resserre.

Son secret? Être « glissant », slippery, dans l’enclave. Shaw est capable de rouler sur les coups et de pivoter sur lui-même avec aisance. On l’a vu contre les Rangers dernièrement. Son équilibre sur patins est excellent. C’est un patineur sous-estimé.

Mais, malheureusement (pour Galchenyuk), il a une piètre vision du jeu en possession de la rondelle…

– Je vais me ranger prudemment dans le camp de ceux qui croient que Sven Andrighetto pourrait éclore au Colorado. Le Suisse n’a jamais trouvé son erre d’aller à Montréal. Manque de confiance? Pas la bonne chaise? Pas eu sa chance? N’a pas su prendre sa chance? Un peu de tout ça, sans doute…

– Je ne suis pas certain de partager l’engouement de mon collègue Nicolas Cloutier pour Brandon Davidson, mais c’est un joueur qui m’intriguait lors des dernières saisons.

– J’ai l’impression que si on donne une chance de jouer à ce Martinsen, il se fera rapidement des ennemis dans l’Est! #train #talent?

– Que dire de la citation de Bergevin comme quoi Beaulieu est dans son top 8? Wow! Pas un des préférés du boss, ça c’est certain. On l’imagine mal dire ça de Emelin, mettons

En terminant, que Dwight King et Jordie Benn soient avec vous!

Surtout vous, M. Bergevin!

Leur venue ajoute une véritable nouvelle dimension à l’équipe en vue des séries. #duràjouercontre

Les autres? On verra…

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