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Andrei Markov n’ira pas au Temple et son numéro ne sera pas retiré | En rafale

Parmi les 271 joueurs, incluant quatre joueuses, qui ont été élus au Temple de la Renommée du hockey depuis 1945, 81 sont des défenseurs (dont deux femmes). Est-ce qu’Andrei Markov a une carrière qui lui vaudrait une place parmi ces immortels du hockey? C’est la question que je me suis posée plus tôt cette semaine après que le défenseur russe ait surpassé Guy Lapointe au deuxième rang pour le nombre de points chez tous les défenseurs de l’illustre histoire des Canadiens de Montréal.

À quel prix Andrei Markov signera-t-il, s'il revient pour une autre saison? Photo : (Jean-Yves Ahern-USA TODAY Sports)

En fait, ce sont surtout les envolées de certains observateurs et fans qui m’ont poussé à faire quelques recherches. D’abord parce que mon premier réflexe a été de vouloir saluer le parcours de ce joueur qui a passé l’ensemble de ses 16 saisons dans la LNH en arborant le logo des Canadiens. Cependant, je trouvais qu’on y allait un peu fort dans les éloges notamment en réclamant de voir le chandail 79 dans les hauteurs du Centre Bell.

Évidemment, tout le monde a sa perception de ce qui est extraordinaire et de comment on devrait souligner les exploits auxquels on assiste. Personnellement, j’ai toujours cru que le retrait d’un chandail devrait être la quintessence des hommages. En retirant un numéro, une organisation juge que ce numéro est associé à un élément si important de son histoire, que personne d’autre ne devra le porter. En agissant ainsi, l’organisation s’assure que ce numéro sera toujours associé à ce joueur en hommage à la grandeur de ses exploits.

Markov, je l’aime beaucoup et il est parmi les joueurs sous-estimés dans la LNH. Mais il n’a pas marqué son époque et ce n’est pas parce qu’il a été le meilleur joueur des Canadiens pendant la période la plus sombre de son histoire qu’il mérite d’être considéré au même titre que Maurice Richard… ou même Guy Lapointe.

Ça, ce n’est que mon opinion et elle vaut la vôtre.

Si on revient au sujet principal, soit sa place au Temple de la Renommée du hockey, je pense qu’il y a lieu de fouiller un peu et d’évaluer objectivement ses chances.

Afin d’avoir une comparaison à peu près juste, j’ai recensé les défenseurs intronisés depuis les 35 dernières années. J’ai ensuite pris en considération la moyenne de points par match, les honneurs individuels, les participations au match des étoiles et les coupes Stanley pour 22 des 25 défenseurs. Ceux qui n’ont pas été inclus (Léo Boivin, Fern Flaman et Lionel Conacher) sont des joueurs ayant évolué avant les années 1960.

Et évidemment, j’ai comparé Markov à ces légendes. Voici le résultat.

Défenseurs

Source : Hockey-reference.com

Comme vous pouvez le constater, les joueurs sont présentés en fonction de leur moyenne de points par match en carrière. Seuls six joueurs ont des moyennes inférieures et parmi ceux-ci, il y a Chris Chelios qui a joué jusqu’à 47 ans. De 41 à 47 ans, il n’a jamais connu une saison supérieure à 21 points. Rien pour aider la moyenne.

Il y a également Viacheslav Fetisov, le grand défenseur de la puissante Armée rouge des années 1980. Les chiffres recensés sont ceux accumulés dans la LNH uniquement. Fetisov a amorcé sa carrière en Amérique du Nord à 31 ans. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai mis un astérisque à côté de son nom. Ceux qui l’ont vu jouer savent très bien qu’il était un joueur très dominant. S’il avait passé sa carrière dans la LNH, ses statistiques seraient plus proches de celles des Housley et Leetch que de Scott Stevens et Serge Savard.

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Pour ce qui est de Savard, Laperrière et Langway, on parle de trois des plus grands défenseurs défensifs de l’histoire. Les honneurs individuels, les présences au Match des étoiles et les coupes Stanley qu’ils ont cumulés au fil de leur carrière font foi de leur prestance.

Victime de son époque?

Andrei Markov est victime de deux éléments en particulier. Le premier est qu’il a évolué pour une équipe ordinaire pour une grande partie de sa carrière. Les Canadiens ont raté les séries éliminatoires une saison sur deux depuis le début de sa carrière. Les Coupes Stanley sont plus difficiles à empiler dans de telles circonstances.

L’autre élément qui a joué contre lui ce sont les blessures. Ses genoux l’ont lâché alors qu’il était au sommet de sa carrière. Croire qu’il aurait obtenu des statistiques offensives encore plus importantes, qu’il aurait eu des chances de mettre la main sur un Norris, qu’il aurait pu être choisi sur une des deux équipes d’étoiles est loin d’être fantaisiste. Et s’il avait été au moins mis en nomination pour un honneur individuel, peut-être aurait-il obtenu une plus grande reconnaissance. Mais si triste cela soit-il, le fait demeure, Andrei Markov n’a aucun honneur individuel à son palmarès.

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Même avec sa feuille de route, surtout quand on la compare à celle des joueurs qui ont leur place au Temple de la Renommée, force est d’admettre qu’Andrei Markov n’est pas du même calibre. Andrei Markov est et a été un excellent joueur de hockey. Sa vision du jeu a permis à des défenseurs ordinaires de se bâtir une belle carrière et un compte de banque digne d’un dirigeant de Bombardier. Mais lorsque viendra le temps de mettre un X à côté du nom du Russo-Canadien, les électeurs risquent de trouver qu’il manque d’arguments solides pour appuyer cette candidature.

J’ajouterai que Markov n’a jamais terminé plus haut que 6e au scrutin pour l’obtention du trophée Norris.

Ma conclusion, j’adore Andrei Markov, mais il n’a pas marqué son époque et ses statistiques sont insuffisantes pour être intronisé au Temple de la Renommée et encore moins pour voir son #79 être hissé au plafond du Centre Bell. Je sais que les gens sont émotifs et qu’ils ont hâte de célébrer la grandeur de leur équipe et des joueurs qui la composent, mais il faut se rendre à l’évidence. Il faut attendre le prochain. Sergachev, peut-être? Soyons patients!

En rafale

– Dalton Prout devra s’expliquer pour son geste sur Gudas.

– Matt Murray est le premier gardien recrue de l’histoire des Penguins à atteindre le plateau des 30 victoires. Oui, c’est spécial un gardien qui joue sa saison recrue après avoir gagné une coupe Stanley. Ken Dryden avait fait la même chose au début des années 1970.

– Pour savoir comment s’y prendre pour réussir à apporter une pieuvre à l’intérieur du Joe Louis Arena.

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