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Analyser le hockey: les pièges du court-terme | Quel De la Rose verrons-nous?

Dans sa nature, le hockey est propice à être analysé à chaud. Nous vivons dans un monde d’instantanéité où les médias doivent sans cesse livrer du contenu. À la télévision, par exemple, les analystes décortiquent des séquences durant l’avant-match, durant les entractes et durant les talk-shows de fin de soirée (l’Antichambre étant le meilleur exemple). Sans compter que Pierre Houde et Marc Denis évaluent le travail des joueurs dans le feu de l’action, alors même que le jeu se déploie devant leurs yeux.

En tant qu’humains, nous sommes donc très enclins à endosser une opinion en fonction des plus récents évènements survenus. Il suffit qu’un joueur connaisse un mauvais, voire une séquence de mauvais matchs et notre appréciation générale de celui-ci sera négative, et vice-versa. Souvent, de très petits échantillons nous convaincront d’une théorie, et l’opinion qu’on en retire peut être tenace.

Le piège dans lequel l’amateur de hockey, et parfois même l’employé de la LNH, tombe le plus souvent est de tirer des conclusions à chaud, alors qu’il est emporté par ses émotions. Sans exception, nous sommes tous déjà tombés dans le panneau. Mais c’est ce que Marc Bergevin tente maladroitement d’expliquer lorsqu’il affirme que sa réalité n’est pas celle d’un « fan ».

Cela a pris tout son sens dans la séquence peu glorieuse qu’a connue le Canadien. Il y a à peine deux semaines, lorsque celui-ci s’enfonçait, on a entendu quelques journalistes, notamment François Gagnon et Gaston Therrien, s’interroger haut et fort à savoir si la solution n’était pas d’échanger P.K. Subban. Rien de plus typique à Montréal. De façon prévisible, on a ciblé le joueur facile à pointer du doigt dans les déboires de son club, en raison de son style spectaculaire et de son nombre de revirements – attribuable entre autres à sa volonté à prendre des risques et aux longues minutes durant lesquelles la rondelle est sur sa lame.

Il a fallu que le Canadien ne gagne que trois petits matchs avant que ces scénarios ne soient même plus évoqués et que les critiques se taisent complètement. De quoi est-il question maintenant? De son grand talent, de son énergie contagieuse, et bien sûr de sa séquence de 20 points à ses 22 derniers matchs. Soyez assurés aujourd’hui qu’aucun journaliste n’osera spéculer sur le retour qu’il pourrait appâter sur le marché. Du moins, pas avant la prochaine série de défaites.

La leçon à tirer est que, Subban, dans les défaites comme dans les victoires, dans ses bons comme dans ses mauvais moments, demeure un défenseur d’élite qui figurera année après année parmi les candidats au Norris. N’en déplaise à ses détracteurs. Le très court terme n’y a absolument rien changé.

Plekanec, maintenant. Tout feu tout flamme, fort d’une séquence de 8 points à ses quatre derniers matchs, en route vers une saison de 63 points et polyvalent comme jamais. « Il faut croire qu’à la lumière des dernières joutes, Bergevin a eu raison de lui tendre une prolongation de contrat. »

Toutefois, ce serait oublier qu’il n’y a pas si longtemps, Plekanec, bien qu’il mettait assez régulièrement des points en banque, manquait de dynamisme et bénéficiait plus du travail de ses compagnons de trio que l’inverse. Si la tendance se maintient, il terminera la saison avec seulement 18 réussites, huit de moins que son total de l’an dernier. Il est encore le meilleur centre que le CH peut déployer face aux meilleurs trios adverses et dans les situations critiques. Mais n’oublions pas qu’à 33 ans, Plekanec tendra à régresser à plus long terme. Pas plus qu’il est à donner, le Tchèque n’est ni indispensable ni impossible à transiger si le Canadien poursuit sa descente aux enfers.

Andrei Markov. Il y a si peu, on le croyait fini, incapable de suivre le rythme déjanté de la nouvelle LNH. Le russe s’est ressaisi et a très bien fait récemment à la gauche de P.K. Subban. Ses failles étaient plus que jamais exposées alors qu’il disputait le pire hockey de sa carrière, mais le Markov qu’on connait avait su se renouveler en misant sur un sens de l’anticipation aiguisé. À l’instar de Plekanec, il perdra de son lustre au fil du temps, mais il n’a pas soudainement perdu la touche.

Lars Eller. Curieusement, jouer à l’aile en compagnie d’un centre offensif n’a pas augmenté sa production. Dommage, mais ce qu’Eller est n’est pas un dynamo offensif, mais bien un centre de troisième trio qui sera efficace dans l’ombre des meilleurs joueurs, en assurant à son équipe du temps de possession en zone offensive, des entrées de zone créatives, de l’échec avant soutenu et des replis coriaces. Le Danois est à son aise avec Fleischmann. Il est l’un des attaquants les plus constants depuis qu’il a été muté au centre, et pas seulement en termes de points. Sous son meilleur jour, il vous fera saliver et donnera l’illusion d’un attaquant de puissance de calibre top-6. Dans ses pires moments, il a les mains pleines de pouces et ne fait que tourner en rond en zone offensive. Pour apprécier un joueur, il faut parvenir à le saisir. En général, Eller donne ce à quoi on peut s’attendre d’un centre défensif et il peut fournir, en prime, de 25 à 30 points. S’il joue bien présentement, attendez-vous à ce qu’il connaisse sa part de mauvais matchs d’ici la fin de la saison. Est-ce que ça changera le joueur qu’il est? Non.

Jeff Petry. Surprenant de constater avec quelle rapidité les analystes ont changé leur fusil d’épaule à son endroit. Selon Denis Gauthier de RDS, il ne serait pas un « leader », mais bien un « suiveux » condamné à être aussi bon ou aussi mauvais que son équipe ne décide de l’être. Pourtant, Jeff Petry s’était élevé au-dessus de la mêlée durant les séries de 2014-2015, s’imposant comme le meilleur défenseur du CH certains soirs, allant jusqu’à coiffer P.K. Subban. Bien sûr, il en arrache autant que le Canadien par les temps qui courent. Cela dit, il était visiblement ennuyé par les blessures et a constamment changé de partenaire de défense, que ce soit Emelin, Beaulieu, Markov ou Barberio. Au bout du compte, il se décrit comme un excellent défenseur numéro trois, pouvant même combler la besogne de numéro deux lorsqu’il est au sommet de sa forme. À défaut d’être robuste, son coup de patin fluide et son bâton défensif neutralisant efficacement les poussées adverses font de lui un arrière difficile à affronter. De grâce, ne donnons pas le bénéfice du doute à Craig MacTavish pour l’avoir laissé partir…

On pourrait faire l’exercice avec à peu près tous les joueurs, mais je m’en tiens aux boucs émissaires…

Tout comme il est important de tenir compte des faiblesses qui pourraient revenir hanter un joueur lorsqu’il traverse une bonne séquence, il faut apprécier les atouts qui lui permettraient de s’illustrer alors qu’il broie du noir.

Souvent, la vérité se situe quelque part au milieu, entre les deux extrêmes.

Quel De la Rose verrons-nous?

La décision de Bergevin de rappeler De la Rose ne devrait prendre personne par surprise. Après un lent début de saison, le Suédois représente maintenant l’un des rares points positifs des IceCaps de St.John’s, qui ont perdu 11 de leurs 16 derniers matchs. Notre directeur général s’était d’ailleurs déplacé pour le voir de ses propres yeux enfiler deux buts en autant de joutes, les 5 et 6 février.

De la Rose est un espoir se présentant avec plusieurs points d’interrogation. On observe une différence significative entre ce qu’il pourrait apporter en vertu de ses habiletés et ce qu’il amène réellement en raison de son comportement sur la glace. Après tout, il est un joueur costaud, rapide, maniant assez bien la rondelle, se repliant rigoureusement et appliquant un bon échec avant. Dans les mineures, il a prouvé ne pas être dénué de créativité lorsqu’on l’a employé sur l’avantage numérique.  Mais il y avait des moments l’an dernier où il n’appartenait pas à la LNH et Michel Therrien s’entêtait à le faire jouer. À preuve, sa production par rapport au temps de jeu était inférieure à celle du très ordinaire Manny Malhotra.

Malheureusement, DLR se tire souvent dans le pied en étant exagérément axé sur la défensive dans ses choix de jeu. Il a déjà confié sentir toujours le besoin d’être le troisième homme en haut de la zone en échec avant. Dommage, car en étant plus incisif en attaque, il aurait les outils pour inscrire un nombre honnête de points dans la LNH au sein d’un troisième trio, en plus de générer sa part de chances de marquer.

Gardons en tête que très peu de choix de deuxième ronde réussissent à jouer dans la LNH à 19 ans. D’ailleurs, les statistiques de Kyle Turris (2008-2009) et De la Rose (2014-2015) au même âge sont étrangement similaires. Certes, on serait fou de croire que le potentiel de ces deux joueurs est comparable, mais vous avez compris l’idée: les dés ne sont pas jetés et la parcelle de talent offensif qui sépare le Suédois d’un rôle de troisième centre dominant pourrait se manifester plus tôt que tard. Reste à voir quel De la Rose pointera le bout du nez.

En rafale
– Lars Eller a perdu patience avec une journaliste lorsqu’on lui a demandé s’il jouait mieux au centre: LIEN

– Jean Perron estime que Marc Bergevin aurait dû se taire! LIEN

– Retour sur la soirée de Lucic, qui s’est éclaté à Boston hier soir. LIEN

– Pour ceux qui se demandent ce que fait Marc Bergevin présentement:

– L’infirmerie de la LNH:

– Stephane Matteau a assisté à la cérémonie du retrait du chandail de Martin Brodeur par respect pour l’homme qu’il considère le meilleur gardien de tous les temps: LIEN

– Plekanec est le premier attaquant du Canadien à avoir atteint le plateau des 40 points.

– Le fait que Desharnais a été vaillant et sous-estimé durant toute sa carrière l’aide-t-il à conserver la confiance de Therrien présentement?

https://twitter.com/CHatzitoliosMTL/status/697562140941672448

– Les conséquences du rappel de De la Rose:

Scherbak demeure au centre du premier trio… Même s’il est un ailier naturel!

– Ben Scrivens croit que la chance sourit finalement au Canadien. LIEN

– Les dernières informations de Darren Dreger:

– Bob McKenzie ne serait pas surpris si Christian Ehrhoff était réclamé au ballotage.

– Le dossier de Wideman pourrait être très, très compliqué!

– Dion Phaneuf est un défenseur qui ne touche pas souvent à la rondelle, ce qui l’empêche de faire la différence: LIEN

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